Kylie Fitzpatrick

Certains hommes sont désemparés devant une femme capable d'avoir ses propres idées. C'est plus fort qu'eux. Ils ont été élevés dans la conviction qu'ils nous étaient intellectuellement supérieurs, et leur prouver le contraire ferait basculer leur monde de son perchoir.

Citation chap 3 p 41 dans la neuvième Pierre
Nous ne pouvons pas arracher une seule page de notre vie, mais nous pouvons jeter le livre au feu.
George Sand 1837.

Ceux qui sont morts ne sont ni perdus ni hors d'atteinte s'ils restent en vie dans notre coeur. Chapitre 41

Quand Sarah arriva devant la porte vert émeraude de LilY Korechnya, elle se rappela ce que Septimus Harding lui avait dit : elle avait la tête bien faite, et il s'y connaissait dans ce domaine. Cela lui donnait plus d'assurance pour voir Mme Korechnya, car elle ne voulait évidemment pas paraître dépourvue d'esprit devant elle. M. Harding n'avait pas besoin de lui dire de ne pas s'encombrer d'un mari, pensa-t-elle en frappant à la porte à l'aide du marteau en laiton, elle l'avait déjà compris toute seule. Elle se demanda à quoi ressemblait le mari de Mme Korechnya, il avait dû être différent ; et M. Harding, il avait une femme, lui aussi. Peut-être existait-il donc des hommes qui ne craignaient pas les femme dotées d'esprit, contrairement à Jack Thislewite qui prétendait savoir tout sur tout, même quand c'était faux.

lin, fil, dévoré, mérinos, tiretaine, cachemire, gaze, toile de chanvre, point de croix, cobalt, églantine, chambertine, damas....

La femme croisa son regard […] et il aurait juré qu’il y avait dans ses yeux limpides une invitation explicite, qu’ils lui promettaient quelque chose de tout à fait extraordinaire. Il avait envie de boire chacun de ses traits ; l’éclat doré de sa peau brune ; l’ovale délicat de son visage, l’ombre d’un sourire sur ses lèvres en pétale de rose.

P 48
"Je suis relativement convaincue que je ne me marierai jamais. C'est la raison qui me le dit, et je ne suis pas à ce point esclave des sentiments pour ne pas parfois entendre sa voix."
CHARLOTTE BRONTE

P23
Elle aimait l'odeur du papier et de l'encre. Cela la rendait fière de participer à un tel travail.

Elle aurait dû se sentir pleine d’espoirs et non inquiète. Ce serait agréable d’avoir la compagnie d’une femme pour discuter des affaires au lieu de deviser sur la quantité de vinaigre et d’huile de lin nécessaire pour cirer les meubles.

Les méthodes traditionnelles deviennent démodées. Ce n’est pas si terrible. Nous avons la chance d’avoir Greystones. Tu as toujours voulu passer plus de temps là-bas.

Elle portait des robes simples de couleurs franches, et même si elle s’extasiait toujours sur les imprimés d’une nouvelle saison, elle accordait rarement plus qu’un intérêt passager à une manche ou un corsage à la mode. Rhia, en revanche, remarquait la moindre nouvelle coquetterie parisienne.

Tout le monde courait après l’argent. Le fait que l’Occident ait fonctionné grâce à une boisson stimulante qui finançait l’Orient afin que celui-ci puisse s’abrutir en fumant de l’opium avait-il échappé jusqu’à l’attention des quelques hommes intègres de Whitehall ? Il commençait à penser que la Grande-Bretagne avait l’intention de coloniser la Chine en faisant sombrer sa population dans l’inconscience.

P94
Si tu veux faire quelque chose de ta vie, Sarah ne t'encombre pas d'un mari, car il y en a peu qui laissent une femme n'en faire qu'à sa tête, et la tienne est bien faite.

P68
Je dois avouer avoir été aussi captivée par l'éclat des diamants-9 au total, et chacun d'une couleur différente- que le reste de la foule attroupee autour d'eux. Sarah n'a pas prononcé un mot jusqu'à notre sortie du bâtiment, et ensuite, elle a seulement dit qu'elle avait trouvé les pierres bizarres et qu'elles lui avaient fichu la touille, car, même si ce ne sont que des cailloux, ils lui avaient paru vivants. Et c'était vrai. On aurait dit que chacune des pierres renfermait une fournaise dont la lumière éblouissante et l'énergie transpercait l'œil pour penetrer au cœur même de celui qui les observait.

Les Londoniens avaient la particularité de se laisser offenser par les apparences à un point préjudiciable. Les gens du Nord portaient des jugements plus fiables, et se laissaient moins facilement duper par un jupon vert myrte ou un bonnet à rayures.

Qu’il soit sincère ou pas, le calme, comme la charité, était une armure. En dessous rôdaient la peur et la solitude, qui éprouvaient sans cesse sa foi et sa force.

Elle s’imaginait à Londres. Elle avait toujours rêvé de visiter la capitale avec son mari, les voyages étant l’un des rares avantages au fait d’avoir un mari. Bien sûr, la probabilité d’en trouver un était de plus en plus maigre et, comme par hasard, elle n’avait pas songé qu’il fallait prendre un bateau pour atteindre la ville. Un bateau sur la mer.

Elle avait découvert l’art de la composition dans les imprimés, de même qu’elle avait étudié celui du détail dans l’herbier de Culpepper. Rien ne l’enchantait plus, cependant, que la façon dont la lumière changeait dans la nature ; les étés décolorés par le soleil à Greystones et l’automne doré à St Stephen’s Green. Elle avait maintenant une valise entière pleine d’études pour des motifs répétitifs. C’était une distraction, bien sûr ; tout le monde savait que la création de textiles n’était pas un métier de femme.

La vue d’une dame, s’agissait-il de la femme d’un marchand, était pareille à un baume rafraîchissant dans ce pays surchauffé rempli d’exilés et de prisonniers. La dame était regardée avec envie et curiosité ; avec ressentiment ou paillardise. Ou simplement parce qu’elle était aussi propre et fraîche que du linge tout neuf et offrait un spectacle agréable pour des yeux comme les siens, qui toute la journée voyaient des hommes, des pierres et des copeaux de bois, et la nuit une presse tachée d’encre.

Certes, le crime et la maladie voire pire sévissaient ici, mais il y avait un point faible dans le vernis de civilité et de respectabilité de n’importe quel endroit prospère.