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Citations de Marie-Josèphe Bonnet (31)


On remarquera qu’elle emploie le mot « translucide », et non transparent, comme si l’inconscient lui avait soufflé que le plus important est de deviner ce qui se passe chez l’autre, d’être lucide et mieux encore clairvoyant, plutôt que transparent. La translucidité suppose une certaine opacité des objets, tout en laissant passer la lumière. Elle se réserve des zones floues, diaphanes, de libertés à libertés. Car la liberté n’existe pas en soi. Elle suppose des règles, un contexte d’obligations envers l’autre qui fondent l’échange amoureux et le justifient. C’est la façon de reconnaître l’autre comme sujet.
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Zaza est ce qu’on appelle un tempérament sensible. Profondément artiste, capable de reconnaître son « paysage intérieur » dans une petite huile de Matisse découverte à la galerie de peinture moderne à Berlin, lors du séjour qu’elle y fait durant l’hiver 1928-1929 ; émue devant « la profondeur de pensée » des paysages de Cézanne exposés à la galerie du Luxembourg, à Paris ; musicienne accomplie. Âme loyale, pure et délicate, Zaza est également quelqu’un qui ne sait pas mentir, ni cacher la vérité, même à sa mère, à qui elle voue un véritable culte.
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« On ne naît pas femme, on le devient. » Toute sa vie, elle fera en sorte de ne pas « devenir femme ». Officiellement du moins. Car si elle refuse le mariage et les enfants, elle n’en désire pas moins des femmes, paradoxe qui explique probablement l’étrange fascination qu’exerce son œuvre. Derrière la clarté de l’énoncé philosophique grouille une vie aux multiples désirs et aux appétits insatiables. La féminité est peut-être un mythe, mais elle a aussi du bon.
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Il est clair que ce qui est le plus intéressant chez les êtres est précisément ce qu’ils cachent. Cela constitue une sorte de jardin secret qui donne la clé de bien des énigmes. Je parle d’énigmes au pluriel car il n’y a pas de raison qu’elle cache une seule dimension de sa vie. Les rêves qu’elle rapporte dans ses Mémoires – elle ne s’intéresse pas à l’inconscient, mais elle rêve – sont là pour le prouver. Et elle les écrit comme des textes énigmatiques qu’elle fait mine de ne pas comprendre. Il serait étonnant, en effet, qu’une femme aussi intelligente ne soit pas capable de déchiffrer les récits de rêves qu’elle nous livre, comme un aiguillon pour aller plus loin.
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La jalousie nourrit-elle la tendresse ou le dégoût ? Voilà qui n’est pas simple à démêler. Il est certain en tout cas que cette constellation amoureuse complexe éveille chez Beauvoir des pulsions destructrices qui se donneront libre cours pas seulement dans ses romans, mais aussi dans sa façon de nier officiellement toute relation sexuelle avec des femmes, comme si cela pouvait mettre en danger le couple d’intellectuels.
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« L’horreur, c’est pire que le passionnel, mais la tristesse, la morosité, c’est clément à côté de cette tension, de ces refus, de ces obstinations de la passion »
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Si j’étais née homme, peut-être aurais-je été un grand pervers, ça doit sûrement procurer de vifs plaisirs de coucher avec des femmes très jeunes et d’être aimé d’elles, mais à la vérité je les aurais vite laissées tomber, […].
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Car l'armée est un élément essentiel de la souveraineté nationale. De Gaulle en a tellement conscience que tout son effort vise à introduire des divisions françaises dans l'armée alliée, comme en Italie, où la victoire du général Juin redonne une crédibilité militaire à un pays vaincu quatre ans plus tôt par les Allemands et qui, comble de l'opprobre, a signé l'armistice avec Hitler dans des conditions honteuses.

