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Critiques de Luca Di Fulvio (1380)
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Les enfants de Venise

♫Les yeux trempés

Les reins brisés,

l'échine soumise

En marchepied

Me penchant comme la tour de Pise

Pour un baiser

Elle voulait qu'on l'appelle Venise

Quelle drôle d'idée



Tu me perdras Venise

Tu me perdras encore

Tes statues, tes églises

Devenant mon décor

Voyageur sans valise

Cherchant l'amour encore

Tu me perdras Venise

Dans tes masques de mort ♫

- Julien Clerc - 1975

- Didier Barbelivien - 2011



Un vécu d'égout et de coups leurres

Adolescents quand ils débarquent,

Toujours gauches, coté du cœur

Venise- 1515 - simulacre de barques

Faste des vitraux kaléisdoscopiques

Cité d'insectes entassés sur des palafittes

Façades de marbre d'une pompeuse lagune

Trahisons sur sables émouvants de rancune

Sorcière sorcière

Escroc magnifique

Cornaline première pierre

Nouveau destin, être putain

la Raie publique

Offenses politiques

L'injustice, la référence

Ne pas nier les évidences

Mais Affirmer le contraire

L'apparat nous le confirmera

Ne reve pas d'une Liberté qui n'existe pas...

Que c'est triste venise

Othello que reste t-il ?



Maure alité

C'est en forgeant qu'on devient forgeron

C'est en sciant que Léonard de Vinci (1452-1519)

cinq cents ans

a connu Marignan

♫On rêvait de Venise et de liberté

J'aimerais quand même te dire

Tout ce que j'ai pu écrire

C'est ton sourire qui me l'a dicté ♫

Epuisé à l'encre de mes yeux

Pavé de mille pages, qui dit mieux ?

SCHIAVO VOSTRO

je suis votre esclave

à bientôt, autrement dit

Ciao...











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Le Gang des rêves

J’ai un rêve fou : lire tous les livres se trouvant dans ma PAL...



Cetta, elle, a un autre rêve que le mien : atteindre l’Amérique pour vivre une autre vie que celle qui lui était imposée par sa famille et sa condition sociale de jeune italienne du Sud, opprimée par le patron et sa clique et vouée à assouvir leurs désirs sexuels. C’est d’ailleurs à la suite d’un viol qu’elle s’enfuit, flanquée de son bébé.

Nous sommes en 1908 et New-York lui tend les bras. Enfin...façon de parler ! Elle sera réduite à « faire la putain » pour survivre dans ce quartier pourri du Lower East Side, quartier des pauvres au regard vide et sans plus aucune ambition à part celle de donner à manger à leurs enfants.

Mais elle, Cetta, est une battante ! Elle se bat pour son fils, elle se bat pour son intégration : lui sera Américain, un vrai !



Et la focalisation bascule vers ce fils nommé Natale, mais traduit par « Christmas »...évidemment, nous sommes en Amérique, et l’anglais est de mise. L’intégration, s’il vous plait, l’intégration !

Christmas grandit, et passe par des expériences magnifiques comme la rencontre de l’amour en la personne de Ruth, une petite jeune fille juive de 14 ans violée et salement arrangée, qu’il mènera à l’hôpital ; et par des expériences plus problématiques, comme la rencontre de la pègre...

Mais c’est bien le fils de sa mère, et son ambition le mènera vers autre chose.



Mais toujours, toujours, il aura en tête Ruth et ses yeux verts...La retrouvera-t-il ?

Nous suivons également, de façon parallèle, la destinée de Bill, le violeur de Ruth. Destinée ô combien différente de celle de Christmas...

Et puis nous basculons dans le mélo dans les dernières centaines de pages (c’est un pavé de 950p. environ), et c’est dommage. Le dernier quart de ce roman exaltant, très visuel et ne reculant devant aucune description à coup de phrases crues et choc, ce dernier quart m’a semblé tellement rempli de bons sentiments, de pleurs et d’amour expliqués et réexpliqués (l’auteur a-t-il eu peur que le lecteur ne comprenne pas ? ) que j’en étais écoeurée.

Dommage que cela finisse comme cela, comme un film américain bien dégoulinant de pathos.



N’empêche, je me suis bien amusée à la lecture du « Gang des rêves » dont l’histoire s’étale sur 20 ans ; j’ai été plongée dans cet univers rempli de vols, de viols, de crimes, mais aussi de courage , où le manque de moralité côtoie l’amitié, où la violence est tempérée par la tendresse mâtinée d’humour.



C’était début du 20e siècle. Finalement, cela pourrait être début du 21e siècle. Il y aura toujours des petites gens, toujours de l’ambition, toujours des rêves...

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Le Soleil des rebelles

CON-TENT ! CONTENT ! CONTENT !

C'est que je retrouve mon Di Fulvio des débuts, d'où cette joie pudiquement déclamée, tout en retenue.



Si le pitch n'a rien de révolutionnaire, son traitement se boit comme du p'tit lait.

Et vu mon intolérance au lactose, c'est dire la perf' stylistique de Monsieur Di.



Un gamin de sang bleu qui se retrouve du jour au lendemain orphelin et roturier, on a déjà vu plus envieux comme karma. Comme scénario original itou.

Oui mais voilà, ce qui aurait pu passer pour une énième bouse sommairement lue en diagonale biseautée frôle ici l'incontournable tant son valeureux auteur possède ce don rare et ineffable de conteur.



Récit initiatique, mâtiné d'une fort jolie histoire d 'amour, et transcendé par un besoin de vengeance quasi mystique, ce soleil des rebelles fait la part belle aux émotions pures et aux sentiments profonds.



Les bons sont vraiment bons... et cons, occasionnellement, on va pas se mentir.

Le regard aussi éveillé, parfois, que celui d'une vache regardant inlassablement passer les trains.

Le méchant possède tous les atouts de la tête à claques de compet'. Le type que l'on se plait à haïr et dont on attend qu'une seule et unique chose, qu'il claque dans les plus atroces souffrances.

Puis qu'enfin nos deux tourtereaux se retrouvent pour vivre, dans une aura rose fuchsia sur un air boisé de Richard Clayderman, leur compliquée mais néanmoins prometteuse histoire d'amour après moult péripéties endurées aux frontières de la mort qu'est jamais bien loin pour vous faire une vacherie qui ne fait, généralement, glousser qu'elle.



