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Critiques de Karim Berrouka (315)
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Le club des punks contre l'apocalypse zombie

Drôle mais space.





On est à Paris. L'apocalypse zombie est arrivée. Tout le monde s'entre-dévore dans les rues. Tous ? Non, un squat de punks résiste encore (un peu par hasard croyez-vous?) à l'envahisseur. Et en plus ils ont des visions qui leurs sauvent les miches et leurs donnent la marche à suivre.





Ça fuse. Tous les paragraphes, toutes les phrases voire tous les mots, le roman entier est construit sur le style, le langage décalé des kepons toxicos, fuck le système.

Ce qui avait un certain charme au début, on renouvelle indéniablement le genre, a fini par m'agacer franchement en milieu et fin de roman.

Avec le côté surnaturel (plus encore qu'un bon vieux zombie ? ), mystique, esprits frappeurs et plus si affinité, ça m'a achevé.

Attention, le tout est parfaitement raccord, dans le style décalé, encore qu'un bon client bouffeur de curé pourrait y trouver à redire, mais si je suis ok pour renouveler le genre zombie, je ne suis pas prêt à le dénaturer.





J'étais pas prêt, je ne suis pas prêt à trop sortir des codes.
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Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées g..

Quel titre ! « Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? ». En voilà qui nous fait miroiter un aspect steampunk, ou bien robotisé, ou bien une sorte d’hommage à Philip K. Dick connu pour son « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » (honteusement republié en « Blade Runner » d’ailleurs).



En effet, malgré cet avant-goût et sans spoiler aucun, promis, Karim Berrouka ne nous livre ni ballons dirigeables, ni poupées gonflables, et encore moins une quelconque référence au maître Philip K. Dick. « Mais que nous sert-il ? » me direz-vous. Ce recueil de nouvelles semble, au vu du quatrième de couverture, s’intéresser à tout et n’importe quoi, tant les sujets paraissent éclectiques. Je dis donc méfiance, mais surtout je dis pourquoi pas… au moins au début.

Neuf nouvelles s’offrent à nous et autant de mondes imaginaires débordant d’idées toutes plus farfelues les unes que les autres : d’une lutte écologique entre fées et humains dans « Le siècle des lumières » à une enquête loufoque au milieu de nains sanguinaires dans « De l’art de l’investigation », en passant par nombre d’univers flippants ou déjantés, il y a de quoi s’amuser ici. Dans cet ensemble hétéroclite, s’amoncelle un amas de références extrêmement sympathiques, mais tellement hétérogène qu’il en devient chaotique à suivre et à lire.

Personnellement donc, je l’avoue, je n’ai pas apprécié cette lecture, du fait de ce style en constant décalage, qui se veut percutant mais est très dommageable, car sans pouvoir saisir tout l’intérêt de ses idées, on peut malgré tout sentir combien l’auteur est prêt à raconter quelque chose de fort, de captivant et de profond. Mais vraiment, cette manie d’être trop dans l’ironie constante, sans pause ni approfondissement, ne me convient pas : on trouve dans cet ouvrage des délires oui, certes, mais du rire non, certainement pas. Et quand je dis que l’auteur est continuellement dans le décalage, je ne sais pas si je suis bien clair pour tout le monde : essayez de discuter avec quelqu'un qui ne parle qu’en blague sans jamais se laisser comprendre un seul instant, le dialogue devient vite compliqué...

Même si je la trouve inachevée, c’est la nouvelle « Dans la terre » qui m’a le plus touché avec sa propension introspective et sa vague relation avec la fin de la saga Fondation d’Isaac Asimov (avis tout à fait personnel, je préviens). Pour le reste, l’auteur va vraiment dans des directions particulièrement compliquées et pour la simple raison de rendre difficile la lecture et la compréhension. Peut-être (et sûrement même, soyons humble) est-ce moi qui n’ai rien compris, mais véritablement la cohérence de ce recueil de Karim Berrouka fait peur ; lui-même, sur un ton sarcastique, déclare dans l’interview finale qu’il a proposé ces nouvelles uniquement parce qu’elles avaient été rejetées par d’autres maisons d’édition. L’effet de style est intéressant mais le résultat déjà nettement moins concluant. Ainsi, dans « Jack et l’homme au chapeau », l’auteur s’amuse des changements de style littéraire de manière assez lourde, et en plus c’est pour finalement nous dire que c’est son style le plus intéressant à utiliser et surtout le plus adulte de tous. La manie de répéter plusieurs fois un événement afin d’en tirer un effet comique devient rapidement tout aussi lourde : dans « Éclairage sur un mythe urbain : la Dame Blanche dans toute sa confondante réalité » comme dans « Concerto pour une résurrection », que j’ai pourtant apprécié avec toutes ses références ciblées, la situation initiale est répétée trois fois afin d’en tirer une morale toute relative, même si elle laisse augurer parfois des tendances intéressantes de l’auteur. C’est vraiment la style qui m’a un peu choqué, car pour le reste, même si c’est bien fumeux (dès « L’histoire commence à Falloujah », par exemple, nous nous intéressons à une histoire de sauvetage en plein champ de bataille urbain couplée à une histoire d’amour qui pointe le bout de son nez sans raison apparente), on peut au moins se dire qu’il fourmille d’idées et de centres d’intérêts.

Finalement, cette interview de Karim Berrouka, à la fin de ce volume, nous fait prendre (enfin !) conscience du sacré phénomène qu’est cet auteur : complètement barré d’une certaine façon, mais parfois trop à côté de la plaque pour vraiment revendiquer un humour ironique qui serait pourtant du genre à me convenir. Et pour le savourer, il faut (en tout cas, il ME faut) des pauses salvatrices permettant de se raccrocher péniblement aux branches, sans quoi on s’enfonce inexorablement et constamment dans le décalage vis-à-vis d’un sujet, d’une question ou d’une histoire, et tout ne revient finalement qu’à un délire trop personnel et trop intérieur pour être partagé. L’auteur l’avoue complètement dans cette interview et, à la limite, on pourrait même venir à reprocher l’ordre choisi dans ce recueil.



Un recueil totalement incohérent donc, misant beaucoup trop sur l’ironie constante, sans aucun temps mort pour apprécier quelque chose en particulier, et qui ne permet malheureusement pas de cerner correctement le style de Karim Berrouka qui, au premier coup d’œil de lecteur, serait pourtant du genre à me convenir. Un bon gros dommage comme on essaie d’en éviter.



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Le club des punks contre l'apocalypse zombie

📖 « C’est un putain de conte de fées cette histoire de zombies ! »





Retrouver (aussi rapidement) la plume philosophe et argotique si plaisante de Karim Berrouka fût, en plus d'un plaisir certain, complètement désiré et assumé.

Ainsi, après « Fées, weed et guillotines » et « Pourquoi dans les grands bois aimé-je à m'égarer » (nouvelle issue du même univers, non critiquée pour ma part), et bien malgré la pile pléthorique de livres qui m'attend toujours, je voulais encore lire de ce style « écrit-parlé » bourré de verlan et de bons mots qui le caractérise tant.

Ça me manquait, tant ça se lit comme du p'tit lait ! ;-)



📖 « De toutes les matières, c'est la grise que j'préfère. »

[Bob Zombie]



Allez ! C'est r'parti pour un tour !

Pas de fées cette fois, encore moins de guillotines - ni de preux chevaliers (quoique...) de la table ronde -, rien de tel ici. Enfin si... peut-être un peu de weed, quand même ^^

En revanche - et vous l'aurez deviné sans trop de difficultés - ; des Punks, ça oui, à foison, et des zombis en veux-tu en voilà des pleines pelletées !





📖 « Dans la rue, des groupes de types en lambeaux errent en bavant. Pas d'évolution de ce côté-là, si ce n'est qu'ils ont arrêté de bouffer les passants.

