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Critiques de Lucas Belvaux (91)
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Les tourmentés

Les tourmentés... Mais qui est-ce? Il y a d'abord Skender, ex-militaire devenu sdf, un homme perdu, brisé par la vie et les atrocités dont il a été temoin. Puis Max, son ancien supérieur devenu majordome d'une grande bourgeoise que nous ne connaitrons jamais que sous le nom de Madame. Ensuite, il y a donc Madame, jeune veuve solaire et fan de chasse qui souhaiterait gouter au frisson de la chasse à l'homme. Enfin, il y a parfois Manon l'ex-femme de Skender et l'un de leurs fils qui osent parfois espérer le voir revenir...

Lucas Belvaux, le réalisateur belge signe ici son premier roman. Malgré une petite baisse de régime autour de la page 200, "Les tourmentés" est un roman passionnant plein de suspense de d'humanité. Sous le couvert un eu trivial de la préparation de la chasse dans les plaines roumaines, l'auteur nous propose une belle photographie de nos besoins sociaux et de notre époque.
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Les tourmentés

L’un s’appelle Skender. Ancien soldat. Légionnaire et mercenaire. Aujourd’hui rendu à l’état de clochard. Qui ferait n’importe quoi pour récupérer son ex-femme (Manon) et leurs deux fils (Jordi et Dylan) si on lui offrait la possibilité de revenir en arrière …



L’autre s’appelle Max. Ancien soldat. Légionnaire et mercenaire également, compagnon de route de Skender en Afrique, Afghanistan et Irak. Aujourd’hui chauffeur majordome homme de confiance de « Madame » dont il est probablement secrètement amoureux …



« Madame » est riche, très riche. Elle vient de loin elle aussi. Détruite par une enfance de misère. On raconte qu’elle a tué son vieux mari (Albert) et qu’elle aime la chasse …



Trois êtres totalement brisés, que la vie n’a guère épargnés … Dont le destin va se jouer à huis clos … Qui puiseront en eux le meilleur comme le pire …



Magnifique et introspectif roman choral ! Formidablement empathique ! Une puissante intrigue, indéniablement « cérébrale ». L’ écriture est lumineuse, les considérations sont d’une grande profondeur. Sans oublier la demi-douzaine de protagonistes qui se partage le récit, marquant durablement l’esprit des lecteurs ! J’ai pris un grand plaisir à cette courte lecture, où malchance, souffrance et amour fou se côtoient (avec brio) à chaque instant !
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Les tourmentés

Histoire surprenante et dérangeante.



Où l’on se demande tout au long de la lecture ce qui peut pousser une riche héritière à proposer à un homme de devenir la proie d’une étrange chasse

à l’homme.



Tension, interrogations et surprises, l’intrigue est menée d’une main de maître.



Un premier roman vraiment très convaincant.

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Les tourmentés

Les règles du jeu entre les protagonistes sont posées dès le début , et elles sont aussi terribles que (dites) inéluctables. Nous sommes happés par la perspective d'une redoutable traque, et tenus en haleine tout au long du récit, par le pacte passé entre deux anciens légionnaires passablement cabossés et une annamite se rêvant en diane chasseresse.

Cette traque, nous la vivons d'abord, imaginée, fantasmée par ses possibles acteurs, alors que les chapitres s'enchainent et déroulent un long murissement des consciences , une longue cicatrisation des âmes.

Ainsi l'aventure sera avant tout psychologique et l'on aura comme un goût de promesse non tenue , même si elle était monstrueuse .

La tactique est habile. On en ressort un peu douché tant l'auteur est arrivé à nous faire désirer, nous aussi , de vouloir triompher du mal en combattant, et ce, quel qu'en soit le prix.

C'est là , à mon sens, tout l'art et la force de ce roman.
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Les tourmentés

Onde de choc !



Skender, Max et Madame.

Trois personnages aux passés troubles.



Skender, ancien vétéran de la guerre de Yougoslavie qui n'est plus qu'un fantôme pour sa femme et ses enfants. Devenu clochard, il erre sans but et n'a plus rien à perdre.



Max, ami de guerre de Skender devenu majordome auprès de Madame et lui vouant une affection hors du commun.



Madame, riche veuve. C'est elle qui mène la barque. Elle décide de tout et est avide de sensations fortes.



Ce n'est pas le hasard qui va les réunir. Tout est planifié, calculé par Madame et Max. Skender est l'homme idéal. En acceptant le deal de Madame, il tente de se racheter une dignité.



