Louis Renou :
L'HindouismeOlivier BARROT, dans les
jardins de Lodi, à New Delhi, présente le livre de
Louis RENOU,
L'Hindouisme ", édité dans la collection que-sais-je ? (PUF ), et énumère les grands principes de cette
religion. [Différents plans] visages d'Indiens et scènes de rues.
La religion védique ,
La manifestation primordiale est le sacrifice : la préparation et l'allumage des feux sacrés , la construction de l'autel , là libation de substances végétales , et notamment du jus de soma , une plante à vertus exaltantes qu'on pressait entre des pierres , que l'on clarifiait à travers un tamis de laine , mélangeait à l'eau et au lait avant de la verser dans des coupes libatoires .
[...] chaque jour, quand le roi se trouvait dans la salle d'audience, un mendiant [...] s'approchait de lui pour lui rendre hommage et lui apportait un fruit. Et chaque fois le roi, prenant ce fruit, le remettait aux mains de son trésorier qui se trouvait à son côté.
Dix ans passèrent ainsi. Mais un jour, après que le mendiant eut remis le fruit au roi, et quitté la salle,le monarque le donna à un jeune singe apprivoisé qui était là par hasard ayant échappé à ses gardes.
Dès que le singe eut commencé à manger, le fruit s'ouvrit par le milieu et un joyau sans prix en sortit. Ce que voyant, le roi prit le joyau et demanda au trésorier : "Où avez-vous conservé les fruits qui m'ont été offerts jour après jour par le mendiant et que je vous ai remis chaque fois ?"
Le roi Trivikramasena se rendit à nouveau vers l'arbre simsapa pour aller chercher le vampire. Une fois arrivé, regardant dans la nuit à la lumière des bûchers funèbres, il vit le corps qui gisait à terre, gémissant. Il le prit sur son épaule avec le vampire logé à l'intérieur et se mit en marche rapidement, en silence. Mais le vampire, de dessus son épaule : "Sire, reprit-il, vous êtes tombé dans de grands embarras, indignes de votre rang. Aussi, pour vous divertir, je vais vous raconter une histoire. Ecoutez".
(....) la dynastie des Mauryas (IVe-IIe s. av. J.-C.), dont le plus grand représentant est (le troisième de la lignée), Açoka (264-226), se convertit de manière spectaculaire au bouddhisme et fait graver dans les pincipales provinces de son empire des édits qui enseignent à ses peuples les principes éthiques du Buddha, l'absence de violence, l'obéissance, la déférence, la charité, la vertu; Açoka stigmatise comme vains et futiles les rites privés, il s'en prend plus encore aux sacrifices sanglants, mais se déclare le protecteur de toutes les sectes. Il se peut que les Cungas, qui succédèrent aux Mauryas à partir de 175 av. J.-C. environ, aient établi l'hindouisme comme religion d'Etat: il est question en tout cas de deux Sacrifices du cheval exécutés par le grand-père deVasumitra pour commémorer la défaite qu'infligea le jeune prince aux Grecs (Yavanas) sur les rives du Sindhu. En tous cas la monarchie dite indo-grècque qui vers la même époque prend pied aux confins nord-ouest de l'Inde (Gandhâra, puis Panhâb et Sind) a des sympathies marquées pour le bouddhisme: le roi Ménandre (le Milinda des sources bouddhiques), qui régna vers 168-145, discute de problèmes philosophiques avec le moine Nâgasena, commande des reliquaires; l'art gréco-bouddhique, dont l'influence allait être si profonde dans l'Asie centrale et orientale, prend naissance à la cour de ces princes.
L'expension dans l'Asie sud-orientale. - Ce qu'on a appelé l'hindouisation du Sud-Est asiatique, et qui a commencé au IIe siècle de notre ère pour durer jusqu'au XVIe environ, est un fait plutôt politique que religieux. Il ne sagissait pas de convertir (la conversion, thème usuel, rebattu, chez les bouddhistes et les jainas est inconnue dans l'Inde brahmanique); il s'agissait pour les princes de ces pays et pour la classe dirigeante d'imiter ou d'imposer les usages indiens, d'adopter la forme de royauté répondant à l'idéal hindou: le couple brâhmane-kshatria, le culte du linga, l'aspect çivaïsé de la notion souveraine. Or ceci n'allait pas sans entraîner des conceptions religieuses concordantes. C'est ainsi que, au Cambodge, les rois khmères font une religion d'Etat de l'hindouisme, attesté depuis l'empire pré-khmèr de Fou-nan (IIe s.) à côté du bouddhisme; le vishnuisme apparaît au Ve siècle, refoulé ensuite par le çivaïsme, puis il regagne du terrain au XIIe, suivant une courbe analogue à celle qui se présente dans l'Inde; il y a des survivances hindouistes jusqu'à nos jours. Toutefois le bouddhisme des Theravadin a remplacé à la fois l'hindouisme et le "Grand véhicule"; seules les inscriptions sanskrites du passé portent témoignage de l'intensité de la culture héritée de l'Inde. Au Campâ (Annam), c'est le çivaïsme qui a dominé, saturé les cultes locaux. Au Siam, en Birmanie, l'apport est négligeable. En Indonésie, malgré la vague islamique qui a submergé hindouisme et bouddhisme, la pénétration, qui remonte aussi au IIe siècle, a pris toute sa force à Java oriental à partir du XVIè siècle; il y eut même une renaissance au XVIe, qui n'est pas encore éteinte. Un culte hybride de Civa-Buddha s'est combiné avec des représentations indonésiennes. Des Purânas sont attestés à Java et ailleurs; à Bali, des textes brahmaniques, Upanishads et autres, des usages çivaïtes, tantriques, des croyances védiques même.
