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Critiques de Lluis-Anton Baulenas (9)
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El nas de Mussolini

+++++++ " LE NEZ DE MUSSOLINI " +++++++



Ne craignez rien, cet ouvrage n'est pas du tout une biographie de ce grand homme d'État que nos amis italiens ont eu pendant trop longtemps !

Au contraire, il s'agit d'une très fine exploration de l'esprit d'une femme prête à tuer pour la bonne cause ! La victime en l'occurrence est le général espagnol, Miguel Primo de Rivera y Orbaneja, dictateur d'Espagne de 1923 à 1930. Comme ce "gentleman" est mort en exil à Paris d'une maladie, en 1930, Berta Panatis, notre héroïne, n'a donc pas réussi son coup, bienqu'elle s'y soit consciencieusement préparée.



C'est probablement mon inconscient qui m'a conduit à ce livre. Conditionné par le séjour de Carles Puigdemont, ancien président de la Généralité de Catalogne, organisateur d'un référendum l'année dernière sur l'indépendance de cette province, et poursuivi par l'Espagne pour l'acte illégal du référendum, qui dans mon pays a été reçu à bras ouverts par le parti de la droite flamande. Avec beaucoup de naïveté Bart De Wever, chef du parti, et ses acolytes y voient une préfiguration d'une Flandre indépendante, oubliant qu'une majorité n'y est guère favorable.



Lorsqu'on considère combien il est difficile à l'Union européenne d'arriver à un consensus avec 28 pays, on peut s'imaginer facilement qu'une multiplication de petits États, éventuellement futurs membres, avec la Catalogne, la Flandre, le Pays Basque, la Wallonie, la Corse, la Frise, l'Écosse, le Pays de Galles etc... rendrait virtuellement exclu de progresser ensemble sur notre vieux continent, surtout avec le sabotage de l'extrême droite et des énergumènes comme Viktor Orbán, Jaroslaw Kaczynski, Matteo Salvini etc. Sans oublier notre De Wever, qui n'est pas eurosceptique, mais "euroréaliste", une nuance qu'il est sûrement le seul à saisir, mais qui fait merveille dans un discours populiste bidon ! À Strasbourg, lors du vote du rapport-Sargentini concernant l'application de l'article 7 à l'encontre d'Orbán, le 12 septembre, ses 4 représentants au Parlement européen se sont de façon "réaliste et courageuse" abstenus de voter pour ou contre !



De Lluis-Anton Baulenas i Setó, pourtant un des plus importants écrivains, dramaturges et critiques littéraires de la Catalogne, je n'avais encore rien lu. Né à Barcelone en 1958 et vivant de sa plume depuis ses 29 ans, il a raflé pratiquement tous les prix littéraires catalans. Quatre de ses romans ont été traduits en Français : "Des noms sur le sable" (1995) ; "Combat de chiens" (1997) ; "Le fil d'argent" (1998) et "Le bonheur" (2001).

"El nas de Mussolini" de 2009 a remporté le Prix de Sant Jordi et il y a donc de bonnes chances qu'une version française suivra. Probablement chez Flammarion et qui sait peut-être même plus tard en poche dans la collection J'ai Lu (comme certains de ses romans) ?



Nous sommes en 1924, l'Espagne vit sous la coupe de l'extrême droite de Primo de Rivera et la CNT, Confederación Nacional del Trabajo (= travail), une organisation anarcho-syndicale fondée en 1910 à Barcelone, a décidé de supprimer ce dictateur. Primo, étant un coureur de jupons notoire comme le Duce, les organisateurs estiment que les meilleures chances de succès sont de charger une jeune femme pas trop moche de cette mission délicate. En fait, ils se souviennent d'un incident survenu à Rome, où une femme a réussi à se rapprocher de Benito Mussolini et à lui tirer, avec son petit revolver avant qu'il ne s'enraye, un coup en plein visage. Hormis le nez fracassé, le Duce s'en est sorti indemne. Cet événement explique évidemment le titre du roman.



