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Critiques de Marc-Alain Ouaknin (39)
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Les mystères de l'alphabet

L'alphabet : quelle superbe invention humaine ! Qu'avec une bonne vingtaine de lettres l'on puisse tout dire et écrire ..ou presque ! En effet, les limites en sont notre propre déficience à nous exprimer - de transformer nos pensées en paroles - et les impératifs de la décence, bien entendu.



Cet alphabet qui nous est tant familier, puisque nous nous en servons à longueur de journées, comporte cependant bien des énigmes et surprises. Pour s'en rendre un peu compte, il suffit d'accompagner le grand spécialiste, Marc-Alain Ouaknin, dans son excursion au pays des "Mystères de l'alphabet" de 1997. Un voyage des plus instructifs de 379 pages.



L'auteur est rabbin à Paris, en fait, directeur du Centre de Recherches et d'Études Juives de Paris, il est docteur en philosophie, comme Éliette Abécassis d'origine sépharade (Maroc) et le petit-fils du renommé grand-rabbin Jacques Ouaknin. Il a, en quelque sorte, "ingurgité" les mystères de l'alphabet avec le lait maternel ! Dès sont très jeune âge, il a appris le Talmud e*t certaines finesses de la Kabbale - pas exactement très simple - pendant que nous lisions les aventures de Tintin et Astérix. Ensuite se sont ajoutés à ses connaissances déjà impressionnantes, la théologie, la psychanalyse et la littérature.



Pas surprenant qu'avec un bagage si considérable, ce qui n'enlève rien à ses mérites évidemment, il soit l'auteur d'une oeuvre au diapason avec cette érudition très peu fréquente. Sur son actif, il a une introduction à la littérature talmudique, suive de son remarquable "Le livre brûlé. Lire le Talmud" (1986), un essai sur le philosophe d'origine lituanienne, Emmanuel Levinas (1906-1965), "La dialectique de l'oubli et de la mémoire" (1998), "La Tora expliquée aux enfants" (2009) etc. etc. Dans le cadre du présent ouvrage, il convient de signaler "Symboles du Judaïsme", "Le livre des prénoms bibliques et hébraïques " (1997), "Mystères de la Kabbale" (2000) et "Mystères des chiffres" (2004).

Dans un genre plus léger (bien que et quoique), il est l'auteur de "La Bible et l'humour juif" en 2 volumes, parus en poche dans la collection "J'ai lu".



Pour une fois je serai bref, car résumer cet ouvrage n'a pas de sens et multiplier les citations, qui abondent dans cette oeuvre extrêmement riche, à mon avis, non plus.

"Les mystères de l'alphabet" ne se lit pas comme un thriller de A à Z, bien sûr, mais constitue un ouvrage que l'on adore feuilleter et dans lequel l'on est garanti d'à chaque fois faire une nouvelle découverte intéressante.



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Les dix Commandements

Les dix paroles sont des mots qui ont une vie propre dans le judaïsme …



Considérons que : débarim signifie les paroles et considérons que , dévarim signifie les choses et considérons que les lettres béth et véth sont quelque part la même chose en hébreu .

De cela il ressort que les paroles et leur nature participent de la nature profonde des choses et que de même les choses participent des paroles ... un peu comme les mathématiques sont la réalité et la réalité des mathématiques ...



Les dix paroles sont au centre du judaïsme ...



Ce sont des mots vivants non pas parce qu'ils sont étudiés et connus mais parce que ces paroles comme toutes les paroles dans le judaïsme sont pensées comme des réalités moins que des mots décrivant la réalité . Les mots sont des sources de réalité en soit .



L'auteur est professeur de littérature comparée à l'université hébraïque de Jérusalem et son texte est magique et élégant ...

Il est absolument orthodoxe selon les méthodes exégétiques rabbiniques .



Les dix paroles sont un espace grandiose pour la pensée et il est utile de s'en approcher un peu en profondeur , pour mesurer à quel point les clichés et poncifs qui les environnent , les confinent dans une vision souvent réductrice et plus normative que ce qu'elles sont en vrai : une dynamique jurisprudentielle .