Probablement parce qu'il n'y a plus de passants. »





C'est toujours aussi drôle et déjanté, barré, complètement fou... mais qu'est-ce que ça fait du bien ! Toujours autant. C'est vrai quoi, il faut rire ! - et on ne le fait plus aussi souvent qu'on devrait aujourd'hui... Heureusement, un bon bouquin comme celui-ci, ça peut aider ! - Bien qu'on ne le qualifiera peut-être pas de « feel-good » non plus =)

Après, j'avoue, l'humour en question n'atteindra peut-être pas tout le monde.

Et, une bonne connaissance de l'univers keupon des années 80 s'avèrera, sinon obligatoire, toujours la bienvenue -> Licence « No Future » préférable, mais pas indispensable.

(Pour rappel, Karim Berrouka n'est autre que le chanteur d'un groupe punk de cette décennie ; Ludwig von 88.)





📖 « Nuit tranquille.

Dehors les morts-vivants font ce qu'ils font de mieux : ils errent comme des damnés. Vers une heure, coupure de jus. L'électricité a rendu l'âme dans le quartier. Il va falloir sortir les lampes de poche, puis se remettre aux bougies quand on aura épuisé les piles.

L'apocalypse, c'est d'un prévisible... »





L'équipage du Collectif 25 - petit collectif qui deviendra Grand... - se compose des inséparables Deuspi & Fonsdé, du duo de punk à chien ; Glandouille & Pustule (et c'est pas le nom des chiens hein, qui par ailleurs sont trois), de l'anarcho-punk et très cultivé Kropotkine, du freegan nommé Mange-Poubelle du fait qu'il ne conçoit pas trouver sa nourriture ailleurs (que dans les poubelles donc), et de sa fervente « opposante » avec qui il adore se prendre la tête ; la défenseuse patentée des droits de l'homme, de la femme, des enfants, des animaux, de l'amour, de la nature, de la liberté, de la vie, etc... bref, la militante écolo-punkette Eva (pourvue, accessoirement, de ses spikes jaune citron).



Cette joyeuse bande va surtout devoir survivre dans une atmosphère post-apocalypse, enfin libérée du carcan de la surconsommation et des autres dérives de l'humanité, au profit de l'anarchie - mais organisée, l'anarchie... ou à tout le moins ; autant que faire se peut - et où les « comme morts qui marchent » vont se révéler... comment dire ? On ne peut plus surprenants. Musicalement parlant en tous cas. Le tout, entre autres quête mystique, trips hallucinatoires et visions salvatrices...



Mais je n'en dirai pas davantage.





📖 « Quelle merde la fin du monde... »





À votre tour d'aller zoner chez les zombies, avec le collectif évidemment !

Zombiesque lecture à tous et toutes =))



📖 « Le monde n’est pas mal fait, il est juste parfait dans son cynisme. »
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Le club des punks contre l'apocalypse zombie

Les morts se relèvent.

Avides de chair humaine.

Mais les punks vont faire face.

Et le drapeau noir flottera sur Paname.



---



Attention OVNI en or massif.



Punks VS zombies ? Simpliste ? Oh, non ma p'tite dame ! Parce que ces zombies-là, voyez-vous, ils ont l'oreille musicale... Et que ces punks-là, croyez-moi, c'est des anti-héros qui fcukent le Grand Capital à coups de rangeots !



J'ai adoré cette lecture. Irrévérencieuse, emplie de rage, d'humour, intelligente, jouissive, aux messages forts et au suspens haletant, pleine de violence et de fureur libératrice, pleine de trips et de références musicales, cinématographiques, politiques, culturelles, historiques (j'en passe). Elle casse les codes, elle les reprend, les libère, les éparpille.



Ah quel bonheur, quelle plume, quelle maîtrise scénaristique, quel catharsis !



Merci Hyelana pour cette pioche de Décembre 2017 :)
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Le jour où l'humanité a niqué la fantasy

-Putain, qu’est-ce qui se passe dans cette critique ?

-Je ne comprends pas, gribouillamini, je crois qu’on va passer un sale moment !

- Il se prendrait pas pour un littérateur, l’espèce d’emplumé à tête de nœud ?

- Feuillu comme il est, c’est encore une émanation d’un esprit proche du végétal !

Gribouillamini sort son crayon-zizi, asperge toute la critique d’un liquide jaune et visqueux.

- Prends ça ! espèce de tour infernale de la bêtise humaine !

Zigzagomaxi se jette en glissant sur le résidu jaunâtre et visqueux et commence à surfer tel un poisson d’argent déjanté.

- Aplatie ! amoindrie ! On ne la verra plus, cette connerie ! hurle-t-il en étêtant l’image de l’avatar qui en perd sa cime.

Babelone se matérialise alors, immense, drapé dans sa tunique faite de peaux de livres. Il luit telle une lumière venue du plus profond de l’univers littéraire. Accompagné de son fidèle compagnon Nick.

- Ho là !

Gribouillamini et Zigzagomaxi se figent comprenant qu’on ne peut pas tout faire dans cet univers de mots et que leur chronique n’a ni queue (sauf pour l’autre et son crayon-zizi) ni tête (sauf pour le premier et sa cime qui pendouille lamentablement dans sa main drauche *).

Babelone brandit son kéraunos et frappe les deux esprits frappeurs (ce qui est un comble) pendant que Nick

- Ho là !

tournoie autour des deux malheureuses victimes de la colère du grand modérateur.

Gribouillamini et Zigzagomaxi tombent comme des masses, ils sont dans un état critique.

La Fée Tide apparaît alors, et, sur le désordre de Babelone, reforme le liquide orange visqueux (il s’était un peu désoxydé sous l’effet d’une substance hallucinogène qui traînait sur le bureau) en un manuscrit illisible (faut pas croire tous les contes de fées, les miracles existent et n’existent pas).

Sa sœur, la Fée Staire, qui l’avait précédée juste après son apparition, proclame alors :

- Allez y les mecs, vous pouvez lire ce truc !



Main drauche : main à mi-chemin entre le cortex et l’hypothalamus d’un écrivailleur de tarotille.

Tarotille : Joueur de tarot médiocre.

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Fées, weed & guillotines

Les personnages:



Jaspucine, déjà je suis fan du prénom, mais encore plus de la personnalité de cette fée! J’en ai tout adoré d’elle, de son apparence d’un violine à toute épreuve en passant par sa haute éloquence désopilante! Coup de cœur pour ce personnage si réussi, une fée qui ne manque pas de charme assurément! Tour à tour charmeuse et véhémente, on se surprend à adorer ses douces crises de nerfs…



« Jaspucine tourne en rond, retrouvant ses humeurs massacrantes et ses envies de baffer l’humanité toute entière. »



Marc-Aurèle, un détective féru d’aventures et allant au devant des yeux doux des damoiselles, avant même de se poser la question de l’argent… Mais quel homme! (Ca n’existe que dans les livres, c’est ça?!!!!Dommage….).



Premier de la Classe ajoute avec ses interventions, d’excellents moments de dialogue!



« L’étrangeté n’existe que par son incapacité à s’inscrire dans un schéma logique. Il suffit de trouver la clef qui la fait entrer dans la rationalité, et elle en perd toute sa particularité. »



Ce que j’ai ressenti:…Une drôle d’enquête féerique!



Déjanté!



C’est le mot qui me vient à l’esprit immédiatement pour vous parler de ce livre! Le style, l’écriture, le moment: totalement déjanté! Sur les 100 premières pages, j’étais déjà addict! C’est vrai que le mélange Polar à la sauce féérique avait de grandes chances de me plaire, mais ce premier tiers de livre, il avait une botte secrète: l’humour. Et comment vous dire, quand on y est sensible, (et ce n’est pas forcément une évidence, surtout chez moi…), la magie opère! Jeux de mots, réparties cinglantes, situations cocasses, tout y mené d’une main de maitre pour passer un super moment de lecture! Je ne crois pas avoir jamais autant ri à la lecture d’un livre, et ça c’est assez rare pour le souligner! Ce qui m’a le plus plu, c’est le coté irrévérencieux des fées, elles sont ignoblement marrantes, à s’envoyer des noms d’oiseaux à la figure, à chambouler les pauvres humains qui leur vienne en aide, à user de tous les subterfuges pour arriver à leurs fins.