Le choix des comploteurs se porte sur notre Berta Panatis qui en a le profil idéal : née en 1905, sans être une Greta Garbo ou Marlene Dietrich, un physique pas déplaisant du tout, instruite, travaillant dans une grande banque, communiste convaincue et .... courageuse. Les cégétistes lui expliquent le topo. Il faudra bien sûr garder un silence absolu et pour garder le secret, elle sera envoyée pendant un temps indéterminé à un endroit isolé, soi-disant pour se préparer à un concours d'État et aux frais de la CGT. Berta accepte la mission mais à condition que son vieux père, veuf et handicapé, Albert Panatis puisse l'accompagner dans sa retraite.



Peu après, père et fille se rendent au bled minuscule de Biribil, près de Ripoll dans les Pyrénées et surtout tout près de la frontière française, en cas de pépin. L'endroit est féérique et Albert, ignorant la "mission impossible" de la prunelle de ses yeux, se réjouit de ces vacances inespérées, loin de l'insécurité et violence de Barcelone.



À Biribil, notre héroïne passe ses "vacances" en faisant des courses, des longues promenades en montagne, la cuisine pour son père et elle, à remplir son journal intime et faire semblant de se préparer à ce concours d'État, tout en se préparant physiquement, en catimini, à sa "divine" mission. Son père essaie de se rendre utile dans la mesure que sa main droite broyée du temps où il était tailleur de pierre le lui permet, lit des vieux journaux, joue une réussite et se fabrique un jeu d'échecs.

Bref, le calme avant la tempête !



Cette vie en apparence paisible n'empêche évidemment pas à notre héroïne d'être envahie de temps à autre par le doute et l'angoisse. Et plus le télégramme "libérateur" de Pablo ou Josefina, ses commanditaires de la CGT, fixant l'heure et l'endroit des "opérations", traîne, plus cette attente devient pénible et, ma foi. insupportable.

La description des sentiments, inéluctablement contradictoires, de la jeune femme, constitue, à mon avis, la plus grande qualité de cette oeuvre.

Lluis-Anton Baulenas s'y montre un psychologue parfait.



Leur arrivée dans ce bled à l'écart du monde civilisé n'est, bien entendu, pas passée inaperçue et les rumeurs les plus farfelues circulent parmi les "Biribilois" à leur égard. Une occasion pour l'auteur de nous présenter quelques autochtones et leurs intrigues. Il y a le patron du bistrot local, Josep Caminal, qui se méfie du régime, mais sait se taire. Il y a le jeune Segarra, commandant de la garde civile et représentant du dictateur. Puis, il y a surtout la "senyora" Carlota Monrós, la préposée du bureau de poste et la mieux renseignée de Biribil, comme elle lit toute la correspondance qui passe entre ses mains et écoute attentivement les conversations de ses concitoyens à l'unique appareil de téléphone de l'endroit.



Outre l'usage d'un style littéraire agréable et de qualité, Lluis-Anton Baulenas se distingue dans ce roman par son remarquable talent d'évocateur d'atmosphère. De surcroît, l'auteur nous réserve un beau dépaysement dans un coin à la nature majestueuse et intacte qui caractérise les Pyrénées.

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Le bonheur

après avoir lu La sombra del viento de carlos ruiz zafon, je voulais rester à Barcelone et j'ai trouvé ce livre par hasard. Frustrée au départ de devoir le lire en français, la traduction m'a semblé parfaite. Je l'ai dévoré dès les premières pages, emmenée dans ce Barcelone de la Reforma au début du 20 ème siècle et l'expulsion des petites gens qui vivaient dans les taudis voués à la démolition. à coté, le monde des cabarets et des artistes mais aussi du petit peuple en tout genre continue à vivre et à festoyer, au jour le jour. L'intrigue est bien ficelée et c'est encore frustrée que je l'ai terminé. J'ai commandé deux autres romans de cet auteur contemporain catalan. J'espère ne pas être déçue, en tous les cas je recommande ce roman apparemment méconnu.
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Le fil d'argent

Qui n’a pas entendu parler de la guerre civile Espagnole ?

