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Critiques de Marc Graciano (71)
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Enfant-pluie

Un conte où l'on voyage dans des vallées lointaines, aux couleurs d'argile et de silex, à travers grottes, cavernes, bois et forêts. Je rejoins la critique de Moglug : l'initiation de l'enfant-pluie nous laisse une empreinte de sérénité.



Au fil des pages, des peintures avec les mots, des illustrations de Laurent Graciano, les nuances de l'aube et de l'aurore préhistorique. Des paysages magnifiques.



Alors j'étais loin, vraiment loin des civilisations, loin des brouhahas du monde contemporain, loin de sa complexité.



J'étais près d'un peuple, qui vit avec d'autres peuples, au temps où la marche est longue et pleine d'aventure avant de se rencontrer. Où la marche est rythmée par les saisons, les pluies et les éclaircis. Où les animaux et la nature sont encore sacrés.



Celle-qui-sait-les-herbes le sait bien.



« Des paroles simples, mais authentiques et sincères ». L'empreinte de l'homme minuscule face à la nature et ses « signes » comme des mystères acceptés. Pas d'explication, pas de leçon de morale dans ce conte. Juste ce cheminement et l'acceptation de ce qui nous entoure, ce que nous comprenons et nous ne comprenons pas.



Tout cela, dans les yeux de l'enfant-pluie qui chemine.



Contemplation et rites de passage. Harmonie et authenticité qui, je pense, nous manque parfois dans ce nouveau monde moderne. Le petit clin d’œil que m'a fait ce livre est de me rappeler que non ce n'est pas l'Homme qui créa Notre-mère-la terre, orgueilleux que nous sommes ! Mais cela n'engage que ma lecture et pas forcément l'objectif de l'auteur.



Bien contente d'avoir pris une pause avec l'enfant-pluie :)

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Johanne

J'avais été aimantée par la puissance évocatrice de cette couverture (immense bravo à l'artiste) et curieuse de ce regard littéraire sur Jeanne d'arc.



Malheureusement grosse désillusion à la lecture, épuisée par le flux et le martèlement des virgules je n'ai absolument pas pu me laisser porter l'écriture de l'auteur, impossible pour moi de me concentrer sur une phrase de 60 pages. J'ai trop besoin de voir la page rythmée par des points !

J'abandonne donc mais curieuse d'avoir découvert Marc Graciano, auteur atypique et je garde dans mon cœur ce portrait puissant de la couverture.
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Johanne

En treize tableaux (de l'enfance à Chinon), Marc Graciano exhume le destin étrange et aventureux (voire controversé) de Jeanne la pucelle et de ceux qui l'ont suivie, galvanisés par les discours de cette jeune paysanne qui affirmait avoir été choisie par Dieu pour libérer la France du joug anglais. Un livre qui ne ressemble pas à ce qui a été fait sur Jeanne D'Arc et qui interpelle au fond des tripes. Un ouvrage qui fait jaillir autant l'incandescence de la violence d'une époque que sa crédulité et sa piété.
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Embrasse l'ours

J’avais beaucoup aimé le livre de Marc Graciano, Liberté dans la montagne que j’ai lu il y a déjà cinq ans.

Avec Embrasse l’Ours, c’est un plaisir de retrouver cette langue si particulière et poétique, ces tournures de phrases proches de l’Ancien Français mais en même temps si personnelles, ce vocabulaire riche d’un auteur qui aime les mots, qui s’en délecte, des mots rares évoquant une civilisation lointaine, éteinte. Et puis, bien sûr, il y a ce récit qui se situe au Moyen-âge avec pourtant quelque chose d’intemporel que l’on retrouve dans les légendes et les contes oraux traditionnels.

