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Critiques de Laurent Queyssi (155)
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Trystero

En cette queue de comète où le printemps n'en finit toujours pas de déverser ses dernières pluies, un drôle d'ouvrage est pourtant venu jeter un coin de soleil sur la table de travail de l'apprenti écrivain.

C'est un manuscrit arraché au futur par un proscrit de l'Alliance Européenne, une sorte de manuel d'écriture mâtiné d'un récit de résistance à l'oppression, un curieux mélange des genres.

C'est qu'il semblerait que dans le futur, même dépourvue de la plupart de ses écrivains et d'une grande partie de ses lecteurs, la Littérature ait conservé cette puissance de lutte qu'Octave Mirbeau dans le passé lui avait pourtant déniée.

"Trystero" est un livre de Laurent Queyssi, paru le 10 avril 2024 aux éditions "Mnémos".

L'apprenti-écrivain y trouvera tout autant les clés de sa gloire future qu'un captivant roman de science-fiction.

Car, mi-essai et mi-fiction, "Trystero" est le résultat d'une savante torsion des genres.

L'essai est imbriqué dans le récit.

Le tout est indémêlable.

Un autre passager clandestin des Lettres et du voyage spatio-temporel, Francis Lacassin, dans le passé déjà avait prévenu que le Genre viendrait certainement tordre le cou à cette Littérature essoufflée dans un futur où elle ne saurait plus parler que d'elle-même.

Laurent Queyssi a signé avec "Trystero" un récit intrigant et passionnant, quoi qu'aussi un peu perturbant.

C'est un pari tenu de structure et d'écriture.

C'est un tour de passe-passe d'imaginaire, de style et de montage savamment orchestré à la force de la plume, au nez et à la barbe de l'Alliance qui pourtant voit tout ... et sait tout !

Peut-être s'en moque-t-elle ?

Peut-être n'a-t-elle plus le temps de pourchasser autant de sédition ?

Peut-être n'a-t-elle finalement aucun pouvoir contre le roman ?

Bruno Trivanen est un écrivain.

Après un long séjour en Quartier Haute Sécurité, il a été assigné à résidence dans une petite maison de Sainte-Narcisse.

Les livres qui paraissent désormais avec sa signature ne sont plus de lui.

Il ne les a ni lus, ni écrits.

Et la signature d'aujourd'hui vient obérer celle d'hier.

Mais face au vide de sa nouvelle existence, Bruno a décidé de se jeter presque clandestinement dans l'écriture d'un dernier manuscrit ... qui semble promis dans un lointain avenir à sauvegarder la puissance que projette l'imaginaire sur notre destin.

Et qui dans dans un avenir beaucoup plus proche, malgré la puissance de l'Alliance, pourrait bien venir rafler tous les prix littéraires qui se trouveront sur son chemin !

La Dolorean a dépassé les 88 miles à l'heure !

Prenez garde "Fils de pubards, de banquiers et de vendeurs de vide", éloignez-vous ... "La méthode d'écriture de Bruno Trivanen" est une réflexion pertinente et originale sur la quadrature du cercle du livre, de la fiction filmée et du jeu vidéo

Lire, écrire, mettre en place, confronter et résoudre, oser placer un point final à son manuscrit et se dévoiler, voilà la prétention d'un écrivain.

"Trystero" surprendra aussi par son épilogue.

La balle a été lancée ... Y aura-t-il un apprenti pour la rattraper ? ...







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Trystero

Que voilà un curieux livre ! Entre l’autobiographie fictive, conseils d’écriture et récit de SF. Le narrateur est auteur de romans d’anticipation. Il habite en France, dans une Europe où le pouvoir semble avoir oublié la liberté des peuples au profit de ses propres intérêts. Dans une de ses œuvres, il a créé un symbole repris par des résistants. Et le voilà associé à la révolte, bien malgré lui. Sa chute était inévitable.



L’avenir qui apparaît en filigrane dans ce roman n’est pas rose. C’est le moins que l’on puisse dire. L’Europe semble avoir durci le ton et s’être engagée dans la voie de l’autorité sans opposition. On n’est pas dans le même ton que chez John King et son fantasque et dérangeant Anarchy in the U.S.E., mais le fond est le même. Une clique a pris le pouvoir et est prête à tout pour ne pas le perdre ni même le partager. Laurent Queyssi ne nous en dit pas beaucoup plus à travers les réflexions de son auteur de papier. On comprend simplement qu’il ne fait pas bon être dans son collimateur. En effet, bien que connu et en principe intouchable, le narrateur subit une descente aux enfers rapide et douloureuse : prison secrète et isolement. Pendant de longues années. Sans vraiment expliquer quoi que ce soit. Ce qui le laisse gamberger sur les raisons exactes de cette arrestation. Et sur le déclencheur. Qui en est à l’origine ? Une personne qu’il aurait pu froisser. Ce qui est possible, car il s’est comporté, au faite de sa gloire, comme un imbécile égoïste, souvent dirigé par les drogues qu’il ingérait en quantités phénoménales. Ou est-ce son propre frère, bien placé dans le système qui voudrait se protéger de tout rapprochement avec un possible révolutionnaire ?



Malgré cette oppression sans limite, une résistance s’élabore. Des individus, isolés au départ, se rejoignent et forment des mouvements de résistance. Et choisissent pour signe de reconnaissance ce dessin qui apparaît sur la couverture, proche du symbole infini, en plus droit. Le mal est fait pour le narrateur. Mais peut-être est-ce une porte de sortie pour l’Europe et ses citoyens. Cependant, comment faire pour se réunir, échanger des idées sans se faire repérer dans une société où l’électronique est partout ? Y compris dans les têtes. Car chacun peut désormais porter un Aug, version améliorée de notre smartphone. On est directement connecté avec le monde, en permanence si l’on veut. Et même si l’on ne veut pas. En effet, qui empêche des dirigeants peu scrupuleux d’utiliser l’Aug de ses concitoyens comme une caméra et un micro espions ? Difficile, n’est-ce pas, de résister ?



