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Critiques de Marc-Alfred Pellerin (12)
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L'Alerce

Lire L'alerce, c'est s'immerger dans les contrées boisées de la lointaine Cordillère chilienne et partager la vie âpre des bûcherons sur les chantiers de coupe.

Des chantiers difficiles où les volontaires, amenés à vivre ensemble, ont des rapports compliqués empreints de jalousie, de méfiance, de peur, qui les rendent agressifs, brutaux.



Lorsqu'Isabel, la femme de l'instituteur, décide de s'enfuir de Valenzual avec le tourne-bille de la scierie, elle sait qu'elle va se trouver confrontée à ces hommes rudes, car se faire embaucher sur ces chantiers dangereux est le seul moyen pour eux d'espérer échapper aux recherches tout en se faisant un peu d'argent.

Un milieu où règne aussi la corruption qui se nourrit de l'exploitation illégale des forêts et des abattages interdits.



La narration essentiellement descriptive et la rareté des dialogues contribuent à un silence lourd de sens dans lequel les hommes se toisent, se jaugent, s'épient plus qu'ils ne se parlent.

Un silence dans lequel ils s'entr'aident également, attentifs au moindre danger.

Dans cette nature belle et hostile, les animaux ne sont pas épargnés qui doivent prendre leur part de travail, tels les chevaux ou les boeufs chargés de tirer les grumes des arbres abattus.

Une histoire d'amour brut qui s'enracine dans l'adversité et la sueur des hommes.



Une lecture fascinante.
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L'Alerce

Merci à Babelio et aux Éditions "La chambre d'échos" pour cet envoi.

Le titre est intriguant, même si pour un début d'explication, l'image d'un arbre est dur la couverture du livre. En fait "Alerce" veut dire cyprès en espagnol sud-américain . On le trouve entre autre sur les contreforts andins du Chili austral.

Dans ce roman, on va être immergé au milieu de la forêt dans un microcosme, où l'on va retrouver bien des métiers différents afin de construire des baraquements. Les premiers embauchés pour le chantier seront les bûcherons qui tiennent une part importante pour cette construction. On trouvera également des bouviers, des charpentiers, des cuisiniers ...

Un récit narratif où va se mêler la jalousie, l'adultère, la vengeance, l'amour et un assassinat. Donc une histoire très dense où il se passe bien des choses.

Un bûcheron et une femme de la haute bourgeoisie s'enfuient ensemble. Lui sera embauché sur le chantier.

Cette histoire nous raconte le quotidien de cet homme et de cette femme, ainsi que celui du chantier.

Les différents personnages ainsi que la nature environnante sont superbement décrits.

Un livre et un récit qui nous dépaysent complètement.

Une belle lecture qui donne envie de lire d'autres livres de cet auteur.

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Inokenti

Un pays qui n'a plus de nom ...

Un pays où il n'y a que des fascistes et des Yakoutes avec les baleiniers qui viennent prélever leurs quotas ....

Un pays où il y a des orages sans tonnerre, sans nuage et sans vent mais avec la foudre qui frappe ...

Un pays où l'on se retrouve nommé médecin parce qu'il n'y en avait pas !



Et il y a Inokenti, un enfant innocent, qui a vu partir son père à la guerre, qui a été exilé avec sa famille tout au nord, qui a appris à survivre en vivant à l'économie.

Cet enfant a réussi par des hasards singuliers à trouver à chaque fois, un protecteur, un guide et a alimenté son esprit avec son propre jeu créé pour occuper ses rêves et représenter sa nouvelle famille.



Un roman singulier, une écriture forte, brute comme cette nature et ses éléments qui nous sont décrits avec une précision et une poésie sensuelles.

Ma découverte de cet auteur est venue autour d'une masse critique, il me reste à découvrir ses romans noirs des années 1990 ... ce sera chose faite, dès que j'aurais pu mettre la main sur eux !
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La Pente

Marc Alfred Pellerin, un auteur à découvrir.

Une trilogie normande, au hasard de mes trouvailles, deuxième épisode, pas forcément dans l’ordre, mais cela importe peu.

Roman mis au rebut par la bibliothèque municipale de Caluire et Cuire, collection série noire, édité en 1998, pas si vieux que ça et pourtant les pages sont bien jaunes et sentent le vieux !

Un plongeon dans la France rurale profonde, la Normandie.

Une description sensible, percutante de ce qu’était la province hier encore.

Des lieux détaillés au plus prêt, on sent la terre, les feuilles décomposées, les vaches dans leurs granges, le fumier au bout du terrain et l’humidité partout.