Autre formidable point d'accroche, les seconds rôles sublimement développés. Je n'oublie pas les troisième, quatrième - non, pas les cinquième qui furent finalement assez discrets - sans qui rien de tout cela n'aurait pu arriver. Note à moi-même, penser urgemment à une cure de détox anti César, Victoires de la musique et autre manifestation à l'entre-soi soporifique et honteusement flatteur...



Mon seul et unique regret, un récit que j'aurasi souhaité bien plus ramassé, histoire de toucher au sublime, plutôt que d'avoir parfois le sentiment d'un soufflé qui retombe, écrasé par une foultitude de détails et d'anecdotes dont je me serais fort bien passé.



Le Soleil des Rebelles, Yell !!!

Et c'est Billy qui l'dit...
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Le Gang des rêves

J'avais envie de m'évader et je voyais passer des chroniques de ci, de là sur cet auteur.



Je me lance enfin dans la lecture d'un Luca di Fulvio.



Et quelle bonne idée !



J'ai plongé dés les premières lignes. Voyage dans le temps et l'espace vers le New York des années vingt.



Une adolescente de 15 ans débarque à New-York, son bébé sous le bras. Il finira par se nommer Christmas.



Le roman, si bien construit, raconte en parallèle les débuts à New York de la maman et les pérégrinations de Christmas adolescent qui va créer son gang dans un New York magistralement reconstitué.



Une saga quasi cinématographique, un souffle romanesque certain. Un sacré foutu plaisir de lecture !



J'ai retrouvé ce bonheur frénétique de tourner les pages sans s'en apercevoir et de se retrouver au beau milieu de la nuit, sans avoir vu passer le temps, malgré ses 700 pages. La force de Luca di Fulvio : créer des personnages que l'on n'oubliera pas de sitôt et le si touchant Christmas entre dans la galerie des personnages de ma belle littérature. Pour toujours.



Une plume dans la plus belle tradition romanesque. Un roman fleuve où chaque ligne s'imprègne dans la rétine en sons et lumières. Feu d'artifices d'émotions, de personnages secondaires très bien construit, de renversements de situations, de scènes d'anthologie, de méchants d'anthologie ! du grand spectacle !



Je découvre cet auteur et forcément je suis plus qu'heureux d'avoir d'autres livres dans ma PAL pour me replonger sous sa plume !


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Le Gang des rêves

Trois petites choses que vous devez savoir sur moi :

- Je suis Christmas et vous fais la promesse que l'Amérique connaîtra un jour mon blaze.

- Cetta, ma mère, était une pute prodigieusement aimante.

- Ruth, ma belle, je paraphraserais un célèbre philosophe français en déclamant ce qui suit : "Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai".



Le Gang des Rêves en vend à la pelle.

Avec un titre pareil, pas de quoi feindre la surprise même s'il partait avec deux moches a priori tout pas beau. Une réputation flatteuse qui, paradoxalement, souvent me refroidit et un généreux tour de taille, promesse d'humeur chafouine en cas de déconvenue sévère et durable.

Il n'en fut rien.

Di Fulvio s'est avéré être un fantastique pourvoyeur de sentiments contraires, se jouant de mes émotions avec une facilité et une simplicité déconcertante.



Le contexte est porteur.

New-York, années 20, colossal terrain de jeu et d'inventivité, promesse d'un avenir radieux faite aux milliers d'immigrés venus toucher du doigt le rêve américain.

L'affiche est belle, la bande-son désenchantée.

Manuel de survie obligatoire.

Pour les femmes, sans jamais te plaindre les jambes tu écarteras.

Pour les hommes, toujours du bon côté du flingue tu te trouveras.



La force de Luca di Fulvio aura été de proposer un récit formidablement accrocheur dès le départ et d'avoir maintenu un intérêt de lecture croissant, chose proprement inconcevable à la pesée initiale du bestiau. Léger trou d'air sur la fin mais peu n'importe, pas de quoi oblitérer le ressenti d'ensemble.



Et ces personnages. Pas un qui ne soit fadasse, aussi lumineux qu'un soir d'éclipse.

Tous fascinent ou dégoûtent, c'est selon.

Tous possèdent en eux une force telle qu'il convient juste de s'incliner devant de tels phénomènes.

Seul mot d'ordre, se laisser bercer par ces flots tumultueux en écoutant Céline beugler son mythique My Heart Will Go On. Voilà, rien que d'y penser, hémorragie oculaire.



Le Gang des Rêves parle d'amour, beaucoup.

L'amour de son prochain, parfois tarifé, il est vrai.

L'amour de sa famille.

L'amour consenti et la baise forcée.

L'amour de l'art.

L'amour du risque. Tut, tut, tut, pas de générique. En vous remerciant.

L'amour de la vie transcendée.



Bref, Di Fulvio fait un sans-faute à tous les niveaux.

Une perfection que je souhaite ardemment intacte dans Les Enfants de Venise !
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Les prisonniers de la liberté

Titre : les prisonniers de la liberté

Auteur : Luca Di Fulvio

Editeur : Saltkine

Année : 2019

Résumé : 1913, trois jeunes gens embarquent pour l’Argentine. Fuyant la misère et la cruauté des hommes, Rosetta n’a d’autre choix que d’abandonner sa ferme. Rocco lui, refuse de se soumettre à la mafia locale et s’embarque aussi sans espoir de retour. Reste Rachael, la petite juive embarquée par Amos le terrible proxénète. Arrivée à Buenos-Aires, la gamine vend ses cheveux pour subsister et se fait passer pour un garçon, seul moyen pour elle de tenter de survivre dans une ville aux allures d’immense bordel à ciel ouvert.

