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Critiques de Marie Neuser (315)
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Délicieuse

Un titre aguicheur et une couverture à la fois sublime et inquiétante m'avaient attirée, une envie de changer de style de lecture. Malheureusement, j'ai mis 1/3 du livre à résister à l'envie de le lâcher, car c'est délayé à l'extrême : il y a des redites et des reformulations, le style en est alourdi.



L'intrigue est pourtant fort audacieuse et le déroulé de l'histoire très bien vu, mais un gros élagage aurait rendu la lecture fluide sans rien enlever à l'histoire, dommage.
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Je tue les enfants français dans les jardins

J'ai rencontré Marie Neuser lors de la dernière édition de " Vins Noirs " à Limoges , un remarquable salon rassemblant judicieusement des auteurs de polars et romans noirs et des viticulteurs . Je tiens à dire que ce salon a désormais acquis ses lettres de noblesse et jouit d'une grande estime populaire . Donc , chaque année, des auteurs reconnus sont présents et très accessibles , dans une ambiance bon - enfant .

J'ai donc échangé quelque peu avec madame Neuser , professeur de lycée après un passage en collège. Prof de collège, je l'ai été toute ma vie dans quatre établissements du Limousin , vous comprendrez donc mon intérêt pour la lecture de ce roman .Oui mais voilà, si j'étais un prof heureux en Limousin , je ne suis pas certain du tout que j'aurais pu supporter l'ambiance d'un collège d'un quartier pauvre dans une ville déshéritée , y exercer avec enthousiasme un métier qui , n'en déplaise à certains , n'a pas pour intérêt les " chères vacances " mais avant tout l'envie de transmettre , l'envie d'aider des ados à grandir , l'envie de partager.( bien que , les vacances , dans un tel contexte , elles ne sont pas volées , non?)

Je n'ai pas connu , donc , l'univers décrit par Marie , mais je ne doute absolument pas de sa sincérité , si j'en prends pour preuve l'actualité qui nous dit aujourd'hui que des parents d'élèves font " une chaine humaine " pour protéger leurs enfants de la présence de dealers devant l'école ....incroyable , mais vrai .

Du reste combien de " leaders " dans cette classe de 3 eme2 ? L'auteure le dit ,leur absence lui permet de travailler....

Je trouve que la tension dans la classe est palpable tout au long de ce roman vraiment noir car bien proche d' une réalité qui risque de se propager si on continue à nier l'évidence , à fermer les yeux , à dire que , vraiment ,on exagère.

J'ai adoré la description de la solitude des profs , des profs qui " n'ont pas de problèmes " car ceux qui en ont sont FORCEMENT responsables , l'absence d'aide de la part de l'Administration , de la part des amis , ceux qui disent ," moi, tu verrais comme ils fileraient les gamins ! "( Chiche ! Et tant mieux si ça marche , mon ami....) Quant à l'inspecteur.....Et surtout , surtout , pas plus d'un conseil de discipline , hein , sinon ça la fout mal...Ah , les vagues , pas bon ça , les vagues , surtout , pas de vagues....

Je dis BRAVO à madame Neuser et je suis heureux que l'héroïne ait eu auprès d'elle un mari aimant et à l'écoute, seul hàvre de paix dans un monde effrayant , et une volonté de fer pour continuer à exercer une profession pour laquelle elle avait ( et a sans doute encore , ailleurs maintenant ) tant de motivation et sans aucun doute , de compétences. Dommage pour elle et ...pour ces enfants

Une anecdote si vous permettez: dans le collège où j'enseignais , nous avions des stagiaires , motivés , souvent brillants.....Une première nomination en zone difficile avait souvent raison de leur amour du métier , provoquant parfois un départ vers une profession plus épanouissante et ...remunératrice...

Dommage , encore.

A ce " copain" qui me disait un jour : " t'es toujours en vacances ..." j'ai répondu

" pour bénéficier des mêmes avantages , il te suffit de passer le concours"...

Lorsqu'il m'a rétorqué : " je n'aime pas les gamins ,ils me fatiguent " , j'ai changé de sujet . Comme disait une défunte amie enseignante , " on ne discute pas avec une brouette , on la pousse "

J'ai adoré ce bouquin , je l'ai " dévoré "et j'espère avoir le plaisir de rencontrer à nouveau Marie Neuser pour le lui dire , car , en plus , c'est très bien , mais très bien écrit, très bien écrit pour " Un Cri " .Ecoutera qui voudra .Merci .
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Prendre Lily

Ce bouquin est différent.



Balayées, vos belles certitudes concernant les polars. Dépoussiérées, vos merveilleuses habitudes de lecture. Soufflée, cette monotonie qui parfois vous prend à force de lire tant de récits qui se ressemblent.



Prendre Lily est un polar, certes. Quoi que… Permettez moi d’en douter une seconde (ah, cette manie de toujours vouloir tout coller dans des boites).



Marie Neuser nous propose, en fait, un roman hybride. A la fois polar, chronique d’une époque, dissection d’une enquête, reportage romancé ou encore récit psychologique, son roman (d)étonne et sort de l’ordinaire.



C’est le premier volet d’un diptyque consacré à un fait divers qui a passionné les foules de 1993 à 2011 et fait s’arracher les cheveux des enquêteurs italiens et anglais. Tant qu’à faire, autant que ce soit une française qui s’y colle.