Des personnages d’un autre temps, laissés de côté par la vie, collés à leur terre et à leurs petites habitudes. Ils sont décrits avec beaucoup de finesse et de sentiments pour que l’on comprenne bien comment ils sont arrivés au bout de leur destin, un destin qu’ils n’ont pas choisi mais plutôt subi.

Une intrigue simple qui a au bout de la logique de l’air du temps, le profit encore et toujours comme objectif.

Une écriture qui s’adapte à ce qu’elle décrit, parfois poétique quand elle évoque une atmosphère, parfois ironique quand il s’agit de relater les faits, parfois simpliste quand elle fait parler des individus frustes.

Un roman que l’on prend un grand plaisir à lire et qui réveille la nostalgie d’un temps passé dont on a été les témoins passifs.
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L'Alerce

Une masse critique comme une autre, des petites croix dans des petites cases ... un voyage au cœur de l'Amérique centrale, un livre parlant du chili, "un monde ténébreux et sauvage évoqué avec un réalisme saisissant" voilà comment on craque pour un auteur inconnu : Marc Alfred Pellerin. "Avant d'écrire, il a été journaliste, marchand de vélo, éleveur de sanglier, gestionnaire de forêts et surtout voyageur.", portrait étonnant d'un individu dont la vie est sortie des chemins convenus, voilà les circonstances qui m'ont amenée à découvrir un titre de ce Monsieur.

L'alerce ? Mystère ?

Fitzroya est un genre de la famille des cyprès (pour faire simple) qui ne comprend qu'une seule espèce, le Fitzroya cupressoides natif des montagnes andines du Chili central et des régions adjacentes d'Argentine. Alerce, est le nom de cet arbre en espagnol sud-américain).

Il y a beaucoup de choses dans ce texte,

Un roman policier .. qui est le "meurtrier" de ces corps abandonnés ? ....

Un roman d'amour .... un coup de foudre qui réunit un homme du peuple et une bourgeoise ...

Une chevauchée épique dans une forêt primaire qui souffre d'un massacre écologique annoncé par le Dieu fric ....

Le tout dans un style époustouflant, travaillé jusqu'à l'épure avec une précision chirurgicale jamais pesante ....

Quelle belle découverte !

Il me reste à rechercher l'un des titres de ce Monsieur, écrits dans la série noire ...
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L'Alerce

La chicha ou l’ivresse des fûts.

Le cyprès (ou « alerce » en castillan) pouvant dépasser les 50 mètres de hauteur et les 2 500 ans en longévité encense les forêts tempérées des Andes australes.

A Valenzual, au sud du Chili, Isabel Von Hamm, femme altière, déliée, incarnée : « quel cou, quelle poitrine, quelle taille, quelle croupe, quelles jambes ! Et cette chevelure noire, sauvage, débordante ! » se rend à la scierie pour une commande de planches. Son passage sème le trouble et embrase les désirs. Le chef d’équipe, artiste des grumes, tourne-bille expert, demande son solde le jour même. Isabel le rejoint, quitte son foyer, son mari, ses cinq grands enfants, sa situation aisée. S., « prononcé essé dans la langue nationale » et Isabel chevauchent de concert et s’enfoncent dans les solitudes andines. Un chantier de coupe et de débardage s’est installé dans le massif forestier du Ventisquero, « un relief cisaillé par des gorges rocheuses ». S. s’y rend en qualité de bûcheron. Entretemps, le carabinier Zakosek et son ordonnance Mariano sont sur la piste du couple fugueur car outre le cocufiage public d’un notable, le stagiaire de la scierie de Valenzual a été retrouvé mort, noyé et déchiqueté dans le lit du Rio Blanco le même jour que la disparition d’Isabel et le départ du tourne-bille. Un jour, pourtant, acculé, il faudra bien que S. se confronte à l’alerce, ce géant d’orgueil, emblème du parc national chilien.

Peu de dialogues n’avivent un récit essentiellement descriptif, ancré dans le présent de narration. La psychologie et le physique des personnages ne sont qu’effleurés. S., insondable bûcheron métis, n’est connu que par une initiale. Le lecteur ignore son passé, ses motivations, ses désirs. Le couple improbable formé avec Isabel, héritière cultivée, n’expose jamais son histoire, son repentir ou ses motivations. Tout est donné à voir dans le déroulement d’une vie fruste et âpre, dans une nature vierge que les hommes mettent en coupe réglée. La mise en place de la scierie rudimentaire en plein massif forestier avec l’émergence des baraquements et la constitution d’une micro société faite de bouviers, bûcherons, cuisinier, chauffeur, charpentier est fascinante. Marc-Alfred Pellerin fait sentir les rapports entre les hommes, les mouvements d’humeur, de jalousie et d’envie, les peurs refoulées et les craintes expirées, les liens posés sur des apparences, les élans jetés dans l’effroi des solitudes andines.

