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EAN : 9782879297507
220 pages
Editions de l'Olivier (09/09/2010)
3.62/5   13 notes
Résumé :
À l’occasion d’une manifestation interdite, la Bolcho pride, un groupe de jeunes gens se lance dans une opération gauchiste qui échoue. Ils se retrouvent piégés dans un bâtiment en flammes. Ils invoquent alors la figure de la Mémé Holgolde, une grandmère immortelle qui a dominé leurs années d’orphelinat, de ghetto et de violence, et qui a formé leur sensibilité à la révolution mondiale et au merveilleux. Tandis que l’incendie fait rage, ils se remémorent le monde qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après avoir publié neuf livres à l'École des loisirs, «Onze rêves de suie» (L'Olivier, 2010) a marqué un tournant dans l'oeuvre de Manuela Draeger, une des voix du post-exotisme, au moment où paraissaient également «Écrivains» d'Antoine Volodine (Editions du Seuil, Fiction & Cie) et «Les aigles puent» de Lutz Bassman (Éditions Verdier).

Dans un camp, après la défaite de la deuxième Union Soviétique et l'échec de la révolution mondiale, la bolcho pride organisée chaque année reste un des seuls moments de fierté et de joie du peuple de gueux et d'Untermenschen du camp.

Quand débute le récit, la bolcho pride a très mal tourné cette année-là pour un groupe de jeunes qui ont désobéi à un parti pourtant dissous depuis longtemps : Pour faire la révolution, ils ont voulu s'emparer d'un dépôt d'armes et se retrouvent enfermés à l'intérieur lorsque l'immeuble prend feu. Alors qu'ils sont piégés au coeur de cette obscurité enflammée, entre vie et mort, leurs souvenirs resurgissent, les souvenirs noirs d'une enfance dans le ghetto et ses moments extraordinaires où la Mémé Holgolde, vieille femme immortelle, leur contait des histoires pour ancrer en eux l'idéal égalitaire et les faire réfléchir à la défaite de la révolution.

«Soudain, la Mémé Holgolde s'échauffa. Dans sa tête une fois de plus prenaient vie des objectifs grandioses, la défaite terminale du malheur, la danse triomphale du prolétariat sur l'ensemble de la planète, la paix et l'égalité entre les primates, les sous-hommes et les espèces humaines ou quasi-humaines. Ses yeux pétillaient. Elle se gratta le ventre à travers son corsage de coton jaunâtre.»

Les histoires de la Mémé Holgolde mettent en scène l'éléphante Marta Ashkarot qui se réincarne conte après conte dans une nouvelle existence, d'éléphante ou d'humaine, et rencontre les derniers révolutionnaires insanes et déguenillés, qui croient encore à la possibilité d'instaurer une société égalitaire malgré l'évidence de la défaite, et de la fin toute proche de l'humanité.

«-Tu te rappelles la Première Union Soviétique ? Juste au début, quelqu'un avait dit que, pour arriver au communisme, il fallait les soviets plus l'électricité. C'était un petit chauve. Son nom m'échappe.
-Je me rappelle vaguement, réfléchit Marta Ashkarot. Les soviets plus l'électricité, oui. Mais je me rappelle plus si c'était pour arriver au communisme ou au socialisme. Ca se passait tout de même il y a sept ou huit siècles.»

Pour conclure sur ce livre, où le merveilleux des contes et la survie de l'espoir jusqu'au dernier souffle malgré la faillite des idéaux forment un récit particulièrement poignant, laissons la parole à Antoine Volodine : «Le pessimisme le plus lugubre et le désastre absolu sont une pâte inerte avec quoi on peut façonner des objets extrêmement lumineux.»

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Il ne va pas m'être facile de parler de ce livre, étant donné qu'après sa lecture, je me sens encore un peu confuse vis à vis de ce que je viens de lire…



Je dois avouer que le début m'a proprement énervée. Plusieurs phrases sont répétées inlassablement pendant presque une dizaine de paragraphes. Seul le contenu du paragraphe entre deux de ces phrases change. Heureusement, cela cesse à la 35ème page.



Mais parlons plutôt de l'histoire. Elle nous présente Imayo Özbeg, jeune homme d'un ghetto baigné dans la politique et les idéaux extrémistes. Alors qu'avec d'autres jeunes, il prépare une action coup d'éclat, la situation tourne au pire et les voilà tous prisonniers des flammes. Ils se remémorent leur enfance, bercée par la violence des adultes et des peurs qu'ils leurs inspirent, du matraquage politique semblable à un lavage de cerveau, des cadavres qui jonchent parfois jusqu'aux murs de leur classe.