Le roman a beau se baser sur une histoire vraie, on est loin d’une banale retranscription des faits. A la fois récit analytique que psychologique, l’auteure nous plonge tout entier dans une enquête qui n’en finit pas. A travers les yeux, l’esprit et les failles de l’un des policiers anglais, elle nous permet de suivre l’enquête pas à pas.



A des années-lumière de ce que propose la plupart des polars ou thrillers, le récit nous démontre combien la quête de la vérité est un travail de longue haleine et un labeur de fourmis. Des années de recherches pour trouver une piste ; entre flair et chance (et parfois un sacré manque de flair également).



L’enquêteur se compare à « un flic téléporté dans un film de Bergman » et compare l’investigation à « la traque silencieuse d’une mante religieuse camouflée en pétale, adaptant son souffle au souffle de sa proie, laquelle, consciente elle aussi du danger qui l’observe, a soigneusement choisi une place dans le vent qui disperse son odeur et brouille les codes de l’attaque. »



Cette citation décrit parfaitement ce que traversent les personnages et la manière dont se développe l’histoire. Mais n’allez pas croire que ce roman de tout de même 520 pages en devient un pensum. C’est tout le contraire, le début, qui peut sembler lent, nous plonge tant au fond de l’intrigue qu’on en devient vite accro.



Oui accro à cette description minutieuse et réaliste. Fasciné surtout à l’écriture de Marie Neuser, très au dessus de ce que l’on peut lire habituellement dans le genre. Une plume fouillée, d’une expressivité rare, d’une verve souvent éclatante. Une écriture d’une belle intelligence, très vivante et jamais barbante.



Pas de rythme effréné, pas de rebondissements abracadabrants, oui ce bouquin est différent. Si vous voulez sentir ce qu’est une vraie enquête de police, tout en partant à la rencontre de personnages étonnants, mis en lumière par la grâce d’un style éclatant, Prendre Lily est fait pour vous.



Le livre en un seul mot : Admirable.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Prendre Lily

Elle ne voulait pas aller danser Lily, elle ne venait pas de Somalie pour faire les poubelles à Paris.

Elle était couturière dans la petite ville de "B" en Angleterre et élevait seule ses deux enfants.

Ses deux bambins l'ont retrouvé atrocement mutilé dans sa baignoire.

C'est la brigade criminelle de "B" qui est chargé de l'affaire, un des flics est le narrateur de cette longue enquête, très longue enquête, très très longue enquête.Pourtant le principal suspect a été vite identifié: un voisin italien soupçonné d'avoir tué une petite fille dans son pays natal

15 ans plus tôt. Un faisceau de présomption de plus en plus précis au fil du livre encercle le suspect mais, de par son habileté et ses mensonges, aucune preuve tangible ne peut être retenu contre lui malgré de nombreuses perquisitions et interrogatoires.

Le doute, la rage, le découragement accablent la brigade qui a pourtant la certitude qu'il est coupable. Et les années passent......et l'italien reste en liberté.



Originalité de ce roman est que le présumé coupable est vite identifié, ce qui est d'ailleurs assez conformes à de nombreuses affaires criminelles.

Si les flics tournent en rond et se découragent, le problème est que c'est la même chose pour le lecteur.

En bref, pour "prendre lily", il faut être endurant mais le plaisir n'est quand même pas négligeable.

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Je tue les enfants français dans les jardins

- Roman choc.



Le titre vous évoque un polar ? Vous n'y êtes pas. Mais on peut parler de roman "noir", oui. Il s'agit du quotidien cauchemardesque d'une jeune professeur d'italien, animée de bonnes résolutions pour devenir une enseignante passionnante et adulée, comme le fut son père, mais finalement malmenée par ses collégiens "au coeur d'un quartier pauvre dans une grande ville pauvre". (p.62)



Lisa Genovesi enseigne depuis le début de l'année scolaire dans ce collège "difficile" (euphémisme). Dès les premières semaines, elle part en cours la peur au ventre, ressasse que personne ne mérite un sort pareil, se demande sans fin comment s'en sortir, en vient à détester à mort tous ces sales gosses (sauf une élève assidue) auxquels elle ne comprend rien.



Un roman-témoignage suintant l'amertume, la colère, le désespoir, la haine - et on ne peut que compatir, bouillir de rage et souffrir avec cette jeune femme de la violence professionnelle qu'elle subit quotidiennement en pleine face et jusque dans son intimité.



La plume est enlevée, impeccable, j'ai dévore ce livre d'une traite avec la chair de poule (malgré les 25° ambiants).



On peut penser à 'Entre les murs' de François Bégaudeau (que de nombreux profs n'ont pas aimé, je le sais), 'Personne' de Jeanne Benameur, et surtout à 'La journée de la jupe', film de Jean-Paul Lilienfeld porté par Isabelle Adjani.

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Je tue les enfants français dans les jardins

Un tableau effarant de ce qu'est devenu le métier d'enseignant dans les cas les plus extrêmes.Pour ne rien gâcher, ce livre n'est pas mal écrit du tout. J'aurais mis la note maximale mais l'épilogue me dérange...était-ce une volonté de l'auteure d'enfoncer le clou pour bien nous montrer la profondeur du désespoir de son héroïne ? En tout cas, l'effet qu'il a eu sur moi fut de déconnecter ce livre de la réalité alors qu'il sonnait tellement juste avant.