Roman posthume paru en 2013, L’Alerce témoigne de l’intérêt de l’auteur pour les contrées boisées et sauvages, qu’elles soient canadiennes, russes ou chiliennes. Ses romans jalonnent ses pérégrinations. Du terroir normand au Chili austral en passant par la Yakoutie en Sibérie orientale ou par le Québec, l’auteur a géré une forêt dans le Perche et fait des voyages d’étude dont il a extrait des livres tels La Bourde (1996) se déroulant dans le bocage mayennais ou Inokenti (2004) avec la course de l’enfant innocent dans la taïga. Auteur somme toute confidentiel, Marc-Alfred Pellerin travaille son écriture à l’os et pose des phrases incisives avec un regard acéré. Le découvrir et le relire demeurent un plaisir constant que le temps érosif n’entame pas.

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N'oublie pas d'avoir peur

Départ pour la république de Sakha-Yakoutie ?

La République de Sakha aussi appelée Yakoutie ou Iakoutie, est située dans le Nord-Est de la Sibérie. (1).

On y rencontre tant de monde, des Iakoutes (ou Yakoutes), qui se nomment eux-mêmes Sakha bien sûr mais aussi des Nanaïs qui parlent le nanaï (2), des kharchis (?), des Caucasiens, des Tchétchènes et que sais je encore de cette partie oubliée de l’ex URSS devenue la grande (?, !) Russie.

Mais toutes ces rencontres ne font pas nécessairement une bonne histoire et ces pseudos négociations pour réussir à obtenir la concession exclusive des ressources pétrolières m’ont laissée m’égarer dans ce lieu si peu hospitalier, ça c’était pour l’intrigue.

Concernant le style, l’écriture est minimum, sèche, des mots brutaux décrivent des actions brutales comme un synopsis de film d’action quelconque.

Je ne cherche pas dans la lecture d’un livre, la transcription de ce qui pourrait se passer sur grand ou petit écran, je recherche un peu de profondeur et me voici bien déçue !









(1)

Avec une superficie d'un peu plus de trois millions de kilomètres carrés, elle représente près du cinquième de l'ensemble du territoire russe. Un climat particulièrement froid (température moyenne de −40 °C en janvier dans la capitale régionale Iakoutsk) et l'éloignement des grands centres de peuplement ont limité son développement. La région a une population de 959 689 habitants (en 2016) concentrée en majorité dans les quelques centres urbains existants. Jusqu'aux années 1930, la Iakoutie est restée peuplée essentiellement par les peuples indigènes, en majorité des Iakoutes, pratiquant l'élevage. La mise en exploitation de mines d’or, puis, après la seconde guerre mondiale, de mines de diamant et de charbon ont entraîné l'afflux de nombreux travailleurs russes attirés par les salaires élevés destinés à compenser la difficulté des conditions de travail. La dislocation de l’Union soviétique et la crise économique qui s'est ensuivie ont entraîné le reflux de nombreux émigrants, mais également des désirs d'autonomie de la part du gouvernement régional iakoute. Comme pour d'autres régions, une reprise en main a été opérée par le pouvoir central russe sous la conduite de Poutine. La région se classe au 3e rang en Russie pour l'importance de ses réserves de matières premières (surtout gaz, charbon), mais leur exploitation est rendue difficile par le climat (froid extrême, pergélisol) et l'éloignement des centres de consommation. L'économie de la République est aujourd'hui fortement tributaire de ses ressources minières : les diamants bruts et taillés représentent une part prépondérante des exportations de la République de Sakha (84 %) devant le charbon (15 %) et l'or. Le PIB par habitant est élevé (66 % supérieur au PIB moyen russe en 2004), mais le coût de la vie l'est également, car une grande partie des produits de consommation doivent être importés à grands frais de régions éloignées.



(2)

Le nanaï est une langue toungouse parlée en Russie sibérienne, dans les kraïs de Khabarovsk, du Primorie, ainsi que dans l'oblast de Sakhaline. La langue est aussi parlée en Chine, où vivent 1 500 Hezhen. Au recensement de 1979, 55,8 % des 10 500 Nanaïs de Russie parlaient leur langue.
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La Bourde

Un livre d'occasion, publié en septembre 1996, un livre de la bibliothèque municipale d'Etampes, la fiche de prêt est encore à l'intérieur, ... aucun nom, sans aucun doute le livre n'a pas rencontré son public à Étampes !