Mais je viens de faire, volontairement, comme le texte de la quatrième de couverture. J’ai insisté sur le contexte et sur le récit qui, en fait, ne sert que de bruit de fond, de contexte légèrement abordé, mais très peu développé. Car Trystero n’est pas un récit comme les autres. Il ressemble même, la plupart du temps, à autre chose. À un de ces livres destinés à donner des conseils d’écriture aux écrivains en herbe, comme en trouve beaucoup. D’ailleurs, le narrateur ne cesse de parler de son apprenti potentiel qu’il est censé guider ainsi.



On a un narrateur qui est auteur, comme celui de Reus, 2066 de Pablo Martín Sánchez. Et qui écrit non pas un journal, mais un texte à destination d’un potentiel lecteur. Mais dans les deux cas, la profession d’auteur crée nécessairement des résonances avec l’auteur de chair et de sang. Laurent Queyssi, en l’occurrence. Il faudrait connaître mieux que moi la vie et l’œuvre de celui dont j’avais lu des traductions exclusivement (comme je le dis dans l’article sur les premières lignes que j’ai consacré à ce roman : je ne vais donc pas me répéter). D’autant que l’essentiel du texte consiste en des conseils d’écriture. Or de tout. Bon, pas tout à fait, car le narrateur s’appuie, pour ses exemples, sur ses propres ouvrages, qui évidemment n’existent pas puisque l’auteur lui-même n’existe pas. Mais il est impossible de ne pas tenter de trouver des correspondances avec certains textes de Laurent Queyssi lui-même. Jeu des miroirs où je ne pouvais gagner, ignorant par trop sa carrière.



Mais l’abus de conflits, d’obstacles peut aussi devenir destructeur pour le récit s’il est mal maîtrisé. Accumuler les emmerdements ne rend pas un personnage digne d’intérêt. C’est l’amalgame entre ses agissements et son intériorité qui en font un être fictif assez crédible pour qu’un véritable humain éprouve des émotions à son sujet. La frontière entre le suspense et le désintérêt est fine.



Tout au long de Trystero, Laurent Queyssi joue sur plusieurs tableaux, avec finesse, mais au risque de dérouter son lecteur. Si on veut y prendre du plaisir, il ne faut pas trop se fier à la quatrième de couverture et donc ne pas s’attendre à un récit classique, mais à une plongée dans l’esprit d’un écrivain dont toute la vie a été balayée par les évènements comme on dit pudiquement et qui nous offre une sorte de testament. Des conseils agrémentés de réflexions sur la société qui l’enferme. Une belle œuvre, touchante mais, je l’espère, pas prémonitoire.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Le guide Alan Moore

J'ai lu le Guide Alan Moore pour la deuxième fois et c'est excellent.



Il faut noter que c'est bien un "guide". On y retrouve une courte biographie, une introduction aux œuvres principales, une entrevue, et quelques textes sur les adaptations que l'auteur a renié. Moore est probablement l'auteur de comics qui a donné lieu aux plus d'études universitaires et d'analyses littéraires. Cet essai ne tente pas d'entrer dans ce domaine-là. Si vous cherchez une fine analyse d'une œuvre obscure et incomplète de l'auteur, vous ne la trouverez pas ici.



Si vous ne connaissez que Watchmen, V pour Vendetta ou Killing Joke et que vous voulez approfondir votre connaissance de l'œuvre de Moore, c'est pour vous.



Bien sûr, comme beaucoup, je suis un fanatique de Moore. Ce guide est bien cherché, et rien n'y est dit qui ne soit faux. Mais Moore est ce genre d'auteur sur lequel les gens ont tendance à préférer projeter leur propre ressentis et je ne fais probablement pas exception.



Dans mon cas, c'est ce qui concerne le rapport de Moore à la magie, et son image de magicien/sataniste/hermite qui ne correspond pas à l'interprétation que j'en ai.



Moore ne parle jamais de magie avec dogmatisme. Il a déjà raconté comment sa conversion s'est faite : le jour de son quarantième anniversaire, il s'est saoulé. Il se disait que la quarantaine venait souvent avec des décisions stupides, mais qu'il n'avait pas envie de s'acheter une voiture sport. Il a donc décidé de devenir magicien. Le lendemain, il ne se souvenait plus de cette décision, mais tout le monde lui a rappelé et il a décidé d'être conséquent.



Mais alors, la magie, c'est quoi? La magie, c'est ce pouvoir qu'a la culture de changer la réalité du monde. La fiction, les mythes et la religion en font partie. C'est un besoin inné chez l'humain de laisser ces histoires changer leur façon de voir et d'interagir avec le monde. L'artiste est donc un magicien qui lance un sort sur les consciences pour les forcer à entreprendre des changements alchimiques.



Il le fait de voir cela ainsi pousse Moore à prendre les religions, la sorcellerie et tout cela extrêmement au sérieux. Leur impact est aussi réel que celui de la physique.