À travers ces trois personnages, Lucas Belvaux signe un roman haletant au suspense insoutenable et nous plongeant dans les pensées et réflexions les plus profondes de chacun des protagonistes.



Des chapitres courts où chacun se dévoile et se révèle à lui-même. Un style vif, incisif, précis sans fioritures.



Un roman inclassable qui débute comme un thriller pour ensuite tendre vers le roman psychologique, roman noir même, empreint de perversité et de cynisme.



Toutefois, j'émets un petit bémol, l'auteur n'est pas allé jusqu'au bout de son idée. Cette fin me semble trop idyllique par rapport à l'intrigue de départ.



Lecture faite dans le cadre des @68premieresfois



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Les tourmentés

Abandonné au bout de 9 chapitres (courts) ....Je n'accroche pas du tout à cette mise en place d'une chasse à l'homme consentie par la victime, par une "Madame" qui me semble inconsistante. C'est dommage. J'ai beaucoup aimé les films de Lucas Belvaux, et je suis peinée de ne pas apprécier son roman.
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Les tourmentés

Y a de ces romans qui vous catapultent dans un autre monde. Dès les premiers mots. Dès les premières phrases. J’ai senti qu’il y allait se passer ce truc. Ce truc qui s’installe au fil des pages, qui prend de l’ampleur, vous mène par le bout du nez, vous charcute le cœur et qui le consume, d’abord lentement et sournoisement puis comme une nécessité. Ça bouscule, ça charrie les émotions et ça crie l’impuissance, la résignation, le désespoir. Tumulte noir, nauséabond, la perversité humaine, la folie, les tourments.





Lucas Belvaux signe un premier roman poignant et bouleversant. Il narre ces infinités de peurs, de fragilités, de solitudes, d’errance. Il insuffle les maux, brave l’impensable, défie les lois et la nature à coup d’amour.





Premier roman de la longue liste des 68 premières fois que je découvre pour cette nouvelle aventure, et c’est sur un KO que je le referme. Ce roman est d’une intensité incroyable, celle qui te colle les frisons pour l’éternité. Une plume acerbe, rythmée, qui m’a plongé dans un récit brut où la vie est un kaléidoscope, une succession de cris muets et de larmes acres. Un roman qui condense tout ce que j’aime dans la littérature. Vraiment une P**** de claque !
Lien : https://misschocolatinebouqu..
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Les tourmentés

Ils sont trois personnages principaux : deux anciens amis, mercenaires, Max et Skender et Madame.

Il s’agit d’un roman choral, chacun des personnages principaux prenant la parole alternativement dans de nombreux petits chapitres courts. Ainsi, chaque moment de vie est relaté par l’un ou l’autre, ce sont les mêmes moments bien évidemment vécu de façon tout à fait diférente, ce qui donne beaucoup d’épaisseur à chacun des protagonistes et à chacune des scènes, mêmes les plus banales, dans cette histoire qui ne l’est pas du tout.

Madame, riche veuve aime la chasse, mais chasser le gibier, quelle évidence, quel ennui. Alors Madame décide de partir à la chasse à l’homme. C’est son employé / garde du corps / homme à tout faire qui est chargé de trouver sa proie. Il y réfléchit un moment et se dit que son ancien ami mercenaire clochardisé ferait bien l’affaire. Lui proposer une belle somme d’argent pour tenter d’offrir une vie à l’abri du besoin à ses enfants et à son épouse devrait être suffisant pour qu’il accepte le marché Il est courageux, sans scrupule, n’a plus d’avenir ni de perspective, s’il accepte, il ira jusqu’au bout.

Voilà, le scénario est esquissé. Un premier roman pour l’excellent scénariste metteur en scène de cinéma Lucas Belvaux. J’aime ses films, il était donc tout naturel de découvrir sa plume. Le texte est écrit comme j’imagine que l’est un scénario. Des phrases très très courtes, énormément d’indication de lieux, de façon d’être, de sentiments, … c’est une écriture terriblement visuelle qui ne laisse pas la part à l’imagination de se créer un monde.

J’avoue avoir été terriblement agacée durant la lecture du premier tier du livre. Un synopsis reprenant toutes les idées de Karine Giebels dans « chien de sang » je me suis dit : mais personne ne l’a encore confondu pour plagiat ? Mais tout en avançant dans ma lecture, je me suis rendue compte qu’il s’agit ici bien plus d’une étude sociale et surtout psychologique des protagonistes que d’un thriller à la Giebels. L’idée de base est la même mais la façon de la traiter est différente.