« Abjecte saloperie, infâme nuisible, souillure immonde! Je te le promets, un jour nous lui mettrons le compteur de ses prétentions à zéro, nous lui sculpterons les bas-reliefs du tympan de Notre-Dame à coups de genoux dans sa dentition de larve ambulante. Nous l’écorcherons vif devant les membres débiles de son clan, nous l’étriperons, nous en ferons de la charpie, de la bouillie, que ses petits camarades comprennent qu’il existe des choses sacrées, et que les fées en font parties. Notre vengeance sera aussi belle qu’était notre amitié! Parole de fée! «



Ce livre a un petit coté Polar à l’ancienne doublé d’une Fantasy ultra contemporaine! L’auteur a le chic de non seulement nous donner le sourire à quasiment toutes les pages, mais de nous offrir une histoire pleine de fraicheur, ou actions et féérie se marie à merveille. Il y a une bonne dose de totale folie imaginaire dans une intrigue maitrisée, un polar réinventé qui nous souffle de la bonne humeur. On s’aperçoit que baguette magique et chapeau pointu font bon ménage avec imper’ et borsalino!



Parce que c’est totalement fun avec ses Fées pour le moins « barrées complet », parce que c’est un brin perché surtout avec cette utilisation de la Weed, et parce qu’il y a cette originalité de remettre au goût du jour la Révolution française et de revoir la Guillotine, sombre instrument de torture de notre pays, on peut dire que l’auteur ne manque pas d’imagination, et surtout de talent d’écriture pour nous donner un moment de détente, où zygomatiques et traits d’esprits sont un cocktail de bonheur!


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Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu

Pourquoi je l’ai choisi:



Quand je vois que Karim Berrouka sort un nouveau livre, je n’ai qu’une envie: me précipiter sur cette lecture car je sais à l’avance que je vais passer un super moment entre fous rires et traits d’esprits . Fan de ses univers déjantés, j’avais hâte de savoir où il allait m’emmener cette fois-ci, après Le club des punks contre l’apocalypse zombie et Fées Weed et Guillotines, que j’avais adoré.



Ce que j’ai ressenti:



Karim Berrouka nous revient encore plus déjanté et barré que jamais, et fait une jolie révérence à un monstre de l’univers SF: Cthulhu. Sauf que son héroïne Ingrid, elle ne le voit pas du même oeil, et aurait plutôt tendance à se détourner du grand mythe, au grand dam de ses adorateurs…Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu, se retrouve malgré elle, au centre de ses histoires venues d’ailleurs, voyage en Europe et explore des pointes de pentacles, et pourrait même en songes immergés, sauver l’humanité…Elle dépareille énormément au milieu de tous ses illuminés et « fana » absolus de Cthulhu, et je reconnais bien là, le style de l’auteur, à prendre à rebrousse-écailles les légendes et les remettre à sa sauce façon « Berrouka ».



"Ainsi va le monde, comme les hommes. Ils endurent, ils subissent . Puis, un jour , c’est le chaos."



En ce moment on le voit partout: Lovecraft est à l’honneur dans l’univers livresque, et pourtant, je n’ai pas encore lu une de ses œuvres. En bonne élève studieuse, je me suis procurée vite fait, Les contes et légendes du mythe Cthulhu, et j’ai essayé de lire en parallèle, mais faute de temps et de l’aspect très particulier, j’ai eu du mal à m’imprégner de cet univers. Tout est question de rendez-vous en littérature, et celui ci a sans doute été manqué, mais je retenterai à l’occasion, car je ne doute pas que Lovecraft pourrait envahir ma bibliothèque… Du coup, cela s’est ressenti dans ma lecture de ce nouvel opus de Karim Berrouka, je suis sans doute un peu passée à côté des subtilités et j’ai eu du mal à saisir les tentacules de ces références. C’est une belle introduction pour se familiariser avec cette grosse bête verte des profondeurs, mais ça n’a pas été le coup de foudre avec les abysses marines lovecraftiennes…Pas encore, du moins…



"La puissance de l’amour est plus forte que les préceptes des univers, plus puissante que la physique des mondes, plus éternelle que la mort elle même."



Pour autant, Karim Berrouka nous propose une histoire divertissante, pleine de pep’s et de rebondissements rafraîchissants. Il a une espièglerie enfantine et une intelligence vive dans sa plume, qui fait que chacun de ses livres, est un grand moment de plaisir. Encore une fois, il est arrivé à me faire rire, grâce à ses répliques piquantes, et je suis impatiente déjà de lire son prochain livre, en espérant que je sois plus réceptive à l’univers, que je ne l’ai été pour celui ci…



En bref, je suis fan du style de l’auteur, mais je suis passée à côté de l’ambiance, alors ça ne sera qu’une lecture en demi-teinte, même si je conseille quand même cette lecture.



Meilleur Moment du livre:



Le passage sur la Mélopée. J’ai trouvé que l’auteur parlait avec beaucoup de poésie et de sensibilité sur les artistes…

Ma note Plaisir de Lecture 7/10



Remerciements:

Je tiens à remercier chaleureusement Babelio ainsi que les éditions ActuSF pour l’envoi de ce livre. Ce fut une découverte sympathique.
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Le club des punks contre l'apocalypse zombie

Les personnages:



Rien qu’avec leurs Prénoms, vous avez déjà une idée de ce qui vous attend : Deuspi et Fonsdé, le duo inséparable, Eva Miss Antitout, Kropotkine et son anarchisme, Mange-Poubelle et son accoutrement très spécial, Glandouille et Pustule avec leurs trois clébards. Voici donc le club des punks, Le Collectif 25…Joyeuse bande de « timbrés » qu’on se plaît à voir ainsi mettre en scène, et se battre contre les zombies. On s’attache à leurs personnalités, on se boirait bien un petit coup avec eux, tellement ils sont sympathiques. Il forment une bande improbable de héros malgré eux, et ce qui fait tout leur charme…



« -On est des punks, pas des héros. » p271.



Ce que j’ai ressenti:…Un condensé d’humour et de tempo ravageur…



Encore une fois, c’est le mot Déjanté qui me vient à l’esprit après la lecture de ce livre! Décidemment, Karim Berrouka est un auteur à suivre pour ses délires!!!!J’aime sa folie, j’adhère à son style et je suis impatiente de lire son prochain livre, après les fées (cf Fées Weed et Guillotines), place aux créatures dégoulinantes et bouffeuses de cervelles….



Du coup, leur cervelle a largement dépassé la cote d’alerte toxicologique. Elle est habituée certes, mais ça ne l’empêche pas pour autant de se mettre en mode free party.



Paris, nouveau terrain de jeu des zombies, Paris mis à sac par une bande de dégénérés, Paris, ou la naissance hypothétique de l’Anarchie. Paris se voit endosser de nouvelles couleurs, de nouvelles odeurs, de nouveaux combats, de nouveaux hymnes. Autant vous dire, que l’Humour est de ses pages, qu’il est à prendre au second degré voire encore plus bas, (c’est combien déjà celui de la bière???!!!), qu’on est éclaté de rire à chaque réplique, qu’on se prend une belle dose de n’importe nawak délirante, acide mais salvatrice pour nos zygomatiques.