Lluis-Anton Baulenas nous raconte une histoire d’amour et d’amitié sur fond de guerre.

Barcelone, 1935.

Gregori, Maria et Pere ont 18 ans le même jour. Représentants de la jeunesse catalane des années trente, ils sont conviés par Radio Barcelone à raconter leur vie. Cette rencontre fortuite entre trois jeunes issus de milieux très différents marque le début d'une amitié " à la vie à la mort ".

Gregori l'aristo cultivé et discret, Pere le révolutionnaire flamboyant et Maria, les deux amis se transforment vite en prétendants acharnés pour son amour. La guerre civile qui éclate en 1936 les sépare, les révèle aussi. Mais de cette guerre-là, personne ne sortira vainqueur. Fresque sociale, grande épopée populaire ancrée dans le Barcelone des années trente, Le fil d'argent offre une vision lumineuse, parfois violente, des conséquences d'une guerre civile sur l'intimité de chacun.

J’ai lus ce roman de cet auteur Catalan-Espagnol en 2003 et ce récit m'a beaucoup touché par les portraits de ces trois jeunes qui découvrent l'amour et l'amitié au milieu de la folie de la guerre. Je n'avais aucune idées de ce qu'a été la guerre civile espagnole, et au travers de ce roman tout en finesse, je me rends compte du bonheur que nous avons de n'avoir pas connu ces périodes troublées.
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Le fil d'argent

Une histoire racontée sous différents angles de vue est un procédé littéraire que j'affectionne particulièrement. Ce roman est construit de la sorte : un savant mélange des journaux intimes des trois héros.



J'ai dévoré ce roman où une simple amitié se transforme en passion amoureuse, le tout sur fond de tragédie. L'histoire est captivante et il m'était difficile de refermer le livre, tellement je m'interrogeais sur ce qu'il allait arriver aux protagonistes.



Je dois avouer que par manque de connaissances sur cette époque, il m'a été difficile de m'y retrouver parmi toutes les fractions "rouges". Cela étant, l'auteur est loin de dépeindre l'image d'Epinal des "gentils républicains" face aux "méchants franquistes" : les exactions ont eu lieu dans les deux camps.



A lire.




Lien : http://thracinee.blogspot.com
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Le fil d'argent

Ce sont les récits entrecroisés de trois jeunes gens nés le même jour à Barcelone, et qui atteignent leurs 18 ans en 1935. Gregori, Maria et Pere, venus de milieux très différents, se rencontrent alors et leur nouvelle amitié se mêle à la guerre civile et à tous les changements qui surviennent forcément lorsqu’on a dix-huit ans… J’ai apprécié ce roman sur l’amitié et l’amour, qui laisse une part importante à l’Histoire de l’Espagne, ainsi que l’écriture de Llluis-Anton Baulenas.
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Le fil d'argent

Il commençait si bien. Les personnages étaient attachants, les thèmes forts, le contexte historique sombre mais bien décrit, l’intrigue addictive… Et puis, il y a eu la fin. Et là… eh bien ça a fait perdre à ce livre toutes ses étoiles et toute sa superbe.

Je préviens que tout cet avis spoil le roman à partir de « Jusqu’à la fin. ».



En 1936, la guerre civile espagnole débute. Gregori, Maria et Pere ont 18 ans, des rêves plein la tête et de l’amour plein le cœur. Autant dire qu’on s’attend à beaucoup de péripéties, et on y a eu le droit.