Embrasse l’ours, est l’histoire d’un ourson adopté par des oursaliers quand sa mère est tuée par les chasseurs et qui devient le frère de lait d’une petite fille, une histoire d’amour entre la bête qui se considère comme humaine et sa « soeur », devenue une belle jeune fille passionnée, farouche et ardente. L’histoire semble s’inspirer de ces légendes propres aux pays de hautes montagnes (je pense à un conte pyrénéen que je connais, entre autres), légendes qui racontent l’union forcée ou consentie d’une femme avec un ours, celui-ci incarnant la sexualité brute et la force de la nature. Quoi qu’il en soit, notre pauvre ours gentil, couard, plutôt comique, qui refuse son statut d’ours et sait allumer un feu, concocter de bonnes soupes aux herbes sauvages, est loin de cette représentation. Il introduit une note d’humour dans cette histoire violente dans laquelle la nature et les hommes ne font pas bon ménage et où les humains détiennent la palme de la cruauté. Il nous renvoie à un monde mythologique où l’homme et l’animal vivaient côté à côte mais sur un pied d'égalité et "mêmement"* il nous rappelle qu'il est dangereux et cruel d'humaniser un animal comme le pauvre ours de notre histoire et comme le fut le singe Nim à qui l'on a appris à parler par signes et à se comporter comme un humain.

Et plus près de nous, il évoque les recherches scientifiques des zoologues sur le comportement et l’intelligence animales. Carl Safina dont le livre Qu’est-ce que fait sourire les animaux? démontre que la différence entre l’animal et l’humain n’est pas si grande.

Peut-on y voir aussi la volonté de l’auteur de prendre parti dans ce combat que mènent, à l’heure actuelle, les éleveurs des zones montagnardes contre la réintroduction de l’ours qui détruit leur troupeau? C'est ce que semble dire - mais je n'affirmerais rien quand il s'agit de Marc Graciano - la suite du titre en deux parties : Embrasse l'ours et porte-le dans la montagne.

Un beau livre ! J’avoue avoir eu un petit moment de flottement au début pour entrer dans le roman. Je suis un peu déboussolée quand je m'aventure dans un livre de Marc Graciano parce que je sais jamais où je suis exactement ! Mais le style envoûtant de l’écrivain et l’acception d’être transportée dans un conte malgré le réalisme apparent du récit, l’ont emporté.
Lien : https://claudialucia-malibra..
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Le Sacret

Nous sommes à l’époque médiévale, un jeune garçon apporte à l’autourserie du château, un oiseau de proie blessé. L’autoursier, après un examen, donne son verdict. L’oiseau a été blessé sûrement pendant une partie de chasse et a perdu une rémige ce qui l’empêche de se stabiliser pendant les vols stationnaires.

Petit-à-petit, l’oiseau et le jeune garçon s’apprivoisent et, ensemble, ils vont participer à une partie de chasse à l’autour, avec tout le tralala seigneurial.

Un fil très simple. Ce n’est pas là que réside le talent de Marc Garciano, mais dans son écriture dans ses tournures de phrases. Je devrais dire de la phrase. Oui, ce livre très court n’est qu’une seule phrase. J’ai mis plusieurs pages avant de m’en apercevoir car le style de l’auteur m’a pris dans ses rets. J’ai aimé la précision du langage (j’ai dû chercher certains termes dans mon dictionnaire), sa poésie, sa façon de poser les mots, la sensualité qui en émane. Marc Graciano utilise des mots anciens, les fait revivre avec simplicité. « C’était un oiseau au ventre blanc avec beaucoup d’aiglures », « oiseau éclamé » « le garçon enleva son bliaud » « Il jeta le chainse sur l’oiseau »

Oui, dans ce court récit, presqu’un conte, il n’y a pas de points, seulement des virgules suivi du mot et. Pourtant ce texte n’a rien de lourd, je ne m’y suis pas perdue.

La naissance de la vocation d’autoursier du garçon est expliquée avec précision. L’auteur connait le déroulement d’une chasse à l’autour, c’est précis, ciselé, un livre à raconter à voix haute pour en magnifier le rythme.

Si vous voulez un livre hors des sentiers battus, n’hésitez pas, c’est beau et bien écrit.