« Ligne de Speed, coke en stock, si je mens, je vais à Woodstock. »



Mais cette histoire c’est une révérence à la musique Punk. Il donne le ton et l’énergie aux pages qui défilent. Tout est dans la dynamique, les zombies se font dezinguer à tout va sous des airs inspirés, les anges ont des prénoms d’artistes populaires, les fleurs jaillissent des guitares sèches…Une sacrée ambiance, je vous le dis!!! Je ne connaissais aucune des chansons du répertoire keupon, mais l’auteur arrive à titiller notre curiosité, et si jamais un son inhabituel sortait de mes enceintes, il y serait sans doute pour quelque chose! J’ai beaucoup aimé cette touche musicale du roman, tout en rythme et en textes forts…



-Tu crois qu’ils kiffent le punk destroy?

-Ils avaient l’air…C’est bon à savoir.



Mais ce petit condensé d’humour et de tempo ravageur cache au détour des lignes, une belle métaphore de notre société actuelle. Derrière le côté complètement « barré », l’auteur nous met en garde avec intelligence et jeux de mots incisifs, des dangers de ce système capitaliste. C’est ce que j’ai aimé, cette histoire à double sens, derrière le divertissement, les petits clins d’œil avisés, les dénonciations tout en humour et reparties hilarantes.



-Et ensuite, on libère Amour et Paix, enfermés dans cette boite depuis que Haine, Convoitise et Obscurantisme les y ont pris au piège?



En bref, une lecture estivale qui fait du bien au moral, un univers riche et affamé, une vision nimbée d’hallucinogènes, mais un très bon moment de lecture que je vous conseille!


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Fées, weed & guillotines

Fées, weed et guillotines... Avec un titre pareil, inutile de préciser que Karim Berrouka entend à nouveau jouer la carte de l'humour comme il avait déjà pu le faire avec son recueil de nouvelles à l'appellation toute aussi déjantée (« Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables »). Et de ce point de vue là nous sommes parfaitement servi, l'auteur nous proposant un mélange de féerie, d'histoire et de polar, le tout dans une ambiance complètement timbrée. Jugez plutôt : le récit nous amène à faire la connaissance d'une certaine Jaspucine, fée en mission dans le monde des hommes pour le compte de sa Reine qui lui a confié l'ardue mission de retrouver l'un de ses marmots. Et comme la dite fée a déjà sacrement merdé lors de sa précédente enquête jusqu'à finir décapitée sous le nom de Charlotte Corday en 1793, autant dire qu'elle a plutôt intérêt à ne pas foirer sur ce coup-ci. Pour l'aider, une équipe de choc constituée d'un détective privé à l'esprit plutôt vif, d'un agent d'un service de police spécialisée dans les crimes bizarroïdes, d'une brute épaisse, et (le meilleur pour la fin) d'un intello n'ayant aucune expérience du terrain mais particulièrement efficace dès qu'il est question de faire usage de son cerveau. Pas de quoi s'ennuyer, pensez-vous, malheureusement une fois la surprise des cent premières pages passées c'est pourtant bien ce qui guette le lecteur.



Malgré toute la bonne humeur et l'enthousiasme de l'auteur, j'avoue ainsi être ressortie très mitigée de cette lecture qui, sans être dénuée de quelques qualités, souffre cela dit d'un certain nombre de défauts dont il est difficile de faire abstraction. Parmi les points positifs : les personnages (barrés à souhaits), les dialogues (mordants et plein d'humour), et les passages consacrés à la Révolution française qui, bien que ne donnant pas beaucoup de détails, constituent une étape intéressante du roman sur laquelle j'aurais apprécié que l'auteur s'attarde davantage. Car au-delà des qualités évoquées, ce qui pêche avant tout dans ce récit, c'est l'intrigue. Ça part dans tous les sens, les rebondissements se révèlent souvent chaotiques, les révélations tombent parfois à plat, bref, si le cadre et les personnages mis en scène par l'auteur ne manquent pas de charme, le récit, lui, peine à captiver. C'est d'ailleurs d'autant plus dommage que Karim Berrouka avait déjà mis en scène les personnages du roman dans une autre nouvelle publiée récemment dans une anthologie consacrée à la légende arthurienne (« Lancelot ») qui, elle, s'était révélée très réussie. Un mot, pour finir, concernant la plume de l'auteur qui, bien que faisant souvent mouche, en arrive parfois à devenir un peu lassante, la faute à des métaphores ou des parallèles hasardeux et surtout beaucoup trop répétitifs.



Avec « Fées, weed et guillotines », Karim Berrouka signe un roman déjanté, à mi chemin entre le polar et le conte de fée qui, malgré d'indéniables qualités, ne sera pas parvenu à me séduire. Dommage, car certaines des idées de l'auteur ne manquent pas d'attraits, ni ses personnages d'intérêts.
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Fées, weed & guillotines

« Pas facile la vie d'une petite fée... »



Ce livre au titre aguicheur particulièrement intrigant a atterri dans ma PAL suite à l'alléchante chronique de Stelphique, vile tentatrice que je remercie infiniment =)

Cette dernière (ma PAL, pas Stelphique) ayant une légère tendance à grossir de manière exponentielle - doux euphémisme ^^ - , « Fées, weed et guillotines » s'est rapidement retrouvé sous un tas d'autres bouquins et a fini par sortir totalement de mon esprit...

Jusqu'à ce jour béni où je suis retombée dessus, suite à un am-stram-gram-pic-et-pic-et-colégram ayant pour but de trouver ma prochaine lecture dans ces moments d'égarements où je ne sais que lire. Mais qu'avais-je donc attendu si longtemps ? (une question que je me pose décidément bien souvent ces temps-ci...)



Dès les toutes premières minutes de lecture, je savais que j'allais adorer !





Kesako ?

Jaspucine, sorte de fée-espionne, toute attifée de violet de la tête aux pieds, pétulante et mirobolante créature au caractère plus que bien trempé, débarque de nos jours à Paris avec la ferme intention de retrouver Zhellébore, à qui elle voue une haine viscérale (cf résumé).

À cette fin, notre jolie petite fée s'offre donc, rubis sur l'ongle (c'est le moins qu'on puisse dire...) les services de Marc-Aurèle Abdaloff ; détective, curieux et intègre, n'ayant peut-être comme seul défaut celui d'être humain...

Commence alors une aventure pétillante et vivifiante, hors des sentiers battus, qui en fera voir de toutes les couleurs à nos héros.



« Malgré son envie constante de distribuer des claques aux humains, elle a toujours éprouvé une certaine attirance pour la richesse anarchique des concepts et des croyances auxquels ils peuvent donner naissance. »



Allitérations, litotes et métaphores drôlatiques à gogo se crêpent joyeusement le chignon sous une plume argotique, ornant les arabesques littéraires d'un récit féerique plein de verve. Quelques expressions, par trop itératives, viennent parfois saouler légèrement, mais jamais au point de gâcher le plaisir.

C'est jubilatoire, déjanté, baroque... et définitivement original.



« Ça a du bon parfois d'avoir une fée dans son carnet d'adresses. »





Bonne nouvelle pour les fans du livre :

J'étais déjà tristounette à l'idée de quitter cette charmante petite tribu - bien que décidée à lire rapidement d'autres ouvrages de Karim Berrouka - mais je ne saurais exprimer ma joie en découvrant la nouvelle issue du même univers et sobrement intitulée " Pourquoi dans les grands bois, aimé-je à m'égarer ". On y retrouve Marc-Aurèle Abdaloff et Premier de la Classe - mais ô déception ; zéro fée ! - sur une nouvelle affaire : « envoyés dans les monts d'Arrée, ils doivent enquêter sur de curieux meurtres perpétrés à l'épée par un homme accompagné d'une armée d'écureuils sanguinaires ».

Voilà qui donne envie, non ?

Et d'apprendre la gratuité de cette nouvelle-ci en format numérique... la cerise sur le (space)cake ! Je l'ai dévoré dans la foulée (pas le cake, la nouvelle).