Mon humble avis : L’année 2016 fut marquée par la découverte d’un auteur de grand talent : Luca Di Fulvio. Je garde de la lecture du gang des rêves un souvenir extraordinaire et depuis, chaque année, je tâche de ne rien rater des nouvelles publications de cet auteur italien. En 2017 ce fut les Enfants de Venise, une saga intéressante bien que dépourvu du souffle qui faisait du premier opus de l’auteur un grand roman. L’année suivante la parution du soleil des rebelles allait me laisser sur ma faim, c’est le moins que l’on puisse dire, avec la tenace impression qu’à chaque nouvel parution, l’auteur perdait un peu de son aura. Et puis cette année Les prisonniers de la liberté, un pavé, une saga qui était censée contenir tous les thèmes chers à Di Fulvio et dont j’attendais beaucoup. Soyons clair ce fut encore une fois une déception, une relative déception dirons-nous et je vais tenter de vous en expliquer les raisons. Tout d’abord, il faut reconnaître à Di Fulvio un talent de conteur hors-pair, un savoir-faire indéniable pour imaginer des destins ballotés par des circonstances contraires. Après l’immigration aux Etats-unis, la renaissance à Venise, l’auteur situe cette fois-ci son histoire dans les bas-fonds de Buenos-Aires et si dans les bouquins précédents les lieux jouaient un rôle majeur, l’Argentine n’est ici qu’une toile de fond à peine esquissée. C’est dommage, mais ce n’est pas tout. Si la lecture des prisonniers de la liberté est agréable, comment ne pas regretter l’aspect caricatural et le manichéisme des situations et des personnages ? Dans ce roman les gentils sont TRÈS gentils et les méchants TRÈS méchants, et la fin… J’aime mieux éviter de parler des dix dernières pages de ce texte qui sont, à mon humble avis, loin d’être digne d’un tel auteur. Les thèmes chers à Di Fulvio – immigration, extrême pauvreté, rédemption, féminisme, résilience – sont omniprésents dans ce bouquin, mais encore une fois traités avec peu de finesse et l’impression, tenace, que l’auteur applique des recettes éprouvées mais dont les ficelles sont ici, trop grosses et voyantes. Encore une fois quel dommage. Dommage pour l’auteur romain qui semble s’essouffler, dommage pour cette déception, alors que j’attendais beaucoup de ce bouquin. Suite au prochain épisode…

J’achète ? : Je viens de lire quelques chroniques sur le net et, à part quelques avis mitigés, les lecteurs s’accordent à penser que les prisonniers de la liberté est un grand roman. Vous l’aurez compris ce n’est absolument pas mon avis et je conseille à ceux qui n’ont jamais lu Di Fulvio, d’acquérir le gang des rêves qui est, pour moi , et de loin, le meilleur roman de cet auteur.

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Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Le Gang des rêves

Que faire quand on est italienne, pauvre, violée et mère célibataire au début du XXe siècle?

Ou juif et persécuté ? Ou irlandais et affamé ?



La même chose: émigrer aux États Unis - miroir aux alouettes des tous les crève-la-faim européens qui se retrouvent à Ellis Island, et rêvent , une fois débarqués à New York et dûment estampillés par le service d'immigration, de devenir de "vrais Américains" .



Cetta Luminita et son fils Christmas vont d'abord connaître les bas-fonds new yorkais.



Elle, se prostitue, lui, joue les petits durs avec les ritals du Lower East Side. Mais Cetta sait mettre la honte à distance, elle reste une "dame" pleine de classe et de dignité et Christmas a plus d'imagination et de verve que de malignité.



Elle, va trouver son ange protecteur- mon personnage préféré: Sal, le chauffeur-gangster-tueur aux mains noires et au coeur d'or. Lui , le "wop" - petit voyou italien- va rencontrer et poursuivre désespérément l'amour de sa vie, Ruth, une petite fille riche, juive et malheureuse du West Side.



Ange gardien et inaccessible étoile sur fond de misère, de violence et de débrouille ...On se croirait chez Victor Hugo!



On suit avec passion, dans une composition élaborée mais limpide, le parcours de la mère et du fils, et celui d'une multitude de personnages attachants ou inquiétants qui croisent ou escortent leur route. Mais l'intérêt est aussi dans l'incroyable effervescence de ces années d'avant le krach de 29 : premiers pas du cinéma, de la photo artistique, de la radio. Luttes impitoyables des pègres locales. autour du marché de la drogue et de l'alcool, prohibé. Racisme endémique anti-noir, anti-juif, anti-italien, anti-tout...



Le gang des rêves fait battre le coeur de l'enfant qui est en nous: pendant quelques jours et quelque 700 pages qui filent comme une diligence poursuivie par les Indiens, on se prend à croire que tous les gangsters ont comme Sal des talents cachés- mesdames, vous ne resterez pas insensibles à celui-là. ..Sal sait comment nous prendre! - que Fred Astaire et John Barrymore vont venir faire un pas de danse ou vider un gorgeon avec nous sur un coin de table, qu'il suffit d'une grande antenne érigée sur un toit de Harlem pour que les damnés de la terre aux prises les uns avec les autres deviennent une joyeuse bande de potes!



Un monde de rêve que ce gang des rêves-et un très bon moment de lecture: une grande bouffée de tendresse, un vrai souffle épique et un remède contre la morosité hivernale et post-réveillonesque!

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Le Gang des rêves

Lorsqu'un livre me transporte aussi loin de mon quotidien, lorsqu'il m'appelle à le choisir pour "habiller" le moindre temps libre de mes journées, lorsqu'il laisse des traces indélébiles, effrayantes ou heureuses, qui ne s'évaporent pas après sa lecture, lorsqu'il éveille en moi des rêves de petites filles ou de grandes évasions, alors sans aucun doute, je peux crier au coup de coeur !



Cela fait des années que Le gang des rêves trônait sur ma pile.

Je l'ai souvent pris en main, tourné et retourné, froissé ses pages, lu sa quatrième de couverture... avant de le reléguer dans les tréfonds de ma pile tant le nombre de pages me semblait effrayant.

Et puis ça y est, en ce jour de février 2021 et pour remplir l'item "plus de 800 pages" du multi-défi 2021, j'ai enfin succombé à la tentation et j'ai affronté le pavé.

Non pas le pavé qui cache la plage sous les rues de Paris mais celui d'un New York qui devient petit à petit mégapole internationale, plaque tournante de tous les racismes, de toutes les inégalités, de toutes les aventures et de tous les possibles.



Et j'ai bien fait de succomber enfin.