Très curieuse de lire les livres précédents de Marc Graciano

Superbe


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Une forêt profonde et bleue

Le personnage principal de la fille, que l’auteur ne nommera jamais autrement au cours des 204 pages du récit, est en chasse. Elle traque, elle recherche un ennemi inconnu au fil de ces longues phrases descriptives dans les profondeurs d’une vaste forêt. Voilà en quelques mots l’historiette que nous propose Marc Graciano dans son deuxième roman publié aux Éditions Corti. De fait, bien que l’éditeur catégorise cet ouvrage littéraire sous le nom de roman, il est difficile de le considérer comme tel tant sa structure et son propos diffèrent du schéma du roman traditionnel, si tant qu’il en existe un. En effet, chaque chapitre, dont certains peuvent s’étaler sur plusieurs pages, ne se composent que d’une seule et unique phrase. Le procédé rappelle Zone de Mathias Enard ou encore les maîtres de l’OuLiPo dont la maîtrise de la langue leur permet de faire de la littérature un terrain de jeu.



Ces longues phrases descriptives suivent le mouvement de la fille et de ses leudes, des guerriers ayant prêté serment de féodalité à un roi, et ne font presque pas avancer le récit. Ce premier chapitre, cité en exergue, est suivi par une longue succession de phrases chapitrales qui décrivent avec une rigueur incroyable la fille, ses guerriers, leurs chevaux et le chien qui les accompagne. Le deuxième chapitre s’ouvre de la manière suivante : « La fille était de taille moyenne et elle était fluette… ». Le cinquième commence ainsi : « Hormis la cape de fourrure qui était de facture récente et encore neuve, les vêtements de la fille… ». Et le neuvième : « La fille chevauchait à la tête d’un groupe de cinq guerriers qui tous l’idolâtraient… ». Ce n’est donc qu’au neuvième chapitre, soit à la page 15, que l’auteur met en scène des personnages supplémentaires. Quinze pages ont été consacrées à la description minutieuse de cette fille dont, soit dit en passant, on ne connaît presque rien.



Ce maniement de la répétition permanent est un procédé incongru. Il permet néanmoins au lecteur d’avancer un pas feutré après l’autre dans le récit, il en mesure la poésie qui se dégage des mots et se retrouve projeté dans la forêt profonde et bleue, cet espace-temps situé en dehors de toute connaissance humaine. Le roman se poursuit ainsi, au fil de leur chevauchée, jusqu’à ce qu’ils bivouaquent et fassent la rencontre d’un groupe de soldats, « une troupe de cavaliers qui allaient d’un air pressé ». L’affrontement qui s’ensuit laissera la fille comme seule survivante, devant faire face à la cruauté de ces tortionnaires et devant survivre dans les profondeurs de la forêt.



Ce récit offre au lecteur la possibilité de suivre une petite histoire, ce que l’on pourrait même définir comme une historiette, un « court récit écrit ou oral, vrai ou faux, souvent plaisant, sans grande importance ». Il me semble que c’est dans cette définition que se trouve la nature de ce récit. En fin de compte, et même si cela déstabilise au premier abord, peu importe l’absence de motivation des personnages, peu importe que le roman ne permette pas de suivre une aventure particulière. Tout est avalé par l’environnement sauvage de la forêt et l’être humain recouvre lui aussi sa nature animale. Ce n’est que dans sa fuite que la fille rencontrera un véritable être humain, un ermite. Cet homme, défiguré par la maladie et exilé de ses pairs, n’est plus un être humain au sens social du terme : il a été exilé, ou il s’est exilé lui-même, de la société dans laquelle il vivait. C’est une figure de l’altérité qui s’oppose aux violents cavaliers, aux leudes et à la fille.



