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EAN : 9782200342586
256 pages
Armand Colin (30/06/2005)
4.33/5   6 notes
Résumé :

L'histoire des ordres monastiques et religieux au Moyen Age constitue un chapitre essentiel de l'histoire ecclésiastique et spirituelle de cette période, tellement il est éclatant que moines et religieux - Benoît, Colomba, François d'Assise, Dominique - n'ont cessé de tenir une place importante dans l'Église et d'y exercer une influence durable. Elle permet de plus d'éclairer le difficile problème d'ordre psychologique qui est celui de la vocation religi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Marcel Pacaut, connu pour ses travaux sur l'Histoire de la Papauté et un splendide Frédéric Barberousse, a donc voulu décrire le phénomène monachique aussi bien dans sa définition et sa caractérisation par rapport aux autres formes de vie religieuse que dans la description historique de l'émergence puis de l'essor des grands ordres monastiques médiévaux. Et, sur l'un et l'autre aspect, son travail, très synthétique et très dense, à la fois, réussit à rester l'une des références qu'une bonne bibliographie, sous ce double aspect, ne saurait méconnaître.
Il faut en effet savoir d'abord de quoi l'on parle quand on évoque ce sujet.
Un ermite, par exemple, ne rentre pas dans les catégories ici étudiées parce qu'il mène un genre de vie qui l'isole et se fait une réputation singulière de sage apprenant à lutter contre ses démons intérieurs et à mener une existence qui l'oblige à se suffire à lui-même, ce qui n'empêche pas la curiosité et la charité extérieures de s'exercer à son endroit ; mais enfin, il ne choisit pas de vivre en communauté comme le font les membres des ordres monastiques.
Distinction aussi à établir entre anachorétisme, cénobitisme et vie conventuelle : mais ici la fracture peut s'opérer à l'intérieur même d'une communauté, car l'on peut choisir de vivre la vie de collectivité religieuse ou au contraire, de son propre chef ou au moins avec l'accord des autres ou de la hiérarchie, de connaître l'encellulement définitif et exclusif, choix aussi qui amènera certains à vivre en parfaits reclus, comme par vocation plus que par simple esprit de pénitence.

Et c'est progressivement que se dessinent le contour de vie et le profil de celui qui mène une vie monastique au sein d'une communauté constituée. Celui-là est tout d'abord un frère parmi d'autres frères, avant de considérer toute qualité complémentaire liée à une fonction active ou hiérarchique au sein du groupe, avant aussi de penser à l'accession ou pas au rang de moine de chœur ou à celui de prêtre par l'ordination sacerdotale - ce qui n'est alors qu'un service rendu à la communauté qui par nécessité a besoin que soit assurée la vie sacramentelle et qu'au cœur de tout l'eucharistie soit célébrée.

Qui dit frère laisse entendre plus ou moins une forme d'égalité : réalité vécue normalement par chacun au travers des travaux chers aux moines bénédictins et cisterciens par exemple, mais aussi au travers des trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, des vœux prononcés et des renoncements consentis non selon une loi seulement humaine mais avant tout divine. Le responsable de la communauté, abbé ou prieur, n'est au fond que le représentant de Dieu sur terre et cela ne lui donne cependant, théoriquement, aucun droit à s'élever orgueilleusement au-dessus des autres, puisque chacun est et doit avant tout demeurer un frère pour son frère, du moins dans l'absolu. C'est seulement ensuite que l'on peut envisager la taille du groupe selon qu'il est pionnier et promoteur ou au contraire dépendant du noyau initiateur : il y a l'abbaye-mère, la (ou les) "fille(s)", le prieuré, etc. Et si les membres d'un ordre sont individuellement "pauvres", cela n'empêche nullement le groupe de s'enrichir ou de favoriser par le labeur le développement économique dans plusieurs genre d'activités : exploitations agricoles, cultures vivrières, travaux intellectuels, philosophiques, théologiques, exégétiques, historiques et artistiques (par l'illustration des manuscrits avec enluminures, par exemple), etc.

Un ordre, d'abord concentré autour du foyer originel, a de toute façon vocation à essaimer, comme la famille en a une à croître et se multiplier. Et c'est ici que l'histoire des grands ordres monastiques prend toute son importance, car il va très vite devenir inévitable que l'expérience d'un grand groupe de recrutement constitué sur la base d'une "règle" reconnue et garantie au plus haut par le pape, en même temps que sur l'indépendance à l'égard de toutes les autres organisations ecclésiales, l'autonomise presque complètement et que la tutelle pontificale soit juste pensée comme une couverture. Tout cela permet également d'établir tout de suite une distinction entre clergé séculier ou diocésain, réuni autour de et sous l'autorité de l'évêque, et clergé régulier pour signifier que la communauté vit selon une règle et obéit au père abbé. La vie du clergé régulier est certes une expérience originale et semble placer plus haut la vie monastique parce que cette dernière répond à une fonction essentielle dévolue par Dieu à l'homme, celle de la prière et de l'action de grâces, comme pour préparer à la perfection qui sera vécue par les Bénis quand ils seront accueillis dans la Jérusalem céleste et dans le paradis, fonction "orante" qui est un peu amoindrie du côté du clergé séculier, lequel se trouve au contact des laïcs, ou du monde des non-priants, de tous ces gens du "siècle", les seigneurs, les chevaliers, les paysans, les citadins, les artisans, etc., qui forment le troupeau des simples mortels et dont il faut veiller simplement qu'ils soient au moins baptisés, si l'on ne peut en espérer davantage.

Créé en un point donné, l'ordre monastique va vouloir se répandre s'il est dynamique, et il ne va pas rester seul, mais faire naître aussi l'esprit d'émulation, voire de concurrence, car les hommes ne sont au fond que des hommes. Les Bénédictins, les Augustins, les Clunisiens, les Cisterciens, les Franciscains, les Dominicains, les Prémontrés, etc., autant d'ordres qui vont se former durant la longue période du Moyen Âge et vouloir agir pour la plus grande gloire de Dieu en prétendant travailler au salut des hommes selon la tradition chrétienne. Sont-ils un reflet du Ciel sur terre ou d'institutions qui ne peuvent que demeurer une œuvre imparfaite, quoi que fassent leurs membres pour servir dignement, hautement et saintement leur phalange respective ? Un mélange des deux forcément. Et chacun peut répondre à cette question selon son degré de foi ou juste son désir de savoir à quoi a bien pu correspondre un tel phénomène, qui se survit encore à lui-même au sein de notre monde, même si son exemple marque moins la majorité des hommes, encore qu'il suscite toujours un nombre non négligeable de vocations, ce qui paraît toutefois bien relatif quand on rapporte ces chiffres à la démographie des pays où l'experience a encore cours.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015) et Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)



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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Sommaire :
L'introduction du monachisme en Occident. Saint Benoît. Le monachisme celtique (Ve-VIe siècles). Les transformations du monarchisme aux VIIe, VIIIe et IXe siècles. Le monachisme dans la société féodale : Cluny. Le rôle et l'influence de Cluny. Les insuffisances du monachisme traditionnel. Le renouveau de l'érémitisme et l'essor de la vie commune. Les expériences cisterciennes. La naissance des ordres Mendiants. Les ordres Mendiants au XIIIe siècle. Les ordres monastiques dans les derniers siècles du Moyen Âge. Tourmentes et réformes. Les problèmes des Mendiants aux XIVe et XVe siècles et les nouveaux groupements religieux. Appendice : Les ordres religieux et monastiques depuis la fin du Moyen Âge
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