Une lecture que je recommande malgré tout chaudement !



http://www.youtube.com/watch?v=SG2AFd-DuH8
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Je tue les enfants français dans les jardins



Alors que retentit la sonnerie stridente, mes élèves de troisième B se lèvent d'un seul geste, se dirigeant vers la sortie dans un innommable brouhaha.

Je n'insiste pas sur les règles d'accord que je tentais ( vainement ) de leur inculquer et j'ai juste le temps de leur crier :

- N'oubliez pas de lire le roman de Marie Neuser pour la rentrée !

J'entends quelques grognements, un vague "va te faire foutre, enculé" et ils sont partis.

Ce sont les vacances de Pâques qui commencent, et il était temps pour moi aussi.



Je n'en peux plus de cette classe. Ni des autres d'ailleurs. Mis à part quelques bons élèves qui se comptent sur les doigts d'une main, les collégiens sont médiocres et ne feront probablement pas grand chose de leur vie. Et puis il y a la bande des quatre tarés qui ont un avenir de délinquant tout tracé. Et que je ne parviens pas à maîtriser. Je soupçonne leurs parents d'avoir eux aussi baissé les bras depuis longtemps. Et ça serait à moi d'assurer, en plus de mes cours de français, les notions de politesse et de respect ?



En refermant la porte de la classe, je remarque en tournant la poignée que ma main est mouillée. le crachat d'un élève laisse ma main enduite d'un filament baveux. Probablement une basse vengeance de Mourad que j'ai collé la semaine dernière. Quand je lui ai remis sa copie avec un zéro pointé, il a mimé une masturbation pour bien me montrer à quel point "il s'en branlait" et cette fois je n'ai pas laissé passer.

Je me nettoie les mains dans les toilettes couvertes de graffitis. J'admire l'imagination débordante des collégiens : Rien mis à part des organes génitaux sommairement dessinés ou des insultes... "Sale Putte" côtoie "Nicke ta mère" dans une orgie de couleurs vives.

En arrivant à ma voiture, je constate avec soulagement qu'aucun de mes pneus n'est crevé. Seul un gigantesque pénis en érection est tagué sur mon pare-brise : Je m'en tire à bon compte.

Et pourtant, je me surprends encore à avoir des envies de meurtre.



J'ai décidé de faire lire à mes collégiens Je tue les enfants français dans les jardins pour plusieurs raisons. D'une part j'ai pu constater leur manque d'intérêt pour Molière, Jacques Prévert ou encore Maurice Genevoix. Alors un petit roman noir de cent-cinquante pages avec un titre comme celui-là, voilà qui devrait les intriguer ! En plus il est très bien écrit et les adolescents pourront aussi trouver quelques exemples du langage vulgaire qui leur est si familier quand ils rigolent en cour de récréation. Ils ne seront pas dépaysés.

Et surtout, j'espère qu'ils réaliseront à quel point leur attitude, leur insolence, est inappropriée. Qu'ils prendront conscience de l'importance du travail de l'enseignant pour leur propre avenir.

Et que ça ne leur donnera pas, à l'inverse, de nouvelles idées de bêtises à commettre dans l'enceinte de l'établissement.

Sinon je ferai comme ma collègue Madame Marquis, qui à défaut de pouvoir inculquer des notions de calculs durant ses cours de mathématiques, leur distribue des dessins à colorier. Il paraît qu'ils sont très calmes, appliqués à ne pas dépasser, et qu'elle a la paix pendant une heure.

Mais personnellement, ça n'est pas pour ça que j'ai obtenu le Capes de lettres modernes, que j'ai passé autant d'heures plongé dans mes cours et mes livres pour obtenir ce diplôme. Etre professeur de français était une vocation pour moi, et même si je suis parfois tenté d'abandonner je suis encore tenté de croire que la majorité de mes élèves saura un jour coordonner l'auxiliaire être avec son participe passé.



Après une semaine de vacances, le stress commence à monter. Retrouver les cancres de la troisième B m'angoisse. Combien auront lu le court roman noir de Marie Neuser ? Un tiers ?

Et pendant que j'échangerai avec les rares lecteurs, qu'est-ce que Mourad va encore inventer pour distraire ses camarades ?

Je sors en ville pour me détendre, et dans une librairie je croise un vieux copain perdu de vue qui vient vers moi.

- Eh salut Anty, qu'est-ce que tu deviens ?

- Bonjour Bertrand. Je suis toujours prof de français au collège Tartempion, j'attends les résultats de ma demande de mutation. Et là je profite des vacances pour m'aérer un peu.

- Ah oui c'est vrai t'es prof ! T'as trop de la chance ! Des petites journées et quasiment quatre mois de congés aux frais de la princesse, t'as bien de la chance ! Moi je travaille 24 heures sur 24 dans mon affaire d'import-export, je t'envie tu sais !

- Oui enfin, les élèves sont vraiment pas faciles. Je ne crois pas que tu réalises.

- Tu manque juste d'autorité. Moi ces jeunes je te les mènerais à la baguette !

- Tu veux qu'on échange juste une journée pour voir ?

- Oh, désolé, il se fait tard et j'ai encore plein de trucs à faire. Content de t'avoir revu !



Arrive le jour J. Celui de la reprise. Je me rends à l'école pour neuf heures, à reculons. Je surprends Nourredine qui se livre à son habituel trafic de cigarettes de contrebande mais j'évite son regard. Je m'installe à mon bureau, mortifié. Qu'est-ce qui va me tomber dessus aujourd'hui ? Je commence avec mes fameux troisièmes B. le troupeau décérébré prend place dans un vacarme infernal, avant que je ne hausse le ton pour pouvoir commencer mon cours.

