Marion Zimmer Bradley

Au coucher du soleil, un air frais et vivifiant s’était mis à souffler de la mer. En cette saison, les fermiers brûlaient le chaume de leurs champs, mais le vent avait balayé le voile de brume et la Voie lactée traçait d’un bout à l’autre du ciel une route d’un blanc éclatant. Le Merlin d’Angleterre était assis sur la Pierre du Veilleur, au sommet du Tor, les yeux fixés sur les étoiles. Bien que la gloire des cieux dominât sa vision, elle ne retenait pas toute son attention. Il tendait l’oreille pour capter tous les bruits provenant de la demeure de la Grande Prêtresse, située sur la pente en dessous de lui.Depuis l’aube, Rian connaissait les douleurs de l’enfantement. Ce serait son cinquième enfant et les premiers bébés étaient venus au monde facilement. L'accouchement n’aurait pas dû s’éterniser ainsi. Les sages-femmes celaient jalousement leurs mystères, mais au coucher du soleil, quand Merlin s’était préparé à sa veille, il avait lu de l’inquiétude dans leurs yeux. Le roi Coelius de Camulodunum, qui avait convoqué Rian au grand rite pour qu’elle protège ses champs inondés, était un grand blond solidement charpenté, comme tous les membres des tribus belges qui avaient envahi et colonisé les terres de lest de l’Angleterre. La Grande Prêtresse, en revanche, était une petite brune présentant tous les traits elfiques du peuple qui fut le premier à s’établir dans ces collines.
Rien de surprenant à ce que l’enfant que Coelius avait engendré fût trop gros pour sortir aisément de l’utérus. Quand Rian avait découvert qu’elle était enceinte, des prêtresses plus âgées lui avaient vivement conseillé de s’en débarrasser. Mais agir ainsi, ç’aurait été nier L'existence de la magie, et Rian leur avait répliqué qu’elle servait depuis trop longtemps la Déesse pour ne pas s’en remettre à ses Desseins.

Les années ne signifient rien. Le temps change les gens et la souffrance modèle leur âme. Alors, les très jeunes peuvent être plus âgés que les très vieux.

Et le but de la vie n'était pas de la traverser en recevant un minimum de coups, mais en défendant ses convictions avec honneur et en prenant position quand c'était nécessaire, quel qu'en soit le prix.

Les héros et les bourreaux n'étaient pas la majorité. La plupart des gens faisaient comme s'il ne se passait rien de mal autour d'eux, pensant, s'ils niaient la réalité, qu'elle ne les toucherait pas. Et c'est leur comportement qui a rendu possible la propagation du mal.

Offre d'emploi : Nous recherchons une célibataire intelligente et cultivée, de dix-huit à trente ans. Mobilité géographique indispensable. La candidate que nous retiendrons aimera la lecture, plus particulièrement la Science-Fiction et la littérature fantastique. Une connaissance pratique de la magie sera exigée. Le salaire annuel variera entre 40 000 et 70 000 dollars en fonction des diplômes et des compétences. Avantages en nature : logement et voiture de fonction, plus excellente couverture sociale. Envoyez coordonnées et lettre de motivation à l'adresse suivante.

Il aurait bien voulu avoir terminé le sortilège incendiaire quand son oncle avait attaqué, il aurait pu calciner le vieux bâtard. Mais pas moyen de préparer le sortilège tout en se battant. Il ne pouvait y avoir d’affrontement magique entre deux magiciens que s’ils se tenaient loin l’un de l’autre, boucliers déjà prêts, afin de prendre le temps d’appeler à eux leur pouvoir. Au combat rapproché, ils faisaient comme tout le monde : ils mordaient, ils griffaient, ils claquaient des mâchoires, ils donnaient des coups de poing.

L’esprit paresseux force tous les phénomènes à s’ajuster au moule du déjà-connu, du déjà-vu. L’esprit paresseux, en face de la situation apparemment impossible où un livre modifie de lui-même ses mots imprimés, se rassure en pensant à ces petits génies industrieux qui pédalent dans leur sous-sol, chez Microsoft. Du papier électronique : que vont-ils encore inventer ? […] Ce livre n’était pas un miracle de la technologie moderne. Ce livre avait accompli quelque chose qu’elle savait impossible et pourtant, puisque c’était arrivé, ce qu’elle savait être impossible ne l’était pas. Très improbable, mais improbable et impossible étaient des notions tout à fait différentes.
Elle caressa la couverture du livre. Pas l’argument sûr, connu, rassurant de la technologie. Plutôt quelque chose qui évoquait les tambours vaudous, les rituels nocturnes, la superstition, le fantasme, la peur et le tremblement, une merveille, étincelante, abasourdissante.
La magie.

