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Citations de Laurent Binet (620)


Après tout, il n'y a qu'une seule chose noble ici-bas, et c'est le dessin. L'homme, lui, n'est qu'une tâche qui pâlit sur un mur.
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La perspective nous a donné la profondeur. Et la profondeur nous a ouvert les portes de l’infini.(...) L’homme d’applomb, enfin à sa taille, ayant trouvé sa place dans l’espace, pesant son poids, chassé du paradis mais debout sur ses pieds, dans toute sa vérité mortelle.(...) C’est la perspective qui permet de voir l’infini, de le comprendre, de le sentir. La profondeur sur un plan coupant perpendiculairement lnaxe du cône viduel, c’est l’infini qu’on peut toucher du doigt. La perspective, c’est l’infini à la portée de tout de qui a des yeux.
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- et moi je savais, je savais à cet instant ! - je déclenchais mon tir, et le carreau de mon arbalète, suivant la trajectoire parfaite que mon esprit avait calculée et qu’une main invisible avait tracé dans l’air, vint se ficher exactement entre ses deux yeux. ( ...)
Mais je n’avais pas rêvé. Je m’étais souvenu de la perspective.
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... Mais Dieu récompense les téméraires : au pied de la muraille, il y avait une charrette de foin, laissée là par quelque palefrenier. Tout se passa alors en un éclair : la décision, l'exécution. Je sautai sur le parapet, j'écartai les bras comme un Christ en croix, je fermai les yeux et plongeai. J'entendis, pendant ma chute, le cri d'un aigle qui déchirait le ciel. J'atterris comme dans un lit de plumes, sans heurt et sans dommage.
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A propos d une fresque de Pontormo représentant le Déluge : " on n'a jamais vu noyés plus vivants que sur ces murs".
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Mais ce n’est pas tout : je vis des lignes se dessiner dans l’espace, formant une grille parfaitement géométrique, et je reconnus le schéma d’Alberti, sa pyramide de rayons convergeant en un point unique. C’étaient les lois de la perspective qui prenaient corps devant moi, aussi nettes que si je les avais moi-même tracées à la règle ; je touchais la surface des choses, car ce n’était plus le monde réel que je voyais dans sa profondeur, ou plutôt si ! mais je voyais comme à travers la caméra obscur de Messire Brunelleschi – que son nom soit honoré jusqu’à la fin des temps ! – et ainsi, l’espace d’une seconde, le monde m’apparut comme une surface plane, savamment quadrillée, dans toute la clarté éblouissante de la théorie qui nous fut révélée par ces génies suprêmes : Brunelleschi, Alberti, Masaccio, gloire à vous qui êtes l’honneur de la Toscane éternelle !
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A nouveau, le crépitement de la mèche. De quel côté allait-il surgir ? Ou bien allait-il enjamber le tas de tableaux pour me tomber dessus ? Je ne pouvais attendre d’avoir la réponse, sous peine de mort imminente. Mon épaule me lançait et j’étais saisi de vertiges mais je parvins à ramasser le carreau et à le glisser dans l’arbalète. Fort heureusement, il me revint à l’esprit un croquis de Léonard que j’avais vu jadis : je savais qu’il fallait tendre la corde jusqu’à armer le mécanisme, ce que je fis au prix d’un effort surhumain. (…)
Et c’est à ce moment qu’il advint ce phénomène surnaturel : l’homme qui me menaçait, la pièce tout autour de lui, les cartons, les meubles, les cadres aux murs, les toiles, les châssis, les chevalets, les taches de peinture maculant le sol, le garde mort au premier plan, celui mort à l’arrière-plan, le Bacchiacca agonisant (je n’entendais plus ses râles, ni aucun autre son), tout m’apparut comme un tableau parfaitement composé.
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Tout d’abord, il convient d’écarter ceux qui peuvent prétendre égaler Pontormo mais ne vivent pas à Florence ou étaient absents de la ville au moment du meurtre : Michel-Ange, Daniele da Volterra à Rome, Titien et Tintoret à Venise, Salviati en France … A vrai dire, notre ville est si riche en talents qu’il reste bien assez pour remplir la feuille : Bronzino, Allori, Naldini, Bandinelli, … auxquels il faut donc adjoindre Plautilla Nelli … et vous-même, Messire Giorgio, car ce serait une grave offense de ne pas vous ajouter à ces noms prestigieux auxquels votre talent ni votre renommée n’ont rien à envier !
