Laurent Manoeuvre

Boudin à sans doute été un des maillons importants de l'évolution de la peinture dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Les critiques, parmi ceux qui passent pour avoir soutenu l'avant-garde picturale, Zola et Geffroy entre autres, le reconnurent volontiers. Dès ses débuts Boudin s' était détourné de la "mer à drame et mélodrame" chère aux romantiques, et même encore à Courbet, pour proposer une vision ordinaire du paysage. (P.11)

Au début des années 1960, ces Nus volontairement dénués de toute recherche esthétique, auront un fort impact sur l'école de Londres ..

Le paysage classique est mort, tué par la vie et la vérité.
Émile Zola (compte-rendu du Salon de 1868)

On nous demande, avec une indulgente ironie, combien il y a eu de grands artistes femmes. Eh ! Messieurs, il y en a eu et c'est étonnant, vu les difficultés énormes qu'elles rencontrent ".

Marie Bashkirtseff

La pudibonde époque victorienne n'a pas permis l'éclosion de la peinture de Nu, genre qui au contraire, joue un rôle important en France. C'est avec un Nu fauve que Matisse propose, en 1898, une nouvelle vision picturale

J'admirais Manet, Courbet et Degas. Je haïssais l'art conventionnel.

Pourtant, cette artiste remarquable, doublée d'une personnalité hors du commun, a suscité assez peu d'intérêt en France. En 1894, le legs Caillebotte fait entrer les impressionnistes dans les collections nationales. Caillebotte n'a acquis aucune œuvre des trois femmes du groupe : Mary Cassatt, Berthe Morisot et Marie Bracquemond. Il faudra la générosité et l'intelligence d'Antonin Personnaz pour introduire, en 1936, une peinture de Cassatt, la seule que conservent encore aujourd'hui les musées nationaux français.

Entre nous, ces bourgeois qui se promènent sur la jetée, vers le coucher du soleil, n'ont-ils aucun droit d'être fixés sur la toile, d'être amenés à la lumière ?

On aime beaucoup mes petites dames sur la plage, d'aucuns prétendent qu'il y a là un filon d'or à exploiter. Dieu le veuille.

Walter Sickert s'est le plus souvent élevé contre le conservatisme de la Royal Academy. Or, en 1924, deux ans après son installation définitive à Londres, il est élu associé de la vénérable assemblée. Le portraitiste William Orpen remarque : "La surprise n'aurait pas été plus grande si Trotsky avait rejoint le Carlton Club." […] Il en devient membre à part entière en 1934, mais démissionne dès 1935, par solidarité avec le sculpteur Jacob Epstein, dont les œuvres sont jugées indécentes.

Cet immoraliste en est arrivé à vivre seul dans une grande maison d'un faubourg populeux. Afin de ne plus tenir à quoi que ce soit de régulier qui l'empêche de faire ce dont il a envie, à la minute même. Cela sans un sou. Et il remue les idées les plus délicates et précieuses, entouré de vagabonds, vêtu comme un ouvrier d'ici, mais sentant bon et propre dessous! Je crois que c'est l'homme le plus absolument distingué que j'ai connu. (lettre de Jacques-Emile Blanche à André Gide, à propos de Walter Sickert)

Le message de Millet doit être compris dans ses dimensions temporelle et spirituelle.

En dépit d'apparences parfois très mélancoliques, l'espoir est présent dans nombre de ses dessins.

Millet se place au ras du sol et il traduit en un langage poétique commun et direct son émerveillement face à la création.

Il utilise un mannequin plutôt qu'un modèle vivant.

Les études dessinées lui permettent de s'abstraire progressivement du particulier pour atteindre à ce haut degré de généralité que requiert la philosophie.

La plupart des personnage qu'il représente sont donc peu caractérisés.

Son œuvre a contribué à rendre au paysan sa dignité et à l'élever au rend de symbole.

Sensible à l'humaine condition, Millet est naturellement portraitiste. Il modèle les visages avec des ombres claires, pénétrées de lumière, ce qui donne à la matière l'apparence sensuelle de la chair.

Millet applique une grande richesse d'expression à un nombre restreint de thèmes.