Une forêt profonde et bleue fait partie de ces objets littéraires difficilement identifiables, à la frontière du roman et de quelque chose d’autre. Comme je l’ai présenté au fil des paragraphes précédents, l’écriture travaillée par Marc Graciano est tout sauf naturelle. Elle établit une différenciation entre le lecteur et sa réalité première, posant ainsi la question du genre littéraire. En effet, certains termes utilisés renvoient directement à l’époque du Moyen-Âge : les leudes sont des guerriers de l’époque mérovingienne, les scramasaxes qu’ils manient sont des glaives dont le nom n’est guère plus utilisé que par les archéologues, et le mège, le médecin médiocre qui s’occupe de la fille, est un terme très peu fréquent. Cette accumulation de termes inconnus renvoie le lecteur dans un monde qu’il ne connaît pas et dont il lui faut reconstruire les aspects. Dès lors, s’agit-il d’un roman historique, où lecteur et personnages partagent les mêmes connaissances du monde qui les entourent, ou d’un roman de fantasy, ou le lecteur se doit de construire mentalement une histoire, une géographie et un lexique du monde qu’il découvre. La frontière est poreuse, et Marc Graciano plonge le lecteur dans l’une des vastes forêts européennes des temps anciens pour l’introduire à un monde autre, celui de la sauvagerie animale de l’être humain.
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Le Tombeau

Jeanne d'Arc, figure récurrente dans l'oeuvre de l'auteur, revient avec « le Tombeau » et son vieil ermite confesseur.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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Le Tombeau

Ce n’est pas parce que Jeanne d’Arc (1412-1431) fait l’objet de récupérations pénibles que sa figure et sa légende doivent être reléguées. Loin d’alimenter le mythe national de Jeanne d’Arc, Marc Graciano en restitue le potentiel magique et simple, donnant à voir dans la langue un Moyen Age tout entier marqué par des croyances, des gestes et une pensée de la terre et du ciel : époque qui nous reste assez étrangère, mais qui, lorsqu’on nous y conduit, fascine par sa lenteur, sa brièveté, son rythme et sa spiritualité.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le Charivari

Vrai-faux jour des fous sous le château fondateur, et rappel subreptice d’un ordre social et politique toujours omniprésent – dans la langue englobante et quasiment totale du Moyen Âge intemporel de Marc Graciano.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/19/note-de-lecture-le-charivari-marc-graciano/



D’abord, au démarrage de cette immense phrase aussi panoramique que désireuse d’épouser chaque détail qui se présentera à la vue, il faudra parcourir le château (celui-là même dont on avait aperçu une dépendance bien spécifique, celle où l’on prenait soin des différents faucons du seigneur, dans « Le Sacret »).



Dès l’amorce : « D’abord il y eut le charivari et le charivari venait du bas-village et il remontait vers le château, et le château avait été édifié au sommet d’un coteau calcaire terminé d’un crêt peu haut auquel l’arrière du château s’adossait ». De manière aussi insidieuse que lorsqu’il s’agissait, officiellement, de l’art d’élever les oiseaux de proie pour la chasse, la description du charivari sera sociale et politique, sans que jamais Marc Graciano n’évoque ces mots autrement que par pur implicite : même la transgression sociale qu’implique le Jour des Fous sous sa forme « locale » procèdera comme en descente de chez le Maître du Château.



Publié en 2022 aux éditions Le Cadran Ligné, « Le Charivari » appartient au même vaste ensemble en cours d’écriture et de construction qui comprend aussi, déjà, « Le Sacret » (2018), « Le Soufi » (2020) et désormais « La Nacelle / L’Oiseleur » (2024). Il doit en constituer la pierre fondatrice, celle où les lieux déterminants de l’enfance, à savoir le château, ses dépendances et le village qu’il domine (à plus d’un titre), ont droit à leur description globale et, déjà, à certains zooms auxquels l’écriture de Marc Graciano est particulièrement propice.



La chapelle et la fontaine, dont tous les détails (y compris sous forme d’anecdotes historiques saillantes) se mettent ainsi subrepticement à incarner ici deux formes de sacré qui ne sont peut-être pas tant opposées que complémentaires (si la chapelle faisant fonction d’église semble à sa place naturelle, si l’on ose dire, il faut se souvenir comme l’auteur du rôle fantastique joué traditionnellement par l’eau commune assemblée en un lieu : la fée Mélusine, dont surent se souvenir le moment venu aussi bien Gérard de Nerval que Mathias Énard, n’est souvent jamais très loin – même lorsqu’un poisson-chat vient prétendre le contraire). Et c’est bien ce sacré non directement religieux (le choix de l’espèce du faucon retenu pour le texte cité ci-dessus ne pouvait ainsi être un pur fruit du hasard) qui occupe la place centrale de l’œuvre immense toujours en train d’être bâtie.