Féerique lecture à tout le monde !



Pour info :

> Prix Elbakin.net 2014 du meilleur roman de fantasy français.

> Karim Berrouka n'est autre que le chanteur et parolier du groupe de rock punk alternatif des années 80-90, Ludwig von 88 (...que les moins de 20, heu 30, enfin 40 ans, ne peuvent pas connaître ^^ )



...rien de surprenant donc =)

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Fées dans la ville

Ce que j’ai ressenti:



Les fées se nourriraient-elles de la poésie de la nuit urbaine, du gris métallique des pavés, de ces moments de solitude extatique que seuls les citadins connaissent, de cette impression d’infini dans des rues aux immeubles tellement hauts qu’il faut trouver des buttes pour voir le ciel? (Anne Fakhouri ).



Enfin, j’ai trouvé un recueil de nouvelles qui m’a enthousiasmée, charmée, émue! Enfin….Et bien dis donc, c’est pas trop tôt!!!!! Souvent, je reste sur ma faim avec les nouvelles, car leur format très court, m’empêche de ressentir pleinement les émotions: ici ce n’est pas le cas! Je vais le garder bien précieusement, et me dire que j’ai bien fait de poursuivre dans ce genre de lectures!



Parce qu’il est complètement décalé, et hautement inspiré, parce que les fées qu’on trouve ici, sont inattendues, et surtout parce que cette réunion d’auteurs de talents sont regroupés dans cette anthologie, la magie opère…



J’ai aimé l’originalité de ses textes, leurs forces, leurs engagements. Les fées dans la ville, ont leur pouvoir certain, n’en doutez plus, même entourée de grisaille, elles savent faire naitre un petit coté enchanteur. Le gros point positif de cette lecture, c’est leur touche vivante de contemporain, on se prend en pleine poire nos problèmes de sociétés, on souffre de voir dans l’intelligence de ces écrits, les dangers criants d’aujourd’hui…

•Magie Verte, Jack Vance, nous emmène dans un monde parallèle où l’intelligence et le savoir sont infinis. Cette plongée ne se fera pas sans conséquence, mais cette virée, pourrait être plus enrichissante et au delà même de ce qu’un humain peut supporter…

•Le Mur des Lilas, Tony ‘Nym’ Robillard nous fait prendre conscience que la Magie protège ses portes, même en milieu urbain. Ce n’est pas parce que le macadam l’entoure qu’elle veut y perdre tout son charme!

•A la croisée, Eric Holstein, c’est souvent aux carrefours, que joue le destin, mais surtout les acteurs de la vie aux dents carnassières.



—-} J’ai adoré celle ci, car il y a une atmosphère tenace et envoutante, et j’en ai eu les larmes aux yeux sur la fin…



•Le sceau d’Alphonse, Jeanne-A- Débats nous ouvrira sur un monde de superstitions et de dieux vengeurs, avec pour décor une décharge. Ce mix nous donne un fantastique conte ou magie et urbanisme font un ménage en couches culotte.



—-}Magique!



•L’histoire commence à Falloujah, Karim Berrouka, Un Djinn qui apparait au milieu des décombres en temps de guerre. De la noirceur et des cendres nait la poésie et la compassion.



—-}Superbe!!!!Gros coup de cœur pour celle ci!



•J’veux un dragon, Olivier Getcher, on est loin des fées, mais pas de la féerie! Ce dragon incroyable né d’un vœu d’une enfant aura une existence un peu spéciale, autant que sa nourriture.

•La fée du miroir, Marie-Lé Camillle, cette fée là, est loin d’être elfique, et pourtant, elle protège de sa magie, cette petite fille des mauvais filets.



—-} Dérangeante et triste, mais j’ai aimé l’originalité du texte et sa fée!



•Fée des râles, Laurent Fetis, une envolée marrante entre fée et poudre.



En bref, je les ai toutes aimé ces nouvelles, mais celles que j’ai commenté après les flèches auront ma préférence dans cette belle anthologie.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Lancelot

Lancelot du Lac est un de ces personnages de légende dont on connaît tous aujourd'hui et le nom et l'histoire. Fils du roi Ban élevé par la Dame du lac et appelé à devenir le meilleur chevalier de la Table ronde, proche compagnon d'Arthur qui échouera à s'emparer du Graal et s'éprendra de la reine, participant ainsi à la chute de Camelot, Lancelot est un personnage atypique, bourré de contradictions, sur lequel la littérature ne se lasse pas depuis des siècles de s'interroger. C'est à l'occasion du festival Zone Franche qui se déroule à Bagneux depuis maintenant cinq ans que les éditions ActuSF ont décidé de rendre hommage à ce personnage phare de la légende arthurienne par le biais d'une anthologie réunissant les textes d'auteurs français réputés dans le domaine des littératures de l'imaginaire, qu'il s'agisse de Fabien Clavel, Anne Fakhouri, Lionel Davoust ou encore Jeanne A. Debats. Des valeurs sûres, donc, qui nous font sans surprise don de nouvelles toutes plutôt sympathiques et qui feront passer aux lecteurs amateurs des littératures de l'imaginaire (et aux fans de la légende arthurienne en particulier) un bon moment de lecture.



Avant de m’attarder plus en détail sur quelques unes des nouvelles présentes au sommaire, je me permettais cela dit de soulever un léger bémol, notamment en ce qui concerne le contexte choisi par les différents auteurs qui, pour la plupart, situent l'action dans un royaume sur le déclin, pourrissant, voire déjà au-delà de toute salvation. Un choix compréhensible, même s'il aurait, à mon humble avis, pu être intéressant d'également découvrir le personnage à l'apogée de sa gloire, et non pas seulement au plus bas, rejeté et haï de tous. De même, j'ai souvent eu l'impression de toujours avoir plus ou moins à faire au même Lancelot : droit, voire parfois un peu trop rigide, preux, pieux, désespéré d'avoir échoué et trahi... Même si ce portrait est bien évidemment le reflet des nombreux écrits consacrés à la légende des chevaliers de la Table ronde de part les siècles, il aurait cela dit une fois encore été intéressant que certains des auteurs se détachent un peu plus du mythe d'origine pour donner vie à un Lancelot plus original, plus surprenant (je pense à titre d'exemple au Lancelot de « La saga du roi Arthur » de Bernard Cornwell qui dépeint le chevalier comme un véritable lâche, habile à tromper son monde et bien éloigné de la légende).



Parmi les nouvelles les plus réussies, quatre se distinguent particulièrement à mon goût : les deux premières mettent en scène Lancelot aux prises avec la légende et l'inéluctabilité de son destin, les deux suivantes prennent place dans un cadre plus contemporain et sont écrites dans un style beaucoup plus incisif et sur un ton volontiers humoristique. Avec « Le meilleur d'entre eux », Lionel Davoust amorce avec succès une véritable réflexion sur l'importance du personnage de Lancelot dans la légende. Légende dont il questionnait déjà l'essence même dans une autre nouvelle, « L'île close », dans laquelle les personnages du mythe ne cessaient de reproduire encore et encore les mêmes actes, sans pouvoir échapper au rôle que leur avait attribuée l'histoire. La nouvelle nous offre également un bel aperçu de l'amour unissant Lancelot et Guenièvre, tout en réussissant à ne pas laisser Arthur de côté. Pari tout aussi réussi pour Armand Cabasson et sa nouvelle « Le vœu d'oubli » dans laquelle on découvre un Lancelot amnésique car ayant fait le choix d'effacer sa mémoire afin de ne pas commettre l'irréparable et trahir son roi. L'auteur insiste là encore sur l'impossibilité pour le chevalier, et au-delà de tous les autres figures de la légende, d'échapper à son destin.