J'ai été totalement sous le charme de cette histoire d'hommes et de femmes de la rue, de ces survivants du quotidien qui vendent leur corps ou leur âme pour quelques piécettes ou un peu de reconnaissance.

Les plus forts ont vite pris leur place par la violence et la malice, par l'intimidation ou le mensonge.

Les plus modestes ont appris les leçons, se sont pliés aux règles injustes et traumatisantes tout en gardant l'espoir de lendemains meilleurs.



New York, dans son manteau de misère.

New York, sous les feux de l'inédit et de la modernité.

New York, unique et rayonnante de ce panachage de peuples et de langues, de possibles et de rêves.



Le gang des rêves comme ce rêve américain qui déballe ses débauches et ses trésors, ses amitiés et ses trahisons, ses peurs et ses délices.



Et au coeur du Lower East Side, Christmas et sa lumière de bienveillance m'ont rappelée qu'à Noël, les miracles existent. Comme au coeur de ce New York de début de 20ème siècle où l'amour trouve sa plus belle source.



J'ai tourné les pages fascinée comme devant un film coloré, qui dévoile son scénario en titillant les émotions les plus belles et les plus terribles de l'âme humaine.

J'ai ri, j'ai pleuré, j'ai aimé.



J'ai vécu New York.



"Dès l'aérogare

J'ai senti le choc

Un souffle barbare

Un remous hard-rock

Dès l'aérogare

J'ai changé d'époque

Come on, ça démarre

Sur les starting-blocks"

(Claude Nougaro - Nougayork)

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Les enfants de Venise

Doué pour les scènes d’action, Luca di Fulvio, très en verve, s’autorise toutes les fantaisies et enveloppe d’un style élégamment travaillé une belle histoire d’amour intemporelle dans la Sérénissime Venise des années 1500.



Erudit, torrentiel et inépuisable, l’auteur parcourt les grands drames de l’époque, la chasse aux juifs, les maladies, le poids de l’Eglise, et la musique qui s’échappe de ce récit a tous les accents d’une valse à trois temps.



Après le Gang des rêves, Luca di Fulvio prouve qu’il n’a pas perdu la main dans la composition de personnages extrêmement attachants. Il excelle à dépeindre un monde où l’on divise pour mieux régner, où l’on plonge comme l’on peut entre fidélité et trahison.



L’auteur nous enferme de notre plein gré dans une ambiance décalée et surprenante mêlant humour grinçant, moments surréalistes, voire inquiétants dans un périple passionnant, drôle et touchant.



Une réussite !



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Les enfants de Venise

Italie, 1515. Orphelin des rues de Rome, Mercurio est un voleur doué, un arnaqueur, un as du déguisement. Avec ses complices, Benedetta, la belle rousse, les inséparables Zolfo et Ercole, il monte des combines pour détrousser les passants. Le destin bascule le jour où il dérobe la bourse pleine d'or du marchand juif Shimon Baruch. Effrayé mais déterminé à récupérer son bien, Baruch les retrouve. Il tue Ercole et Mercurio le laisse pour mort. La petite troupe doit fuir Rome et choisit Venise pour commencer une nouvelle vie. Leur route croise celle du capitaine Lanzafame qui rentre victorieux de la bataille de Marignan. Avec lui, voyagent déjà Isacco de Negroponte et sa fille Giuditta. Lui est un escroc qui s'est improvisé docteur et soigne les soldats blessés, elle est une jeune fille qui va pour la première fois vivre avec son père et rêve de la Sérénissime où les juifs sont libres. Derrière eux, un moine fanatique s'est lancé à leur poursuite, animé par la haine des juifs. Loin de cette haine, Mercurio et Giuditta tombent amoureux au premier regard. Mais alors qu'ils embarquent pour Venise, Zolfo et Benedetta préfèrent suivre l'homme d'église. Ami fidèle, Mercurio quitte aussi le bateau avec une promesse criée à sa bien-aimée : ''Je te retrouverai...''.



On retrouve avec grand plaisir le souffle romanesque de Luca Di Fulvio qui sait si bien raconter la misère, l'amour, l'amitié, les trahisons, la vengeance, le destin. Il nous emmène ici à Rome, Mestre et Venise dans un début de XVIè siècle qui poudroie, flamboie et cherche ses marques. La Sérénissime est le lieu de toutes les intrigues, miséreux, escrocs, voleurs y côtoient princes, nobles dames et courtisanes. L'époque est trouble, Rome voudrait y affirmer son pouvoir mais la Cité des Doges aime son indépendance. Les juifs y vivent librement même si quelques métiers leur sont interdits et qu'ils doivent porter un bonnet jaune pour être identifiés. Cependant, les superstitions planent et, pour certains, ils ne sont que des suppôts de Satan, les fils du diable. Le fanatisme religieux et l'inquisition les menacent et l'inquiétude règne. D'autant que Venise est victime du ''mal français'', les prostituées y succombent dans d'affreuses souffrances; la punition de Dieu envers ceux qui s'éloignent de sa voie.

Dans ce contexte historique bien décrit et le décor de cette ville d'eau et de pierre, Luca Di Fulvio implante sa version de Roméo et Juliette. Une histoire d'amour impossible entre une juive et un chrétien qui n'est pas digne d'elle, selon son père. Les obstacles seront nombreux sur leur chemin : un ennemi de haut rang, un moine fanatique, une femme jalouse, un père hostile, et même le clergé vénitien qui prend la décision d'enfermer les juifs dans un ghetto. Mais les soutiens ne manqueront pas non plus, à commencer par l'amour qui triomphe toujours de tout.

Un bon gros roman comme on les aime où souffle l'aventure, l'héroïsme, les grands sentiments, avec des personnages attachants, comme d'habitude avec cet auteur qui traite ses seconds rôles avec attention et bienveillance. L'histoire est aussi addictive que celle du Gang des rêves mais moins originale, plus attendue. Le triangle amoureux a déjà été exploité à l'envi, l'amour contrarié aussi, heureusement Mercurio et Giuditta, Benedetta, Lanzafame, Anna, Isacco et tous les autres apportent leurs feux, leurs personnalités, leurs forces à ce roman-fleuve, magnifique malgré tout.
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Le Gang des rêves

Énorme pavé de 700 pages ! Mais n’ayez pas peur de l’aborder. Une fois dans le sujet, vous ne le quitterez plus.