Moore ne verse pas exactement dans la spiritualité, le neopaganisme ou le mysticisme. Je ne vois pas, par exemple, comme quelqu'un qui CROIT en l'astrologie — dans le sens où il croit que l'alignement des astres et leurs "rétrogrades" a un impact quelqu'un sur l'avenir du monde ou des individus. Il croit par croit par contre que l'astrologie est une croyance répandue, partout dans le monde sous des formes différentes. Et qu'en tant que croyance, l'astrologie changé la façon dont beaucoup de personne vivent leur vie. Moore croit donc qu'ainsi, l'astrologie a un impact sur le monde, des millions de personnes vivant leur vie en se fondant là dessus.



L'astrologie est donc un sujet sérieux qu'un magicien doit comprendre, maîtriser et respecter. Parce que c'est un outil qui a fait ses preuves et qui répond à un besoin naturel chez beaucoup de gens.
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Le guide Alan Moore

Avec des comics tels que V for Vendetta, Watchmen, des graphic novel comme From Hell, ou encore son monumental roman Jerusalem, l'artiste anglais Alan Moore a incontestablement marqué de son empreinte la "pop culture" de ces dernières années. Nous lui devons notamment d'avoir rendu plus adulte le monde des comics de super-héros, et bien plus encore...



Un guide tel que celui-ci s'imposait pour mieux cerner l'homme et son oeuvre.



C'est logiquement une biographie détaillée qui ouvre l'ouvrage, puis, l'exploration de son oeuvre, et de ses adaptations.



Le guide se clôt sur la retranscription d'un entretien de Laurent Queyssi avec Moore.



Un ouvrage très complet, d'une lecture agréable grace à ses courtes parties thématiques, à recommander à toutes personnes souhaitant mieux connaître le démiurge de Northampton.



Livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique, merci à ActuSf et à babelio.
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Dimensions Galaxies Nouvelles

Une fois n’est pas coutume, la collection Fusée de Rivière Blanche n’accueille non pas une anthologie issue d’un appel à textes sur un sujet précis (comme Dimension de Capes et d’Esprit ou Dimension Antiquité, par exemple), mais plutôt une anthologie issue d’une revue. En effet, Pierre Gévart nous dégote ici un condensé de nouvelles déjà publiées une première fois dans les premiers numéros de Galaxies, nouvelle série (quand il en a repris la direction).





Le casting réuni pour cet ouvrage a de quoi faire des envieux, jugez plutôt : Xavier Mauméjean (« Engadine ») ; Frédéric Serva (« Hommes d’équipage, les papillons tissent les voiles de vos vaisseaux ») ; Daniel Paris (« Les Baobabs de Mars ») ; Jean-Michel Calvez (« Méduses ») ; Timothée Rey (« Boulonnaille ») ; Laurent Queyssi (« Nuit noire, sol froid ») ; Alain Dartevelle (« La Vie Synchrone ») ; André Ruellan (« Devoir d’achat ») ; Jacques Barbéri (« Le Génome et la mort ») ; Martin Winckler (« Alice in Wonderland ») ; Fabien Clavel (« Le Printemps des murailles ») ; Pierre Stolze (« Mon ascenseur parle avec un accent allemand ») ; Sybille Fairmach (L’Avocat et la Prisonnière ») ; Dominique Douay (« Le Prisonnier en son royaume ») ; Christian Vilà (« Rosée des lianes ») ; Sylvie Denis (« Les Danseurs de la Lune double ») ; Aliette de Bodard (« Chute d’un Papillon au point du jour »).



Indéniablement, je n’ai eu, au premier abord, que peu de véritables coups de cœur parmi ces nouvelles. Dans ces moments-là, je m’interroge sur l’intention de cette anthologie : il s’agit de retracer les premiers numéros dirigés par Pierre Gévart et non de faire un ouvrage où nous progressons au fur et à mesure dans un thème donné. Et c’est là que le lecteur peut davantage retourner sa lecture pour en sortir autre chose. La thématique de l’emprisonnement, du cloisonnement, se fait jour, mais de façon lentement amenée ; l’anthologie n’est pas du tout construite autour de cela, dans ce but, ce qui change tout à fait notre appréciation, mais qui empêche le lecteur de lire les nouvelles dans l’ordre ? Il y a forcément un auteur ou une référence que vous connaîtrez, et tout simplement je conseillerais de commencer par ce bout-là. Personnellement, c’est la nouvelle de Fabien Clavel qui a débloqué ma lecture.



Outre que nous retraçons plutôt précisément la construction progressive de cette revue, Galaxies nouvelle série (nouvelle formule donc), nous avons là une vraie anthologie faite pour mettre en avant ses auteurs : c’est non seulement l’occasion de découvrir rapidement l’œuvre d’un auteur qui nous est inconnu, mais surtout de prolonger l’aventure avec d’autres qui peuvent nous être plus familiers. De ce point de vue-là, la nouvelle de Fabien Clavel est très intéressante et m’a parfaitement convenu, puisqu’il nous narre un conte sur l’oppression insidieuse, le conditionnement et la routine assassine : « Le Printemps des murailles » est un récit efficace et implacable (tout en l’insérait dans ses différentes thématiques habituelles). Egalement un peu connaisseur de Xavier Mauméjean, j’avoue que l’auteur m’a un peu perdu dans sa courte nouvelle, « Engadine », sur une « solitude du majordome » un peu étrange dans un univers où l’on ne peut que deviner un certain automatisme contraignant. Pour le reste, je pourrais vous parler de l’ascenseur infernal façon Pierre Stolze ou bien « Le Prisonnier en son Royaume » d’un Dominique Douay que je découvre et que je ne tarderai pas à relire chez Les Moutons électriques. L’intention de certains auteurs pour nous introduire dans leur univers particulier : citons ainsi au débotté, la « Rosée des lianes » psychédélique et onirique de Christian Vilà, les touchants et uchroniques « Danseurs de la Lune double » de Sylvie Denis où l’auteur crée une histoire jeunesse pour adultes avec juste ce qu’il faut de subversif, les étranges « Méduses » de Jean-Michel Calvez qui recèlent une angoisse bien maîtrisée, donnant ainsi envie (là aussi) de découvrir cet auteur reconnu, et enfin l’ultime nouvelle « Chute d’un Papillon au Point du Jour » où Aliette de Bodard (une habituée des prix littéraires reçus pour ses nouvelles et ça se ressent parfaitement ici) dévoile une enquête parfaitement maîtrisée dans un univers aztéquo-asiatique qui est probablement très proche de ce qu’elle développe dans sa saga en cours des Chroniques Aztèques. Veillons malgré tout à ne pas trop déflorer cette quantité d’entrées en des univers complexes dont la fenêtre d’exploration nous est finalement bien petite.