[p20-21]
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"Si ces gestes gratuits, donnés par des inconnues comme par des amies, deviennent inoubliables au regard des violences gratuites qui structurent le monde totalitaire du camp de concentration, c'est peut-être parce qu'ils revigorent la pulsion de vie. Indéniablement, c'est dans la tendresse que les femmes vont chercher la force de survivre. Que celle-ci soit maternelle, sororale, érotique ou provenant de l'amie de cœur, elle est un atome agissant de la puissance d'amour dont parle Odette Abadi."
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Nicole Clarens est arrêtée le 04 août 1944 . Le lendemain elle est conduite à la rue de la Pompe tandis que d'autres arrestations ont lieu au Foyer de jeunes filles de la rue du Cherche-Midi.
Rue de la Pompe , elle subit de nombreux interrogatoires précédés du supplice de la baignoire et de brûlures de cigarette.
Jeune fille ou pas , les brutes ont dépassé depuis longtemps la limite des genres.C'est l'égalité. La torture pour tous.
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Ce que j’étais, ce que je désirais devenir, ne rentrait pas ses cases
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Quand la justice a été amenée à épargner le principal coupable , Friedrich Berger , pour ce qu'on appelle des "raisons d'état" : quand les victimes , pour avoir craqué sous la torture, ont gardé le silence et se sont senties coupables , c'est à l'historien de restituer les faits qui éclairent la grandeur méconnue de leur sacrifice.
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Comment ne pas être interpellée par cette double découverte : l'existence d'une véritable tradition artistique de la représentation du couple de femmes, tradition qui remonte en France à la Renaissance, et son occultation par une Cité patriarcale qui s'est toujours refusée à voir dans l'amour entre femmes autre chose qu'un jeu sexuel anodin pour les uns, pervers pour les autres, en tout cas en rien comparable à son équivalent masculin ?
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Lutter contre notre oppression, c’est faire éclater toutes les structures de la société et en particulier les plus quotidiennes
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« J’aime avec passion la vie, j’abomine l’idée de devoir mourir. Je suis terriblement avide, aussi je veux tout de la vie, être une femme et aussi un homme […]. Vous voyez, ce n’est pas facile d’avoir tout ce que je veux. Or quand je n’y parviens pas, ça me rend folle de colère. »
Simone de Beauvoir, lettre à Nelson Algren, 3 juillet 1947.
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Ce dénigrement de l’intérêt que porte Bianca aux événements politiques devient tragique lorsqu’il s’agit de son propre pays qui s’effondre moralement sous l’assaut du nazisme. Beauvoir donne bien malgré elle un exemple de l’aveuglement des élites de la nation devant la montée des périls et le sauve-qui-peut du « Maréchal, nous voilà ».
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On remarquera toutefois que les rapports de la résistance normande jettent un silence pudique sur l'épuration des femmes accusées de "collaboration horizontale". Si l'armée américaine a photographié les tontes publiques à Cherbourg, il n'y a guère que le groupe FFI de Glanville à traiter de la question. Formé le 19 août 1944 (cinq jours avant la Libération !), ses seuls titres de gloire ont consisté à arrêter cinq femmes "dont la conduite vis-à-vis des Allemands choquait la morale".

[p283]
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Il fallu plus d'un mois aux Alliés pour libérer Caen, alors que le plan initialement prévu pensait la prendre au soir du 6 juin. Comme l'écrira délicatement l'historien britannique A. Beevor: "L'hésitation de Montgomery à risquer des pertes en Normandie n'a cessé d'alimenter la critique !" Des pertes militaires, faut-il préciser ! Car les plans d'Overlord n'avaient apparemment pas prévu l'existence des populations civiles sur le territoire qu'ils envahissaient et souhaitaient libérer. Avaient-ils même prévu de laisser derrière eux une région en ruines, écrasée sous des tonnes de bombes et pleurant ses milliers de morts et de blessés. Sans parler des animaux, les vaches et les chevaux rendus fous par le bruit assourdissant des avions. C'est un fait: le chef des armées de terre préféra sacrifier les populations civiles, inévitablement victimes des "frappes" aériennes qu'il ordonna à plusieurs reprises, plutôt que de lancer des offensives pour déverrouiller l'étau défensif allemand. Car il n'était pas question de faire appel à l'aide de la Résistance, occupée à organiser la survie et à sauver les sinistrés, dont un grand nombre s'était réfugié dans l'îlot sanitaire de l'abbaye aux Hommes et dans les carrières Kaskoreff ou celles de Fleury-sur-Orne.

[p144-145]
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"On voit ici à quel point Jacqueline Fleury a la sensation de vivre avec ses compagnes quelque chose de nouveau et d’inconnu pour lequel il n’y a pas encore de mot. Sororité conviendrait-il ? Ce serait l’équivalent de fraternité vu du côté des sœurs. Apparemment non, car l’échange politique, le combat commun pour la liberté de son pays, sort des relations familiales qu’elles connaissent où, pour les femmes, la famille est synonyme d’exclusion de la Cité. Depuis la Révolution française la sphère du politique est d’essence masculine et réservée aux citoyens mâles. La sphère familiale, le monde féminin par excellence, celui des naissances, des morts et des enfants où pourrait se construire une « sororité » qui soit l’équivalent de la fraternité républicaine ne débouche pas sur la citoyenneté."
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Se vivre comme conscience isolée ou être désafilliée à la culture commune est la pire menace qui soit pour l'intégrité psychique.
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