Ici on entre dans le texte en apnée. On sent la plume vive, mordante de Belvaux comme on imagine les mâchoires des chiens qui se refermeront sur le cou de Skender quand ils seront tous lâchés à ses trousses durant le mois de chasse.

Des moments de complicité entre les 2 amis, entre Madame et son homme à tout faire, entre la proie et ses enfants, entre la proie et son épouse. A chaque fois ces moments sont contrebalancés par le retour à la réalité, la fin inéluctable qui les attend. Le lecteur sait que tous ces bons moments ne sont que des parenthèses, mais les personnages secondaires (les enfants, son épouse) eux y croient vraiment. Même si son plus grand fils est circonspect, plus mature que son petit frère, il se dit que tout ça est peut être trop beau pour être vrai … Mais en attendant, sans vraiment savoir quoi attendre d’ailleurs, autant profiter des bons moments, les mauvais sont suffisamment nombreux pour ne pas bouder son plaisir.

Un contrat de 7 mois, 6 mois pour se préparer physiquement et mentalement à la traque, puis un mois lâché en forêt à essayer de survivre pour lui, à essayer de l’attraper pour elle. Les jours se succèdent, l’exercice physique est intense pour chacun d’entre eux, pas question de se laisser tuer en quelques heures, quelques jours … pas question de le laisser filer, on assiste par le biais de ces marches forcées dans les forêts à une métaphore de ce qu’est la vie : elle peut être faite de beaux moments, mais dans l’ensemble il faut les mériter et ne pas hésiter à mouiller sa chemise pour gagner sa vie, protéger les siens, grandir et être respectable. Effort, souffrance, fatigue … questionnement, sens des priorités … et toujours, toujours cette écriture vive, au scalpel. Il n’y a pas de répit ni pour les protagonistes, ni pour le lecteur, c’est tendu, rapide, à marche forcée, comme l’entraînement en forêt.

Me reste un formidable sentiment d’écoeurement. Qu’est ce qui peut bien pousser quelqu’un à vouloir chasser et tuer un inconnu ? Il y a trop de différence de ton entre l’innocence des garçons, la crédulité de la maman qui a déjà été bafouée mais qui petit à petit se remet à y croire, et nous lecteur, nous qui savons que tout ça ne durera qu’un temps et qui assistons impuissants à cette machine de guerre bien huilée qu’une riche capricieuse a construite.

Un sentiment très mitigé donc, un intérêt réel pour l’écriture de Belvaux, mais un certain effarement face au sujet traité. Je ne peux malgré tout que vous le conseiller car ce n’est pas tous les jours je pense qu’un nouvel auteur propose un récit si puissant comme premier roman.







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Les tourmentés

Un thème abordé de longue date par notamment : Les chasses du Comte Zaroff de Richard Connell 1924, et récemment par : Chiens de sang de Karine Giebel 2010. Car le domaine de la cruauté sauvage, gratuite, suit l’homme comme son ombre et ce depuis l’aube de l’humanité. Foin de l’altérité, de la compassion, de l’empathie, des mots. En effet pour l’homme rien de remplace et ne remplacera la folie de tuer, de l’odeur du sang, de traquer et de goûter la joie de l’hallali.



La difficile réinsertion des « Band of Brothers », certains y arrivent, d’autres pas. Comment passer ce cap, se fondre dans la masse de la société, ouvrir ses yeux dans les changements radicaux de celle-ci, pendant les séjours dans les pays lointains. , comment se réadapter ? Un grand corps, la Légion étrangère, Skender, après des missions dans l’ex-Yougoslavie, puis d’actions de mercenaires, va tomber dans un dénuement complet, et devenir un clochard ; la guerre ne lui a pas appris le courage mais que les hommes sont mortels !



Jusqu’où un homme dans cette situation peut-il aller, qui ou quoi pour le retenir du passage à l’acte ? Sa femme Manon et ses enfants, qu’il surveille de loin, la honte lui tenaillant les tripes. Une vie de regrets, d’absence d’avenir, de repères. Puis la rencontre fortuite de son meilleur camarade d’armée, Max ; hasard ou nécessité ? Max qui présente Skender à Madame, une riche veuve, à laquelle Max lui sert d’homme de protection. Une femme affligé d’un passé douloureux, dont le mari lui a donné le goût de la chasse ; et de fait, elle a chassé tous les gibiers, du plus petit au plus gros, au plus dangereux. Tout sauf l’homme !



