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Citations de Katherine Mansfield (179)


Et les pensées grises tombent sur mon âme comme la pluie grise sur la terre ; seulement, je ne puis pas tirer les rideaux et en détourner ma vue.
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Je voudrais que cette lettre vous réchauffe, qu'elle se glisse dans votre coeur, qu'elle y souffle tout doucement, jusqu'à ce que tout ne soit plus que petites flammes.
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[...] ... - "Je pensais à ton oncle William, ma chérie," dit-elle tranquillement.

- Mon oncle William d'Australie ?" demanda Kezia.

Elle en avait un autre.

- "Oui, bien sûr.

- Celui que je n'ai jamais vu ?

- Celui-là, oui.

- Eh bien, qu'est-ce qui lui est arrivé ?"

Kezia le savait fort bien, mais elle voulait se le faire redire.

- "Il s'en était allé aux mines, et il y a pris une insolation, et il est mort," dit la vieille Mrs Fairfield.

Kezia clignota et considéra à nouveau le tableau ... Un petit homme renversé comme un soldat de plomb à côté d'un grand trou noir.

- "Ça te rend-il triste de penser à lui, Grand-Maman ?"

Elle détestait voir sa grand-mère attristée.

Ce fut au tour de la vieille femme de réfléchir. Cela la rendait-il triste, de regarder loin, loin derrière elle ? De contempler la longue perspective des années enfuies, comme Kezia le lui avait vu faire ? De les regarder, Eux, comme le fait une femme, longtemps après qu'ils avaient disparu ? Cela la rendait-il triste ? Non, la vie était ainsi.

- "Non, Kezia.

- Mais pourquoi ?" demanda Kezia.

Elle leva un bras nu et se mit à tracer des dessins dans l'air.

- "Pourquoi oncle William a-t-il été obligé de mourir ? Il n'était pas vieux."

Mrs Fairfield commença à compter les mailles par trois.

- "C'est arrivé comme ça," dit-elle, d'un ton absorbé.

- "Est-ce que tout le monde est obligé de mourir ?" demanda Kezia.

- "Tout le monde !"

- "Moi aussi ?"

La voix de Kezia avait un accent de terrible incrédulité.

- "Quelque jour, ma chérie.

- Mais, Grand-Maman ..."

Kezia agita sa jambe gauche et remua les orteils. Elle y sentait du sable.

- "Et si je ne veux pas, moi ?"

La vieille femme soupira de nouveau et tira un long fil de la pelote.

- "On ne nous consulte pas, Kezia," dit-elle tristement. "Ça nous arrive à tous, tôt ou tard."

Kezia demeura immobile, réfléchissant à ces choses. Elle n'avait pas envie de mourir. Mourir signifiait qu'il faudrait partir d'ici, tout quitter pour toujours, quitter ... quitter sa Grand-Maman. Elle roula vivement sur elle-même.

- "Grand-Maman," dit-elle d'une voix surprise et émue.

- "Quoi, mon petit chat ?

- Il ne faut pas que tu meures, toi."

Kezia parlait avec décision.

- "Ah ! Kezia - sa Grand-Maman leva les yeux, sourit, hocha la tête - ne parlons pas de cela.

- Mais il ne faut pas. Tu ne pourrais pas me quitter. Tu ne pourrais pas ne pas être là ..."

Ça, c'était terrible.

- "Promets-moi que tu ne feras pas ça, jamais, Grand-Maman," supplia Kezia.

La vieille femme continua à tricoter.

- "Promets-le moi : Dis jamais !" ... [...]
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[...] ... - "Hou !" s'écriait Kézia, les bras étendus. La grand'mère sortit de l'entrée obscure, tenant une petite lampe. Elle souriait.

- "Vous avez trouvé votre chemin dans la nuit ?" dit-elle.

- "Tout-à-fait bien."

Lottie titubait sur la marche comme un oiseau tombé du nid. Si elle restait un instant immobile, elle s'endormait ; si elle s'appuyait contre quelque chose, ses yeux se fermaient. Elle ne pouvait pas faire un pas de plus.

- "Kézia," dit la grand'mère, "est-ce que je peux te confier la lampe ?

- Oui, ma grand'mère."