Une plongée dans la France profonde, celle des campagnes, des forêts, des cabanes d'un autre temps. On vit comme on vit avec pas grand chose mais au milieu de Dame nature, celle qui donne de quoi vivre à ceux qui savent écouter, qui donne peut être pas grand chose mais dans ce monde là, on sait se servir, on s'arrange avec des petites combines.

Il y a bien sur, les gens du cru qui le plus souvent, se prennent la langue dans les mots de plus de deux syllabes, qui ne peuvent pas regarder un peu au delà de l'horizon.

Il y a bien sur aussi, les autres, ceux qui arrivent là parce qu'ils ne peuvent plus vivre ailleurs, ceux qui jamais ne feront partie du paysage, toujours décalés.

Venez partager le quotidien de tous ces personnages truculents.

Osez découvrir ce livre, c'est très bien écrit, le scénario est impeccable, les personnages bien campés et puis vous irez de surprise en surprise comme ce repas avec de fines rondelles grillées de testicule de cerf débarrassée de sa peau !
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La Pente

A Meliville, petit patelin perdu dans le bocage normand, il s'en passe de belles. Deux hurluberlus repeignent un troupeau de vaches laitières à la peinture fluo avant d'abandonner une citerne en pleine nuit au milieu de la route, juste après un virage dangereux. Le résultat ne se fait pas attendre. Gérard Dagil, le clerc de notaire du village, au volant de sa voiture, percute l'obstacle inattendu et meurt des suites de cet accident idiot. Marie, la pharmacienne voisine et amie de Dagil décide de mener l'enquête. Mais avec les taiseux du bocage et dans le contexte de la rivalité entre les Germain et les Turquin, sans oublier de louches tractations pour implanter une exploitation gravière dans la vallée, la tâche va se révéler moins aisée que prévue...

Un polar ou thriller campagnard assez difficilement classable. Très travaillé au niveau du style qui se veut au plus proche du langage parlé de ces paysans aussi secrets que lourdingues et très proches de la caricature assez méchante du monde rural. Ce n'est néanmoins pas trop désagréable à lire avec toutes ces déformations patoisantes bien que Pellerin en arrive à retranscrire les dialogues à la manière d'un livret de théâtre ou d'opéra, ce qui donne une présentation sans grand intérêt. L'intrigue est relativement simple, l'enquête basique voire inconsistante, l'auteur se focalisant plus sur l'ambiance rurale ce qui donne un ensemble assez médiocre au bout du compte. Une solution peu convaincante étant proposée en toute fin d'ouvrage. N'est pas ADG qui veut...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Inokenti

Passé le tir groupé de trois romans soufflants parus chez Gallimard en Série noire (La Pelouze [1995], La Bourde [1996], La Pente [1998]), cela faisait longtemps que je n’avais pas eu le bonjour de Marc-Alfred. Pellerin en Yakoutie, cela va de soi. Il sait de quoi il cause. Il y est allé plusieurs fois en repérage. Cette république de Sibérie de plus de trois millions de kilomètres carrés, montagneuse, couverte à 70 % de forêt, ne dépasse pas le million d’habitants. La nature est omniprésente. L’homme n’y fait pas la loi : « On est arrivé. On pourrait presque sentir peser le ciel ». Cette phrase débute le dernier roman de Marc-Alfred Pellerin, Inokenti et pose bien le décor. Le dépaysement des familles déplacées en Sibérie est au-delà de l’imaginable : « Pas même un aboiement pour faire barrière à l’immensité, rassurer le sommeil ». Déplacés et déportés se côtoient dans une prison sans limite. Inokenti, enfant iakoute, frappé et assommé par la foudre, « ressuscite » à l’infirmerie. Ses protecteurs et précepteurs, le médecin polonais et le Lithuanien fou, meurent. L’enfant s’enfuit seul, dans la toundra, plein sud, avec la faim et le froid aux talons. Les phrases courtes, ramassées, incisives, percutent sans cesse le lecteur qui dévore avidement les œufs, les myrtilles, les champignons à mesure qu’Inokenti avance. Le pouvoir évocateur des mots est lancinant ; il étourdit comme une danse chamanique. M.-A. Pellerin décrit des faits, des gestes et des actes sans s’immiscer à l’intérieur des personnages. Le lecteur subit le déroulement de l’histoire de plein fouet et ne peut anticiper ce qui va advenir. Ainsi, les surprises restent de taille, brutes de décoffrage et le décoiffage, brutal lui aussi. La rencontre avec le clan nomade des Hommes sans Gardiens, la fuite panique des rennes sauvages scandent admirablement une errance presque surhumaine. On ne peut jamais vraiment relâcher l’attention, s’assoupir au détour d’une phrase. La toundra durcie par les premiers givres déchiquette les jambes. Atteindre le pin solitaire et rabougri, sentinelle en avant-garde de la taïga, c’est retrouver la forêt providentielle et une chance de survie. Inokenti, l’enfant innocent, réussit le miracle d’exister dans un monde qui confine à la démence. Les Hommes sans Gardiens sont hantés par les esprits. Korneï, le soldat déserteur affole sont entourage avec son esprit vacillant. Korneï et Inokenti font faire alliance comme un maître avec son chien et s’adapter à l’hiver sibérien de tous les extrêmes. Plus tard, Inokenti est repris par les Russes. Le commandant du camp accepte un duel avec Inokenti ; celui-ci va jouer sa liberté dans un jeu de stratégie de son invention. Le jeune garçon iakoute de huit ans n’est peut-être presque rien dans la démesure des paysages sibériens mais il porte en lui tous les espoirs informulés et tous les rêves inachevés du monde. « Hommes, les hommes, cette race à la jointure du crime et du pardon… sublime au ras de la ténèbre… » [Jacques Audiberti, Poésies, 1934-1943].
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La Bourde