- Alors, vous avez passé de bonnes vacances ? Qui a lu Je tue les enfants français dans les jardins ?

Ils se regardent, comme si c'était une honte d'avoir lu le roman de Marie Neuser - ou n'importe quoi d'autre à part le dernier Jeux vidéo magazine.

Quand Mourad lève la main, c'est comme un signal pour le reste de la classe. Je vois des dizaines de mains se lever, à l'unique exception de celle de Brandon.

Brandon a vingt-trois ans, a redoublé un nombre incalculable de fois, et je le soupçonne de ne pas pouvoir lire plus compliqué que T'choupi fait du poney, alors je ne l'embête pas et m'émerveille au contraire de constater que j'ai réussi à faire lire à mes collégiens un livre entier. Enfin, un peu d'espoir.

- Alors vous en avez pensé quoi ?

- Trop de la balle ! J'ai vraiment kiffé avoue Djibril, un de mes éléments perturbateurs.

Et je vois les autres troisièmes B acquiescer : Il a parfaitement résumé leur propre opinion.

- Qu'est-ce que vous pouvez me dire sur l'héroïne, Lisa Genovesi, la prof d'Italien qui raconte son année scolaire ?

- Elle a l'air super bonne. Dommage qu'on n'ait pas des bombes sexuelles comme ça à Tartempion ! propose Mourad avec son habituel sourire vicelard.

- Z'y va bouffon, elle est surtout raciste. Elle tèj Malik, Adrami, Noumein, elle aime pas les Maghrébins c'est une salope.

Ca, c'est l'analyse de Nourredine. Après cet échange de points de vue, tous les deux se lèvent et s'affrontent d'abord du regard pour affirmer leur point de vue, puis ils en viennent aux poings.

- Arrêtez ça tout de suite ! Dehors ! Allez faire un tour dans le couloir, vous reviendrez quand vous serez calmé. Et si j'entends un seul bruit, ça sera direction le bureau du principal !

C'était trop beau pour durer. Mais une fois les deux agitateurs hors circuit, je reprends mon souffle et rebondis sur les mots de Nourredine.

- Il n'y a aucun racisme dans les propos de Lisa ou de l'auteur. D'une part, vous avez bien du remarquer que la plus brillante étudiante du roman se prénommait Samira, une française d'origine marocaine. En outre, il ne s'agit aucunement de stigmatiser la population pauvre des banlieues puisque chaque élève vit près de la mer, probablement à Marseille où la population est particulièrement hétérogène. Et vous noterez aussi qu'aucun élève n'est pauvre, qu'on ne les décrit jamais comme issus d'un milieu défavorisé. C'est juste un fait : Certains établissements scolaires difficiles présentent davantage de mixité, ce qui n'empêche pas d'autres collèges n'ayant pas cette spécificité de l'être tout autant, croyez-moi.

Les troisièmes me regardent avec de gros yeux ronds. Je ne sais pas s'ils ont compris un seul mot de mon long discours.

Kaitlynn lève la main et me demande :

- Et est-ce que c'est vrai que c'est déconseillé de coucher pour de l'argent ? Comment je fais moi alors pour m'acheter des nouvelles fringues ?

D'autres bras se tendent pour m'interroger.

- Monsieur, c'est pas naze quand même de préférer les Nike aux Adidas ?

- Monsieur, c'est quand qu'y a un meurtre ? C'était chiant, à la page trente y avait toujours pas de cadavre. Alors j'ai arrêté.

- Il ne s'agit pas d'un roman policier mais d'un roman noir, il faut laisser la tension monter, s'imprégner de l'ambiance anxiogène, s'intéresser à la psychologie des personnages et se laisser emporter. Bon, personne d'autre n'a de remarques à faire ?

Nambona, mon meilleur élément, prend alors la parole.

- Personnellement j'ai lu ce livre comme une forme de critique sociale, ça m'a fait réfléchir sur le comportement des enseignants et sur celui des élèves.

- Excellent ! C'est exactement ça ! En plus de l'histoire de cette jeune et fragile professeur d'Italien qui doit apprendre à ne pas se laisser déborder et qui laisse peu à peu la peur et la colère l'envahir, on a effectivement un second niveau de lecture. Marie Neuser dénonce tout simplement avec une ironie mordante toute l'hypocrisie qui règne dans l'éducation nationale. L'hypocrisie entre professeurs et personnel administratif, l'hypocrisie du système qui fait passer des collégiens en classe supérieure alors qu'ils n'ont pas le niveau, en minimisant les problèmes et les difficultés des élèves. Le roman évoque aussi toute la désillusion de Lisa qui, au lieu d'enseigner, tient une véritable garderie. Et pourtant, malgré ce contexte, l'auteure parvient à redonner toutes ses lettres de noblesse au difficile métier de professeur, dont les tâches ne se limitent pas à l'enseignement d'une matière et qui, pour certains, vivent un cauchemar quotidien.

J'ai le sourire en voyant les yeux de Nambonna pétiller. J'espère que cette lecture aura porté ses fruits, semé quelques graines dans le cerveau souvent obtus de mes élèves, qu'ils comprendront davantage désormais l'importance du respect et de l'apprentissage.



Le cours est fini, je les laisse rejoindre Madame Marquis pour les deux heures de mathématiques à venir, où ils pourront colorier de tout leur coeur.

