Citations de Marie de Hennezel (539)
p.120 "Etre aimable, voilà la clé, affirme Jean-Louis Servan Schreiber. A nous de faire en sorte que l'on ait plaisir à nous entendre, nous rencontrer, à communiquer avec nous. Adoucissons-nous ! Soyons disponibles !
Certaines personnes âgées savent très bien doser cette alchimie, écrit-il aussi. Cela se niche dans un regard, un sourire, une voix aimable au téléphone. Elles ont un instinct pour se rendre agréables. Elles ne se plaignent jamais, n'attendent rien, ont leur propre réseau relationnel, veillent à leur aspect physique. Il ne s'agit plus de chercher à séduire, ce n'est pas approprié, mais de rester attirant, de cultiver son charme.
Le charme ne vient plus de la souplesse de la peau ou de la force du muscle, mais de l'âme. "
p.118 "Il ne suffit pas d'être attentif à son corps ; il faut davantage encore s'occuper de l'esprit et de l'âme. L'un et l'autre, en effet, risquent d'être éteints par la vieillesse comme la flamme d'une lampe privée d'huile."
p.20 "On devient vieux lorsqu'on refuse de vieillir, c'est-à-dire d'avancer dans la vie. C'est là un grand paradoxe...
Comment accepterons-nous les transformations enlaidissantes de notre corps si nous n'explorons pas en même temps le pouvoir rayonnant de certaines émotions, comme la joie et la gratitude ? Si nous ne renonçons pas à nous regarder nous-mêmes pour voir le monde autour de nous, et nous en émerveiller ?
Comment accepterons-nous la solitude, si nous n'avons pas appris à être bien avec nous-mêmes, paisibles, réconciliés avec nos vies et avec notre entourage ?
Comment accepterons-nous les contraintes d'un temps et d'un espace limités, si nous n'avons pas exploré l'illimité de notre esprit et de notre cœur ?"
Quelle tristesse que les personnes âgées ne sachent pas qu’en vivant leur mourir en présence de leurs proches elles leur communiquent quelque chose de précieux. Elles leur montrent que l’être humain est capable d’accomplir ce dernier acte de sa vie.
Regardons autour de nous. Tant de personnes âgées sont isolées parce qu'elles ont fait le vide autour d'elles. C'est leur égocentrisme aigu et non l'indifférence des autres qui est en cause. Elles ne cessent de geindre, de se plaindre, d'être obsédées par elles-mêmes. Ces "mauvaises solitudes" conduisent à la tristesse, au ressassement, à la désespérance.
L'importance de la parole, des mots tendres, n'est plus à démontrer quand on sait qu'un vieil homme grabataire, désorienté et replié sur lui-même reçoit en moyenne cent vingt secondes de paroles par jour.
La pire des choses qui puisse nous arriver n'est pas la mort, mais la tristesse.
La tristesse d'une vie gâchée faute d'amour.
Voilà le drame vivre sans avoir réalisé la valeur de la vie, la chance de vivre, le miracle qu'il y ait de la vie.
Oui, vivre tristement en subissant l'existence, le cœur rempli de ressentiment.
L'essentiel pour une bougie n'est pas l'endroit où elle est posée. C'est la lumière qu'elle irradie jusqu'au bout.
Si nous sommes des vieillards rayonnants, peu importe finalement le lieu où nous terminons notre vie.
On dit que l'expérience du deuil nous humanise. C'est vrai, elle nous jette au bas de notre piédestal narcissique, elle nous fait mal, elle nous humilie, elle nous rappelle que nous ne sommes pas tout puissant, que tout passe, tout change, que nous n'aurons pas toujours près de nous ceux que nous aimons.
Et toute cette douleur du deuil, contre laquelle nous nous défendons de toutes les manières possibles, finit par creuser en nous un espace. Un espace de pauvreté et de fécondité. Un espace pour aimer.
On peut apprendre à penser. Il suffit pour cela de vivre en apprenant.
La vie nous lance des messages. Ecoutons-les.
Moi qui ai toujours porté sur la vie un regard de confiance, voilà que le spectre de la solitude, au moment où j'entre dans le troisième âge, me terrasse, me plonge, d'une façon qui m'a surprise moi-même, dans une dépression inattendue.
La mort, celle que nous vivrons un jour, celle qui frappe nos proches ou nos amis, est peut-être ce qui nous pousse à ne pas nous contenter de vivre à la surface des choses et des êtres, ce qui nous pousse à entrer dans leur intimité et leur profondeur.
J’ai créé ma maladie pour répondre à l’abandon. C’est malin ! Maintenant j’ai la preuve qu’on m’aime, je veux vivre, mais mon virus n’entend pas !
Le mythe de la jeunesse éternelle peut nous empêcher d'accepter de vieillir et de savoir mourir le moment venu.
à propos de la vieillesse:"vieillir est une activité.Etre vieux est un naufrage".On est vieux quand on est triste.Certains commencent à être vieux jeunes..."
On découvre toujours trop tard que la merveille est dans l'instant (F. Mitterand)
Ce n'est pas la mort qui est mauvaise,c'est la tâche non accomplie.
Gitta Mallasz
C'est la pensée qui rassemble les morceaux épars de notre vie pour en faire une vie et non des morceaux épars.
En 2030, un Français sur trois aura plus de soixante ans. Notre pays comptera donc - c'est une lapalissade ! - de plus en plus de vieux dont il faudra malgré tout s'occuper, et de moins en moins de jeunes pour prendre soin d'eux, ou pour accepter de payer afin que d'autres le fassent à leur place. Inutile de vous dire que dans ces conditions, nous allons droit vers une situation explosive Explosive humainement, explosive socialement, explosive économiquement, explosive politiquement. Je ne vois pas, à part le dérèglement climatique, une guerre ou une catastrophe nucléaire, pire bombe à retardement pour une société développée comme la nôtre.
Plus les conditions de la fin de vie sont incertaines, faute d'un vrai dialogue avec le médecin et l'équipe soignante, plus l'anxiété grandit, plus la tentation d'anticiper la mort naturelle apparaît comme la seule issue à cette intolérable angoisse.