Les deux textes qui clôturent l'anthologie baignent dans une ambiance radicalement différente du reste de l'ouvrage et figurent à mon sens parmi les plus abouties. C'est notamment le cas du « Lance » de Jeanne A. Debats qui reprend ici le héros de son précédent roman « Métaphysique du vampire ». On retrouve donc Navarre, vampire au service du Vatican dans les années 1930, à qui on confie cette fois la mission d'aller tirer Lancelot de son sommeil éternel sur l'île d'Avalon afin de lui faire affronter une menace redoutable réveillée par un certain Hitler. Un texte bourré d'humour qui déconstruit le mythe du chevalier parfait et met en scène un protagoniste particulièrement attachant (je vous conseille d'ailleurs les autres nouvelles de l'auteur consacrée à Navarre et parue dans diverses autres anthologies, le personnage vaut le détours...). Toute aussi déjantée, la nouvelle de Karim Berrouka (« Pourquoi dans les grands bois, aimé-je à m'égarer ? ») met cette fois en cette une équipe de quatre policiers à qui l'on confie une enquête pour meurtre et qui vont finalement se retrouver en pleine forêt à assister à la lutte sans merci que se livrent depuis des siècles les chevaliers Lancelot et Gauvain.



Une anthologie divertissante rendant un bel hommage à ce personnage ambiguë de la légende arthurienne par le biais de certains des auteurs les plus en vogue au sein des littératures de l'imaginaire. A ceux qui seraient passionnés par le sujet je conseillerais également les excellents « De Brocéliande en Avalon » et d'« Avalon à Camelot », deux autres anthologies dirigées par Lucie Chenu a qui on doit d'ailleurs la postface de ce sympathique « Lancelot ».
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Celle qui n'avait pas peur de Cthulhu

Karim Berrouka publie un quatrième ouvrage chez les éditions ActuSF : après un recueil de nouvelles déjantées touchant à différents genres, après un roman qui décortiquait sarcastiquement le genre féérique, puis un autre qui détournait le post-apo zombiesque, voici qu’il s’attaque au mythe de Cthulhu !



Ingrid vit assez simplement et s’en trouve très bien ainsi. Pourtant, ces derniers temps, elle semble attirer à elle des personnes relativement loufoques, voire barrées. Des mecs louches la suivent, sa meilleure amie se met à créer des œuvres cauchemardesques, des vieilles connaissances la harcèlent à nouveau, les services secrets sont sur les nerfs… bref, Ingrid semble être le centre de toute une agitation qui prend place dans un contexte qui n’est pas moins trouble. Chacun des protagonistes qui tournent autour d’elle finit par lui dire qu’elle est la clé qui permettra de résoudre toute l’affaire, qu’elle est « le centre du Pentacle » ! Le fait est qu’en effet, au rythme d’un thriller, elle multiplie les découvertes et les songes étranges qui lui indiquent ce qui lui faut faire pour s’extirper de ces situations indélicates. Progressivement, le but de l’opération est mis en en lumière : faut-il ou non libérer le grand Ancien, Cthulhu, de sa prison de ténèbres, cet être immonde qui hante ses rêves ?

Cette dualité entre « ouvreurs » et « fermeurs » peut faire penser au même mécanisme présent dans Le Songe d’une nuit d’octobre, de Roger Zelazny (justement réédité par les éditions ActuSF au début de l’année 2018). L’héroïne est constamment tiraillée entre différentes factions et c’est l’occasion pour l’auteur de multiplier les références. Différentes divinités sommeillant dans les contrées du rêve sont évoquées, tout comme quelques peuples étranges mi-hommes mi-animaux ; les aficionados des créatures ténébreuses à tentacules sont servis, c’est certain. D’ailleurs, de manière générale, Karim Berrouka rentre tout à fait dans la forte tendance à relire, réutiliser, reformater les écrits de Howard Phillips Lovecraft. Cela revient et cela repart, c’est plus ancien et plus fréquent chez les Anglosaxons mais la littérature lovecraftienne continue à faire des petits, le plus souvent dans le genre fantastique, d’autres s’essayent aux aspects cosmiques, enfin quelques-uns lorgnent davantage sur la fantasy urbaine, et sûrement plus le cas dans Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu.

Que ce soit dans ses romans ou ses nouvelles, Karim Berrouka aime casser du mythe. Ici, il s’attaque à quelque chose d’assez costaud, à l’aide de références innombrables comme il a déjà été dit. Son style ne perd pas pour autant de sa verve. Certes, l’humour est moins présent que dans d’autres de ses ouvrages, les choix faits dans la mythologie de Lovecraft suffisant largement à donner un aspect très burlesque à cette aventure. Cela peut paraître un peu « bourrin », car les références sont parfois accumulées sans répis, mais certaines sont mémorablement bien tournées, notamment certains noms de sectes (et puis quand ça touche à la religion, ça fonctionne !). Malgré cela, cela ne gomme pas toujours le manque de rythme qui s’installe assez vite : en effet, même si les débuts du roman rôdent du côté du thriller quand l’héroïne enchaîne les rencontres étranges, la suite de l’aventure prend un certain temps à suivre le même enchaînement pour la rencontre des cinq sectes qui s’intéressent à l’héroïne. Le fonctionnement devient un peu automatique et il y a là clairement des pages qui auraient pu sauter sans perdre tant d’informations utiles.



Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu n’est donc pas un roman exempt de défauts, c’est sûr, mais dans le genre, c’est à tenter, rien que pour passer un bon moment de détente.



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Lancelot

En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose neuf textes différents sur Lancelot, un personnage haut combien complexe et compliqué. Qu’il se retrouve dans un univers d’époque où un univers contemporain, dans l’ensemble ces neufs nouvelles se sont révélées vraiment intéressantes et efficaces même si elles ne m’ont pas toutes accrochées de la même façon. Entre humour, fantasy, onirisme ou magie chaque texte apporte sa propre pierre à la légende ainsi qu’au personnage et mérite d’être découvert pour peu qu’on s’intéresse à Lancelot. Je suis content d’avoir pu découvrir cette anthologie qui m’a aussi permis de découvrir des auteurs dont je n’avais encore lu aucun texte.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Les Dames Baroques

« Les dames baroques », anthologie dirigée par Estelle Valls de Gomis, regroupe les textes de pas moins de vingt auteurs, certains jouissant déjà d'une certaine réputation dans le monde des littératures de l'imaginaire tels que Charlotte Bousquet ou Justine Niogret, d'autres encore peu connus, et certains plus anciens puisque datant du XIXe, voir du XVIIIe siècle. Vingt nouvelles, trois cent pages, le tout consacré au personnage de la femme fatale, figure ô combien complexe et énigmatique qui hante depuis toujours un bon nombre de récits. Les angles d'approche adoptés sont, évidemment, extrêmement variés. Certains textes prennent ainsi l'allure d'un conte où une princesse de diamants désespère de se trouver un époux (« Lapidaire »), tandis que d'autres se plaisent à mettre à l'épreuve leurs prétendants (« La Belle aux Cheveux d'Or ») ou se livrent à un morbide loisir (« La princesse aux lys rouges »). D'autres prennent place à notre époque et narrent les déboires de femmes en proie à une mystérieuse magie : bague ayant gardé l'âme de sa dernière propriétaire (« La Dame de Gwenninis »), rêve s’immisçant dans le réel (« Le Bol d'Argent »)... D'autres encore relatent les malheurs d'hommes victimes de la beauté d'une femme (« Jusqu'au bout de la vérité ») ou bien d'un amour trop dévorant (« Rosea Furiarum »).