Le reste de ma matinée se passe sans anicroches, j'ai enfin retrouvé une forme de motivation.

A midi, je me rend au parking pour rentrer déjeuner. Mon pare-brise est propre comme un sou neuf.

Mourad et Nourredine semblent avoir fait la paix. Ils m'attendent munis d'une batte de base-ball.

Tout compte fait je vais plutôt rentrer à pieds. En courant le plus vite possible.

Ils sont sur mes talons.

Il faudra sérieusement que je pense à me procurer une arme, si du moins je m'en sors en vie.



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Prendre Lily

« Maman a été coupée en morceaux ! Maman a été coupée en morceaux ! » crient Maddy et June, onze et quatorze ans, en ressortant de leur maison plus vite qu'elles n'y sont entrées au retour du collège. Leur mère Lily gît en effet dans la baignoire, dans une mare de sang, le ventre ouvert, les seins détachés du buste, pas tout à fait décapitée mais l'intention y était, une mèche de cheveux dans chaque main...

Cette image n'a pas fini de hanter les enquêteurs Jim, Daphné, et surtout Gordon McLiam (le narrateur) qui, comme le dit fort à propos Télérama "confond parfois justice et vengeance".



D'emblée, on a un suspect que tout accable, les preuves s'accumulent, mais le "gros lard" (sic) est insaisissable comme une savonnette, ce qui rend McLiam totalement dingue. L'enquête et la traque durent, s'éternisent, piétinent, se répètent... Et je m'ennuie comme jamais en découvrant ce récit vide et long.

Serviette jaune, fétichisme capillaire, sudation, 'gros lard', baskets, Javel, Italie, Gloria. On reprend ces idées d'une page à l'autre et on tourne en rond. A l'image d'une véritable enquête, certes, mais j'attends autre chose d'un roman policier (des protagonistes convaincants, des échanges bien menés).

D'autant que j'ai vite trouvé le flic narrateur au moins aussi antipathique que son suspect - suffisant, arrogant, macho, snobinard. A l'opposé d'un autre britannique de littérature policière : le délicieux Tom Lynley d'Elizabeth George, par exemple.



De Marie Neuser, j'ai lu 'Je tue les enfants français dans les jardins' et 'Un petit jouet mécanique'. J'ai beaucoup aimé, appréciant l'originalité des intrigues. Ici on assiste à une enquête sur un présumé serial killer, déjà vue maintes fois, et surtout d'une lenteur exaspérante. Je crois ne m'être jamais autant barbée à la lecture d'un polar ! 560 pages interminables.



Après avoir "pris" cette Lily nous sommes invités à poursuivre l'affaire et à "Prendre Gloria" (suite de cet opus) - la jeune Gloria dont on entend déjà abondamment parler dans la première partie de l'enquête.

Non merci, trop contente d'en avoir enfin fini avec ce roman poussif.
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Je tue les enfants français dans les jardins

Ce livre vous mettra une claque et pourtant vous aurez normalement envie d'applaudir. Le texte ose dire des vérités politiquement et socialement incorrectes. Comme le fait qu'il peut exister des jeunes filles de telle origine qui sont des esclaves sitôt rentrées chez elles, des garçons de la même origine qui pour certains ne savent que cracher et insulter, comme des bêtes et encore. L'administration dans tout ça ? Elle ne fait rien, car tel collège ne doit pas devenir "le mouton noir de l'académie. Mieux vaut occulter les problèmes et prétendre que tout va bien."

Zola avait dépeint les gras et les maigres dans le ventre de Paris. Marie Neuser, dans un style qui est sans doute à ranger au sein des naturalistes, oppose ici la saleté à la propreté. A chacun de choisir le camp qui lui paraît le plus respectable. Mais la lecture des chapitres 46 et 47 (ce dernier ne fait qu'une phrase, qui suffit) doit normalement vous faire pencher dans le camp de la narratrice.

Un livre qu'on a envie de défendre bec et ongles, même si cela doit être source de discorde avec certains, qui préfèrent se cacher derrière leur petit doigt.
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Prendre Gloria

Prendre Gloria fait suite, éditorialement parlant, à Prendre Lily. Pourtant, l'affaire Gloria, en Italie en 1993, est antérieure à l'affaire Lily, en Angleterre en 2002. De plus, le premier tome du diptyque Prendre femme avait déjà donné les grandes lignes du cas de la jeune Italienne. Comment, dès lors, bâtir un récit qui ne soit pas redondant et captive son lectorat? C'est dans de pareilles circonstances qu'on reconnaît le talent. Et Marie Neuser n'en manque pas.



Alors que Prendre Lily racontait le déroulement des faits via son narrateur, le policier Gordon McLiam, selon un axe chronologique, Prendre Gloria mêle témoignages directs et récit à la troisième personne du singulier, extraits d'audition et de comparution, etc. Le roman navigue casse la linéarité du premier par des allers-retours dans le temps.



Et du temps, il s'en passe, depuis la disparition de la jeune Gloria Prats, seize ans, en ce dimanche 12 novembre 1993! Disparition, perversion, corruption, manipulations, délation... Et autres "-tion" aberrants qui révèlent une justice aux ordres de pouvoirs tentaculaires et ombreux, des notables bien propres sur eux aux mains peu ragoûtantes, ...