Merci donc à Rivière Blanche, car découvrir ces anthologies est toujours enrichissant dans la connaissance d’auteurs méconnus ou débutants, et également (bien sûr) d’auteurs déjà familiers mais par des textes à part dans leur bibliographie. En lecteur averti, il faut savoir s’approprier ce matériau pas forcément accessible très facilement ; c’est un effort à faire, mais qui rapporte à hauteur de ce qu’il coûte.



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Correspondant local

CLP, Correspondant Local de Presse ; le soutier de la presse quotidienne régionale. Ils sont plusieurs milliers en France et sans eux, votre quotidien ou hebdomadaire local préféré n’aurait pas le même contenu. L’absence de carte de presse ne les fait pas journalistes et la plupart ont un autre métier. Pourtant, à eux les petits faits divers locaux, les fêtes de village, les événements associatifs. À défaut de reconnaissance, ils ont au moins l’avantage de tisser un maillage relationnel local à nul autre pareil.



C’est le cas d’Alexandre Loyla. À Castelnau, au cœur du Sud-Ouest profond, tout le monde le connaît à force de le croiser, multipliant les papiers pour le grand quotidien régional. Dans ce canton rural bien tranquille, il ne se passe généralement pas grand-chose. Jusqu’à ce qu’une jeune femme soit subitement retrouvée morte, tandis qu’une autre disparaît peu après…



Dans le même temps, Alexandre se retrouve destinataire d’une vieille cassette vidéo, porno amateur où une jeune fille apeurée ressemble étrangement à l’une des disparues. Peu à peu, les langues se délient et le passé remonte à la surface, mêlant quelques notables locaux aux fesses pas toujours très propres et un tueur bien pressé d’effacer ces traces compromettantes.



Polar à l’ambiance Chabrolienne, Correspondant local de Laurent Queyssi vaut surtout pour son atmosphère provinciale et rurale particulièrement bien restituée. Les relations présentes ou passées de ce microcosme local qui se fréquente depuis les bancs de l’école mais une fois devenu adulte voudrait bien en oublier la part sombre, sont délicieuses. Loyla forme un personnage crédible, que ses relations saines avec les autres rendent rapidement attachant, tandis que le début de sa liaison avec Noémie, la gendarmette, laisse augurer une suite possible à cet opus réussi. À suivre donc…
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Allison

Autour de 1993, je rentrais tout juste au lycée et j'écoutais plutôt Blur, Oasis, Weezer, ou encore Green Day...

J'ai apprécié de me replonger à cette époque de ma vie. Je suis visiblement passé à côté de Pixies, Sonic Youth, Pavement, mais je suis certaine que ces groupes auraient bien pu me plaire !

Dès la découverte du colis dans ma boite aux lettres, je me suis tout de suite trouvée dans l'ambiance !

Le paquet avait son côté Rock n Roll ! Complètement destroy !

Heureusement le livre en lui même n'a pas souffert... Merci le papier bulles !

Ca m'a bien amusé en tout cas.

Un petit bouquin, au format atypique, à la couverture sobre et aux couleurs toutes douces.

"Trop stylé ! ", comme a pu le dire ma fille de 15 ans en le voyant et qui a bien l'intention de me le piquer...

Casque sur les oreilles, je me suis laissé emporter, au rythme des morceaux de musique écoutés par Allison, jeune femme, au goût et culture musicaux bien affirmés, passionnée surtout !

A la recherche de l'origine du phénomène étrange qui la touche - La musique la transporte complètement. Elle lévite, sans qu'elle puisse contrôler quoi que ce soit, à l'écoute de certains titres - A la recherche de son identité, nous la suivons jusqu'en Angleterre, nous assistons à son passage à l'âge adulte avec nostalgie.

Un court roman, plein de poésie, de passion, truffé d'humour et d'amour, vers la connaissance de soi.

Merci Babelio et Les moutons électriques pour ce livre reçu dans le cadre d'une masse critique de l'imaginaire.

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Contrepoint

Avec « Contrepoint », petite anthologie offerte suite à l'achat de deux ouvrages parus aux éditions Actu SF, Laurent Gidon nous propose de découvrir les textes inédits de neufs auteurs français parmi les plus réputés dans le monde des littératures de l'imaginaire. L'objectif : décrire des futurs utopiques et des ailleurs désirables, le tout sans jamais utiliser la violence ou le conflit en tant que ressort narratif. Autant dire que pour des auteurs tels que Thomas Day, Charlotte Bousquet, ou encore Stéphane Beauverger dont les écrits tournent pour la plupart autour de cet axe, le pari est loin d'être aisé. L'initiative est intéressante et si, comme dans toute anthologie, la qualité des textes varie évidemment d'un auteur à l'autre, je dois cependant avouer que rares sont les nouvelles de « Contrepoint » qui me laisseront un souvenir impérissable. La grande majorité d'entre elles ont en effet difficilement éveillé mon intérêt, que ce soit en raison du thème choisi (« L'amour devant la mer en cage » de Timothée Rey m'a notamment totalement laissé sur la touche du début à la fin), ou de la façon de l'aborder. Ni violence, ni combat, d'accord, mais est-ce pour cela qu'il ne doit rien se passer ?