Les penser en terme de commandements est le signe d'une pauvre ignorance , même si elles recèlent de l'impératif évidement ...



L'auteur scrute le texte et le pressure (- cf : midrash – scruter , analyser , commenter en talmud Tora ( étude Toraique) , il l'aborde en fait , comme il est quotidiennement vécu dans des milliers de yéshiva …



Des questions en enfilade qui découlent les unes des autres et se répondent les unes les autres et qui sont très représentatives des méthodes exégétiques juives traditionnelles ...

Le pil-pul ….. C'est anecdotique mais le mot pil-pél qui désigne le poivre ( et qui vient du Tamoul ) en hébreu biblique , qui a donné pill-pull une méthode d'exégèse par la contradiction , qui enseigne que les mots piquent , et qu'ils ont leur vie propre .



Il y a aussi l'idée qu'un texte par définition , change à chaque lecture et notons aussi que l'humour possède réellement une valeur fonctionnelle exégétique qui répond à la finalité de dénouer les trames de la pensée ..



Ce texte est accessible et de très haute volée et je me laisse aller à la paresse en proposant une citation plutôt que de fournir une analyse de mon cru :



Considérons les mots " Tu n'auras pas d'autres dieux que moi " , et disons que :



Dieu, Elohim , dans le texte original , signifie aussi ( à part divinité ) , en hébreu : " institution de justice ".

C'est ainsi que : « " Ce que l'on considère ici comme du divin, note Ouaknine, est en rapport avec la justice. «

Autrement dit, Dieu ne s'atteint que par la relation juste ( qui est l'effet de la sagesse qui repose sur la connaissance et nécessairement sur l'expérience ) , par la relation éthique, c'est-à-dire la responsabilité et l'amour du prochain ( de son frère ) ...



Dieu ne s'atteint donc que par la relation aux autres hommes et non pas par le dialogue avec un absolu immanent .



Pour reprendre Emmanuel Levinas, c'est " interdire à la relation métaphysique avec Dieu de s'accomplir dans l'ignorance des hommes et des choses ".



Les dix paroles .................................. Essér débarim …. Pas …. Les dix commandements …..



Et ainsi que Tora ne se traduit pas par : La loi mais par L'enseignement ( au sens de savoir resultant de l'étude ) .

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La Bible, nouvelle traduction

J'ai lu l'Ancien Testament adolescent. Pourtant, je suis aussi athée qu'on peut l'être. Mes parents l'étant aussi, je n'ai pas eu d'éducation chrétienne, de catéchèse, de confirmation, etc.



J'ai lu la Bible, adolescent, pour la même raison que je lisais Homère ou Chrétien de Troyes. Parce que j'avais l'impression de lire des histoires complètement folles tout en apprenant mon histoire. J'aimais la fantasy, et ça, pour moi, ça en était.



Puis j'ai fait mes cycles supérieurs en philo où j'ai découvert la théologie et la philologie.



J'ai aimé la première parce qu'elle me donnait l'impression de faire des problèmes de maths ou de logique formelle. Je n'adhérais à aucune prémisse, mais je trouvais fascinant de voir jusqu'où on pouvait pousser la logique si on les acceptait.



J'ai aimé la seconde parce que je trouvais tout aussi fascinant de voir à quel point des choix de traduction, tout arbitraires qu'ils soient, ont pu, et peuvent encore façonner comment pensent les gens.



Je lis donc régulièrement des articles sur le sujet (et un de mes podcasts préférés est complètement dédié à cela). Et j'ai acheté cette traduction séculaire de la Bible pour compléter tout ça. Elle correspond en tout point aux analyses que j'ai lues de divers passages et de ses problèmes de traduction. La tradition est jetée aux poubelles.



Pour chaque texte, les mots choisis sont ceux qui conservent le mieux en français les ambiguïtés et la polysémie des textes originaux. J'adore.