Un triangle de personnages, qui va perdurer tout le long de cet ouvrage, avec ses inquiétudes, ses lâches abandons des valeurs humaines, de leurs honnêtetés d’êtres humains, des raisons de se tenir droit face à l’adversité, quelles que soient les répercussions...Un grand combat psychologique, pour Skender, avoir plus de courage pour vivre que pour mourir, vivre sans amour, sans espoir et bien sûr sans but. Pour Madame, un passé débuté dans l’immense pauvreté, pour des décennies plus tard être veuve et très riche ; et dont Skander, sera son bouc émissaire, sa victime expiatoire. Quant à Max, ne plus voir humilier son camarade, dans l’adversité, lui offrir une porte de sortie, mais malgré tout avec l’inexorable temps qui coule dans le sablier de la vie, la culpabilité le ronge... Dès lors pour ces protagonistes, l’action devient inéluctable, car pour eux, la vie ne vaut rien, si on n’est pas prêt à la perdre.



Avec « Les tourmentés » sans doute une très bonne approche des sentiments, des tourments, qui dérangent quand on parle de la vie et peut-être de la mort. « Lucas Belvaux » tisse un thriller sur ce que nous avons à gagner en gardant une posture d’honnêteté, de droiture, bref garder son honneur ; parfois plus difficile à mettre en œuvre que de succomber aux tentations de ses pulsions.


Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Les tourmentés

Je tiens à remercie Babelio et son opération Masse Critique pour l'envoi de ce roman, merci beaucoup.



Après avoir dévoré le premier roman de Lucas Belvaux, je me trouve partagé entre admiration et perplexité. Transformant un début de scénario en un suspense haletant, l'auteur nous entraîne dans une chasse à l'homme à la fois unique et dérangeante, qui se distingue comme une belle surprise littéraire de cette rentrée.



Le personnage central, Skender, un ancien légionnaire aux prises avec ses démons, capturé dans une spirale de déchéance, trouve une opportunité de redressement à travers une offre macabre : devenir le gibier d'une chasse humaine orchestrée par "Madame", une veuve fortunée. Ce prélude installe une intrigue fascinante, où l'espoir et le désespoir se côtoient, esquissant une critique sociale subtile et une exploration profonde des relations humaines.



L'approche chorale du récit, donnant la parole à divers protagonistes, enrichit la narration. Cette méthode permet une immersion plus profonde dans les psychologies complexes des personnages, offrant une multiplicité de perspectives sur l'histoire. Pourtant, malgré cette construction narrative astucieuse, je me suis parfois senti éloigné émotionnellement, en raison d'un style plutôt particulier.



Le recours à des phrases courtes et un rythme haché, bien que contribuant à une tension narrative efficace, a par moments entravé ma pleine immersion dans l'histoire. Cette technique m'a parfois laissé sur ma faim, en quête d'une connexion plus profonde avec l'histoire. De plus, la répétition et les digressions sur le passé des personnages, bien que visant à étoffer leur background, ont parfois dilué l'intensité du récit. Toutefois, il faut reconnaître que l'intrigue monte crescendo, se recentrant sur l'intensité du duel entre les personnages principaux, ce qui sauvegarde l'intérêt jusqu'à un final assez poignant je dois dire.



En conclusion, ce roman de Lucas Belvaux est une œuvre qui, malgré certains écueils stylistiques, se révèle être un récit captivant et audacieux. Il pose des questions existentielles profondes et explore avec brio les thèmes de la rédemption, de la famille, et de la survie. Mon expérience de lecture a été une montagne russe émotionnelle, où l'admiration pour la créativité de l'auteur a souvent été tempérée par une certaine frustration vis-à-vis de son choix stylistique. Malgré cela, je reste impatient de découvrir ses futures œuvres, espérant qu'elles continueront à challenger et à enrichir le paysage littéraire.









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Les tourmentés

Thriller psychologique efficace, "les Tourmentés" réussi grâce à son rythme haletant, ses chapitres brefs et intenses, à ne pas se perdre et à aller droit au but. Le suspens reste entier, le lecteur est intrigué par les personnages ambiguës et originaux.

