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Citations de Laurent Binet (622)


Les Levantins croyaient en une famille de dieux composée d'un père, d'une mère et de leur fils. Le père vivait dans le ciel et avait envoyé son fils sur la terre pour sauver les hommes mais, après de multiples aventures et une suite de malentendus, il l'avait laissé se faire clouer sur une croix par les hommes qu'il était venu aider, et qui ne l'avaient pas reconnu. Puis le fils était revenu du monde souterrain et avait rejoint son père au ciel.
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Il y avait au sein de ce palais un lieu sacré orné de plaques translucides, rouges, jaunes, vertes, bleues. Le plafond y était comme une toile d'araignée creusée dans la pierre, d'une hauteur qui surpassait celle du palais de Pachacutec. A l'extrémité de l'édifice, sur une estrade fastueusement décorée, quoique non entièrement tapissée d'or comme pouvait l'être la Maison du Soleil, trônait la statue d'un homme très maigre cloué sur une croix.
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Et conscient que son peuple avait besoin d'un guide, sans plus s’embarrasser du protocole, il s'adressait à tous en ces termes : "Le temps des Quatre Quartiers est révolu. Nous allons voguer vers un nouveau monde, pas moins riche que le nôtre, gorgé de terres. Avec votre aide, votre empereur sera le Viracocha des temps nouveaux, et l'honneur d'avoir servi Atahualpa rejaillira sur vos familles et vos ayllus pendant des générations. Et si jamais nous coulons, eh bien qu'il en soit ainsi. Nous irons retrouver Pachacamac au fond de la mer. Mais si jamais nous passons ... Quel voyage ! Allons, en route vers un Cinquième Quartier !" Alors les Quiténiens, rassérénés et enhardis par ces paroles, reprenaient d'une seule voix : "Enroute vers le Cinquième Quartier !"
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Monsieur de Montaigne était un esprit subtil, curieux et de grand savoir, ce qui rendait sa conversation fort attrayante, et comme notre esprit se fortifie par la communication des esprits vigoureux et réglés, le jeune Cervantès aimait à l' entretenir de poésie, de théâtre, ou de toutes sortes de choses, pour le plaisir de l' entendre citer, toujours fort à propos, des auteurs anciens tels que Virgile, Sophocle, Aristote, Horace, Sextus Empiricus ou Cicéron.
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Je repense aux paroles de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses : « Quoi qu’on en dise, une occasion manquée se retrouve toujours. » Mais juste à cet instant, il se tourne vers moi, me serre la main et me dit au revoir. Ah tiens, non en fait.
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Monsieur de Montaigne était un esprit subtile, curieux et de grands savoir, ce qui rendait sa conversation fort attrayante,et comme notre esprit se fortifie par la communication des esprits vigoureux est réglés, le jeune Cervantès aimait à l’entretenir de poésie, de théâtre, ou de toutes sortes de choses, pour le plaisir de l’entendre citer,toujours fort à propos, des auteurs anciens telles que Virgile, Sophocle, Aristote, Horace, Sextus Empiricus ou Ciceron.
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Personne, ne l’ayant pas vu lui-même, ne pourra croire ce que j’ai vu ici, et pourtant je peux assurer mes seigneurs princes que je n’exagère pas de la centième partie.
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Ils traversèrent des forêts et des marécages sous une chaleur écrasante. L’humidité était si forte que les hommes du Nord se sentaient fondre comme neige dans le feu. Puis ils parvinrent à une ville telle qu’il en avait jamais vu. Il y avait des temples en pierre et des pyramides à plusieurs étages et des statuts et des guerriers disposer en colonnade
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Il y a des interprètes partout. Chacun parle sa langue même s'il connaît un peu la langue de l'autre. Les ruses de l'interprète ont un champ très ouvert et il n'oublie pas ses intérêts.