Plus même que le Carnaval (dont la mascarade tenait le rôle principal chez Brueghel et donc dans le magnifique « Cendres : des hommes et des bulletins » de Sergio Aquindo et de Pierre Senges) à la fois rabelaisien et bakhtinien, le charivari (jadis étudié notamment par le grand médiéviste Jacques Le Goff) tient une place à part parmi les rituels conjuratoires de l’ordre social établi – tel qu’il s’illustre au Moyen-Âge réel, et davantage encore dans celui, intemporel et minutieusement trafiqué, imaginé par Marc Graciano grâce à une langue bien spécifique. Prétendu objet même de ce texte, où il apparaît dès la première ligne, il n’y fait son véritable retour qu’à la page 48 (sur 68) : aucune innocence, ici, mais bien la marque d’un statut objectif, secondaire, malgré les espoirs subversifs éventuellement placés en lui.



Le sacré que l’auteur cherche à matérialiser au fil de ses pages et de sa longue phrase unique – où les virgules et les conjonctions de coordination tiennent lieu de marques géographiques de fortune – ne naît jamais, au fond, des processions-processus, officielles ou contre-officielles, mais bien de la juxtaposition sans fin des détails qui font le monde tel qu’il est, mystère d’accumulation sans prééminence déclarée : et c’est bien ainsi que la langue, seule, est à même de révéler quelque chose de ce fouillis sublime qui nous sidère et nous enchante.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Shamane

Mes cent premières pages d'un livre en cent mots



Shamane nous emporte dans un bruit intérieur dans lequel notre œil et notre esprit suivent le fil d’une pensée ininterrompue, où les images se construisent mot après mot. À mesure que notre focal s’adapte à cette langue peu commune, le texte donne vie à une femme libre et à la nature qui l’entoure. Chaque geste, chaque désir s’anime dans un livre au ralenti, dont les chapitres se lisent d’un seul et même souffle. Ce flux continu de pensées est la marque des deux derniers romans de Marc Graciano, où le réel parait s’échapper dans l’ivresse des lettres et des symboles.



CENT pour 100 numéro 26

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Shamane

Elle, jeune femme vivant dans un fourgon aménagé, elle le déplace suivant ses envies, elle vit en osmose avec la nature, avec les sons, les odeurs, le minéral, le végétal, l’animal, mais aussi l’éther, l’insondable.

La narration est telle que l’on vit non pas avec elle, mais on est elle.

Le descriptif de chaque mouvement, de chaque action, de chaque respiration, de chaque corps est précis, chirurgical.

L’incarnation est totale, aussi bien dans la chair, dans la substance, mais aussi dans l’astral.

On en sort en ayant la sensation d’avoir été, le temps d’un souffle, Shamane.
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Johanne

Ce fut un plaisir d’avoir accompagné quelques chapitre de la vie romancée de Johanne.

Chapitre se vit comme un tableau que l’on découvre en prenant soin de prendre son temps.

Oui, je pense que pour parcourir cet ouvrage il est nécessaire de s-astreindre à une lecture plutôt posée afin d’apprécier chaque page.

Un bon moment.
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Shamane

Certaine découverte semble quelques fois, ressembler à une amertume à laquelle la déception prédomine, comme ce roman Shamane de Marc Graciano, pourtant tout était en accord avec les émotions qui gouvernent mon esprit, la première de couverture une œuvre de Georges Peignard, ce portrait de femme hypnotique, laissant flotter une sévérité mystérieuse, un voile obscur contrastant avec le cuivre de la chevelure et ce regard fixe marron qui s’échappe de l’horizon de notre perception, puis cette quatrième de couverture m’emportant dans une aventure solitaire dans le cœur de la Nature, la symbiose respirait une certaine sérénité littéraire et une belle découverte avec un auteur inconnu français, au final, ce fût un beau fiasco, une lecture fortement ennuyeuse avec un soupçon de révolte.