La lecture de Prendre Gloria m'a entraînée aussi sur des chemins de "sion/tion": révélations, indignation, répulsion, ... admiration (pour l'auteure). J'ai eu beaucoup de mal à lâcher le volume cette nuit tant me retenaient les atermoiements de l'enquête et les sinistres arrangements autour. Une vision très noire - hélas belle et bien basée sur des faits réels - du système judiciaire italien. Entre autres systèmes puisque la ville de P. où se déroulent les faits apparaît suintante de secrets malveillants et honteux, de relations viciées, de rejet et de nauséabonds préjugés. On est loin très loin de la Bella Vita latine.



Que de douleurs et d'amertume dans ce roman! Et quel talent de la part de Marie Neuser de le rendre encore plus captivant que le premier tome! Narrations, cheminements, contextualité, qualités d'écriture, tout y est pour empêcher de le reposer avant la dernière page. Bravo!
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Prendre Gloria

Qui est donc Gloria ? Une jeune fille sérieuse, ordinaire, un peu boulotte, pas très belle mais certainement attachante et très aimée de sa famille.

Un jour avec la complicité d’Elena, une amie elle répond favorablement à l’invitation d’un camarade de collège, Damiano, qui souhaite lui remettre un cadeau.

Elle se rend donc à l’église de la Miséricorde pour le rencontrer et personne ne la verra jamais ressortir.



Damiano est présenté dès le départ comme le coupable idéal. Fils à papa, veule, un peu détraqué, il est présenté sous un jour tellement peu sympathique que l’on ne peut pas l’aimer.



En réalité, on part d’un fait divers réel et tragique comme on en voit malheureusement dans nos journaux chaque jour. Mais on va vite évoluer vers un univers nauséabond, bien plus tordu que prévu.



On l’aura compris, l’intérêt de ce roman ne réside pas dans la résolution de l’énigme, dont on nous donne les clés dès le début, mais bien dans la description de l’environnement de l’enquête.

Du côté policier, il y a quelque chose des romans d’Andréa Camilleri. Mais autour des évènements de l’enquête il y un nombre impressionnant de thèmes abordés :

 L’emprise d’un système mafieux sur les milieux dirigeants, même au niveau local.

 Un sujet sur les prêtres pédophiles.

 Le silence des autorités cléricales.

 Le pouvoir, la peur, les faux-témoignages.

 Une description intelligente du phénomène des migrants ainsi que des réactions des habitants que l’inaction des autorités conduisent à la peur et au rejet.

 Etc.



Tout cela est raconté dans un style très fluide, avec des chapitres très courts et une structure chronologique déstructurée qui oblige le lecteur à se concentrer sur les personnages et les dates.

Les analyses des sentiments, pour ne pas dire la psychologie des personnages sont particulièrement bien rendues.



Bref, vous entrez dans ce roman et n’en ressortirez que quand on vous aura expliqué comment les choses ont évolué, quelles décisions seront prises.

C’est une très belle découverte que celle de cet auteur et cela donne envie de lire le premier roman de la série proposée par Marie Neuser : « Prendre Lily » qui reprend le même anti-héros central , sur des faits postérieurs et présentant cette fois le volet Anglais de l’enquête.

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Prendre Lily

Impressionnante somme que ce pavé intitulé Prendre Lily, premier tome du diptyque Prendre femme. Impressionnante et dérangeante.



Si Pocket le classe comme thriller, le roman de Marie Neuser dépasse cette étiquette. Il aborde un macabre fait divers survenue en Angleterre. L'auteure recourt à un narrateur, le policier Gordon McLiam, ce qui apporte une vue tout à fait subjective de l'enquête et de ce qui se deroule autour. Profondément choqué et hanté par l'état du corps de la victime, le flic part littéralement en croisade contre le suspect du meurtre, suivi par ses collègues. Puissant instinct? Aveuglement? Accusation parce que la face du type en question l'écoeure? Esprit de justice ou esprit de vengeance?



Marie Neuser nous livre un fort récit où l'on tombe sans parachute dans les profondeurs de la psyché du narrateur. Elle décortique les aléas des procédures, avec ses lenteurs, avec ses erreurs ou ses oublis, avec la pertinence d'enquête des policiers et leurs manques occasionnels de jugeote. C'est un univers complexe qui se déploie, avec toute la frustration que peut engendrer une enquête au long cours. Et, en creux, il y a ledit suspect, avec toutes ses manies, ses hasardeuses coïncidences et la répulsion qu'il inspire sans délais à McLiam et consorts.



On est assez loin, avec Prendre Lily, du strict roman policier. Par sa forme, par sa densité et par son style. C'est ma première lecture de Marie Neuser et j'en ressors bluffée par son écriture incroyablement ancrée dans son personnage. On suit l'évolution de cet homme, fragilisé et mis en face de certains aspects de sa vie à partir de la découverte du corps martyrisé de Lily. Et cette évolution est très sensible dans le déroulé de ses dires et commentaires, se faisant plus sombre, plus âpre, plus marqué physiquement et moralement à mesure que défilent mois et années.



C'est donc sans attendre que je me plonge dans le second tome, Prendre Gloria.
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Prendre Gloria



1993:Italie



Une jeune ado est enlevée à la sortie d'une église et retrouvée assassinée. un jeune homme est bien vite suspecté: il faudra 17 ans pour le confondre.



Cette affaire, bien réelle,met en exergue les fléaux italiens: une mafia omnipotente, une église encore bien présente et une forte corruption généralisée.



