Citations de Magda Hollander-Lafon (75)
J'ai traversé l'inimaginable.
Je suis vivante.
Tout est possible...
Même l'impossible.
Nos actes nous engagent.
Il dépend de chacun de choisir d'être humain ou d'humilier,
de devenir violent ou de pacifier.
Aujourd'hui je vis, je réfléchis et, difficilement, j'écris, parce que plus je réfléchis, moins il m'est facile de répondre à toutes ces interrogations.
Le pronom "on" a le pouvoir de faire dire n'importe quoi à propos de n'importe qui. Avec "on", tout est supposition. "On" peut faire porter un poids lourd de sens et de conséquence, en sourdine, sans nommer personne.
"On" est abstrait. Amplifié sur les lèvres, il peut devenir une rumeur dangereuse qui peut blesser, tuer, semer la panique, sans qu'"on" sache jamais qui en est l'auteur. "On" nie, annihile la personne. Avec quelle prudence et quelle vigilance devrions-nous en faire usage !
Elle a survécu à l’horreur. À 91 ans, Magda Hollander-Lafon, rescapée d’Auschwitz-Birkenau, lance un cri d’alarme face à la recrudescence de l’antisémitisme et à la montée de l’extrême droite en Europe.
(propos recueillis par François Vercelletto, article dans Ouest-France, 21/12/2018) :
L'extrême droite prospère sur « l'absence de mémoire ». Et le péril est à nouveau à nos portes. « Regardez la Hongrie, qui n'a jamais reconnu que plus de 560 000 Juifs de ce pays ont été exterminés. Et l'Autriche, où la politique antisémite du Reich a commencé, c'est un parti xénophobe qui est au pouvoir. Regardez la Pologne, l'Italie... »
Le sourire se fige. « Je constate une similitude, aujourd'hui, avec ce que j'ai déjà vécu. Je le sens dans ma peau. J'ai froid dans le dos. Je ne voudrais pas revoir 'ça' pour nos enfants. Nous sommes si fragiles et tellement influençables... »
L'Histoire se répéterait-elle ?
« Oui, différemment, mais elle se répète et elle se répète parce que nous n'avons pas su tirer les enseignements de ce qui est arrivé pendant la Seconde Guerre mondiale. »
Mais comment transmettre l'intransmissible ? Comment mettre des mots sans 'écraser' l'autre par l'innommable ?
« En se posant des questions, répond Magda. Dans les camps, je n'ai jamais cessé de me poser des questions. Cela a contribué à ma survie. »
C'est ainsi qu'elle procède auprès des jeunes dans les collèges et dans les lycées - elle en a rencontré plus de 50 000 - en leur remettant un questionnaire.
« Ils se sentent concernés par leurs réponses. »
[...]
C'est ainsi que j'ai pu comprendre que la dépression n'est pas une maladie. Ce sont des moments où je déprécie la vie en moi. La couleur du jour dépend de mon état d'âme.
Nous ne sommes jamais guéris. Nous sommes en chemin vers la guérison.
Le soir, je parcours par la pensée la journée qui vient de s'écouler. Je rassemble les petites lumières qui m'ont éclairée : sourire, geste, rencontre inattendue...
Je m'endors en rendant grâce de ces petits bonheurs du jour.
Demain s'ouvre
Une page blanche...
(...) celui qui arrive à dire : "Je ne sais pas" est sur le chemin de la connaissance.
Au coeur de nous-mêmes, il y a une lumière. Vouloir être comme l'autre la ternit.
Je vous invite à résister aux influences extérieures, à choisir les sources d'information. N'avalez pas tout ce qu'on vous raconte comme vérité. Lorsque vous êtes témoins d'une situation que vous ressentez comme inacceptable, humainement injuste, faites-vous confiance.
Si les nazis ont pu imaginer l'inimaginable, l'assassinat méthodique de tout un peuple, ne pouvons-nous pas à notre tour imaginer un autre inimaginable, un monde plus humain, plus solidaire au service de l'humanité ?
Si nous étions en paix en nous-mêmes, ferions-nous la guerre contre les autres ?
Notre sentiment d'incapacité, le trop-plein d'exigences exagérées nous font peur et nous congèlent. La peur nous pousse à mettre la barre toujours plus haut et nous nous retrouvons face à un idéal que nous sommes dans l'impossibilité d'atteindre. Le sentiment de ne rien valoir, d'être inférieurs, nous pousse vers des compensations, à la façon de « la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » et se gonfle à en éclater.
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"Les" est un article dangereux. Il fait même des ravages. Il provoque la confusion, la haine, la guerre, l'extermination : les Français, les Allemands, les Arabes, les juifs... L'humanité, en un mot, est réduite à un article défini.
Un regard créateur, un sourire, un geste, une parole vrais nous libèrent et nous rendent plus confiants, plus responsables, plus solidaires. Avec patience et dans la sagesse du temps, nous pouvons devenir passeurs de vie, d'espérance et de paix.
Notre vie dépend de nos pieds. Ils sont douloureux et agitent nos courtes nuits. Nous nous demandons à chaque lever du jour si nos pieds meurtris, portant le poids trop lourd des âmes dénudées, traverseront encore un lendemain.
Le monde est dangereux à vivre ! Non pas à cause de ceux qui font du mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. Albert EINSTEIN
En 1978, Darquier de Pellepoix a dit : " A Auschwitz, on n'a gazé que des poux." La perversion de cette parole m'a révoltée et a fait remonter en moi le geste de cette femme. J'ai revu son visage. Je ne pouvais plus me taire.
Si aujourd'hui, je traverse courbaturée le pont de ma mémoire, c'est pour que vive longtemps le souvenir de celles et de ceux à qui l'on a volé leur vie et qui, jusqu'au bout, ont voulu nous donner le courage de vivre.
Avec un regard, je peux tuer.
Avec un regard je peux aider à naître.
De mon regard je me sens responsable.
Restez fidèle à vous-mêmes, ne vous désertez pas en croyant répondre à l'attente d'autrui sur vous, ou par peur d'être moins aimé.