En effet, dès la situation initiale posée et le début de la traque entamée, le récit verse dans une dimension plus psychologique, capitale pour saisir les tenants et aboutissants de cette chasse à l'homme subite.
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Les tourmentés

Lucas Belvaux est un scénariste, réalisateur mais aussi romancier belge. Avec « Les tourmentés » il nous harponne dès les premières pages avec son personnage principal, Skender, un ancien légionnaire abîmé par ses missions sur les terrains de guerre aux quatre coins du monde au point d’avoir été exclu de sa famille et repoussé en marge de la société. Max, un ancien frère d’armes le retrouve et le présente à Madame, pour laquelle il joue les hommes à tout faire. Elle lui propose un défi inacceptable, celui de sauver sa vie d’homme, de père, d’ex-mari en vendant la sienne. Des millions contre sa vie. Il a 6 mois pour se préparer ; 6 mois qu’il va employer à réparer ses absences auprès de ceux qu’il a abandonnés.

Ce livre joue avec nos angoisses, celles de la réparation, celle de la redemption, du pardon.

Écrit à la première personne du singulier, chaque personnage est tour à tour le narrateur de cette histoire. Le style et rythme, incisif sans fioriture. La psychologie du trio central Skender-Max-Madame, uni par un défi aussi mortifère que secret, mais aussi des personnages de la rédemption , ceux qui représentent la vie et l’avenir (Manon et les deux enfants), est savamment fouillée. Chaque personnage tient à son tour les rênes du récit et exprime ses doutes, ses angoisses, ses contradictions, ses peurs.

Un livre poignant, au suspense tendu et serré. Une vraie réussite.

Incipit « La vie, la mort, la même chose »

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Les tourmentés

Un roman du cinéaste Lucas Belvaux, découvert par hasard , dans une librairie de vacances plutôt spécialisée dans les best sellers et autres bouquins soi-disant de plage, plutôt vides de sens. Une vraie trouvaille. Un thème peu ordinaire : 2 anciens légionnaires, l'un d'eux (Max) est au service de Madame, richissime, femme dure, revancharde, contre la race masculine, sauvage quelque part, deux molosses meurtriers à ses bottes, et l'autre homme devenu quasi sdf, ne pouvant assurer la vie affective et matérielle auprès de son ex femme et de ses 2 fils. Madame est une chasseresse au sens premier du terme, et propose ainsi par l'intermédiaire de Max, une chasse à l'homme jusqu'au boutiste (la mort) à l'ex compagnon d'armes de Max, moyennant finances. Finances plus que confortables qui assureront plus que cela l'avenir de sa famille . Des chapitres courts, incisifs, tranchants, durs comme des lames de couteaux, à l'image des protagonistes de l'histoire. Jamais rien lu de pareil, tant par le thème choisi que par le style qui déménage, et interpelle. Voilà le genre de bouquin qu'on aimerait rencontrer plus souvent. Evidemment, il y a un Mais : la chute, quelque peu happy end, à laquelle on ne croit pas, comme si l'auteur avait voulu coupé court à ce scénario somme toute violent, mais empreint d'humanité .
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Les tourmentés

Ce premier roman de l’acteur et réalisateur belge raconte une chasse à l’homme. Une riche veuve demande à son homme de confiance, Max, de lui trouver la proie idéale. Ce sera Skender, un ancien compagnon de la légion, devenu clochard. Celui-ci est marié, a deux fils avec lesquels il n’avait plus de contact et il voit dans les millions proposés en échange de ce safari humain une manière de se racheter auprès de la famille qu’il a délaissée.



Le roman est prenant, les chapitres sont courts et se dévorent. Le choix d’un récit choral permet de donner des points de vue différents sur les événements. Cela évite l’ennui et nous permet de mieux connaître les protagonistes : Madame, la commanditaire de cette chasse inhumaine ; Max, son homme de main ; Skender mais aussi sa femme Manon et leur fils aîné Jordi. Chacun d’eux nous parle de ce qu’il ressent, de ce qu’il voudrait mais aussi de ses doutes sur l’avenir. Leurs « je » alternent tout au long d’un récit maîtrisé jusqu’au bout.



Le récit n’est pas centré sur l’action mais sur la psychologie des personnages et c’est ce qui m’a intéressée. Il permet une réflexion sur ce qui fait qu’un homme est un homme. Il y est question de vie et de mort bien sûr, d’argent mais aussi de culture et d’amour. Max se demande comment il a pu, sans vergogne, choisir son ancien compagnon d’armes comme proie : «  Comment ai-je pu être aveugle à ce point ? Le mépriser comme s’il était moins que moi, moins humain ? Comme si nous n’étions pas semblables ? Quelle colère m’a aveuglé ? Quelle indifférence ? Que suis-je devenu ? Et pourquoi ? Comment ? Rien ne m’aura protégé. Aucun livre, aucune musique. La culture ne protège pas, de rien. (…) Un homme est un homme (…) il n’est, d’abord, que ce qu’il est, imparfait, incapable de comprendre les troubles qui le traversent, de résister à ses envies, à ses besoins. C’est ainsi, il n’en est pas moins homme. » (p.287)