Marc Graciano est un auteur français que je découvre avec son roman Shamane des éditions Le Tripode publiée janvier 2023, c’est son septième roman, son premier Liberté dans la montagne en 2013 semble avoir eu une bonne critique par les médias et une controverse par de nombreux puristes, trouvant ce roman illisible, se référant à la citation de jean Ricardou :



« Le roman n’est plus l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’une écriture. »



Je m’aperçois que son dernier roman est juste une performance prosaïque, où l’intrigue n’est pas importante, voire inexistante, est-ce un roman inclassable par sa forme, 16 chapitres, 16 phrases, un rythme de prime abord à bout de souffle, par son style de description à la minutie d’un devoir scolaire, je me suis perdu dans cette errance de répétition abusive de « et », « et puis », une litanie épuisante de devoir subir une lecture descriptive, de traverser des chapitres entiers à suivre le mouvement d’une yogeuse, de préparation de thé, d’un repas, même la partie paysage est un regard voilé à travers des mots sans saveur, terne et de plus l’incohérence de l’histoire, s’il y en avait une.



Je me suis terriblement ennuyé dans cette copie descriptive d’un devoir scolaire, je ne comprends pas cette manie d’essayer des prouesses littéraires, des tentatives prosaïques laborieuses, ces phrases sans fin à la saveur savoureuse de Proust qui s’évaporent dans l’éternité renaissent à ma mémoire pour me laver de cette marmelade de mots soporifiques, je n’oublie pas ce roman d’une seule phrase d'Ali Zamir, un monologue ambitieux, riche d’aventure, liant la difficulté de l’exercice et celui de l’histoire, pas comme Marc Graciano, avec ce Shamane sans histoire, des petites nouvelles qui se suivent avec cette héroïne comme fil conducteur, il n’y a pas de transition, pas de liant, pas de fluidité dans ces morceaux descriptifs, juste une accumulation de chapitres qui se suivent, tel un recueil de nouvelles avec un thème central.



Il faut souligner la faiblesse des mots et la pauvreté de l’intrigue, sans vouloir être trop critique, je n’ai pas su trouver le plaisir de lire ce roman, surtout avec ce dernier chapitre extravagant dans sa forme énigmatique et surtout avec l’ensemble du roman, Marc Graciano, joue sans conviction, un dénouement digne des thrillers, ce coup de théâtre qui déstabilise le lecteur n’est qu’un soufflet, juste un bouquet final inachevé, une sorte de pétard mouillé. L’héroïne solitaire coule doucement vers les pentes d’une vie de bohème solitaire, dans une Nature en mouvement, cette vie de femme partie sur les routes dans son camion aménagé, style camping-car, vagabonde dans ce paysage qui l’aspire dans des vapeurs d’alcool et de paradis artificiel, flânant sur les sentiers, les chemins qui l’absorbent dans cette incivilité humaine, elle rencontre une randonneuse inconnue, un homme visitant son habitat de vie roulant sans y être autorisé, le reste est une multitude crachat verbale totalement sans saveur, un roman inutile qui marquera par cette prouesse scolaire abrutissante et puérile.
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Johanne

Ce livre est remarquable par son écriture et par la très grande poésie qui s’en dégage; après un premier chapitre plus long; et nécessaire pour entrer dans ce type de narration, le voyage de Johanne s’installe, entrecoupé de rencontres. L’auteur par sa langue nous plonge dans un moyen âge mystérieux, poétique, dur, ou la relation à la nature est essentielle, comme la relation à Dieu. Sa Johanne est belle et touchante, sa langue extra ordinaire.

Il faut prendre le temps de savourer ce livre chapitre par chapitre doucement, et de se laisser envoûter.

J’ai eu plaisir à lire à haute voie certains passages, comme j’avais eu plaisir de le faire avec Julien Gracq.

