Les Éditions Gallmeister vous présentent leur rentrée littéraire 2021.
Au programme : TRUE STORY de Kate Reed Petty (traduit de l'américain par Jacques Mailhos), LES DENTS DE LAIT d'Helen Bukowski (traduit de l'allemand par Elisa Crabeil et Sarah Raquillet), LA CITÉ DES MARGES de William Boyle (traduit de l'américain par Simon Baril) et LE CERCUEIL DE JOB de Lance Weller (traduit de l'américain par François Happe).
+ Lire la suite
- Est ce que ça rend les choses plus grandes ou plus petites ? demanda-t-il encore. Savoir lire ?
- Les deux, dit Bell en regardant à nouveau autour d'elle à la recherche de mots. Avant ? Le monde était fermé. Mais il s'est ouvert et il continue à s'ouvrir à mesure que j'avance. Je dirais qu'il devient si grand que je ne sais pas quoi en faire. Ni comment m'y comporter. Et plus il devient grand, plus je me sens petite.
Instinctivement, les hommes se redressaient et rectifiaient leur tenue, déglutissant, la gorge serrée, tandis que des fantasmes de chair et de possession, débridés et honteux, montaient des entrailles des plus vertueux, et que les autres, plus prosaïques, s’empressaient de comparer les fonds dont ils pouvaient disposer au prix qu’ils imaginaient être celui de cette fille.
Tom et Pigsmeat entrèrent dans la salle dans une explosion de lumière qui s’estompa aussitôt quand ils refermèrent la porte derrière eux. Un homme était étendu face contre terre, près d’un mur. Ils entendirent les mouches qui l’exploraient, et la pièce empestait la sueur, l’alcool et le tabac, ainsi que l’odeur âcre et brûlante des murs qui cuisaient sous le soleil.
(…) nous pourrons dire que nous avons pris notre liberté. Que personne ne nous l’a donnée en pensant que nous l’avions méritée, mais que nous l’avons prise parce qu’elle nous a toujours appartenu.
Le cercueil de Job était submergé depuis longtemps, enfoui dans une écume de nuages, et toutes les autres étoiles avaient sombré dans un océan , tandis qu'à l'est la voûte céleste était rose comme les lèvres d'un coquillage. Maintenant, à l'ouest le ciel était d'un indigo qui n'avait jamais existé auparavant et qui n'existerait plus jamais par la suite.
Le soir, il marchait en suivant le soleil qui s'enfonçait dans d'étranges horizons.Ils voyait des ciels rouges, des ciels jaunes et puis des ciels si bleus dans le long crépuscule qu'ils en devenaient violets et fantastiques, rehaussés par le scintillement d'étoiles froides chaperonnées par la comète qui plongeait vers l'ouest.
J'ai vu des choses que je pourrai jamais oublier. Elles me lâchent pas, et si ça arrivait, j'crois que je saurais plus quoi faire. Ni qui je suis. Non. Vraiment, j'peux pas en parler, parce qu'ils ont pas encore inventé les mots qu'on pourrait utiliser pour raconter ça fidèlement.
Les deux hommes puaient l’alcool, la sueur, la fumée et la viande grillée. Flora se tenait toujours près du lit, les doigts inextricablement entortillés, faisant de ses mains un étrange nœud qui ne pouvait être défait que par la violence.
Ce jour-là, les flammes s’élevaient directement de la terre, ondulaient dans l’herbe, elles avançaient en vagues d’un jaune orangé, montant et descendant, sifflant et crépitant. Des choses terribles passèrent inaperçues sur le moment – visions d’horreur, bruits, odeurs obscènes qui ne se manifesteraient que longtemps après, dans des rêves ou des éclairs de réminiscence qui prendraient des allures de rêve et couperaient le souffle des vieux soldats. Des choses amalgamées, fantasmagoriques, sanglantes et si épouvantables que personne ne pourrait croire qu’elles s’étaient véritablement produites, et encore moins qu’on avait pu y survivre.
- Comment vous sentez-vous ce matin?
Abel déglutit et fit une grimace, puis, sans même réfléchir, il répondit :
- Comme si j'avais été bouffé par un ours et chié du haut d'une falaise.