L'auteure présente son histoire à la manière d'un puzzle: les divulgations de l'enquête par la presse forment la trame du livre.



En conséquence, pas de suspens ni de rebondissements , encore moins de souffle romanesque!



Ce roman peut vous plaire si vous aimez vous replonger dans les grandes affaires criminelles.

Si, comme moi, vous êtes plutôt à la recherche de roman noirs ou polars haletants, vous serez décu par la lenteur et la monotonie de l'histoire.



Mais ce n'est que mon humble avis.



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Délicieuse

S'il y a une chose qu'il faut reconnaître à Délicieuse, le roman de Marie Neuser, c'est qu'il se montre efficace. J'ai trouvé que par moments, l'intrigue se diluait dans des détails, des phrases ampoulées et de répétitions. Plus de concision n'aurait pas nui, bien au contraire. Malgré ces quelques longueurs et effets de manche superflues, l'efficacité prédomine puisqu'on reste accroché à la voix de Martha.



L'histoire pourrait se résumer à un banal adultère. Sauf que banal, ça ne l'est pas. De son nuage moelleux et doré où elle culmine depuis vingt années avec son mari et son fils de huit ans, Martha, psychologue criminelle travaillant dans une prison, est précipitée brutalement sur Terre un dimanche de janvier. Son cher et adoré Raphaël est tombé amoureux d'une autre femme. Les jours de cauchemars et de souffrances commencent avec cette annonce.



Martha partage dans son monologue face à la caméra les affres de la trahison, son amour foudroyé et la sensation d'être rejetée comme une vieille chose pour un produit plus neuf. Et comment ne pas compatir à sa douleur alors?

Les choix de Martha m'ont pourtant de plus en plus mise mal à l'aise. Tout comme les nombreux passages recourant aux réseaux sociaux. Ces déballages sans pudeur, voire carrément exhibitionnistes, me révulsent. Je comprends la tactique de Marie Neuser de déployer sous nos yeux les modes de "communication" contemporains, fatras de "moi-moïsme" exacerbé, de clichés, de médiocrité, de violences abjectes bien cachées derrière les pseudos, ... Écœurant et inquiétant car ça ne sort pas uniquement de l'imagination de l'auteure.



Le roman contient donc de multiples thèmes qui s'emboîtent dans l'intrigue principale. Sans doute de par sa formation professionnelle, Martha réfléchit beaucoup sur les peurs du vide existentiel, qu'il faut remplir à tout prix. D'où les pulsions nombrilistes sur les réseaux sociaux, celles meurtrières de certains de ses patients, ... Il y a aussi la question prégnante du temps qui passe. Le couple Martha-Raphaël est quadragénaire. Ce coup de foudre pour la jeune architecte est-il vraiment de l'amour ou une poussée de fièvre de la crise de la quarantaine? Ce qui renvoie Martha, malgré sa minceur et sa beauté, aux ridules au coin des yeux, à l'ovale du menton qui va se relâchant. Elle qui vivait jusque là sans se poser de questions sur son âge se voit jeter ses décennies en pleine face ce fameux dimanche. Le poids des ans soudain abattu sur son visage et son corps. Avec toute la mauvaise perception dans le miroir que donne le chagrin.



Bref, beaucoup de qualités dans Délicieuse. Même si certains points sont prévisibles. Même s'il y a des longueurs et des effets stylistiques qui m'ont paru trop ostentatoires. Mais il y a surtout la capacité à mettre le lecteur très mal à l'aise. Je me suis sentie, au vu de la construction narrative, placée dans une situation de voyeurisme et j'en ressors comme salie à l'intérieur. Plutôt dérangeant et désagréable. Marie Neuser n'a pas écrit pour chouchouter les lecteurs mais pour leur jeter avec violence ce que Martha avait à dire. C'est réussi. Mais voilà un livre que je n'oserais pas offrir.
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Délicieuse

Martha est d'une femme profondément blessée. Après vingt ans de mariage, son mari lui annonce qu'il aime une autre femme. Qu'il la quitte… alors qu'ils ont toujours été heureux ensemble.

De l'anéantissement à l'envie de vengeance, en passant par le désir de reconquête, elle ne parvient pas à faire face au sentiment d'abandon suscité par cette rupture. Elle a l'impression de n'être plus rien.

Martha imagine alors un stratagème diabolique pour s'approcher de sa rivale afin de lui empoisonner la vie.



Marie Neuser, offre avec ce roman une "délicieuse" variation sur le thème de la femme abandonnée qui transforme une banale histoire d'échec conjugal en un thriller psychologique particulièrement bavard et pervers. Martha y dissèque ses états d'âme en long, en large et en travers, et n'évite pas quelques digressions inutiles à mon avis. Malgré son ton sarcastique, assez réjouissant par moment, elle aurait largement gagné à faire preuve d'un peu plus de concision pour encore mieux percuter.
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Je tue les enfants français dans les jardins

Un titre percutant au service d’un roman d’une centaine de pages retraçant la descente aux enfers d’une jeune prof d’italien mutée au cœur d’un collège de Marseille. Eh bien, autant dire que ce roman noir ne respire pas la joie et l’espoir. Oh non !