C’est un roman évidemment perturbant par son sujet mais avec une écriture sobre et précise.
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Les tourmentés

❝Aucune chasse ne vaut la chasse à l’homme, et ceux qui ont longtemps chassé des hommes armés, qui ont aimé ça… ne trouvent plus jamais saveur à autre chose.❞

Ernest Hemingway



❝Tout se passera sur une réserve de chasse de quinze mille hectares dans le nord de la Roumanie. Quinze kilomètres par dix que Madame loue à l’année, que son mari louait avant elle pour chasser l’ours et les loups. C’est une montagne couverte de forêts, de clairières, de collines, de vallées, de gorges et de grottes. Une rivière, des ruisseaux. Des taillis et des futaies. Il aura une carte au vingt-cinq millième sur laquelle j’aurai reporté les coordonnées de trois caches que je ravitaillerai chaque semaine. Il n’aura droit à rien d’autre que ce qu’il y trouvera. Pas de chasse pour lui. Pas de pêche. […] Tout lui sera permis pour nous tromper, nous semer, nous perdre, mais il ne pourra évidemment pas quitter le périmètre pendant les trente jours que durera la chasse. Il n’aura pas le droit de s’armer, non plus, de quelque façon que ce soit.❞



Lucas Belvaux livre un premier roman bien au-delà du simple roman noir ; Les Tourmentés est outrenoir. L'étude psychologique des personnages est l’élément clef de la montée en tension de l’histoire dont le sujet est annoncé dans les premières pages : une chasse à l'homme va être organisée. Original et déstabilisant. D’un cynisme tout à la fois horrifiant et fascinant. Le fait de lâcher dès le début de quoi il va être question est particulièrement habile. Le suspens est ailleurs.



Les Tourmentés est un roman choral porté par trois voix principales : celles de Skender la proie consentante, de Max l’entremetteur et de Madame en Diane chasseresse, qui s’entrelacent en de courts monologues. À cet écheveau dense se mêlent des voix secondaires, celle de Morgan l’ex-épouse de Skender, et celle de l’un de ses fils Jordi. La diversité des voix, très bien rendue, diffracte l’histoire en une myriade de points de vue ; chacun des protagonistes raconte les événements tels qu’il les appréhende ; s’y devinent ses attentes, ses angoisses, ses espoirs, ses déceptions, ce qu’il a consenti à mettre de lui dans ses relations qu’elles soient amoureuses, amicales, professionnelles ou encore familiales. Les phrases sont courtes et précises, le rythme est nerveux alors même que l’on ne sait rien encore des six mois à venir et que l’on découvre enfin, terrifiés, sonnés et, à quoi bon le nier, incrédules.



❝La guerre n’apprend pas le courage, elle apprend aux hommes qu’ils sont mortels.❞



Skender et Max se connaissent bien. Ce sont des frères d’armes. Ils sont revenus de la guerre qui leur a appris qu’ils étaient mortels, mais ils ne sont pas morts. Quoique ce dernier point reste à vérifier.

⊱ ━━━━━━━━ ⊰

❝Je suis sans contours. Sans peau ni rien entre le monde et moi qui me protège. Rien qui me tient.❞



Celui qui parle ainsi c’est Skender. Skender est revenu de tout, même de la guerre. Quand les combats ont pris fin en Yougoslavie, en Irak, ailleurs sur le globe, ce képi blanc est devenu mercenaire avant de tenter un retour à la vie civile. Et ce retour-là, au calme, à la lenteur, au repos auprès de Morgan et leurs deux fils Jordi et Dylan, est impossible.



❝Je reviens là où je ne suis rien, où je n'ai rien. sans emploi ni maison. Sans raison d'être. Sans vergogne.❞



En creux, Lucas Belvaux évoque le syndrome post-traumatique des combattants qui rentrent au pays, fragiles, déboussolés, perdus, après avoir vécu l’horreur des combats, et que l'État qu'ils ont servi sans faillir abandonne.