A travers ce récit passionnant, c’est toute l’histoire d’une époque, d’un pays que l’auteur aborde. On y trouvera tous les thèmes qui ont construit les Etats Unis et qui sont encore bien actuel comme : l’immigration, le racisme, la misère, la prostitution, le syndicalisme, l’évolution des média et les progrès de notre civilisation, etc.



Dans les années 20, Cetta, une jeune italienne débarque à New-York avec son fil issu d’un viol, Natale rebaptisé Christmas par les services de l’immigration.

On a tous entendu parler du « rêve Américain », mais bien peu en ont vu la concrétisation. Ainsi Cetta se voit rapidement conduite à se prostituer pour survivre et Christmas grandit dans la rue, avec les fréquentations que l’on devine.

Heureusement, celui-ci à un fort caractère et il saura saisir sa chance, jusqu’à évoluer au fil du récit vers la gloire et la reconnaissance.



C’est l’Amérique des pauvres et des paumés, de la violence, qui est décrite, mais aussi celle des populations qui ont réussi et qui vivent avec des moyens inimaginables, pour lesquels l’argent n’est rien.



Ce livre est vraiment exceptionnel. Que dire de plus ?

Il faut le lire. Dans la multitude des titres qui nous sont proposés chaque année, il y a quelques pépites qu’il ne faut pas laisser passer. D’autant qu’il ne me semble pas que celui-ci ait vraiment bénéficié de la couverture médiatique qu’il méritait.

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Le Soleil des rebelles

Revenir au pays de l'enfance,

Des contes, des mistrals gagnants

Oublier la fuite du temps

Retrouver l'univers de l'enfance

Les bonbecs fabuleux, les monstres fantasmés

Dévorer ces histoires ... Et puis rêver ...



il était une fois ... "Le soleil des rebelles"

"Des hommes qui trouvaient le soleil la nuit"



L'histoire du petit prince Marcus II de Saxe :

Il a sept ans, choyé, protégé, il ne connaît que la douceur, les jeux et l'innocence de l'enfance ...

Lors d'une partie de cache-cache avec sa nounou, des mercenaires à la solde du seigneur Ojsternig le sanguinaire, envahissent le château et sous ses yeux toute sa famille ainsi que ses habitants sont massacrés.

Eloisa, la fille de la sage femme Agnete, le sauve de justesse. Elles vont le recueillir, en faire un vrai paysan pour le cacher.

Marcus n'a plus rien. Il perd son identité, devient Mikaël, serf de la glèbe comme les autres.

Marcus qu'est pas né dans la rue

Qu'est pas né dans le ruisseau

Qui ne sait rien du froid qui mord les chairs jusqu'au sang

De la faim qui tenaille et empêche de dormir

Lui qui dormait dans un lit de plumes, vêtu d'habits chauds, nourri de mets raffinés, joyeux et insouciant, va se retrouver sur une paillasse au fond d'une cachette,

Découvrir le froid, la faim, la crasse et la peur ! Dans cette terrible période féodale

Et se soumettre ...

Il va devoir affronter la cruauté, la violence, la négation de leurs existences : Ils sont la propriété du prince usurpateur qui les soumet à ses caprices de cruauté, perversion et au droit de mort.

Condamné à survivre sous les yeux de celui qui a éradiqué ses parents, il nourrit des envies de vengeance, apprend la révolte, la valeur de l'existence.

S'ouvre alors un univers de questionnements que sa condition initiale ne lui aurait jamais permis.

Il va lever les yeux et la tête, lutter pour sa dignité, refuser d'appartenir à cet homme cruel qui décide de leurs vies, les traite comme des animaux, de la viande à boucherie.

Il partira en quête de liberté.

Son idéal de justice sera son combat.

Mais pas seul :

L'Amour d'Eloisa, un merveilleux moteur

La sagesse de Raphaël, son maître dans sa métamorphose

Le courage, la force intelligente d'Agnete et sa langue acérée, sa seconde mère

Et tous les autres personnages ... Les bourrus mais tendres, les dévoués, les anciens devenus sages, les femmes solidaires, courageuses, protectrices ...

Il transcende les individualités touchant dans leurs faiblesses, leurs rudesses mais tellement beaux dans leur volonté à relever la tête et s'unir pour briser les chaînes tous ensemble :

la première liberté du monde !

De belles leçons de vie ! aux portes de la mort !



Deuxième rencontre avec ce conteur Luca di Fulvio, presque déjà un ami : il me parle, je l'écoute sans l'interrompre et pourtant il parle beaucoup ...

Il m'emporte au pays des contes et la magie opère !

J'aime ses histoires et ses valeurs .









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Le Gang des rêves

Critiques dithyrambiques , le bouquin de Luca Di Fulvio me laisse sur ma faim. Un énorme pavé (en poche + de 900 pages) d'une saga qui s'annonçait passionnante et qui m'a laissé de marbre. Di Fulvio en fait des tonnes, bons sentiments, histoire d'amour fleur bleue (Monsieur Harlequin sort de ce corps), je n'ai pas réussi à être en empathie avec Christmas et Ruth, lui petit de gars de la rue débrouillard, elle jeune fille riche frappée par un drame terrifiant. Tout cela traine en longueur, tout cela est répétitif et si la lecture est facile, tout cela est finalement prévisible.
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Les enfants de Venise

Evidemment,sur l'étal du libraire,il fait le fier le gaillard:presque mille pages,la pile domine la concurrence de la tête et des épaules !!!Alors,il y a ceux qui s'en emparent sans même un regard aux ouvrages voisins.Ceux là ,ils ont lu "le gang des rêves "et ils font une confiance aveugle à Luca Di Fulvio,l'auteur qui les a tellement transportés, promenés et dont ils ont encore en tête le superbe roman....Quant à ceux qui ne le connaissent pas,ils hésitent, bien sûr ,et ils vont consulter....les critiques sur Babelio avant de revenir en courant vers leur librairie.....

Il est toujours difficile de garder intacte la passion des lecteurs dans un second roman au thème, aux lieux,à l'époque et au personnages complètement différents, rien à voir,on repart à zéro!!!Et c'est réussi,à mon avis.