Vous l'aurez compris, la plupart de ces textes ne m'ont guère passionnée, même si bien sûr certains parviennent encore et toujours à tirer leur épingle du jeu. Avec « Nuit de visitation », Lionel Davoust nous offre ainsi une très belle nouvelle située dans le même univers que sa trilogie « Léviathan » et abordant des sujets aussi variés que la mort, la culpabilité ou le pardon, le tout avec beaucoup de poésie et d'émotion. Pari également réussi pour Stéphane Beauverger qui signe avec « Permafrost » un texte intéressant au jeu duquel on se laisse rapidement prendre, ainsi que pour Sylvie Lainé qui nous propose avec « Petits arrangements intra-galactiques » une nouvelle pleine d'humour basée sur une idée plutôt originale et prêtant à sourire. Enfin, Thomas Day (dont la présence dans cette anthologie a du en étonner plus d'un) parvient encore et toujours à surprendre grâce à une ingénieuse pirouette qui lui permet de rester fidèle à lui même (sexe, trash, vulgarité, cynisme..., tout est là), tout en respectant les contraintes imposés par Laurent Gidon (« Semaine utopique »).



Au final, cette anthologie « Contrepoint » n'est que trop rarement parvenue à m'emporter, aussi ne garderai-je probablement que peu de souvenir de cette lecture. L'initiative reste toutefois à saluer, d'autant plus qu'il s'agit là d'un ouvrage pour lequel vous n'aurez rien à débourser.
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Utopiales 2012

En Résumé : J'ai passé un bon moment avec cette anthologie qui nous offre des textes variés et plaisants même si, j'avoue, certains m'ont plus ou moins accrochés. On se laisse tout de même facilement captiver par des textes divertissants, intelligents, nous forçant à réfléchir et à se poser des questions sur des sujets souvent d'actualité et aussi qui ne manquent pas, parfois, de poésie et de magie. Comme je l'ai dit tous les textes ne sont pas au même niveau, mais, au final, on retrouve avec ce livre une anthologie de nouvelles de SF divertissantes et efficaces et qui se laisse lire avec plaisir.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Après la chute

Après la très bonne trilogie konungar, c'est peu dire que j'attendais avec une certaine fébrilité la nouvelle BD illustrée par le talentueux dessinateur chinois Juzhen.

Force est de constater que si au niveau de l'aspect graphique c'est très beau, je m'interroge sur qui à réaliser les story-boards car il y a clairement un soucis au niveau de la dynamique des planches

Du reste il y a surtout dans ce récit post apo un gros soucis au niveau de la scénarisation, par exemple les dialogues manquent clairement de naturel, le final se dénoue après une réplique complétement bancal aussi.

Après il y a des choses sympas au niveau du background en l'occurrence une grande métropole en ruine où pullule créatures gigantesques, sauvage revenus à l'âge de pierre, mutants aux facultés exceptionnelles, maraudeurs façon mad-max.

un Bd fun qui aurait mérité plus de maitrise au niveau de la scénarisation et une meilleur dynamique dans ses planches.


Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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Allison

🎵 Allison, c'est ma copine à moi 🎵



Sans déconner, moi j'ai grandi avec cet air dans la tête, on est assez loin des Pixies...

En 93, quand Allison passait son bac, moi j'avais 3 ans. Comme un décalage...



Beaucoup de références musicales m'ont échappé.

Pour moi la bande-son de l'année du Bac, 2007 donc, c'était plutôt Muse, Franz Ferdinand et ... les Doors. Oups ! saut temporel. Nirvana un peu encore, mon kif "poète maudit" n'étant pas réservé à Jim Morrison.



Pardon si je m'étale comme ça, nostalgie oblige, c'est un peu le thème du bouquin. La musique. La fin de l'adolescence. La recherche de qui on est vraiment.



Et même si les joints, les cuites et les concerts dans les bars ne m'évoquent pas grand chose, même si cette ado qui se cherche c'est juste mon opposée, je me suis identifiée.

La culture, l'époque, les goûts changent. Et c'est parfois souhaitable...

Mais ce flottement entre l'enfance et l'âge adulte, (pour lequel on a trouvé un joli mot dont personne ne connaît plus l'origine : du latin adolescens, participe présent de adolescere, qui veut dire grandir), ce pic d'émotions, ça c'est de l'universel, du partagé.









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Allison

Je suis extrêmement contente de vous présenter le roman Allison aujourd’hui. Si j’ai pu le découvrir c’est tout simplement grâce au sens de l’humour des Moutons Électriques, merci à eux ! Si je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais en commençant ce roman, je me suis finalement laissée porter par cette bande son sur papier qui m’a transportée au début des années 90.



Allison, c’est un livre empli de nostalgie. J’ai aimé me plonger dans ce roman qui m’a fait voyager dans le passé le temps de ma lecture. Si j’avais à peine un an lorsque l’Allison du roman passe son bac, mon frère avait lui à peu près son âge. Batteur dans un groupe, il m’émerveillait lorsqu’il faisait tourner ses baguettes... C’est le genre de souvenirs qu’Allison fait remonter à la surface, avec un morceau de rock en fond et un sourire aux lèvres. Je pense que tout le monde a besoin d’un peu de nostalgie, de temps en temps, et Allison fait ça très bien. On sourit en repensant aux walkmans et aux vinyles, tout en battant du pied en chantonnant du Nirvana, et ça fait du bien.