Ce livre est une des plus belles émotions littéraires depuis de nombreuses années.
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Shamane

Un court roman très curieux qui nous parle d’une jeune femme libre, vivant dans son camion, en harmonie avec la nature, se posant ici ou là dans les forêts ou en bordure des villages, au grès du hasard et de ses humeurs. On ne connaît pas son nom (« elle »), on ne sait pas où elle va et d’où elle vient. On ne sait pas non plus de quoi elle vit. Elle ne fait rien, mange, boit (beaucoup), fume de l’herbe, dort, observe la nature, écoute les oiseaux… s’arrête, repart, ayant le minimum d’interactions avec les autres humains, vivant comme en marge du monde qu’on entend et qu’on aperçoit néanmoins au loin.

La structure du roman est encore plus curieuse : formée de 16 chapitres comprenant une seule phrases continue, sans point, avec seulement des virgules et des puis, puis, puis… pour nous décrire minutieusement la nature, les paysages, les oiseaux, et surtout le moindre des gestes d’« elle », la moindre de ses actions étapes par étapes (prendre sa douche, préparer son thé, déféquer dans l’herbe)… parfois de façon... crue, parfois aussi de façon un peu... lassante.

Si on dépasse tout cela, on peut se laisser prendre malgré tout par ce récit, jusqu’à sa fin... terrible, inattendue qui semble presque déconnectée du reste de l’histoire. Est-elle faite pour choquer, justifier le titre ou simplement nous montrer que se promener dans les bois peut être dangereux. A vous d’en juger !
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Johanne

Je connais Marc Graciano depuis peu et j'ai lu ce livre avec surprise, questionnement et interrogations. D'abord merci cher Monsieur pour la langue que vous y déployez, envoutante, circulaire, raisonnante. J'ai noté des centaines mots que j'aime relever lorsque je les connais mal. Une mine d'or. J'ai mieux compris le passage de la fin de la vie de Georges Bandy de Michon avec le cerf dix-cors et la croix, merci encore pour ça. Des passages prodigieux, des ambiances entre Faulkner et McCarthy tant on sent les chevaux respirer, tant on ressent le froid qui les enserre. Les descriptions des matins et du jour qui se lève (j'ai en tête la "galette de miel" ou quelque chose comme ça) ou celle d'un simple étang. Vraiment bravo et merci.
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Liberté dans la montagne

Ce premier roman, écrit dans un style très étrange, semble répondre au pari d'utiliser un minimum de points et des phrases aussi longues que possibles. Cela a un côté dérangeant, artificiel et assez vain finalement, mais ça se laisse lire tout de même. L'éditeur parle, dans son quatrième de couverture, d'un style "à base de litanies". Je dirais plutôt à base d'énumérations. Le vocabulaire est très recherché, souvent technique ou archaïque, puisque l'action, si on peut l'appeler ainsi, se déroule au Moyen-Âge. La nature omniprésente est en revanche très bien rendue, avec ses animaux, son climat, son relief. La première qualité de ce livre est sans doute la poésie de la nature qu'a très bien su rendre Graciano. Les personnages aussi sont denses et touchants, et toute l'histoire tient sur le fil de ce style poétique, de cette nature sauvage qui imprègne tout le texte, et de ces personnages étranges et attachants. Ne cherchez pas d'intrigue, il n'y en a pas ; ni d'ailleurs de morale, de fin, de but ou d'au-delà. Tout vient de la nature et finit par y retourner.
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Liberté dans la montagne

Quelle musique dans ce livre !

Une écriture exceptionnelle et une histoire prenante.

Car cela reste, pour moi, le défi : être portée par la beauté des mots mais ne pas m'ennuyer, être happée par l'histoire. Ici c'est bingo.

Parmi mes tout grands coups de cœur !
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Embrasse l'ours

Très ennuyeux et pas très bien écrit. Je n'ai pas pu poursuivre la lecture de ce livre.
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Une forêt profonde et bleue

J'apprécie les livres de Marc Graciano, mais pour celui-ci je conseille vivement de ne pas lire le chapitre 4 intitulé "le ravissement" (du verbe ravir signifiant enlever, kidnapper). Ce chapitre décrit et raconte des actes d'une cruauté extrême, insoutenable, d'une horrible bestialité envers la fille.

Pour le reste beaucoup de poésie, une relation de qualité avec "le mège". J'ai bien aimé.

J'aime beaucoup l'écriture particulière, le style, de cet auteur.
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