Pellerin voyageur

Relire une œuvre haletante et appréciée en son temps est un exercice périlleux tant l’époque marque l’esprit et oriente le regard différemment. Dévoré à sa sortie en octobre 1996, « La bourde » est à nouveau un émerveillement à chaque page. Le style et l’histoire, marquants à l’époque, laissent aujourd’hui place à un récit âpre, tendu, fouaillant et mettant en lumière la sombre vie de François Rotrou, connu sous le sobriquet du Lièvre, en raison de sa difformité à la bouche. Braconnier taiseux, solitaire, jugé idiot et débile, Le Lièvre comprend la forêt et les animaux comme nul autre. Il sait où gîte le grand cerf que tous les chasseurs du coin rêvent d’abattre. Puis il y a le traquenard ourdi par les gens du cru à l’encontre de l’« écologisque », un photographe animalier, Urbain Meynard. C’est d’ailleurs l’entame de ce roman noir sans concession. Trois cagoulés l’ont piégé mais le fougueux naturaliste se défend. Un coup de fusil le foudroie. Il s’agit maintenant de faire porter le chapeau au Lièvre et les sinistres quidams savent s’y prendre. La chasse à l’homme va pouvoir commencer avec fusil à lunette, amplificateur de sons et visière infrarouge. Le Lièvre a une meute de gendarmes, gardes chasse et chasseurs aux trousses et quelques uns sont particulièrement mal intentionnés.

Marc-Alfred Pellerin (1936-2009) a réalisé un beau tir groupé en publiant chez Gallimard, en Série noire, La pelouze (1995), La bourde (1996) et La pente (1998), presque une trilogie. Même si les histoires ne se suivent pas, l’atmosphère, les personnages puisés chez les petites gens, les culs terreux, les déshérités, le style oral travaillé au plus près d’une pensée brute, sans paravent, les combines minables, les égoïsmes au ras des mottes, les fins tragiques, l’ensemble dessine une cartographie et une cosmogonie captivantes. Il y a aussi ce que le lecteur peut voir en filigrane, la précision du regard porté sur l’humanité et sur la nature. Le vécu de l’auteur transparaît à travers des remarques naturalistes sans défaut. Hormis le cerf mythique et les chiens muets du Lièvre, tout sonne juste : « Il y a dans les bois, comme ça, des moments de grande attente. Et puis, soudain, allez savoir, tout bouge en même temps ». Dans son roman, tout remue mais Marc-Alfred Pellerin tient la baguette d’une main de maître, orchestrant une chasse qu’il sertit dans une vision. Ainsi du Lièvre fasciné par le feu : « Il pouvait passer des heures à regarder, à écouter le feu. C’était comme une histoire, avec des attentes, des surprises, des emballements, des écroulements ». Simplement, en passant, l’auteur vient de filer la métaphore, celle de l’amour et de la vie.
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La Pelouze

Polar écolo avec un sujet d'actualité!

Roman court sentant bien la France campagnarde, à l'intrigue simple mais à la fin un peu tordue.

Un excellent moment de détente et de joie simple à faire partager
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