Cette Allison, c’est tout ce que je ne suis pas, mais elle a réussi à me toucher. La musique est toute sa vie, elle aime l’écouter, elle aime en jouer… à tel point qu’un beau jour, elle se met littéralement à léviter en écoutant un morceau. Clairement, la musique la fait planer. La métaphore est jolie, mais Allison prend peur. Est-elle malade ? Son père, décédé quand elle était petite, souffrait-t-il du même mal ? La jeune fille se lance donc dans une enquête sur le passé de son père, musicien lui aussi, ainsi que sur le phénomène qui la touche.



Allison est un roman rafraichissant sur lequel il m’est difficile d’en dire plus, tant les 155 pages se dévorent en un clin d’œil. Je finirais en disant qu'en cherchant dans son passé une solution à son problème du présent, la jeune fille se découvre, grandit, fait la paix avec elle-même. C'est une tranche de vie et une quête d'identité, presque un journal intime.



J'ai apprécié la plume de Laurent Queyssi, qui sait conter et toucher son lecteur, mais qui sait aussi le convaincre : moi qui n'écoute la musique qu'occasionnellement, et JAMAIS en lisant, je me suis surprise à me choisir une musique de fond en lisant Allison, changeant de morceau en fonction de ce que la jeune fille suggérait, et l'auteur à travers elle. Je guetterai les sorties de l'auteur, et bien sûr des Moutons Électriques, qui m'ont une fois encore convaincue.
Lien : http://allison-line.blogspot..
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Le guide Alan Moore

Je remercie Masse critique et les éditions Actu SF pour ce guide. Avant la lecture de ce dernier, je ne connaissais rien d'Alan Moore à part qu'il est l'auteur de l'excellent V pour Vendetta dont j'ai vu l'adaptation des sœurs Wachowski plusieurs fois. Je suis fascinée par ce personnage à la verve incroyable et je pense que je ne suis pas la seule. Ce personnage a inspiré les Anonymous. On apprend grâce à ce guide qu' Alan Moore est un scénariste prolifique et très talentueux qui n'aime pas les adaptations cinématographiques de ses œuvres qui édulcorent et dénaturent son travail. On lui doit watchmen, V pour Vendetta, Doctor Who, From hell, la ligue des gentlemens extraordinaires....

J'ai beaucoup aimé les fiches détaillées des principales œuvres. Une chose est sûre c'est qu' Alan Moore m'a réconciliée avec les supers héros que je trouve habituellement trop lisse à mon goût.

Il me reste plus qu'à lire ses Bd et visionner les adaptations cinématographiques.
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Phil, une vie de Philip K. Dick

Cette bande dessinée est une biographie de l'auteur Philip K. Dick, bien connu des amateurs de science-fiction. Elle retrace son parcours d'écrivain en mettant en lumière ce qui pourrait être les moments-clés de sa vie.

Grâce à cet ouvrage je comprends mieux sa vision des choses, sa philosophie et les thèmes qu'il aborde.



Je ne suis pas une très grande fan de Philip K. Dick, jamais je ne serais allée compulser les centaines de pages qui composent son exégèse. Je ne pense pas non plus tout lire de cet auteur, tout ne m’intéresse pas, mais cette bande dessinée a réussi à m'intriguer.



Les dessins ne sont pas formidables mais je trouve qu'ils correspondent bien aux propos et donnent à l'ensemble une certaine ambiance que j'ai bien aimée.



Je recommande pour les curieux.
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Phil, une vie de Philip K. Dick

Nettement plus familière des adaptations ciné des œuvres de Philip K. Dick que de ses romans, cette BD était l'occasion de découvrir la vie de cet homme à l'imagination débordante.



Et quelle vie agitée ! Entre la multitude de récits écrits, le questionnement perpétuel sur le point de vue et la réalité, les problèmes financiers et conjugaux, la drogue, la paranoïa et la difficulté à se faire reconnaître comme un auteur à part entière, il y avait matière à un roman.



Laurent Queyssi et Mauro Marchesi ont donc dû faire des choix, et les fans trouveront peut-être à redire à ceux-ci. Mais pour la novice que je suis, cette BD est une bonne introduction à l'univers de cet auteur, dont on peut mesurer la réussite au fait qu'elle m'a donné envie de lire certaines de ses œuvres.
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Après la chute

116 ans après la chute, les humains essaye de survivre dans un monde apocalyptique. Ils se sont regroupés en tribus. C’est alors que la vie de Giala, jeune femme, se voit bouleverser par l’attaque de son groupe par une bande de trafiquants qui n’ont d’autres ambitions que de réduire les femmes en esclavage. Ils massacrent les hommes de la tribu de notre héroïne, abandonnent les enfants à leur triste sort et enlèvent les femmes. Profitant de l’attaque d’un monstre mutant, Giala s’enfuie, en volant l’attribut du chef de ses ennemis…



Le graphisme de cette bande dessinée est très contemporain. On ressent très fort l’emploi du numérique. Or, je trouve que ça donne au dessins un côté plutôt impersonnel et froid. Dommage car l’auteur n’a pas lésiné sur les moyens pour créer un futur dévasté. Les paysages urbains sont très beaux mais les personnages, malgré l’action, semblent figés. Le scénario démarre plein pot mais très vite, s’enlise. Le spectaculaire du début s’effondre, peut-être que le scénario n’est pas assez épuré. L’excès nuit en tout. Quant à la fin, je trouve qu’elle est abrupte, elle décapite l’histoire qui aurait pu être passionnante. Je reste donc avec un avis mitigé face cette bande dessinée qui sera sans suite. Encore une lecture numérique. Ici aussi, le format Kindle et les éditions Glénat font bon ménage dans la qualité de la numérisation.