La vieille dame se pencha et remit entre ses mains la chose brillante et vivante puis, prenant Lottie ivre : "C'est par ici."

Elles allaient à travers une entrée carrée, encombrée de paquets et de centaines de perroquets (mais les perroquets n'étaient pas sur la tapisserie) le long d'un étroit corridor où les perroquets persistaient à dépasser au vol Kézia et sa lampe.

- "Soyez très sages," recommanda la grand'mère. Elle déposa Lottie et ouvrit la porte de la salle-à-manger.

- "Pauvre petite maman a une telle migraine !"

Linda Burnell, dans sa chaise longue de rotin, ses pieds sur un coussin et un plaid sur les genoux, était étendue devant un feu crépitant. Burnell et Béryl, assis à la table du milieu, mangeaient un plat de côtelettes grillées et buvaient le thé d'une théière en porcelaine brune. Appuyée derrière le dossier de la chaise de sa mère, Isabelle, un peigne entre les doigts, relevait, gentiment absorbée, les mèches du front maternel. En-dehors de la flaque de lumière produite par la lampe et le feu, la pièce s'étendait nue et sombre vers les fenêtres creuses.

- "Est-ce que ce sont les enfants ?" mais cela n'intéressait pas vraiment Linda. Elle n'ouvrit même pas les yeux pour les voir. ... [...]
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Oh, how quickly things changed ! Why didn't happiness last for ever ? For ever wasn't a bit too long.

Oh, les choses changeaient si vite ! Pourquoi le bonheur ne durait-il pas toujours ? Toujours ne serait vraiment pas trop long.

[p136-137]
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Leïla était convaincue que, si son cavalier tardait à venir et s'il lui fallait écouter cette merveilleuse musique, voir les autres glisser, voguer sur le parquet doré, elle en mourrait pour le moins, ou bien s'évanouirait, ou bien étendrait les bras et s'envolerait par une de ces sombres fenêtres qui révélaient les étoiles.

(Son premier bal)
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Ils ne disaient rien. C'était là une déception, car Miss Brill espérait toujours suivre la conversation. Elle se croyait devenue tout à fait experte dans l'art d'écouter comme si elle n'écoutait pas, dans l'art de s'installer dans la vie des autres pour une minute à peine, tandis qu'ils causaient à côté d'elle.

(Miss Brill)
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Le père de Fénella avançait à grandes enjambées rapides, nerveuses. Auprès de lui, sa grand-maman se dépêchait, enveloppée de son imperméable noir qui craquait sans cesse ; ils allaient si vite que la petite fille était obligée, de temps à autre, de faire, pour les rattraper, un petit saut dépourvu de toute dignité. Outre son bagage sanglé en un rouleau pareil à une saucisse rebondie, Fénella portait le parapluie de sa grand-mère, serré sur son cœur, et la poignée en tête de cygne lui donnait tout le temps sur l'épaule de brusques petits coups de bec, comme pour lui dire aussi de se hâter...

(Le voyage)
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Quand il était petit garçon, son bonheur était de courir au jardin après une averse et de secouer sur lui le rosier.

(Mariage à la mode)
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Lorsqu'il releva de nouveau la tête, il y avait des champs, du bétail s'abritant sous les arbres sombres. Une large rivière, où des enfants nus barbotaient dans l'eau peu profonde, apparut tout à coup et s'évanouit. Le ciel avait un éclat pâle et un seul oiseau voguait très haut, pareil à une tache sombre dans une pierre précieuse.

(Mariage à la mode)
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Bien des fois, quand elle rentrait clopin-clopant, avec sa bourriche, elle les avait entendus qui, flânant au coin de la rue ou s'appuyant aux grilles des cours, disaient entre eux : «Elle a eu la vie dure, oui, la mère Parker.» Et c'était si vrai qu'elle n'en éprouvait pas la moindre fierté.

(Vie de maman Parker)
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Dans la ruelle habitaient des blanchisseuses, des marronneurs et un homme dont la maison avait sa façade toute parsemée de minuscules cages d'oiseaux.

