Marcel Pacaut

De nombreux historiens contemporains, et parmi eux parfois les meilleurs, pensent que la biographie est un faux genre historique, du fait qu'elle accorde à l’œuvre isolée le mérite ou la responsabilités de tâches qu'il n'eût pu accomplir sans la coopération de beaucoup d'autres et sans le concours de circonstances qu'il n'eut jamais la possibilité de contrôler. Il n'y aurait donc de vraie que l'histoire des hommes en société dont le comportement est "conditionné" par un ensemble d'ordre économique, intellectuel, spirituel et politique.
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Ce serait alors oublier les hommes ou croire qu'ils n'ont de valeur que s'ils peuvent être mis en courbes ou en graphiques.
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L'homme tube digestif et machine à vendre-acheter-circuler, ou l'homme chiffre, numéro, ne sont que des abstractions échappant totalement au réel.
L'Histoire est une connaissance globale, faite des contingences économiques, des aspirations spirituelles, des [concepts] intellectuels, des croyances, des rêves, des doctrines, des passions, des ambitions et des mythes.

il subira le sort d'Héliodore et d'Antiochus : le premier, flagellé de coups violents, n'en réchappa qu'avec peine alors qu'il était presque déjà demi-mort ; le second, frappé par un ordre d'en haut, périt misérablement, ses membres déjà putréfiés étant rongés par les vers.

(Injonction prophylactique lors de la fondation de l’abbaye de Cluny)

Si, ce qu'à Dieu ne plaise, quelqu'un veut tenter d'ébranler cet acte, il encourra tout d'abord la colère de Dieu tout-puissant qui lui retranchera sa part de la terre des vivants et effacera son nom du livre de la vie. Il partagera le sort de ceux qui ont dit au Seigneur Dieu : "Retire-toi de moi", et celui de Dathan et Abiron que la terre, ouvrant sa gueule, a engloutis et que l'enfer à absorbés vifs. Il deviendra aussi le compagnon de Judas, traître à Dieu, qui a été relégué pour devenir la proie des supplices éternels. Et pour qu'au regard des hommes il ne paraisse pas jouir de l'impunité dans le monde présent, mais qu'il éprouve déjà dans son corps les tourments de la damnation.

(Actes de fondation)

Sommaire :
L'introduction du monachisme en Occident. Saint Benoît. Le monachisme celtique (Ve-VIe siècles). Les transformations du monarchisme aux VIIe, VIIIe et IXe siècles. Le monachisme dans la société féodale : Cluny. Le rôle et l'influence de Cluny. Les insuffisances du monachisme traditionnel. Le renouveau de l'érémitisme et l'essor de la vie commune. Les expériences cisterciennes. La naissance des ordres Mendiants. Les ordres Mendiants au XIIIe siècle. Les ordres monastiques dans les derniers siècles du Moyen Âge. Tourmentes et réformes. Les problèmes des Mendiants aux XIVe et XVe siècles et les nouveaux groupements religieux. Appendice : Les ordres religieux et monastiques depuis la fin du Moyen Âge

"Or, en partant des chiffres du compte de 1202-1203, pour les éléments qui nous sont conservés, on voit que le domaine royal à la mort de Louis VII était très certainement plus considérable que celui de tout autre seigneur dans le royaume. Peut-être même, si l'on tient compte du peu d'autorité et du peu de profit que la Maison d'Anjou tirait de son héritage continental, la Normandie mise à part, le roi Louis VII aurait fort bien pu être aussi bien avantagé que son rival Henri II." - Marcel Pacaut 1964, Louis VII et son royaume, page 3

Si Cluny n'est pas trop mal située dans son environnement régional, elle n'est pas un carrefour naturel de communication, et elle ne l'a d'ailleurs jamais été. Mais elle a été, au moins pendant deux siècles, le pôle majeur d'un immense réseau d'établissements, le siège d'une très puissante institution, la capitale de ce qu'un historien, avec quelque exagération, a appelé un "Empire".
Là, en effet, s'est déroulée et accomplie l'histoire, parfois étonnante, de l'un des ordres monastiques les plus importants, né au début du Xe siècle, culminant au XIe, encore actif au XIIe, puis s'altérant et se sclérosant avant de tomber dans la léthargie et de se signaler seulement par son souvenir légendaire et son inutilité.

En 1157, Frédéric Barberousse adresse à l’archevêque de Lyon, un document scellé d’or – une bulle d’or – qui lui reconnait le gouvernement – la seigneurie – de la cité.