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Utopiales 2012

Comme chaque année, voici le recueil de nouvelles édité en parallèle au festival des Utopiales de Nantes, cuvée 2012.

Une fournée ayant pour thème fédérateur les origines.

On y retrouve de grands noms de la SF (Gaiman, Bordage, Wilson...) côtoyant des auteurs moins connus.

Origine comme :

- les origines de l'univers version Pierre Bordage, dans le plus pur style Bordage, pour une nouvelle somme toute assez convenue

- les origines de la coopération entre humains et entités étrangères, dans une nouvelle de Sara Doke, qui ne m'a pas parlé

- les origines des extra-terrestres, dans une nouvelles du généralissime Robert-Charles Wilson, datant de 2000, sans grande surprise, mais où l'on retrouve la sensibilité et l'humanisme de cet auteur majeur

- les origines de la pensée par Nancy Kress, intéressante thématique, bien menée

- les origines...de quoi ? (sur ce coup là je sèche), selon Laurence Suhner, une nouvelle qui n'a éveillé aucun intérêt chez moi

- les origines des inventions (ou pas) dans un court texte de 7 pages qu'éclabousse de son talent Neil Gaiman, prouvant en si peu de mots qu'il est une star du genre

- les origines du futur, par Claude Ecken, dans un texte dur et touchant avec une chute inattendue

- les origines des dégats nucléaires par Tommaso Pincio dans une nouvelle dystopique sur les enfants de l'atome, très bien tournée et totalement cynique

- les origines du futur, encore, mais cette fois à travers le prisme de quatre yeux (Laurent Queyssi et Xavier Mauméjean), dans une nouvelle assez touchante

- les origines d'un totalitarisme très particulier, par Ayerdhal, en hommage à son ami disparu Roland C. Wagner, récit assez délirant, plein de verve et de bons mots.

Au final, un recueil inégal (comme souvent dans ce genre de compilation hétéroclite), avec certains récits valant vraiment le détour. Une anthologie plutôt intéressante, comme un melting-pot de ce que peut proposer les lectures de l'imaginaire.
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Trystero

« […] l'écriture possède un atout dont la parole est dépourvue. Elle dispose d'une machine à voyager dans le temps. Rédiger permet de retourner en arrière et de modifier le discours, de l'embellir ou de le préciser, d'y ajouter des nuances ou d'en effacer certains éléments. »

 

Avec Trystero, Laurent Queyssi (bienfaiteur traducteur du Neuromancien, @editionsaudiablevauvert) nous offre un livre loufoque et maîtrisé. Un livre dans le livre. Car son narrateur et personnage principal n’est autre que l’écrivain du livre que nous sommes en train de lire, Bruno Trivanen. Avec cette narration à la première personne, la réalité se mêle à la fiction et la fiction s’invite dans la réalité. À tel point que je n’arrêtais pas de me demander si Laurent se servait de Bruno pour s’autoriser à donner des conseils d’écriture de manière déguisée, ou si Bruno jouait simplement son rôle de personnage. L’ensemble - la forme comme le fond - est diablement bien orchestré mais aussi terriblement troublant. J’étais déboussolée par ce mix essai/fiction, et même si j’ai lu presque d’une traite ce roman, signe de mon ressenti positif, les émotions m’ont manqué.



Dans Trystero, Bruno, écrivain donc, s’adresse directement à son lecteur ou à sa lectrice. Il livre à « l’apprenti » des secrets d’écriture, classés en thématiques précises selon les chapitres, comme ont pu le faire ses prédécesseurs John Truby pour L’anatomie du scénario ou encore Stephen King dans Écriture : Mémoire d’un métier.

 

Et entre deux secrets techniques, voilà que l’auteur digresse et confie à l’apprenti tout un tas d’anecdotes, parfois croustillantes, parfois inutiles, sur sa vie d’écrivain ou sur sa personne, tout simplement. Par le prisme de ses souvenirs, Bruno, considéré comme l’instigateur du mouvement de la résistance, revient sur ce qui l’a conduit en prison et sur cette période glaçante, de son arrestation arbitraire, à son isolement, ses réflexions, la douleur et la soumission.

 

Peu à peu il pose le contexte pour que le lecteur ou la lectrice comprenne. Que nous sommes dans une Europe devenue confédération nommée l’Alliance. Que le monde d’aujourd’hui bien qu’étrangement similaire au nôtre en est aussi incroyablement éloigné. Futuriste. En guerre. Technologiquement avancé. Et appauvri. Un monde où la réalité est altérée par les drogues de synthèse ou augmentée par les implants. Une société qui oppresse, contrôle les populations, sous les directives d’un régime autoritaire qui se plaît à retirer au peuple tout libre arbitre et à creuser les inégalités.