Ici,c'est Venise,la Sérénissime au XVIéme siècle. On découvre une ville brillante,bruyante,foisonnante où une population laborieuse survit tant bien que mal parmi les commerçants, les aristocrates,les têtes "couronnées".Et comme il faut bien survivre,certains s'adonnent ,avec plus ou moins de succès ,à toutes sortes de larcins ou opérations douteuses.

Les communautés juives et chrétiennes cohabitent plus ou moins facilement,souvent mal,du reste pour peu que des prédicateurs fanatiques s'en mêlent.C'est dans cette société cosmopolite que l'on va voir apparaitre nos personnages.Ils sont voleurs,arnaqueurs,soldats aubergistes,prostituées,sympathiques ou pas,violents ou tendres,corrompus ou honnêtes mais on va les suivre tout au long du roman alors vaut il mieux bien mémoriser leurs noms dès le début car il arrivera à certains de disparaître pour mieux ressurgir dans l'histoire cent pages plus tard.....

Et le récit commence et vous conduira jusqu'à la fin sans le moindre repos.Ca bouge,ça vit,ça avance à toute vitesse...Les dialogues sont nombreux, alertes,vifs.Il y a de l'action,des moments d'émotion,des situations amusantes ou stressantes.Luca Di Fulvio est un sacré bon conteur dont l'imagination est sans limites.

L'étude historique que je ne jugerai pas,faute de compétences, est très instructive,le sort des juifs est particulièrement bien décrit,tout comme le pouvoir religieux,le fanatisme de l'Inquisition,la fragilité des pouvoirs politiques,les compromissions,les trahisons.Vraiment,on ne s'ennuie jamais même si,sans doute,on aurait pu éviter quelques longueurs.

Et enfin,il y a ce personnage si attachant,aux multiples visages,Mercurio,sorte de Scapin,de Gavroche.,de Titi....On l'aime ce gamin,on a envie de le voir réussir sa vie tant sa volonté, sa débrouillardise,son culot, sa soif de vivre sont grands.

Oh,je pourrais vous dire ce qu'il va devenir,bien sûr ,mais on ne l'apprend qu'à la fin,alors tout vous révéler serait vous priver de 985 pages de bonheur.Ce serait dommage,non?

Ne commencez pas cette lecture le soir si vous travaillez le lendemain...Vous risqueriez d'éteindre la lumière tard et de maudire,encore une fois,votre réveil lorsqu'il sonnera.
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Mamma Roma

Quoi de mieux que de s'offrir " Mamma Roma " , juste au retour d'un sublime séjour au coeur de la capitale italienne , inondée de soleil , les rues noires d'une foule colorée , bruyante mais chaleureuse . Bon , un moyen de prolonger par la lecture les chemins de ce spectacle permanent où chaque rue révèle des trésors uniques au monde . Bref , me voilà avec ce gros pavé de 800 pages , juste paru en " poche " ( toujours cela de gagné ) , entre les mains pour poursuivre le rêve plus sûrement que grâce à la piécette jetée dans la fontaine de Trévi .Notez bien que ce geste , réalisé il y a de cela trente ans , nous a permis , aprés notre fille , d'y conduire notre petite fille : ça marche ! Pour notre génération suivante , ce sera un épisode qui s'inscrira sans nous mais ce qui est pris n'est plus à prendre ....Contrairement à ce que l'on pourrait penser , c'est un voyage dans la construction de l'Italie contemporaine que nous allons effectuer , dans les années 1870 , trés précisément , avec trois orphelins qui vont , forcément se rencontrer et à qui nous allons nous attacher pour vivre avec eux la fin du siège de Rome et la naissance de la nation transalpine . Bien entendu , une multitude de personnages vont graviter autour de ces jeunes gens , aides ou adversaires et donner au récit un petit côté aventures du XIXème siécle à ce foisonnant roman .J'ai adoré retrouver ce parfum des " Misérables " , d'"Oliver Twist "qui m'ont sans doute , en me faisant imaginer " un autre monde " , offert cet amour de la lecture qui ne m'a jamais quitté . Ce roman , c'est un récit foisonnant , touffu , dense , plein de rebondissements , avec des voyous , des héros , des traîtres , des vieux ( et vieilles ) sâges , des amoureux à l'avenir incertain car en permanence menacé , bref , un feuilleton que l'on quitte à regret le soir pour mieux lui donner rendez - vous le lendemain , une météorite qui nous laisse comme orphelin lorsque se tourne la page 810 , vous savez , ce moment de vide sidéral qui nous étreint quand il faut se tourner vers d'autres horizons .

Vous m'avez compris , l'affect a joué son rôle en ce qui me concerne , je ne voudrais pas trop me montrer , comment dire , " admiratif ". L'auteur n'en a du reste pas besoin et si le contexte historique pourra appeler quelques nuances de la part des historiens , il n'en constitue pas moins un évènement majeur .Quant au cadre .Que dire ? Rome c'est ... bellissima , non ?

J'ai passé deux trés bons moments , l'un sur place , l'autre dans les lieux avec des personnages imaginaires touchants , adorables ou détestables . Ce que je peux dire c'est que je vais encore rester en Italie avec d'autres romans .

Je vous en parlerai plus tard . A bientôt , chers amis et amies et ...attention au Covid qui pointe à nouveau un peu trop son nez . Peut - être faudrait - il appeler l'Albanese ? Qui c'est ? Un personnage du roman ...
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Le Gang des rêves

Resplendissant. Que d'émotions se dégagent de cette histoire magnifique, écrite par Luca Di Fulvio. De la magie s'écoule de cette plume si vivante. Un auteur qui a le chic pour transposer lumière et obscurité dans ses personnages, ses environnements, ses contextes historiques. Douceur et violence s'affrontent souvent au fil des pages. J'avais adoré "Le Soleil des Rebelles" mais celui-ci encore plus, peut-être. Autre contexte, autre époque.



"Le Gang des Rêves". Nous débutons à Aspromonte (Italie), 1906. Là où Cetta Luminita tombe enceinte de Natale (rebaptisé Christmas par l'agent de l'Immigration). Plus tard, seule, monoparentale et fuyant sa famille, elle traversera l'océan avec son bébé en quête d'une meilleure vie. En quête du rêve américain.