Mais, conséquence inévitable, la plupart des textes sont beaucoup plus durs à lire. Le rythme, la sonorité, les licences poétiques, tout cela a disparu. On a ici un texte francophone qui tente même de suivre la syntaxe hébraïque, grecque ou araméenne.



Mais somme toute, si vous êtes bizarres comme moi, ça vous plaira.
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Bibliothérapie : Lire, c'est guérir

Ce livre risque de dérouter plus d'un lecteur qui aura été attiré par son titre "Bibliothérapie" ou même son sous-titre "Lire, c'est guérir". On est très loin en effet du livre de Régine Détambel "Les livres prennent soin de nous: Pour une bibliothérapie créative" qui vantait les bénéfices de la lecture en multipliant les citations d'écrivains célèbres en soutien de cette "thèse" que personne d'ailleurs ne songe à contester.





Le livre de Marc-Alain Ouaknin se range d'emblée du côté de la philosophie et plus particulièrement d'une branche de celle-ci qui s'appelle l'herméneutique, c'est-à-dire la science de l'interprétation des textes. Même si l'auteur se montre particulièrement bon pédagogue en cherchant à définir les termes obscurs pour le profane (souvent en hébreu, en grec ou en latin) auxquels il a recours pour nous initier à cette science, cela reste difficile de comprendre son projet. Ou du moins faut-il s'accrocher et accepter d'être dérouté par des pratiques de lecture qui sont éloignées de nos habitudes de lecteurs occidentaux.





En effet M-A Ouaknin s'appuie beaucoup sur les pratiques d'enseignement des écoles rabbiniques ou talmudiques où l'on apprend à "jouer –avec beaucoup de plaisir d'ailleurs – avec les mots, avec les chiffres et les lettres, les voyelles et les consonnes, les consonnes sans voyelles, les homophonies, les homographies, la forme graphique des lettres, etc.", où, nous dit-il "le talmudique" est souvent proche du "tam-ludique". On apprend ainsi à vocaliser de différentes façons un mot (qui s'écrit en hébreu avec seulement ses consonnes) ce qui est source de riches polysémies. Si cela ne suffit pas pour ouvrir un texte à de nouveaux sens, on peut aussi avoir recours aux méthodes kabbalistes qui passent par un équivalent numérique des lettres de l'alphabet hébraïque. Il est fort à craindre que certains esprits cartésiens "décrochent" au sujet de ce qui peut apparaitre comme une sorte de jeu de hasard.





Il y a pourtant là, à mon avis, une conception très féconde de la lecture, qui ouvre le texte à de multiples interprétations et surtout à une participation active du lecteur au sens et à la valeur d'un texte. Ouaknin en appelle d'ailleurs à la confrontation de différentes lectures comme cela est systématisé dans les pratiques talmudiques. Il fait aussi référence à la psychanalyse où l'écoute, même flottante, de l'analyste, son attention aux double sens des mots notamment, peut, avec un peu de chance, conduire l'analysant à des lectures différentes du récit de sa vie.





Les chemins sur lesquels nous emmène l'auteur sont variés et ouvrent sur de vastes paysages philosophiques que je ne saurais résumer dans ces quelques lignes. S'appuyant sur un corpus de textes d'origine très diverses (depuis les exégèses du texte biblique comme le Talmud ou le Midrash jusqu'aux philosophes contemporains comme Ricoeur, Heidegger, Derrida, Levinas, en passant par de grands textes littéraires comme les Contes des Mille et une nuits, le Don Quichotte ou les romans et nouvelles de Kafka) ce livre est un plaidoyer pour une lecture toujours ouverte et renouvelée des textes qui est une condition pour que l'Homme reste lui aussi en devenir. Au delà de l'interprétation des textes, c'est bien d'une philosophie de l'Homme dont il est ici question.



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Le Cantique des cantiques. Sept lectures po..

Le Cantique des Cantiques , reçu dans la dernière masse critique , édité par la prestigieuse édition de Diane de Selliers que je remercie ainsi que Babelio .