 

Mais au-delà de la souffrance et de l’injustice, il y a l’espoir. Car même enfermé et brisé, personne ne peut empêcher Bruno d’écrire librement…



Trystero est une œuvre symbolique, qui se veut réflexive en interrogeant la place de chacun.e dans la société et le rôle crucial des livres comme outils d’expression, de lutte et de liberté. Inspirant et à relire, assurément.
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Phil, une vie de Philip K. Dick

J'aime Philip K. Dick depuis que je suis gosse, j'ai grandi avec Ubik, le maitre du haut chateau, le dieu venu du Centaure, etc... Puis sont venus les films tirés de ses livres : Blade Runner (culte), Les confessions d'un barjot (trop méconnu, film français avec Hippolyte Girardot et Anne Brochet), Minority Report (le plus visionnaire), A Scanner Darkly (tiré de Substance mort, le plus déjanté et le moins connu, le film est tourné en images réelles puis redessinées pour en faire un film d'animation... effet génial et saisissant). Tout ça pour dire que K. Dick, c'est un contemporain, encore au 21ème siècle, et oué... parce que le gars est toujours là, toujours à la pointe du questionnement métaphysique, du questionnement sur les mondes parallèles, à l'heure où la science quantique tend à trouver des réponses qui iraient dans ce sens...

Dans cette bande dessinée façon roman graphique, on accompagne Phil K. Dick dans le parcours de sa vie, de sa naissance en 1929, à sa mort en mars 1982. Toutes les époques sont abordées, un peu succinctement, mais avec des éléments intéressants et notables ; on apprend ainsi qu'il fut marié plusieurs fois, qu'il avait des hallucinations, qu'il consommait des drogues puissantes, et qu'il était en constante ébullition mentale et paranoïaque au premier degré. Oui mais, tout ça je le savais déjà.

Ce livre permet de mettre des images sur des situations, de créée un lien entre les faits survenus dans la vie de Phil et qui faisaient écho dans son écriture, comme les virés en voiture avec des drogués, et les soirées débridées qui l'ont conduit à écrire Substance Mort.

Au final, un livre plaisant, bien fait, bien dessiné, mais un peu trop consensuel, un peu trop propret pour moi, surtout au vu du sujet, il aurait mérité plus de psychédélisme, plus de ressenti de cet état si particulier qui habitait Phil, cette tension permanente qu'il ressentait.

Il me faut continuer à lire l'Exégèse.... La Bible de K. Dick... le seul ouvrage qui puisse aller au fond de la psyché de Dick, car écrit par Phil lui-même et ses avatars de ce monde ou des autres...

Merci à Babelio et aux éditions Rêveurs de monde pour cet envoi de qualité, car pour note, les éditeurs sont spécialisés dans ce genre d'ouvrages de bandes dessinées biographiques, et plusieurs grandes figures du monde, littéraire ou scientifique ont déjà été publié Gandhi, Einstein, Lovecraft, Renoir, le Dalaï Lama, etc...
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Allison

Laurent Queyssi est traducteur et écrivain, il est originaire du Sud-Ouest et né en 1975 et a obtenu son bac en 1993. Il est aussi passionné de musique. On retrouve tous ses ingrédients dans ce court roman qu’est Allison. Le roman est un hommage à la musique et une chronique des années 90 vues au travers des yeux d’une adolescente de 17 ans prénommée Allison.



Allison est en terminale et elle va passer le bac en cette année 1993. Elle habite dans une petite ville de la banlieue de Bordeaux et son quotidien allie le lycée, ses amis et la musique. Elle joue de la basse dans un groupe de rock et écoute de la musique du soir au matin. Puis, un beau jour, Allison, surprise, se rend compte qu’elle peut léviter. Cela se produit uniquement lorsqu’elle écoute de la musique, comme si elle planait littéralement grâce à la musique. Allison a d’abord peur et veut essayer de comprendre ce qui lui arrive. Pour cela, elle va chercher à avoir des informations sur son père décédé quand Allison était une toute jeune enfant.



Ce roman est un peu difficile à classer. Son héroïne est une adolescente et il plaira certainement à ce public. Cependant, l’époque à laquelle il se déroule parlera surtout à ceux qui avait environ l’âge d’Allison dans les années 90. Beaucoup de choses ont changé entre ces deux époques, il n’y avait pas encore internet, les téléphones portables. La musique et les groupes dont parle Allison pourront sembler dater aux plus jeunes. Néanmoins, les thèmes abordés parleront à toute personne du même âge qu’Allison, tant les impressions décrites par le personnage sont crédibles. Qu’on ait grandit à la même période qu’Allison ou non, on retrouve tous une part de nous même dans son personnage.



L’aspect fantastique du roman est assez peu important. Il sert de fil directeur à la quête d’identité de l’héroïne mais il ne constitue pas le centre du récit. Le véritable cœur de l’histoire est le passage à l’âge adulte au travers une quête d’identité. C’est une période assez compliquée, et tout ce qui raconté dans le roman est très réaliste et reflète parfaitement ce que peut vivre une jeune fille de 17 ans. Le personnage d’Allison apparait très humaine, presque comme une copine qu’on aurait eu à cet âge.



Un des autres aspect important du roman est la musique. Allison écoute un style de musique particulier que n’écoute pas ses camarades de lycée. Cela la rend à la fois différente et lui donne l’impression d’appartenir à une communauté. La musique à l’adolescence est souvent un moyen de se démarquer, puis on découvre des groupes qui sont uniques, qui nous parlent, qu’on aime follement. Pour certains, cela passe et pour d’autres (dont je fais partie) ça ne passe pas. Le roman rend un bel hommage à la musique et à beaucoup de groupes des années 90.



Allison est un court roman qui se lit très facilement tant il parle à la fois aux adolescents et à ceux qui l’ont été. Pour tout ceux qui ont grandi dans les années 90, une touche de nostalgie jouera, avec l’évocation des baladeurs, des groupes de musique. Allison offre une lecture rafraichissante et une chronique douce amère de l’adolescence.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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