⊱ ━━━━━━━━ ⊰

❝Chaque matin, je me regarde dans le miroir et je vois un nègre, à la généalogie peuplée d’esclaves qui un jour se sont dressés et libérés de leurs chaînes. C’est leur sang qui coule dans mes veines. Leurs souffrances sont les miennes. Mon histoire est la leur. Je suis leur sanctuaire, leur nécropole. Je les porte en moi, je n’ai pas le droit de vivre comme un chien.❞



Max par lui-même. Lui aussi a connu l’horreur de la guerre. Il a été un temps l'officier supérieur de Skender et, s’il semble s’en être mieux sorti que ce dernier en devenant le majordome loyal et docile de Madame, Max n’en est pas moins un homme meurtri et accablé,



❝J'avais commencé à vider ma tête de ses cimetières, ouvrant tombe après tombe pour exhumer les souvenirs enfouis, cachés comme des cadavres honteux. Je m'en libérais peu à peu. Ma mémoire se remplissait d'absences.❞



un solitaire avec ses fantômes marchant à ses côtés.

⊱ ━━━━━━━━ ⊰

❝Je n’ai que moi qui suis si peu, fantôme d’une enfant morte il y a longtemps, son spectre errant à travers le monde et les hommes qui ne voient que son image et rien de son essence, à qui aucun, jamais, ne pourra rendre ce qui a été pris.❞



Et enfin, Madame, solitaire depuis que son mari, passionné de chasse, est mort lors d’un safari en Afrique, la laissant à la tête d’une très confortable fortune. Elle occupe seule un manoir froid que réchauffent quelque peu la présence de ses deux molosses et la prévenance de Max. C’est à peine si Madame vit, elle qui recuit sa haine et remâche ses tourments



❝Mes haines passées ne sont pas mortes. Je les sens en moi chaque matin au creux de mes tripes. Elles grouillent. Vivaces. Vitales. Ma haine m'appartient. Elle n'appartient qu'à moi. Je suis seule à y avoir accès. Je lui tiens chaud, je la nourris, elle me le rend bien. Elle n'est pas de celles qui rongent ou qui consument, au contraire, elle me trempe comme l'eau froide durcit le métal chaud. Elle me tient debout. En vie. Libérée de l'amour. Pourquoi la nier, la renier, en avoir honte.❞



et imagine comment mettre un peu de sel dans son existence pour se sentir à nouveau vivante. Quand on a de l’argent à ne plus savoir qu’en faire quoi de mieux pour secouer son ennui que de choisir un loisir excitant, préférablement amoral et innommable, encore capable de faire ressentir ce frisson de vie ?



❝— Si je vous proposais de mourir pour vos enfants, là, tout de suite, vous accepteriez ?

— Oui. Mais ça n’arrivera pas.



Il [Skender] me répond comme si c’était une parole en l’air, une blague, une façon de parler. Il peut. J’ai fait ce qu’il fallait pour. J’y ai mis toute la légèreté dont je suis capable. Dans ma voix, dans mon sourire. Dans la désinvolture du corps. Une façon d’engager la conversation, d’en proposer le thème. Une ouverture, comme à l’opéra ou aux échecs. Aux échecs plutôt.

Je pousse mon avantage. J’avance un pion.



— Pourquoi ça n’arriverait pas ?

— Parce qu’il faut une raison aux choses et que je ne vois pas ce qu’on y gagnerait. Ni vous, ni moi.❞



Deal ?

Deal.



De chapitre en chapitre, de point de vue en point de vue, Lucas Belvaux passe de l’un à l’autre de ses personnages dont il sonde l’être profond, fouille la manière dont chacun évolue au cours des six mois qui précédent le début de la chasse à l’homme.

Pourquoi passer ce marché cauchemardesque et inhumain ?

L’argent autorise-t-il tout ? et son manque ?



Le compte à rebours est lancé. En attendant le moment où sonnera l’hallali dans cette région roumaine âpre et éloignée de tout où Skender va aller vers la mort, les personnages se dévoilent, leurs relations évoluent. Le deal est inhumain, c’est entendu, mais chaque jour qui passe rend ces deux hommes et cette femme plus humains. Ils portent en bandoulière leurs failles et leurs contradictions d’adultes, leur vulnérabilité de grands enfants, et aussi ce besoin, mâchoires serrées, d’en découdre avec la vie qui ne les a pas épargnés. Le lecteur, lui, est emporté dans le maelström, tentant de se convaincre en tournant chaque page que non, ce n’est pas dieu possible !



❝Je ne laisserai pas Skender mourir comme ça. Je lui offrirai la mort qu’il mérite❞, a prévenu Max.