J'ai apprécié cette qui comprend sept versions , c'est à dire en hébreu , en grec , en latin et quatre traductions françaises , cette version reprend dit - elle la tradition des bibles polyglottes , ce qui constitua déjà une révolution au 16 ième siècle .

J'ai aimé voyager dans les différentes versions , moi l'amoureuse des mots depuis toute petite , j'ai apprécié de jouer avec les mots , les sens différents .

Le Cantique des cantiques nous fait rêver tout en nous élevant , mystère étonnant , détonant des mots .

Les mots ont quatre niveaux différents : le sens littéral , le sens allusif , le sens interprétatif et enfin le sens secret .

En résumé , une lecture enrichissante , je ne peux m'empêcher de terminer ma critique par la première page de ce livre que voici :

´Lève -toi vers toi- même , ma compagne , ma belle , et va vers toi - même ! ´

Cantiques des Cantiques 2 , 10 , traduction d'André Chouraqui .

En espérant avec cette merveilleuse phrase d'amour vous donner envie de lire cette version de Diane de Selliers .
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Je suis le marin de tes yeux

Ode à la femme, ode à l'aimée. Et que vibre la flamme. Et que coule la source. Des poèmes d'amour tout simplement. Comme un marin voguerait de courbes en lumière, de silences en vertige, de plaisir des sens en douceur de l'âme, Marc-Alain Ouaknin compose une musique délicate, une écume éblouissante dont chaque mot finement ciselé dévoile la femme aimée, "ruisselante", troublante et désirable, mouvante "fiancée du vent".

La parole, ici, se fait refuge. Les sonorités s'entremêlent, gracieuses, en un ballet arachnéen. Le langage, abeille sur une corolle, butine. La nature pleure ses "larmes" dans le jardin, les mots "savent fleurir" dans le désert.

Des poèmes d'amour tout simplement, recueil de poèmes exalté, passionné, résonne comme une litanie, car s'il est "le marin de tes yeux", Marc-Alain Ouaknin, est également "le marin de ton ventre", "de tes lèvres","de tes rêves","de ton désir","de ton secret"..un amant, friand de baisers au "goût de pêche", dont la sensualité s'exacerbe au fil des lignes.

C'est beau car c'est simple comme une portée tissée des mots d'amour chuchotés et touchants car ils chantent, éternels.

Les illustrations (aquarelles et encres de Chine) de l'auteur, raffinées, sont en harmonie avec les poèmes. Les herbes grattent le papier pour ondoyer vers le jour naissant. Des fleurs de sable s'entrouvrent. Les personnages effilés tels des hommes en marche de Giacometti, n'ont pourtant rien d'anguleux, car ils ondulent, dansent.

Ponctué de quelques références littéraires, Des poèmes d'amour tout simplement puise parfois son inspiration chez de grands écrivains (ex: le poème Héritage s'appuie sur Saint Exupéry qui disait "Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants", alors la femme se fait terre mère, monde à sculpter de mots pour mieux l'aimer.

Marc-Alain Ouaknin, connu en tant que philosophe, rabbin, docteur en philosophie et professeur de littérature comparée, dévoile ici ses talents incontestables de poète et de peintre.

Bravo!
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Bibliothérapie : Lire, c'est guérir

Un trésor de pépites qui mettent en évidence les bienfaits de la lecture
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Mystères de la kabbale

La kabbale est un des aspects de la mystique juive. C’est un objet difficile à saisir, tant ses facettes sont multiples, à la fois explication du monde et mystique pratique. Marc-Alain Ouaknin réussit avec ce livre un véritable tour de force, en restituant de la kabbale, et d’une manière limpide, toute la complexité. Il nous fait entrer dans son esprit (« La kabbale n’est pas une doctrine, mais une force »), mais aussi dans des dimensions pratiques qui ouvrent au lecteur des voies de compréhension et d’interprétation des événements de sa propre vie (la signification des Séfirots, le rôle des lettres, des chiffres, etc.). Mystère de la kabbale est un livre à lire et relire. On y trouvera à chaque fois des dimensions et des significations nouvelles, passées inaperçues lors des premières lectures.
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La plus belle histoire de Dieu

"La plus belle histoire de Dieu" est formée la trois contributions dues à des auteurs différents. D’abord J. Bottero, historien de la Mésopotamie antique et spécialiste de la Bible, retrace le chemin des peuples du Moyen-Orient vers le monothéisme. Puis M.-A. Ouaknin, philosophe juif, expose ce qu'est l’essence du judaïsme. Enfin J. Moingt, religieux catholique, expose comment Dieu est perçu dans l’Eglise.