Les personnages sont hyper riches et hyper sympas. Pere est confiant, sûr de lui, égoïste autant qu’il est aventureux, courageux et loin d’être impressionnable. Il bouillonne de rêve et de convictions, jusqu’à ce que la guerre lui arrache bien plus que son âme. J’ai bien aimé ce personnage sur sa façon d’être, qui est hyper spontanée. À l’inverse, Gregori est très peu sûr de lui, maladroit sur ses appuis et très timide. On dit qu’il a des yeux tristes. Il est tout en indécision, en maladresse et en gentillesse. En bref, il est aux antipodes de Pere. Et entre eux, il y a Maria. Maria qui est une « vraie femme », qui est gentille, solide et qui fait très attention. Elle est prudente, mais pleine d’audace et de résilience.

Je les ai aimés tous les trois à leur manière.



L’intrigue repose sur un triangle amoureux (que je déteste ordinairement, mais ce n’est pas moi qui ai choisi de lire ce livre), sur le fil du rasoir et la menace de la guerre. Ça partait terriblement bien, les 250 premières pages étaient entraînantes et bien écrites. Jusqu’à la fin.



Que Maria choisisse Pere ne m’a pas choqué ni dérangée, mais que Pere la trompe pour aller vivre avec une autre en faisant le mort une fois au front, m’a enragée. C’est le choix de l’auteur, mais j’avais cerné le personnage de Pere comme quelqu’un d’égoïste, avec quand même des principes et de valeurs. J’ai été déçue de sa façon d’agir, et que sa mort ait été évoquée comme si on parlait de la mort d’un personnage tertiaire qui ne comptait pas. La fin de son arc narratif m’a laissée blasée, sans émotion, j’ai trouvé ça dommage pour ce livre qui pétillait de sentiments et de mouvements.



Gregori était mon personnage préféré. Il était raide et très amoureux de Maria sur 200 pages, au point d’en être malade, pour l’oublier et passer à une autre femme en quelques pages. Une femme dont on ne sait rien au fond et à laquelle on n’a pas eu le temps de s’attacher. J’ai été déçue qu’il oublie Maria si vite, et que lorsqu’il pense enfin la retrouver 50 ans après, il préfère la laisser fuir plutôt que de l’accoster.



Toute l’intrigue reposait sur ce trio, brisé pour la guerre, jamais réuni, mais qui avait les moyens de se retrouver. Sauf que personne n’a rien fait ou presque. Que ces trois personnages forts et solides sont devenus lâches, et ça m’a déçue, parce que l’auteur avait misé tous ses enjeux et tout l’intérêt sur ce trio, cette relation unique et ce qui pourrait les réunir.



En bref, une lecture qui a très bien démarré, que j’ai beaucoup aimé au commencement et tout du long, mais qui m’a fait me dire « tout ça pour ça ? » à la fin des 300 pages.

Je n’ai peut-être pas réussi à cerner la morale, le message ou les mots que voulaient souffler l’auteur, mais ça reste quand même une très bonne lecture malgré tout.



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Combat de chiens

Le résumé était plutôt sympa Franco cherche à mettre sur le trône d'Espagne un fils caché d'Alfonso XIII, mais à la lecture du livre le personnage principal est un militaire spécialisé dans les missions occultes en tuant les personnes gênantes pour le régime franquiste sans grand intérêt

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Le fil d'argent

Voici un roman que j'ai apprécié. Chaque personnage nous raconte son histoire, son point de vue sur les choses. Le narrateur change d'un chapitre, ou d'un paragraphe à l'autre. Mais on ne perd pas le fil de l'histoire, loin de là. C'est une façon d'écrire qui m'a semblé originale et qui m'a bien plu. On se laisse emporter par le destin de ces 3 amis, sur un fond historique.
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Le fil d'argent

Véritable coup de coeur pour ce roman que j'ai dévoré d'une traite. Le procédé narratif du récit à plusieurs voix donne différents angles de vue sur cette période particulière qu'est la Guerre d'Espagne. J'ai beaucoup apprécié les personnages très attachants.

Ce livre m'a donné envie de lire d'autres romans de Lluis-Anton Baulenas. Je viens de me procurer "Le bonheur" dont j'attends le meilleur.
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