Le récit de leurs souvenirs sont entrecoupés par les contes que leur raconte la Mémé Holgolde, un peu la grand-mère de tout les orphelins. Ces contes mêlant métaphores politiques et onirisme délirant nous accorderont des pauses dans les explications de ces enfances misérables, un peu comme une gorgée d'oxygène avant de replonger dans une apnée sombre.



J'ai été assez déstabilisée par ce livre, ne sachant pas encore maintenant si j'en ai apprécié la lecture ou non.
Certains passages n'avaient, pour moi, ni queue ni tête et j'en ai parcouru plusieurs avec ennuis. D'autres au contraire attisaient mon intérêt et arrivaient à me tirer avec eux dans ces existences effroyables mais fascinantes par bien des points. le style d'écriture est parfois lourd, chargé et pénible, d'autres fois il est incisif, précis et agréable.

J'ai refermé ce livre en étant toujours aussi sceptique qu'au début, mais au final assez contente d'avoir fait cette découverte qui sortait carrément de mes goûts habituels.



Ce fut au final une expérience intéressante, et je garderais un souvenir doux-amer des récits peu communs de ces enfants qui auront marqués toute une ville.
Lien : http://archessia.over-blog.c..
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Une incursion post-exotique particulièrement réussie !

Troisième incursion volodinienne de cette rentrée, nous avons ici le dévoiement d'une tragédie : prisonniers d'un vieil entrepôt en flammes, un groupe d'adolescents, membres d'une étrange organisation de résistance, vivent leurs derniers instants en se remémorant des épisodes de leur jeunesse, et tout particulièrement les contes de la Mémé Holgolde, avant de muter eux-mêmes en créatures mythiques issues de ces histoires... Encore plus déroutante en apparence qu' "Ecrivains" ou "Les aigles puent", une incursion post-exotique particulièrement réussie !
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Je n'ai guère apprécié ce mélange de contes à dormir debout et de désespoir sur la mort de jeunes révolutionnaires dans un incendie.
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Fascinant : mélange invraisemblable de fantaisie et d'humour avec ce que je ressens comme une très vieille détestation de ce monde informe.
On n'en ressort pas indemne, des ballades où Volodine emmène son lecteur, en compagnie d'éléphante bien sympathique, entre autres.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Prenons par exemple les narrations fantastiques que la Mémé Holgolde inventait pour nous quand elle n'était pas occupée à gérer notre clandestinité ou à planifier les tempêtes insurrectionnelles qui devaient rétablir, en quelques flambées de jours et de nuits, les choses sur terre. La Mémé Holgolde aimait rire, elle aimait l'humour du désastre, et toutes ses histoires n'étaient pas aussi lugubres que nos paysages ordinaires, mais bon nombre d'entre elles l'étaient. Je pense à celles qui mettaient en scène nos héroïnes préférées, l'éléphante Martha Ashkarot ou Igriyana Gogshog, la vieille tueuse vagabonde, ou encore Bobby Potemkine, le loser mélancolique. Je n'oublie pas non plus les récits dans lesquels apparaissaient ces oiseaux semi-humains que la Mémé Holgolde appelait les cormorans étranges, et qui savaient vivre dans les flammes, dans la clandestinité et dans la mort.
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Il faut dire aussi que, déjà à l'époque, les autorités nous considéraient comme des vestiges inoffensifs, des surgissements absurdes du passé, fossilisés, naphtalinés et ridicules, et qu'elles nous accordaient le droit à manifester afin de canaliser nos amertumes et également, je pense, afin d'actualiser leurs fichiers des amis de la subversion, et d'évaluer pratiquement l'état de nos forces.
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Video de Manuela Draeger (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Manuela Draeger
Rencontre animée par Pierre Benetti
Depuis plus de trente ans, Antoine Volodine et ses hétéronymes (Lutz Bassmann, Manuela Draeger ou Eli Kronauer pour ne citer qu'eux), bâtissent le “post-exotisme”, un ensemble de récits littéraires de “rêves et de prisons”, étrangers “aux traditions du monde officiel”. Cet édifice dissident comptera, comme annoncé, quarante-neuf volumes, du nombre de jours d'errance entre la mort et la réincarnation selon les bouddhistes. Vivre dans le feu est le quarante-septième opus de cette entreprise sans précédent et c'est le dernier signé par Antoine Volodine. On y suit Sam, un soldat qui va être enveloppé dans les flammes quelques fractions de seconde plus tard, quelques fractions de seconde que dure ce livre, fait de souvenirs et de rêveries. Un roman dont la beauté est forcément, nécessairement, incandescente.
À lire – Antoine Volodine, Vivre dans le feu, Seuil, 2024.
Son : Axel Bigot Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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