N’ayez pas peur de blesser quelqu’un. N’hésitez pas à tuer si vous en avez l’occasion. Vous ne réussirez sans doute pas particulièrement bien si l’on en vient là, mais qui sait ? Le désespoir suscite d’étranges champions.

« Mon enfant, vous devez vous rappeler que cette terre appartient à tous ses habitants, quels que soient leurs dieux. Nous combattons tous ensemble, contre les Saxons, non parce qu’ils n’adorent pas nos divinités, mais parce qu’ils veulent brûler nos foyers, dévaster nos champs, s’approprier nos biens. Nous nous battons pour défendre la paix sur cette terre, chrétiens et païens unis dans une même volonté »

A l'est, la brume se transformait en nuée brune, mais Tiriki le remarqua à peine. Juste devant elle, au sommet du Tor, se dressait un cercle de pierres levées.Comparé aux édifices gigantesques d'Atlantis, il n'était pas particulièrement impressionnant. Les pierres avaient conservé la forme que les dieux de la terre leur avaient donnée et la plus grande atteignait à peine sa poitrine. Mais le seul fait qu'une telle chose existât ici l'obligea à reconsidérer ce qu'elle savait des talents,ou peut-être de la volonté, du peuple qui l'avait érigée.

On ne peut pas juger d'un autre par soi même. Une personne que tu aimes peut avoir des objectifs et des besoins très différents des tiens. De même qu'une personne que tu as des raisons de détester peut, à sa façon, favoriser ta cause.

- Pourquoi devrions nous haïr nos ennemis? Les sympathies et antipathies personnels sont de mauvaises raisons pour choisir son camp dans les matières importantes. Fréquemment, les raisons de notre sympathie ou antipathie se ramènent à des choses triviales, détails de vêtement ou d'apparence, tics du langage, ressemblance vraie ou imaginaire avec qulqu'un que nous avons des raisons d'aimer ou non. Nous devons souvent travailler en alliance avec des gens qui nous déplaisent. Ce sont les objectifs de l'ennemi que nous devons combattre, pas les personnes elles mêmes. Car nous ne pouvons jamais connaître l'autre tel qu'il est, mais seulement tel qu'il nous paraît. Et puisque nous sommes obligés de le regarder à travers la jungle de nos habitudes et de nos préjugés, comment pouvons nous juger de sa valeur morale?

Trois Pétales pour le manier et l'Archimage du Ciel pour guide...

L'amour est acceptable, la dévotion ne l'est pas.

Elle montait dans le ciel vers la lumière, accompagnée des Seigneurs de l'Air, sous la forme de grands gypaètes. Sa vie avait atteint son terme, et la tâche qui lui avait été confiée était achevée.

Votre déesse est fausse, lui dit calmement Haramis, s'efforçant de rester consciente quelques secondes de plus. Je suis le Pays, et je ne meurs jamais.

Je pense maintenant que ce fut la véritable initiation, car ce ne sont pas les adversaires extérieurs, que l'on peut affronter et défier, qui sont les plus dangereux, mais les antagonismes plus subtils qui habitent en nous.

Il y a un dicton dorok qui dit : "Le monstre combattu en compagnie d'un bon compagnon est plus petit que celui que l'on affronte seul".

Une voix mystérieuse parla :
Dans ce Sceptre du Pouvoir se trouvent en puissance tant l’Équilibre permanent du monde que sa Destruction. Réfléchissez très judicieusement avant de lui donner des ordres et souvenez-vous que ceux qui l'ont conçu ont fini par craindre de l'utiliser...

MacAran soupçonnait la Commune des Hébrides d'être l'une des nombreuses petites communautés néo-rurales qui s'étaient détournées du grand courant de la société terrestre contemporaine, lui faisant grief de son industrialisation et de son enrégimentation. De nombreux groupes de ce genre étaient allés vivre dans les colonies stellaires... Tout le monde s'accordait pour reconnaître que, s'ils étaient des inadaptés sur la Terre, ils faisaient d'excellents colons.