La femme oublieuse de ses devoirs est punie plus sévèrement que l'homme:l'adultère est promise à des supplices affreux pou peu que le mari y donne son consentement.
Charme d’Amour
Comme la liane tient l’arbre embrassé de part en part, ainsi m’embrasse, soit mon amante et ne t’écarte pas de moi !
Comme l’aigle qui prend son vol frappe au sol de ses ailes, ainsi je frappe à ton cœur : soit mon amante et ne t’écarte pas de moi !
Comme le soleil un même jour entoure le ciel et la terre, ainsi j’entoure ton cœur : soit mon amante et ne t’écarte pas de moi !
// L’Atharva-Véda (environ 900 avant J.C.)
/ Traduit du sanskrit par Louis Renou
Le Soi, qui est plus subtil que toute subtilité et plus grand que toute grandeur, siège dans le coeur de toute créature. Celui qui a maîtrisé tous ses désirs peut contempler la gloire majestueuse du Soi à travers ses sens apaisés et son esprit pacifié, et il se libère dès lors de toute souffrance.
Le connaisseur de Brahman fait voeu de ne jamais refuser l'hospitalité à quiconque vient lui demander un abri. Aussi doit-il avoir d'abondantes provisions, quels que soient les moyens en son pouvoir. À tout moment, il doit pouvoir dire [à un hôte éventuel – NdT]: « Cette nourriture a été préparée à ton intention. » Parce qu'il aura offert avec grand respect le repas de l'hospitalité dans son jeune âge, il sera assuré de sa part de nourriture durant cette période avec un grand respect. S'il offre avec le respect nécessaire le repas de l'hospitalité dans sa maturité, il sera assuré de sa part de nourriture durant cette période avec le respect nécessaire. Et s'il le fait avec la considération minimale dans ses années de vieillesse, il sera assuré de sa part de nourriture durant cette période avec une considération minimale. Celui qui possède cette connaissance est établi fermement dans la félicité de Brahman; il devient possesseur de la nourriture, et il la consomme. Il voit s'accroître et prospérer sa progéniture, son bétail, ainsi que son rayonnement spirituel et l'éclat de sa renommée. Il faut méditer sur Brahman comme faculté de conservation dans le langage; comme faculté d'acquisition dans l'inspiration et de préservation dans l'expiration; comme faculté d'action dans les mains; comme faculté de mobilité dans les pieds; comme faculté d'évacuation dans l'anus. Voilà pour les méditations sur le plan humain. Puis viennent les méditations sur le plan divin. Il faut alors méditer sur Brahman comme faculté d'abondance dans la pluie; comme faculté de puissance dans l'éclair.
Dans la caverne du coeur , se tient cette Entité, immortelle, émettant une lumière radieuse, que nous devons réaliser au moyen de la Connaissance. Quant à cette chose qui pend au fond du palais comme une tétine [sic!], c'est à travers elle que court le sentier vers Brahman; lorsqu'il atteint la raie de la chevelure, il la traverse en séparant le cerveau en deux hémisphères. L'aspirant qui a suivi ce sentier est capable de se tenir fermement dans le Feu, représenté par le Vyahriti Bhuh; dans l'Air, représenté par le Vyahriti Bhuvah; dans le Soleil, représenté par le Vyahriti Suvah; en Brahman, représenté par le Vyahriti Maha. Il a acquis, en ce qui le concerne, une souveraine indépendance; il a atteint à la maîtrise de son mental et tient fermement les rênes de ses discours, de ses regards, de son écoute, de son étude. Et par-dessus tout, il devient Brahman, qui s'est incarné dans l'Akasha (cf. shloka I-iii-), identique dans le grossier comme dans le subtil, ayant la Vérité comme nature authentique, se manifestant dans la vie sous toutes ses formes, Lui qui est source de félicité pour l'esprit entré en Sa possession, Lui qui est riche et possède la paix intégrale et l'immortalité. C'est ainsi, ô Prachinayogya, que tu dois méditer sur Lui.