New-York. Son installation est compliquée et difficile, comme pour celle de tous les immigrants. Sa vie ne commencera pas en terre américaine comme elle se l'imaginait, elle devra avoir recours à la prostitution pour apporter du pain sur la table mais son amour sans bornes pour son fils lui donnera la force et la persévérance de s'acharner. Christmas sera, lui, américain. Un vrai de vrai.



Petit bonhomme grandira, pauvre, dans son quartier sale et délabré, parlant l'argot des rues à travers les autres familles d'immigrés comme la sienne qui finalement, retrouvent leurs espoirs déçus.



"La première chose que j'ai vue en arrivant en bateau de Hambourg, c'est la statue de la Liberté, racontait toujours son père dans ses élucubrations d'ivrogne. C'était le soir et on ne voyait rien de la ville. Mais la silhouette de cette statue, cette escroquerie, se détachait sur le ciel. C'est la première chose que j'ai vue, et j'ai pas compris que c'était une foutue torche qu'elle tenait à la main: j'ai cru qu'elle montrait une liasse de billets ! J'ai cru que c'était mon fric, le fric que je voulais gagner dans le Nouveau Monde, l'unique raison pour laquelle j'avais quitté ma mère et mon père, pour ne pas devoir être poissonnier comme lui et ne pas avoir les mains toujours pleines d'écailles de poisson. Et non seulement j'ai trouvé ni fric ni liberté dans cette ville merdique, mais je me suis retrouvé les mains pleines d'écailles de poisson et, chaque fois que je lève les yeux, au marché, je vois cette connasse de statue qui est là-bas et se fout de ma gueule. Avec sa torche, elle a brûlé tous mes rêves !"



"Dans la rue régnait une forte odeur d'ail, comme toujours à l'heure du déjeuner. Les immigrés n'arrivaient pas à se détacher de leurs origines, et cette sauce tomate qui bouillonnait dans les casseroles en répandant son arôme dans le quartier était comme une racine rouge et liquide qui les enchaînait à leur sol. Une seule et même odeur provenait des centaines de logements du quartier. 'Moi, je suis pas comme vous !' pensait Christmas, encore en proie à une colère qui tourbillonnait si violemment en lui qu'il aurait voulu s'en libérer en se défoulant sur le monde entier. 'Je suis américain !', et il donna un coup de pied dans un caillou."



Heureusement, Christmas est un vif d'esprit, qui déborde d'imagination et n'a pas la langue dans sa poche. Mignon comme tout, débrouillard, effronté et rêveur, il n'a pas l'intention de laisser aller ! Christmas est un charismatique dans l'âme. Charismatique dans son franc-parler. C'est sa carte gagnante, celle qui lui permettra souvent de se sortir de situations hasardeuses. Et il a bien ce qu'il faut en lui pour devenir qui il veut, peu importe les embûches. Sa passion pour le monde de la radio changera sa vie. Aussi, il rencontrera Ruth, jeune fille juive provenant d'un milieu riche, dont il tombera éperdument amoureux.



De New-York à Hollywood, pendant les années 1920, nous suivrons les aventures de Christmas, Ruth et de leur entourage. Plusieurs personnages mémorables feront partie de l'odyssée et chacun apporte sa contribution d'une manière unique. Luca Di Fulvio fait vivre tout le monde, leur donne une voix, une place qui compte et même à travers la noirceur, quelque chose de bien finit par ressortir. C'est une histoire empreinte de violence mais surtout d'espoir, de beauté, d'amour, de respect.



On vit franchement le gouffre entre richesse et pauvreté, entre américains blancs, noirs et immigrés d'ailleurs, l'univers des gangsters, celui de la rue, leur langage cru, tout y est. Beaucoup d'aventures diversifiées tout au long du "Gang des Rêves" et chaque page est un plaisir, rien n'est jamais trop long, ni trop fade. On sourit, on éprouve de la peine, de la frustration parfois, en tous les cas, on y croit ! Les personnages sont vrais.



C'est un roman parfait, que j'ai vraiment adoré en tous points de vue. Je vais m'en souvenir longtemps. Luca Di Fulvio écrit comme une fable, on dirait un conte des temps modernes. Il faut lire ce roman absolument si ce n'est déjà fait !



Merci beaucoup à Pas-chacha pour cette pioche extraordinaire qui attendait depuis plus d'un an sur les tablettes !



PIOCHE DANS MA PAL - DÉCEMBRE 2021
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L'échelle de Dionysos

Un roman du célèbre auteur du Gang des rêves, écrit avant et complètement différent.



Un thriller qui se déroule juste en 1900. Un flic héroinomane prénommé Germinal. Un médecin manchot qui a comme fidèle serviteur Zola. Et un tueur en série assez étrange.



L'atmosphère de ce roman est assez étrange, mais prenante. Un thriller qui se lit bien, avec un bon suspens. Avec des personnages assez charismatiques, et en même temps qui ont tous des secrets, et a qui renferment tous aux fond d'eux même des blessures profondes faites par la vie ou le destin.

Un roman qui a un côté psychologique intéressant.



Pour ceux qui ont lu Drood de Dan Simmons, j'ai un peu retrouvé la même atmosphère, sans pour autant que ces romans soient semblables.



Le côté étrange de ce roman est incontestable et pourtant il appartient bien au thriller sans fantastique , ni paranormal. J'ai aimé la maitrise de l'auteur et sa plume.



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Les enfants de Venise

Je viens de passer une trop courte semaine à Venise.



Une Venise d'après Marignan-1515!- pleine de relents d'ordures et de truands interlopes grouillant autour du Rialto, une Venise où le Ghetto chaque soir ferme ses portes sur des Juifs à bonnet jaune , une Venise où les tours de brique des quartiers chauds sont des tours de Babel infectées par le "mal français ", une Venise où l'Arsenal érige en un jour une galère aux ordres de la Sérénissime.



Une Venise où on torture au nom de Dieu, mais où tout criminel a droit à un défenseur au nom des valeurs de la République.