Lisa elle, était pleine d’espoir et d’attentes lorsqu’elle a choisi ce qui représentait à l’époque pour elle le plus beau métier du monde, celui de son père vénéré, épanoui et admiré par ses élèves. Pétrie d’idéaux républicains sur le pouvoir égalisateur de l’éducation, fière de sa mission, c’est confiante qu’elle est entrée de plain-pied dans le système scolaire. Ah, joies de l’éducation nationale où rien ne se passe jamais comme prévu. Affublée d’une classe de 3e insupportable dominée par une bande de caïds violents, de nymphettes désintéressées, d’une majorité silencieuse et amorphe, son seul rayon de soleil réside en une seule élève, travailleuse et méritante. Mais une seule élève contre une coalition de monstres adolescents ne suffit pas et la descente aux enfers poursuit son inexorable chute. A forces de brimades, de harcèlements, de désillusions, abandonnée par ses collègues et sa hiérarchie qui la jugent responsable de la situation, Lisa perd pied et prépare sa contre-attaque.



Je tue les enfants français dans les jardins est un roman dur et sans concession qui dresse un portrait au vitriol du métier de prof. Marie Neuser n’y va pas avec le dos de la cuillère question critique du système, et vlan une tartine de plus sur le dos de l’éducation nationale (ce qui peut agacer) ! La violence de son histoire fait froid dans le dos et son constat est d’une profonde amertume. Bien qu’on puisse reprocher à Marie Neuser de jouer la surenchère dans le drame psychologique à coup de clichés et d’auto apitoiement (ce qui a beaucoup fait réagir la communauté des lecteurs parfois choqués, en 1e lieu par le titre), on ne peut quand même pas tout dénigrer car le constat d’une faille au sein du système éducatif français est une réalité. Et malgré ces critiques ambiguës, j’ai souhaité me forger ma propre opinion. Je conseille donc ce roman qui ne peut vous laisser indifférents ne serait-ce que par son thème qui représente une des pierres angulaires sur lesquelles reposent les valeurs de la République. Si ce roman peut faire ouvrir les yeux sur l’importance de soutenir le plus beau métier du monde à mon sens (et je ne suis pas prof, n’y voyez pas une autocongratulation), alors ce livre mérite sa place. A bon entendeur !
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Je tue les enfants français dans les jardins

Un livre court, à peine 150 pages, un livre dense, un livre choc !

A travers l'histoire et les désillusions de Lisa, jeune professeur d'italien qui vit un cauchemar au quotidien au collège, Marie Neuser réussit à mettre en place une ambiance très noire composée d'insultes, et d'incompréhension.

Inéluctablement la fin de cette histoire très sombre se dessine sans qu'on puisse entrevoir le moyen de l'éviter.

Un livre qui sort des sentiers battus et qui ne laisse vraiment pas le lecteur indiffèrent...
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Un petit jouet mécanique

Un petit jouet mécanique a attiré mon regard, et il a bien fait.

Une histoire fort bien écrite, qui tangente le thriller en offrant au lecteur un récit de vacances passées pleines de malaise et d'angoisse.Angoisse plutôt ressentie par Anna dans cette chimère parentale d' Acquargento : Une maison isolée de tout où les 16 ans d'Anna n'ont plus rien à faire qu'à s'ennuyer ferme... jusqu'à l'arrivée d' Hélène et Léa.

Un petit jouet mécanique, joue un petit air de Bonjour tristesse à la sauce des années 90, en moins sophistiqué mais en plus moderne.
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Un petit jouet mécanique

--- 4e de couv' un peu trop bavarde...



Anna revient dans la résidence secondaire corse de ses parents, avec son mari et leur petit garçon de quatre ans. C'est là qu'elle a passé ses étés à partir de sa dixième année. Elle n'y a pas mis les pieds depuis deux décennies, elle avait seize ans. Elle se souvient douloureusement de ce tout dernier séjour : oui, le paysage était magnifique, la plage pas très loin, elle avait sa musique et ses bouquins, mais... adolescence, ennui mortel dans cette baraque perdue au milieu de rien, seule avec ses deux parents qui l'infantilisent et se disputent... Une visite est venue l'extraire de cette torpeur sclérosante, mais finalement, l'ennui était préférable, de très loin...



Tout comme 'Je tue les enfants français dans les jardins', ce roman est un livre choc, terrible. Une histoire d'enfant maltraité, de mère déficiente, malade. Le lecteur est vite pris dans une ambiance étouffante : adolescence, désoeuvrement, mépris d'une jeune fille à l'égard de ses parents et de leur vie kitsch et étriquée, rivalités sororales, menace d'un drame... Le malaise croît en même temps que les craintes d'Anna, malaise d'autant plus insoutenable qu'une vie est en jeu et que le début de l'ouvrage laisse présager une fin malheureuse - ou simplement une volonté de la narratrice de tourner la page sur un épisode traumatisant ?



L'emploi du 'vous' rend la lecture plus ardue, mais ajoute encore à l'effet asphyxiant, glaçant du récit, et manifeste peut-être aussi un sentiment de culpabilité tenace...
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Un petit jouet mécanique

Dès le début du livre, on sait qu’un drame va arriver. Je pensais à tort que c’était l’adolescente qui allait persécuter ce bébé, comme quoi il faut bien lire la quatrième de couverture… :-)



J’ai ressenti un malaise lors de ce récit, cela m’a rappelé les guerres répétées entre mes sœurs et moi, et ces vacances obligatoires ou l’on subissait plus que l’on appréciait… Mais cela, c’est une autre histoire ;-).



C’est un petit roman captivant, inattendu et incompréhensible pour moi… Comment une mère peut en arriver là ?



Enfin, je vous laisse découvrir.



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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