Tour à tour innocente ou manipulatrice, maléfique ou bienfaisante, bien réelle ou au contraire fruit des fantasmes les plus fous, les femmes présentent dans cette anthologie possèdent toutes des facettes différentes que l'on se plaît à découvrir au fil des pages. Certaines nouvelles sont évidemment plus marquantes que d'autres et parmi elles quatre ont particulièrement retenu mon attention. Étrangement il s'agit de quatre textes dans lesquels sont narrés, de manière très différente, le calvaire d'une femme : sorcière injustement accusée et condamnée par l'église à brûler chez Armand Cabasson (« Le baiser de la sorcière »), favorite d'une noire déesse dont on s'approprie une fois par an le corps chez Justine Niogret (« Le jour de la Belladone »), jeune pied de bot martyrisée et apprentie d'un alchimiste en quête de la vie éternelle chez Elie Darco (« Les crocs de la Basilicate »), et enfin fille moderne perdue dont on ignore si elle est victime de folie ou de l'influence néfaste d'une défunte sorcière. D'autres nouvelles valent également le coup d’œil, même si on pourrait souvent regretter la trop grande brièveté de certaines qui s'achèvent à peine commencées et entraînent ainsi une certaine frustration.



Au final, une anthologie au thème atypique proposant un large panel de textes dans lequel chacun devrait trouver son compte. C'est là une bien belle initiative qu'a eu Estelle Valls de Gomis qui nous offre avec « Les dames baroques » un ouvrage dense et original que j'ai pris plaisir à découvrir.
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Le club des punks contre l'apocalypse zombie

Attention bombe atomique littéraire !!

Oui vous avez bien lu, j'ai utilisé le mot littéraire pour une histoire de zombies. Ne vous inquiétez pas si vous êtes fans du genre on est en plein dedans, ça mord, ça griffe, ça dépece, ça rend tout plein d'hémoglobine, de poursuites remplies d'action. Seulement j'utilise ce mot "littéraire" car c'est véritablement bien écrit, Karim Berrouka, chanteur du groupe punk Ludwig Von 88, à une imagination débordante, une culture générale étoffée et un sens de la répartie fulgurant.



En parlant de cette écriture, je la qualifierai de subtilement hilarante au service d'une histoire absurde et indispensable pour les amoureux de Romero et de musique électrisante, car oui c'est du zombie mais c'est aussi et avant tout du Punk, la musique a un rôle énorme, c'est un personnage à part entière qui donne tout le sens à cette histoire rocambolesque ou "Kropotkine" rêve du drapeau noir de l'Anarchie flottant en haut des monuments, que "Deuspi et Fonsdé" ont bien le temps d'une bière et d'un acide même si les zombies frappent à la porte, ou "Mange-Poubelle" l'allergique au savon devient roi de la furtivité en milieu hostile, ou "Eva" rêve d'un renouveau écolo-punk. Tous sont potes de galères et vivent dans un squat qui va rapidement devenir leur QG, mais attention vont-ils tous s'en sortir ? Je vous laisse le découvrir.



C'est une lecture électrique, aucune place pour l'ennui, une fois commencé on ne pose plus le livre ou alors avec regret et envie de le reprendre.



Les lecteurs connaissants Paris pourront retrouver des lieux bien connus car le principal de l'histoire s'y déroule, de plus cette dernière, en plus d'avoir l'énorme qualité de nous arracher un sourire toutes les 3 minutes, se permet des échappées scénaristiques complètement barges. En plus des zombies et de la musique, on explore des thèmes variés tels que la drogue, l'anarchie, le consumérisme, la religion, la politique, l'écologie, la liberté et l'entraide.



Pour conclure je vous confie que cette lecture est un coup de cœur et qu'au final on peut véritablement la qualifier de complètement PUNK !
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Fées, weed & guillotines

Je ne crois pas pouvoir mieux comparer le roman de Karim Berrouka à un film de álex de la Iglesia, tant ce qui caractérise ce récit c'est son caractère complètement déjanté et assumé par l'auteur.

Si le roman commence comme un simple polar avec un détective privé acceptant une banale affaire d'une nana au look excessivement rétro, au langage relativement fleuri toutefois, très rapidement les enjeux de l'enquête ne vont pas se limiter à retrouver la trace d'une femme ayant manifestement la capacité de traverser les siècles sans prendre une ride. Toujours est-il que notre héroïne Jaspucine (celle qui rit quand on l'a ...guillotine, les lecteurs comprendront) lui en veut à mort et semble prête à tout pour la retrouver, quitte à se délester d'une bonne grosse poignée de diamants qu'elle semble disposer à foison...



Vraiment le livre est à prendre au second degré, voire troisième même; avec ses personnages plutôt bien campés aux répliques toujours mordantes ou tordantes.

L'histoire en elle-même est assurément du grand n'importe quoi avec cette histoire de complot, un trio de fées renégates projetant de renverser la reine des fées, aidé en cela par une horde de diablotins (nommés nuitons dans le roman) accros à la marijuana. Personnellement au bout d'un moment je ne comprenais plus grand-chose de l'intrigue mais je me délectais toujours autant des savoureux dialogues toujours bien pensés et de cette montée graduelle dans le grand n'importe quoi.



Le livre est peut-être un poil trop long, il y a un gros passage à vide au milieu du roman avec une intrigue générale qui perd de son charme alors qu'on découvre petit à petit les tenants et aboutissants de l'intrigue, les personnages semblent d'ailleurs s'essouffler dans le registre ou l'auteur les tiens en laisse.

Le final, avec cette opération commando mené par Jaspucine et ses acolytes complètement barrés, contre les fées renégates, offre des scènes hallucinantes (au sens propre comme au figuré), Karim Berrouka lâche les chiens fous dans la mêlée et il en ressort un joyeux bordel et une bonne grosse déconnade.



Fées, weed et guillotines est un ovni comme peut l'être l'essentiel de la filmo d'Alex de la Iglésia (Le Jour de la bête, Les Sorcières de Zugarramurdi ...), ce n'est certainement pas le roman Fantasy de l'année 2014 ( hein Elbakin), çà n'en est pas moins une lecture rafraichissante qui sort des sentiers battus.

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Le jour où l'humanité a niqué la fantasy

LE JOUR OÙ KARIM BERROUKA A NIQUÉ MES ZYGOMATIQUES



Commençons par la partie sérieuse de cette nouvelle petite et humble chronique : remercions d'abord les précieuses éditions ActuSF ainsi que notre site de lecture en ligne préféré, Babelio.com, pour l'envoi de l'échevelé dernier roman de Karim Berrouka : Le jour où l'humanité a niqué la fantasy dans le cadre de la Masse Critique "mauvais genre"... qui n'a jamais aussi bien porté son nom qu'en l'occurrence ! 



Les Blobs sont sur la plage

Ils s'enfoncent dans le sable

Ils font trembler la terre

Font déborder la mer



C'est ainsi que débute une des chansons - "Les Blobs attaquent la plage", tiré du second excellent album "Houlala 2"- du célèbre groupe punk français Ludwig von 88, au sein duquel Karim Berrouka officia avec cœur, mais c'était au siècle passé (même si le groupe se soit reformé en 2016). 



Depuis, ce ne sont plus les blobs - quoique - qui attaquent, sous la plume démente de notre impétrant, bibliothèques, rivières, salons du livres et autres déserts hiératiques, mais nos sacrés et immémoriaux personnages imaginaires, ceux-là même qui constituent bien souvent les fondements, pour ne pas écrire les fondamentaux de notre imaginaire légendaire ainsi que les meilleurs romans de ce genre littéraire très largement inauguré par William Morris mais qui acquit ses lettres de noblesse sous la plume talentueuse et parfois très savante de J.R.R Tolkien. 



Oui, mais...



Mais voilà-t-il pas que nous autres, humains du monde du dessus, nous avons tout faux, depuis le début ! Les lutins ne sont en rien de petits êtres malicieux généralement habillés de vert, les fées sont mochissimes (et tiennent plus du blob susmentionné, mais avec des myriades d'ailes, que de la célèbre Clochette), les Ondines sont encore plus garces que dans les légendes et les Djinns sont intransportables ailleurs que dans les endroits chauds et secs. Quant aux autres - banshees, elfes, gnomes et autres dryades -, le roman ne permet pas d'en savoir tellement plus sur nos errements mais on est en droit d'imaginer le pire ! 