Une Venise où une sorte de Richard III vénitien, difforme et sadique, s'échine à semer le vice et le mal, mais où le chef des truands sait mourir avec panache. Où les moines, comme chez Hugo, sont des diables et les sorcières des anges. Où les soldats, les putains et les truands savent faire l'union sacrée...



Je viens de passer une trop courte semaine en aventures picaresques avec suspense, passion, émotion et rebondissements garantis.



Je viens de passer une semaine avec le beau Mercurio, le pauvre Zolfo, la tendre Giudetta, la cruelle Benedetta, le courageux Lanzafame, le sinistre Contarini, le tenace Isacco, la douce Anna, l'effrayant Shimone....



Je viens de passer une trop courte semaine en enfance. Et ça m'a fait un bien fou!



Plein de réminiscences- Les Misérables, Notre-Dame de Paris, Dumas, Sue, Féval, Balzac- aussi addictif qu'un feuilleton, assez Shakespearien pour que Mercurio et Giudetta soient nos Roméo et Juliette vénitiens et Contarini l'affreux Richard III, Les enfants de Venise m'ont ravie, emportée, divertie au sens noble du terme...



J'y ai appris , au passage, plein de choses sur la Sérénissime, sa rivalité avec la Rome papale, son fleuron des chantiers navals, l'Arsenal, ....et même l'origine de l'expression italianissime "Ciao!" ...que je vous laisse découvrir!



Les fêtes approchent...si vous êtes comme moi et qu'elles vous font fuir, Les Enfants de Venise sont l'escapade spatio-temporelle qu'il vous faut. Si vous êtes plus civils et plus accomodants, vous pouvez l'offrir au pied du sapin à tout jeune de 7 à 77 ans, en mal d'aventures, d'amours mouvementées et de dépaysement. Succès garanti!
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Le Soleil des rebelles

Trouver le soleil la nuit. C'est le défi que doit relever le jeune Marcus, huit ans. Lui qui a tout perdu. Entouré d'une famille aimante, le voilà seul après le massacre de cette dernière dès les premières pages. Prince héritier d'une seigneurie des confins alpins du royaume de Saxe, le voilà serf immergé dans la cruauté du système féodal local.

Trouver le soleil la nuit, ce sera grandir pour devenir un homme accompli sans se laisser dévorer par la haine tout en trouvant sa liberté, sa voie, sa vérité. Cette épopée médiévale est en fait une quête initiatique au cours de laquelle chaque aventure, chaque personnage rencontré sont autant de leçons de vie.

Si les personnages qui peuplent ce roman sont tous assez stéréotypés, Luca di Fulvio sait parfaitement les accorder et les mettre en scène. Tous les gentils sont formidables, Raphaël le vieux sage ( quasi maître Yoda ), Agnete la mère de substitution, Volod le chef rebelle. Et les méchants sont formidablement méchants et on aime les détester. Au-delà de ces conventions, un personnage sort du lot, celui d'Emoke, véritable Pythie qui apporte un souffle irrationnel dès qu'elle commence à prendre une dimension incroyable, j'ai adoré !

Quand au récit, il est mené tambour battant, certes avec un goût de déjà vu ( dans la lignée des Piliers de la Terre de Ken Follett ) , mais quand c'est autant maitrisé, moi je marche ! Juste la fin, très très convenue, qu'on voit venir à des kilomètres et qui aurait mérité un peu plus de surprise pour un surcroit d'intensité.

Bref, un roman très plaisant qui me donne envie de me plonger dans les deux opus précédents de l'auteur ( oui je sais, c'est fou, mais je n'ai pas encore lu ni le Gang des Rêves ni Les Enfants de Venise, je bats ma coulpe !!! )



Livre remporté lors d'un concours sur Lecteurs.com
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Le Soleil des rebelles

Troisième roman d'aventures, troisième réussite ! Luca di Fulvio sait y faire, et continue de charmer , en se renouvelant.



Quinzième siècle sur fond de montagnes plus germaniques qu'italiennes.



Époque rude, climat âpre.



Servage, féodalité, intolérance, violences, misère, hérésie, guerres, pillages, viols, famines...Bref c'est l'oeuvre au noir, plus que le flamboiement d'une Venise renaissance ou le brasillement d'un New York en plein essor.



Les personnages, toujours bien campés, sont plus archétypiques, mal dégrossis, encore dans les limbes de leur propre individualité.



Le personnage principal, Marcus alias Mikaël, est un ( faux ) paysan, traumatisé et recroquevillé en lui-même. le récit, comme les contes de notre enfance, se présente comme une succession d'épreuves terribles, humiliantes, qui sont autant d'étapes dans sa formation.



Pour "grandir" et franchir les caps qui le séparent de son moi à venir, Mikaël a besoin de maîtres.



Un conte, oui, un conte souvent brutal et violent mais surtout un conte initiatique: apprendre à poser son corps, ses gestes dans l'espace, avec Raphaël, le vendeur d'enfants, apprendre l'art du combat avec Coloc, le chef des rebelles, apprendre à rire avec Berni, le bouffon. Un joli programme, qui demande trois maîtres.



Mais pour devenir un homme, il faut aussi à Mikaël trois maîtresses: Agnete, la mère courage qui lui apprend à endurer, Eloisa, sa fille, qui lui apprend à aimer, et l'étonnant personnage d'Emöke qui le fait pénétrer dans les zones de turbulence du rêve, de l'irrationnel - que d'aucuns nomment la " folie"...



Moins de péripéties et de retournements spectaculaires que dans les deux précédents romans, et c'est très bien: nombreux sont les leit-motiv qui ponctuent, comme des refrains, les lais de cette chanson de gestes-au pluriel, cette foi, car la "geste " ne sera accomplie que si les gestes sont appris et maîtrisés.



Cette lenteur, cette rudesse, cette naïveté conviennent merveilleusement à ce récit, presque mythique, d'une lente maturation, du benêt au héros - on pense à Perceval...



Mon seul bémol est venu de la fin, trop facilement prévisible. Luca di Fulvio avait si bien réussi à se renouveler et à me surprendre, que celle-ci m'a un peu déçue.



Un petit morceau d'étoile en moins. Qui n'empêche pas les autres de scintiller pleinement !
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