De Bottero, j’avais déjà lu (avec un grand intérêt) un autre livre, "Naissance de Dieu", dont le contenu rejoint précisément le présent exposé: je n’ai donc pas appris grand-chose, cette fois. La troisième partie rédigée par J. Moingt, assez conforme au canon du catholicisme, m’a semblé la moins intéressante.

C’est l’exposé d’Ouaknin qui m’a surtout interpellé. Sa façon très vivante de caractériser la pensée juive est attractive. Ouaknin insiste pour nous faire comprendre que les Juifs n’ont pas une foi comparable à celle des Chrétiens En effet, les Juifs ne se posent jamais la question de savoir qui EST Dieu: celui-ci, pour eux, intervient dans l’Histoire seulement pour dire ce qu’il FAIT avec l’humanité - ou du moins avec le peuple élu. Cette Parole se trouve consignée dans la Torah: l’infini (Dieu) s’est introduit dans notre monde fini, en devenant un texte qui ne sera jamais définitivement compris. C'est pourquoi la Torah ne cessera pas de susciter commentaire sur commentaire, à l’infini... Ainsi, Ouaknin donne du judaïsme une image qui se veut très positive, celle d’une religion qui ne sera jamais dogmatique et figée. Fort bien… mais, à titre personnel, je ne pourrais pas consacrer toute ma vie à l’étude de la Torah, dans une yeshivah !

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Les mystères de l'alphabet

La société humaine, le monde, l'homme tout entier est dans l'alphabet...dit Victor Hugo

Dans le livre détaillé et précis, celui qui veut approfondir sa connaissance de l'écriture, de sa force créatrice, de sa magie...pourra y trouver inspiration, réflexion, en prendre toute la mesure....la lettre compose le Verbe, émane de lui dans une perpétuelle harmonie créative...la lettre fixe aussi et à ce titre en tire toute sa puissance....a manier avec précaution donc....pensait les Druides...la lettre instrument du démiurge....

Plus prosaïquement l'évolution des échanges, puis de la pensée de l'homme la formée, modulée....mais hélas, chacun la voulant de par sa forme sienne,elle nous sépare souvent, de par sa multiplicité, au lieu de rapprocher les idées.
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Bibliothérapie : Lire, c'est guérir

Il s'agit là d'un essai de philosophie cossu sur tous les effets qu'a la lecture sur l'acte de "prendre soin de son âme" (thérapeia). La "lecture" doit être mise entre guillemets plus encore que la thérapie, car il est question surtout d'interprétation de l'écrit, en particulier d'herméneutique, de rupture des sens attendus (par l'habitude ou une lecture superficielle) et reconstruction par d'autres moyens (y compris kabbalistiques, par assonances, etc.) de nouveaux sens.

La double "casquette" de l'auteur, rabbin et philosophe, donne le la à la démarche: hélas, j'ai eu d'énormes difficultés à suivre les références talmudiques et en général la philologie hébraïque, de même que le côté philosophique, qui puise abondamment à Heidegger, à Ricoeur, à Lévinas et parfois à la psychanalyse notamment lacanienne... (Quelques lumières d'un ami spécialiste en ontologie n'ont pas été superflues...)

Des moments d'intense jouissance intellectuelle, surtout dans la partie "Langage, récit et identité" qui touche à des thèmes qui me sont plus proches, se sont alternés à des déserts d'ennui, en particulier sur la valeur numérique des mots et racines d'hébreu... De longues citations littéraires de textes très variés de Bachelard à Kafka à Rabbi Nahman de Braslav, etc etc, ont égayé les concepts tout en les faisant s'égailler... (phrase qui aurait bien trouvé sa place dans l'essai, je suppose!)