Derrida
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C'est un combat perdu d'avance. Je ne peux pas raconter cette histoire telle qu'elle devrait l'être. Tout ce fatras de personnages, d’événement, de dates et l'arborescence infini des liens de cause à effet, et ces gens, ces vrais gens qui ont vraiment existé, avec leur vie, leurs actes et leurs pensées dont je frôle un pan infime...
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Heydrich, l’homme le plus dangereux du IIIe Reich, le bourreau de Prague, le boucher, la bête blonde, la chèvre, le Juif Süss, l’homme au cœur de fer, la pire créature jamais forgée par le brûlant des enfers, l’homme le plus féroce jamais sorti d’un utérus de femme, sa cible, face à lui, titubant et armé.
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Je pense que tout homme auquel la vie n𠆚 pas réservé qu’une suite de malheurs sans fin doit connaître au moins une fois un moment qu’il considère, à tord ou à raison, comme l𠆚pothéose de son existence, et je pense que pour Heydrich, envers qui la vie a su se montrer très généreuse, ce moment est arrivé. (...) il intervient la veille de l𠆚ttentat.
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A ce degrés de bêtise politique, la trahison devient presque une œuvre d𠆚rt.
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[ Mitterrand à propos de Giscard, début 1980 ]
« Je reconnais qu'il explique admirablement comment les choses se passent sans lui. Les prix ont monté en septembre ? Parbleu, c'est le boeuf. (...) En octobre, c'est le melon. En novembre, c'est le gaz, l'électricité, les chemins de fer et les loyers. Comment voulez-vous que les prix ne montent pas ? Lumineux. » Son visage se fend d'un mauvais rictus, sa voix se voile : « On s'émerveille d'accéder aussi aisément aux mystères de l'économie, de pénétrer à la suite de ce guide savant dans les arcanes de la haute finance. » Il crie, maintenant : « Hé oui, c'est le boeuf ! Odieux melon ! Traître loyer ! Vive Giscard ! »
Les invités sont pétrifiés, mais Fabius répond en allumant une cigarette : « Vous exagérez. »
Le rictus de Mitterrand reprend son aspect enjôleur et, de son timbre le plus normal, il dit, sans qu'on sache s'il répond au jeune dégarni ou s'il souhaite rassurer l'ensemble des convives : « Bien entendu, je plaisantais. Enfin pas tout à fait. Mais rendons les armes : il faut une belle intelligence pour convaincre les autres à ce point que gouverner consiste à n'être responsable de rien. »
(p. 196-197)
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Barthes a souvent écrit sur la nourriture : le steak frites, le jambon beurre, le lait et le vin... Mais là c'est autre chose, évidemment. Ça veut rester simple mais c'est cuisiné. Il faut qu'on sente qu'il y a eu effort, soin, amour dans la préparation. Et puis, toujours, démonstration de force. Il l'avait déjà théorisé dans son livre sur le Japon : "la nourriture occidentale, accumulée, dignifiée, gonflée jusqu'au majestueux, liée à quelque opération de prestige, s'en va toujours vers le gros, le grand, l'abondant, le plantureux ; l'orientale suit le mouvement inverse, elle s'épanouit vers l'infinitésimal : l'avenir du concombre n'est pas son entassement ou son épaississement, mais sa division. (...) La baguette, pour diviser, sépare, écarte, chipote, au lieu de couper et d'agripper, à la façon de nos couverts ; elle ne violente jamais l'aliment."
(p. 191-192)
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[ 1980, enquête sur l'accident dont a été victime R. Barthes ]
Foucault consent à parler : « Ma version, c'est qu'ils l'ont tué. »
Bayard [policier] n'est pas sûr d'avoir bien compris :
« Tué ? Mais qui ça ?
- Mon ami Roland.
- Mais il n'est pas mort !
- Il est déjà mort. »
Foucault fixe son interlocuteur du regard intense des myopes, derrière ses lunettes, et lentement, en détachant les syllabes, énonce, comme s'il formulait la conclusion d'un long développement dont lui seul connaît la logique secrète :
« Roland Barthes est mort.
- Mais qui l'a tué ?
- Le système, bien sûr ! »
L'emploi du mot 'système' confirme au policier ce qu'il redoutait : il est tombé chez les gauchistes. Il sait d'expérience qu'ils n'ont que ça à la bouche : la société pourrie, la lutte des classes, le 'système'...

(p. 29)
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Et le mendiant tenait ce propos étrange:" Aucun écrit ne devrait être déchiré ou détruit, à moins qu'il soit fort détestable, mais au contraire communiqué à tous, particulièrement s'il est inoffensif et que l'on puisse en tirer quelques fruits"
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Or, « tour décodage est un nouvel encodage ». Si bien qu’en gros, on ne peut jamais être sûr de rien, et surtout pas que deux interlocuteurs se comprennent, car personne ne peut être sûr qu’il emploie les mots exactement dans le même sens que son interlocuteur (y compris dans la même langue).
Nous voilà bien, se dit Simon.
Et Morris Zapp emploie cette métaphore saisissante que l’Anglais lui traduit : « La conversation est en somme une partie de tennis qu’on joue avec une balle en pâte à modeler qui prend une forme nouvelle chaque fois qu’elle franchit le filet. »
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Normalement, Simon est supposé avoir un niveau correct en anglais, mais bizarrement, ce qui est considéré comme normal en France, en matière de maîtrise d’une langue étrangère, se révèle toujours en situation largement insuffisant.
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Kristeva songe que la phobie ne disparaît pas mais glisse sous la langue, que l’objet phobique est une proto-écriture et, inversement, tout exercice de la parole, pour autant qu’il est de l’écriture, est un langage de la peur. « L’écrivain : un phobique qui réussit à métaphoriser pour ne pas mourir de peur mais pour ressusciter dans les signes », se dit-elle.
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