Tous les éléments qui font un excellent thriller sont là, dosés à la perfection. Le rythme enlevé ; le ton cynique ; la critique sociale ; les personnages tourmentés par leurs propres démons, dont la psychologie s'affine au fur et à mesure que le roman avance ; le fil narratif tendu à l’extrême, à un rien de casser mais qui ne rompt pas ; jusqu’au final où se révèle la rouerie de l’auteur qui envoie valser tout ce que le lecteur avait échafaudé. Chapeau ! Vraiment.



Premier roman, lu pour la sélection 2023 des #68premieresfois
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Les tourmentés

Bien sûr on sait que Lucas Belvaux est d’abord cinéaste ! et il le prouve avec le formidable scénario de ce livre durant lequel je n’ai cessé de me demander comment il allait finir ! Quelle originalité de cette histoire de chasse à l’homme – mais une chasse à l’homme consentie par le gibier humain.

L’auteur fait parler tour à tour chacun des protagonistes de l’histoire, avec beaucoup de justesse, y compris et presque surtout, pour les enfants.

Ces deux anciens légionnaires, marqués à vie par ce qu’ils ont connu à l’armée sont attachants et leurs sentiments sont admirablement décrits.

J’ai lu ce livre dans le cadre des 68 premières fois mais j’ai vraiment envie de le posséder pour en relire les nombreux passages sur lesquels j’ai mis de post it !!


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Les tourmentés

Comme certains commentaires lus je fus moi aussi un peu dérangé par le style d écriture au début où il me fallait toujours un moment pour comprendre qui était le narrateur Haché, saccadé, brutal …comme l histoire en fait . A la fin de la lecture j étais mitigé. Bizarrement en racontant à l une de mes filles le contenu , en résumant en quelque sorte j ai su apprécier l idée …

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Les tourmentés

De l'histoire je dirais simplement qu'elle est hors du commun, surprenante. Je n'avais jamais rencontré une telle histoire avant et raconté d'une telle façon. Je ne m'attendais pas du tout à ça ! Il s'agit en gros d'une chasse à l'homme mais à la fois de résilience, de renaissance, de diverses leçons de vie, d'apprendre à se contenter des petites choses qui font le bonheur quotidien... 🦴



✍️La plume est piquante quand il le faut, mais elle sait aussi se montrer tendre, douce, hésitante, elle passe par toutes les émotions au grès des différents personnages. En effets les sentiments sont dominants dans ce roman !



✍️Les chapitres sont courts. A chacun d'eux on change de narrateur, de personnage. Et chaque personnage a son caractère unique, différent, ses pensées parfois douces, parfois cruelles...



✍️Le style et la mise en page permettent une lecture fluide et rapide. Cependant j'ai ressenti un légère lassitude sur les tout derniers chapitres, j'ai trouvé qu'il était temps d'en finir, de connaître l'issue ! Mais c'est un bien petit bémol par rapport à la qualité littéraire du livre et au sujet original dont il traite !



✍️Ce n'est pas un coup de cœur mais c'est une lecture que j'ai vraiment appréciée et que je suis ravie d'avoir découverte grâce au prix des jeunes Mousquetaires organisé pas loin de chez moi. C'est un des 5 romans finalistes.



➡️Je vous invite à le lire et à me donner votre avis si vous êtes curieux et aimez sortir des sentiers battus !


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Les tourmentés

Un premier roman ciselé comme un thriller, avec une tension psychologique bien tenue.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on est plongé rapidement dans la spirale dans laquelle se sont jetés le trio infernal, et on ne sait pas comment cela se terminera pour eux.



Une très bonne surprise.
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Les tourmentés

Deux anciens légionnaires se retrouvent dix ans après les guerres auxquelles ils ont participé, par hasard, paraît-il. L'un, Skender, dévasté par ses fantômes a tout perdu et vit dans la rue. L'autre, Max, est entré au service de Madame, veuve riche et cultivée, passionnée par la chasse, toutes les chasses. L'argent permettant à Madame d'assouvir ses cruelles pulsions, elle envisage une chasse à l'homme. Alors Max va proposer Skender comme proie idéale. Un marché va se conclure après l'accord de Skender qui veut offrir à sa femme et à ses enfants un avenir inespéré. Ainsi, une réflexion sur le sacrifice va se développer dans le récit à travers les différents points de vue des personnages. Mais Skender n'est pas un héros tragique, il espère réussir à survivre.

Au fil des tableaux qui dévoilent réflexions personnelles, préparations pour la chasse et souvenirs de guerre, le lecteur est invité à questionner ses propres fantasmes.

J'ai beaucoup apprécié ce récit sauf le dénouement qui me semble un peu simpliste ou inachevé.
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