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La fin du peintre est de mener les hommes à quelque idée vertueuse au moyen d’une représentation convenable, à la façon dont un aliment fait horreur si on le représente sous l’aspect d’une chose abominable, ou bien au contraire fait envie de si on le représente sous l’aspect d’une chose belle et admirable.
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L’honneur repose uniquement sur l’estime du monde, et c’est pourquoi une femme doit user de tout son talent pour empêcher qu’on débite des histoires sur son compte : l’honneur, en effet, ne consiste pas à faire ou ne pas faire mais à donner de soi une idée avantageuse ou non. Péchez si vous ne pouvez résister, mais que la bonne réputation vous reste.
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Si vous épousez le jeune prince de Ferrare, ce sera pour la seule raison de réconcilier votre père avec la puissante famille d’Este. Nous, femmes, sommes les pièces qu’on déplace sur l’échiquier des empires, et si nous ne sommes pas sans valeur assurément nous ne sommes pas libres de nos mouvements. Votre devoir de fille de duc est d’obéir à votre père, votre devoir d’épouse du duc sera de servir votre époux selon son plaisir en lui donnant des enfants en bonne santé
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Voilà pourquoi rappeler à Dieu un peintre sodomite réformé, dont la punition dans cette vie ou dans l’autre était inévitable, ne peut être un crime. C’est au contraire une sainte action qui sera portée au crédit de son auteur à l’heure du jugement
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S’il savait que je vous écris, mon père me tuerait. Mais comment refuser une faveur si innocente à votre altesse ? Il est mon père mais n’êtes-vous pas ma tante ? Que me font à moi vos querelles, et votre Strozzi, et votre politique ? À la vérité votre lettre m’a causé une joie que vous ne pouvez concevoir. Quoi ? la reine de France me supplie de l’entretenir sur sa ville natale en échange de son amitié ?
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Je me cogne sans cesse contre ce mur de l'Histoire sur lequel grimpe et s'étend, sans jamais s'arrêter, toujours plus haut et toujours plus dru, le lierre décourageant de la causalité.
(page 243)
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P. 197.
Marco Moro (broyeur de couleurs) : J'oeuvrerai autant qu'il me sera possible pour que le royaume de Dieu advienne sur cette terre, non pas seulement dans l'au-delà, et qu'il ne soit pas réservé à quelques-uns, mais à tous.
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« C’est la perspective qui permet de voir l’infini, de la comprendre, de la sentir.
La profondeur sur un plan coupant perpendiculairement l’axe du cône visuel, c’est l’infini qu’on peut toucher du doigt.
La perspective, c’est l’infini à la portée de tout ce qui a des yeux… »

149. Michel-Ange Buonarroti à Giorgio Vasari
Rome, 21 juin 1557
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Michel-Ange à Bronzino. Notre temps a passé, Agnolo, même le mien. Les flatteries dont m'accable le Duc ne sont en réalité que des oraisons funèbres....Le temps ne rendra justice à personne. Les hommes de demain ne vaudront pas mieux que ceux d'aujourd'hui. Tout sera détruit. Pour finir, il ne restera que cendres et ruines. Pontormo l'avait compris. 288.
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Adieu, monsieur. Je vous laisse à vos plaisirs, et m’en vais m’employer à vous oublier comme vous m’avez oubliée. Hélas, je n’ai pas votre légèreté.
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Après tout, il n'y a qu'une seule chose noble ici bas, et c'est le dessin. L'homme, lui, n'est qu'une tache qui pâlit sur un mur.
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Entendez-moi bien, mon amie : si un tueur de peintres court dans les rues de Florence, je dois le retrouver. Et surtout, je dois trouver le fin mot de cette histoire. Ces fresques et ce tableau que vous haïssez tant, je dois les faire parler, car ils cachent un secret, et il ne peut y avoir de secret pour le duc de Florence. Vous pouvez vous réjouir de la mort de Pontormo, il n’en demeure pas moins que, pour le bien de l’Etat, nous devons éclaircir les raisons de cette mort. Un prince dans le noir est un prince un sursis.
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