(La garden-party)
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De petites brises légères jouaient à se poursuivre au haut des fenêtres, à se faufiler par les portes. Et il y avait deux minuscules taches de soleil qui jouaient aussi, l'une sur l'encrier, l'autre sur un cadre à photographie en argent. Des amours de petites taches. Surtout celle du couvercle de l'encrier. Elle était toute chaude, une tiède petite étoile d'argent. Laura l'aurait embrassée.

(La garden-party)
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Pourquoi ne pouvait-elle pas avoir des ouvriers pour amis, au lieu de ces jeunes gens stupides qui dansaient avec elle et venaient souper le dimanche soir ? Elle s'entendrait beaucoup mieux avec des hommes comme ceux-là.

(La garden-party)
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Pourquoi se sent-on si différent, la nuit ? Pourquoi y a-t-il une exaltation pareille à être éveillé, quand tout le monde dort ? Tard... il est très tard ! Et cependant à chaque instant, vous vous sentez de plus en plus éveillé, comme si, à chaque fois que vous respiriez, vous entriez peu à peu plus avant dans un monde nouveau, merveilleux, bien plus émouvant, bien plus passionnant que le monde du grand jour.

(Sur la baie)
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La chatte Florie sortait sous la véranda et vint s'asseoir sur la plus haute marche, ses pattes blanches rapprochées, sa queue recourbée en boucle. Elle paraissait satisfaite, comme si elle eût attendu ce moment tout le jour.
— Dieu merci, il se fait tard, dit Florrie. Dieu merci, la longue journée est finie.
Ses yeux de reine-claude s'ouvrirent.

(Sur la baie)
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Sur la table se trouvaient un vase plein d'œillets des dunes, si serrés qu'ils ressemblaient plutôt à une pelote de velours, un coquillage spécialement choisi que Kézia avait donné à sa grand-mère pour servir de coupe à épingles, et un autre, plus spécialement choisi encore, qui lui avait paru offrir un nid très agréable pour qu'une montre s'y blottît.

(Sur la baie)
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Solitude

C'est la Solitude maintenant qui vient la nuit,
A la place du Sommeil, s'asseoir près de mon lit.
Comme une enfant fatiguée je repose et guette ses pas,
Je la regarde doucement souffler la bougie.
Elle reste assise, immobile et sans bruit,
Lasse, si lasse, laissant tomber sa tête.
Elle aussi est vieille, elle aussi a livré le combat.
De feuilles de lauriers son front est couronné.

Dans l'obscurité morne, la marée lentement descend,
Se brise inassouvie sur la rive stérile.
Un vent étrange passe... puis, le silence. Je voudrais
Me tourner vers elle, la prendre par la main,
La serrer dans mes bras, et attendre ainsi que la terre stérile
Soit remplie par la terrible monotonie de la pluie.

1646 -
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La chatoyante, aveuglante toile de la mer
Etait suspendue dans le ciel, et le soleil araignée,
Avec une cruauté besogneuse et effrayante,
Rampait dans le ciel et filait, filait.
Elle pouvait le voir encore, les yeux clos
Et les petits bateaux pris comme des mouches dans la toile.
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Les filles de feu le colonel

Joséphine avait eu un moment d’épouvante absolue au cimetière, lorsqu’on avait descendu le cercueil, à la pensée qu’elle et Constance avaient fait cette chose-là sans lui en demander la permission. Que dirait-il, quand il s’en apercevrait ? Car, tôt ou tard, il ne pouvait manquer de s’en rendre compte. Il savait toujours tout. « Enterré ! Vous m’avez fait enterrer, vous deux ! » Elle entendait taper sa canne. Oh ! que diraient-elles ? Quelle excuse pourraient-elles bien lui faire ? C’était abuser si cruellement de l’état d’impuissance où quelqu’un se trouvait par hasard. Les autres personnes avaient l’air de considérer ce procédé comme tout naturel. Mais c’étaient des étrangers ; on ne pouvait s’attendre à ce qu’ils comprennent que papa était le dernier homme au monde qu’on pût exposer à une aventure pareille. Non, c’était sur elle et sur Constance que retomberait tout le blâme. Et la dépense ? se disait-elle en montant dans le fiacre hermétiquement clos. Et quand il faudrait lui faire voir la note ? Que dirait-il alors ?
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