Je sors le dos rompu de cette lecture, interrompue et reprise sans cesse tout au long d'une période de presque six mois, mais globalement convaincu par l'idée de fond: que les nœuds de l'âme sont d'abord des nœuds du langage; qu'il faut donc éclater le sens avant de le reconstruire - seule la lecture peut le permettre - , et que l'identité (mais ceci vient de Ricoeur) s'en trouve ainsi "libérée". Avoir eu un petit aperçu des "méthodes" pluriséculaires des kabbalistes révèle sans doute aux profanes l'étendue de leur incapacité à les saisir, d'où évidemment tant de fascination et d'angoisse chez les ignares...

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Le Cantique des cantiques. Sept lectures po..



Attribué sans doute fictivement à Salomon, le Cantique des Cantiques est un chant d'amour tour à tour poétique, mystique, sensuel, érotique. Ce texte est d'une telle richesse, d'une telle portée qu'on ne peut que saluer cette magnifique initiative des éditions Dianes de Selliers. En effet, cet ouvrage met en parallèle sept traductions du Cantique: la Biblia Hebraica, la septante grecque, la Néo-Vulgate latine, la version française de la Bible de Jérusalem, de Louis Segond, de Chouraqui et de Zadoc Khan.



La mise en page permet une lecture comparative aisée des sept versions, la version catholique de Jérusalem renvoie à la version protestante, à la version juive... et à d'autres encore... puisque les commentateurs convoquent également des traducteurs comme Henri Meschonnic, Renan, Erri de Luca, Lemaître de Sacy et jusqu'à Voltaire qui a lui aussi donné sa version personnelle du Cantique.



Dans un premier chapitre intitulé "Une poésie érotique religieuse", Jean-Christophe Saladin compare le Cantique avec des œuvres parfois inattendues : hymne à la nature de Lucrèce , poème de Roumi, lettre de Sainte Thérèse... J'avoue avoir eu un coup de cœur pour un extrait de l'épopée de Gilgamesh : on y retrouve l''évocation d'un amour

bucolique, sensuel, et lumineux aussi puissant que celui du Cantique.



Dans un deuxième chapitre remarquable Marc-Alain Ouaknin revient sur les enjeux de la traduction :



"La traduction est née de l'échec de la tour de Babel.

Jamais préhensible, jamais accessible pour les hommes qui voulaient atteindre et capturer le ciel, l'infini de Dieu, des personnes et des choses trouve sa source dans la multiplicité des regards, dans la polyphonie des voix, dans la multiplicité des langues, dans le passage de l'une à l'autre, non pour en réduire l'écart, mais pour souligner la beauté de perspectives différentes."



En dernier lieu, Marc-Alain Ouaknin explique le concept du "pardès" cher aux étudiants de la Torah, le jardin ou paradis du sens contenant les quatre niveaux d'interprétation de la Bible hébraïque. Le Pchat sens littéral traitant du monde sensible , le Rémez, le sens allusif, le Drach sens interprétatif et le Sod, le sens secret.



Dans un dernier chapitre "la danse des mots", l'auteur revient sur sept mots hébreux du Cantique et en compare les traductions. Les mots sont retranscrits en lettres latines, ce qui permet quand on ne sait pas déchiffrer l'alphabet hébreux d' apprécier la musicalité de cette langue originelle.

Le propos est étayé par les écrits de Lévinas, Rilke et de Nietzche. Érudition, poésie... On chemine à travers le mystère du cantique avec le sentiment d'être bien accompagné !



Le seul petit bémol de cette édition réside selon moi dans la première de couverture qui décline en sept versions un verset du cantique sur fond de ciel. Pour moi, cette illustration minimaliste peu attractive n'est pas à la hauteur du contenu de ce livre haut de gamme. Mais cela reste un détail et n'enlève rien à l'excellence du propos.

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Le Cantique des cantiques. Sept lectures po..