La galerie de portrait à laquelle nous convie Karim Berrouka est parfaitement folle : un groupe punk constitué de deux gars et d'une fille bien frappés, deux amies aussi différentes que complémentaires, un couple de médium très "scientifiques", des bidasses (forcément) débiles, des flics dépassés, des êtres du "petit peuple" - dire : de l'Affre-Monde - tous plus déjantés les uns que les autres, des écrivains de SFFF plutôt coriaces, un projet faramineux, des aventures rocambolesques, de la déchronologie, un monde d'en-dessous,  des bagarres épiques, des personnages schizophrènes, de la philosophie fantaisiste, des rebondissements imprévus, du rire, du rire et encore du rire ! 



Surréaliste, oulipien, 'pataphysicien même, parfaitement frappadingue, déjanté, rock'n roll, si le "punk is not dead", c'est bien sous la plume de Karim Berrouka qu'il poursuit sa glorieuse existence et, franchement, ça déménage ! À déconseiller à tous les rabat-joie, les pisse-froid et autres radins des zygomatiques. Quant aux autres, préparez-vous à une avalanche de loufoquerie savamment, minutieusement, intelligemment construite. Et même si la touche finale frise l'excès de "grand nawack", on ne s'ennuie pas un instant à la lecture de ce roman trépidant. Un coup à attendre le suivant avec impatience et à découvrir les précédents sans vergogne !
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Le club des punks contre l'apocalypse zombie

Encore un avis en différé...



Je me suis bien régalé à lire cette critique de notre société à peine déguisée. Ou pas du tout déguisée, en fait. Lol !



C'est dans une ambiance "keupon" complètement déjantée et délirante que l'auteur nous livre ses réflexions, avec dans le rôle des (anti) héros une bande de punks tous plus dingues les uns que les autres, dans les seconds rôles des patrons toujours aussi loin des réalités du monde (détruit, mais là n'est pas la question), et dans les troisièmes jusqu'aux millionièmes rôles des zombies bouffe-cervelle mélomanes.



C'est tour à tour drôle, sérieux, mystoque (le lapsus tombe à pic, j'ai pas fait exprès mais je le laisse, lol), complètement barré, mais carrément bien vu tout du long, sauf, peut-être, la fin qui m'a un peu laissée sur ma faim, je ne m'attendais pas à ça.

Mais le trip a été excellent, donc bonne note quand même !



Merci à RosenDero qui a donné ce livre en livre quête du challenge SFFF, sinon je n'aurais pas sauté dessus en le voyant chez mon vendeur d'occasions ! Un très bon moment de lecture et qui tombait bien pour me changer les idées en fin de journée !
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Le club des punks contre l'apocalypse zombie

Marre des zombies ? Ras-le-bol de lire encore et encore la même histoire relatant le déferlement de hordes de morts-vivants et le combat des rares survivants ? Moi aussi, et pourtant je vous conseille vivement de vous laisser tenter par « Le club des punks contre l'apocalypse zombie », roman complètement déjanté récompensé lors des derniers Utopiales par le Prix Julia Verlanger. Bon, au niveau du pitch ça reste assez classique (l'apocalypse, les zombies, les survivants, tout ça tout ça...) mais du côté des personnages on a quand même du lourd ! Il y a d'abord Kropotkine (mon petit chouchou), un anarchiste convaincu et capable de vous réciter sans problème du Proudhon ou du Bakounine. Il y a aussi Eva, la grande révoltée du groupe multipliant les combats contre le sexisme, l'homophobie, l'expérimentation animale, le nucléaire... Et puis il y a les inséparables Deuspi et Fonsdé, toujours en train de planer, Glandouille et Pustule, les fameux « punks à chiens » du collectif, et enfin Mange-Poubelle, grand connaisseur de films d'horreur entretenant des rapports conflictuels avec le savon. C'est déjà un peu plus intriguant que d'habitude, n'est-ce pas ? Et bien dites-vous que l'intrigue est à l'image de ses personnages : c'est à dire que c'est le bordel. Seule ombre au tableau (mais qui prend de plus en plus d'ampleur au fil des chapitres), les visions complètement perchées qui assaillent nos héros et qui donnent lieu à une fin certes inattendue mais surtout très décevante.



Ces légers bémols mis à part, il faut avouer qu'on passe un bon moment en compagnie de ces punks bien décidés à instaurer un nouveau fonctionnement et à faire flotter le drapeau anarchiste sur Paris. Après tout, puisque la société était déjà pourrie avant l'apocalypse, pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour se débarrasser des chaînes qui entravent l'humanité ? Le patronat, la consommation à l'excès, l'abrutissement de la population par les médias... : Karim Berrouka tape sans vergogne sur tout ce qui constitue l'essence de notre belle société capitaliste... et ça fait plaisir ! « Deuspi et Fonsdé jubilent. C’est l’anarchie. Ce à quoi Kropotkine répond que non, ce n’est pas l’anarchie, c’est le chaos. Ils confondent tout, encore et encore, n’ont aucune conscience des réalités de la lutte sociale, l’anarchie ce n’est pas péter des rotules de CRS et brûler des commissariats, aussi plaisant que ça puisse être. » On sent que l'auteur a vraiment pris son pied à écrire son roman et son enthousiasme ne tarde pas à se communiquer au lecteur. Un lecteur qui assiste à certaines scènes d'anthologie particulièrement jouissives, à l'image de celle assez surréaliste où Fonsdé s'attaque à une Christine Boutin zombifiée. Sans oublier le passage où nos amis les anciens maîtres de la capitale se retrouvent obligés de détaler la queue entre les jambes en abandonnant leur place forte. Ou encore celui (ou plutôt ceux, parce qu'il y en a pas mal) où les forces de l'ordre en prennent pour leur grade.



Pas sûr que vous soyez susceptible à ce genre d'humour si vous comptez parmi les membres du MEDEF (quoique, on ne sait jamais...), en tout cas pour les lecteurs qui sont sur la même longueur d'onde, c'est un régal. Mais il ne s'agit pas du seul intérêt que possède le roman qui, comme on l'a déjà mentionné un peu plus tôt, fait preuve d'une sacré originalité, Berrouka n'hésitant pas à bousculer un peu la routine de l'histoire de zombie traditionnelle. Le décor, d'abord, n'est pas tout à fait le même puisque l'action prend place dans Paris et met en scène certains de ses monuments emblématiques (qui résistent plus ou moins bien à la fin du monde). Au delà de l'aspect touristique, il est également intéressant de voir l'action se passer dans un pays où les armes à feu ne courent pas les rues : ça pousse les personnages à plus d'inventivité ! Et puis a-t-on déjà abordé dans un roman de ce type les difficultés posées par l’électronisation désormais presque systématique de tout ce qui nous entoure ? Non parce que les voitures à carte et les halls d'immeuble protégés par des portes à badges c'est bien, mais quand le courant finit par tomber en rade ça complique considérablement la vie des survivants. Autre nouveauté, et non des moindres : les zombies sont sensibles à la musique et sont capables d'adopter un comportement totalement différent selon qu'on leur jour du punk, de la musique classique, du rock ou du reggae. Voilà qui ouvre pas mal de perspectives, non ?



Dans la même veine que Fabien Clavel qui relatait dans « L'évangile cannibale » les aventures d'un groupe de seniors piégés dans un Paris envahi par les zombies, Karim Berrouka signe un roman qui sort largement des sentiers battus... pour le plus grand plaisir du lecteur qui passe un bon moment à se poiler devant les aventures rocambolesques de cet attachant groupe de punks.
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