Un très beau livre, précieux par son contenu mais aussi son contenant. Quel beau texte, c’est probablement le plus beau des textes de la Bible car il parle d’amour. Cette édition se propose de donner les versions en grec, en hébreu, en latin et en quatre traductions différentes. Ce texte suscite les commentaires des plus grands exégètes au fil des siècles.

Cela permet de questionner les origines de ce texte, la compréhension que les hommes peuvent en avoir au fil du temps.



C’est un régal pour l’esprit, pour les yeux, c’est vraiment une superbe édition de qualité qui émerveille par son sérieux, son humanisme. Ce texte est magique car peu importe la traduction qui en est faite, il garde son caractère universel. C’est très intéressant de pouvoir comparer les traductions. Ce livre invite à la réflexion et il n’y a pas besoin d’être croyant ou pratiquant. Je suis tombée sous le charme et je suis ravie de l’avoir dans ma bibliothèque.



VERDICT



Une pure merveille à lire et à se faire offrir. Ca tombe bien c’est Noël. Rendez-vous dans votre librairie favorite et faites-vous plaisir.
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Les symboles du judaïsme

L'ouvrage est d'abord un beau livre d'images, de photos des objets rituels qui ont leur place dans la pratique de la religion juive : coupes, brûle-parfums, châles de prière, etc ... Ensuite, M. Ouaknin met sa plume au service d'une explication de la fonction de ces objets pour le grand public : leur sens, leurs fonctions, leur symbolique.
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Je suis le marin de tes yeux

Théologien, professeur en philosophie, mais aussi peintre et poète, Marc-Alain Ouaknin trouve dans la complémentarité de ces disciplines une source d'inspiration. Ce petit recueil a cela de sympathique qu'il se lit d'une traite et plait au regard par ses illustrations. Peintures et textes se font face, se marient, se répondent. Et c'est la femme et l'amour qu'elle inspire au poète qui viennent s'inscrire au centre du recueil. Poésie comme un chant parfois litanique, poésie du corps et des sens, en osmose avec la nature et le rêve. Une longue confidence amoureuse et heureuse.
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Mystères des chiffres

Une approche pas trop technique, bien iconographiée de la grande histoire des nombres, en abordant aussi bien les cotés historiques, scientifiques que mystiques. C'est très bien fait et le livre se lit bien.
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Je suis le marin de tes yeux

Je connaissais Marc-Alain Ouaknin comme spécialiste des religions, et plus particulièrement du judaïsme. Dans ce domaine il a démontré toute la pertinence de sa pensée. Mais je viens de découvrir qu'il est aussi poète. Ce recueil de poèmes d'amour est, pour moi, un vrai "bijou" que j'ai lu avec grand plaisir. Le désir, la tendresse, l'élan vers l'autre sont admirablement rendus dans ces textes. L'écriture est fluide, sans obscurité et... poétique. Ce livre (de format inhabituel) est agrémenté par d'agréables illustrations. Croyez-moi: Ouaknin est un auteur à découvrir.
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La Genèse de la Genèse, illustrée par l'abstraction

Quel beau livre!

D'abord, un livre d'art mettant en valeur 50 reproductions d'oeuvres abstraites.

Ensuite, une mise en regard avec une nouvelle traduction de la Genèse par Marc Alain Ouaknin. Celui-ci a cherché à conserver la poésie et le rythme du texte araméen (ou hébreu), ce qui donne des versets courts, un peu pour vous donner une idée visuelle, comme des haïkus. Pour les amateurs, il explique ses choix de traduction et compare aux grandes traductions passées (Segond, Chouraqui...).

Il ya eu un travail remarquable de choix des oeuvres, et très souvent la correspondance est évidente.

Livre à feuilleter , au minimum.

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Mystères de la kabbale

Bon ouvrage de "vulgarisation" de la Kabbale Hébraïque.

L'auteur nous expose une vision globale.

Excellent pour une entrée en matière!
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Bibliothérapie : Lire, c'est guérir

Un auteur d'une culture immense.
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