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Citations de Martin Lings (126)


Elle mesurait ce qu'il avait fallu à Khadija de courage, de force et d'intelligence pour tenir bom aupres de celui qui devenait le Messager.
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Il existe déjà, en langues européennes, un certain nombre de biographies du Prophète (Pour les références précises, on pourra se reporter au Mahomet de M.Gaudefroy-Demombynes, nouvelle éd. Paris, 1969 ( "L'évolution de l'humanité").
(...), et celle -ignorée des orientalistes mais que, pour ma part, je préfère à toutes les autres parce qu'elle est écrite avec la plume de la foi et le pouvoir évocateur du peintre -due à Etienne Dinet et Sliman ben Brahim.
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Si, se référant à notre symbolisme de base, on demande quelle est la forme prise par le flot de la marée, il faut répondre qu'il prend surtout la forme d'un livre, le Coran. Les soufis parlent de « chercher à se noyer » (istighrâq) dans les versets du Coran qui, selon l'une des doctrines les plus fondamentales de l'Islam, sont la Parole incréée de Dieu. Ce qu'ils cherchent, c'est, pour employer un autre terme soufique, l'extinction (fanâ') du crée dans l’Incréé, du temporel dans l’Éternel, du fini dans l'Infini ; et, pour certains soufis, la récitation du Coran a constitué, durant toute leur vie, le principal moyen de concentration sur Dieu, ce qui est l'essence même de tout chemin spirituel. Il arrive que des soufis le récitent continuellement – par exemple, en Inde et en Afrique occidentale –, même s'ils savent très peu d'arabe ; et si l'on objecte à cela qu'une telle récitation ne saurait avoir sur l'âme qu'un effet fragmentaire étant donné que l'intelligence des récitants ne peut y participer, on répondra que leur intelligence est pénétrée par la conscience de participer à la Parole divine. Ils savent, en outre, que le Coran est un flux et un reflux – qu'il flue de Dieu vers eux et que ses versets sont des signes miraculeux (âyât) qui les reconduiront vers Dieu, et c'est précisément pour cela qu'ils le lisent.
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L'une des erreurs de « celui qui part à la recherche de Dieu » est de permettre à sa conception de la divine transcendance de ne laisser nulle place à la connaissance de l'immanence divine.

Le cheikh dit à ce sujet :

De tous les hommes, les plus éloignés de leur Seigneur sont ceux qui dépassent la mesure dans leur affirmation de Son incomparabilité.

Il dit encore :

Il ne s'agit pas d'affirmer Son incomparabilité au-delà de toute mesure, mais de Le connaître par analogie.

Il ne s'agit pas de connaître Dieu en levant le voile, mais de Le connaître dans le voile même.

Les comparaisons fondées sur la certitude de Son unité valent mieux que les abstractions de celui qui est voilé de Son unité.

Un jour, dans un site naturel d'une insurpassable grandeur, un disciple du cheikh dit, en montrant de la main les montagnes dressant leurs cimes enneigées au-dessus des versants boisés, le ciel bleu, les nuages blancs et le soleil à demi voilé : « Dieu est comme cela. » Sans doute, pour amener ses disciples à saisir d'une compréhension qui ne fût pas seulement mentale, que, sans Dieu, toutes ces choses offertes à leurs yeux s'évanouiraient en un instant. Le même Maître a dit encore : « Dans la caverne, le Prophète a enseigné à Abû Bakr les mystères du nom divin. Une toile d'araignée empêcha les infidèles d'entrer. Cette toile est la doctrine métaphysique qui sépare le monde profane de la gnose et la gnose du monde profane. La toile d’araignée est l'extériorisation du soi. »

Il alla jusqu'à expliquer que les cercles concentriques représentent la transcendance, car ils figurent la hiérarchie des mondes l'un au-dessus de l'autre ; l'incomparabilité du soi, son absolue transcendance étant représentées soit par la circonférence la plus extérieure, soit par le centre, selon que l'on considère son aspect de totalité qui embrasse tout, ou son aspect d'intériorité. Les rayons qui relient les différents cercles entre eux représentent l'immanence divine qui nous permet d'établir des comparaisons et de relever des analogies. Chaque point d'intersection du rayon et de la circonférence est un sanctuaire de la Présence divine qui permet d'affirmer « Dieu est comme cela », ou même « C'est Dieu » ; et chaque point, sur chaque circonférence, ayant virtuellement son rayon qui le relie au centre, chaque point peut être le lieu de manifestation d'un secret.

Mais, ceux qui « affirment au-delà de toute mesure son incomparabilité » sont ceux qui considèrent seulement les cercles ; ils sont, « de tous les hommes, les plus éloignés de leur Seigneur » parce qu'en refusant de considérer les rayons ils se privent de toute relation avec Dieu et ils privent le monde de toute signification symbolique. (pp. 239-240)
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Le point de départ de l'ésotérisme est la conscience que l'âme a gardé de la nécessité de regagner le Paradis perdu de l'Eden où, grâce à l'Arbre de Vie et aux Fleuves de Vie, elle avait accés à l'Esprit.En d'autres termes, son aspiration initiale est sa nostalgie de l'Esprit -sa nostalgie de Dieu, pourrait-on dire, puisque l'Esprit ouvre sur la Divinité.
Or, si celui qui Le cherche est un homme (au sens masculin du terme), il peut arriver que l'Esprit, afin d'engager plus aisément toutes les puissances de l'âme dans la voie spirituelle, soit vu sous son aspect féminin complémentaire, et donc personnifié par une femme.On en a un exemple dans La Divine Comédie, où Béatrice, la bien-Aimée de Dante, symbolise l'un des aspects de l'Esprit.A partir du Paradis terrestre, situé au sommet de la Montagne du Purgatoire, c'est elle qui le guide à travers les Cieux.
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Et c'est Lui qui, de l'eau, a créé l'homme.
(Coran : 25, 54)

Dans les rites d'ablution, l'élément eau, avec lequel celui qui accomplit le rite s'identifie pour ainsi dire lui-même, peut symboliser la pureté originelle de la nature humaine telle qu'elle a été créée ; le rite remet alors en mémoire l'état de perfection humaine. En même temps, il symbolise l'identification avec la pure bénédiction qui est l'essence de la mer d'eau douce des eaux supérieures ; à un niveau encore supérieur, il symbolise l'identification avec la substance de tout l'Univers créé ; mais son sens le plus élevé est l'Identité suprême, l'immersion ou l'extinction de l'être dans les eaux de l'infinie Vérité Une.

Elles sont vraiment les Eaux réelles, et l'élément terrestre n'en est qu'une ombre lointaine.

Il ne faudrait d'ailleurs pas s'imaginer que c'est l'homme qui a choisi l'élément eau comme symbole, sous prétexte qu'elle purifie et désaltère ; c'est l'inverse qui est vrai, c'est-à-dire que l'eau apaise la soif et purifie parce que, indépendamment de tout choix humain, elle est, et a toujours été, un symbole de l'Essence pure qui satisfait éternellement la soif de tous les désirs. En tant que tel, l'élément possède en lui-même le pouvoir de réveiller la mémoire de l'homme, et jusqu'à un certain point sans même que l'homme en ait consciemment l'intention. (pp. 79-80)
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"L'art sacré est fait pour véhiculer les présences spirituelles;(...).Il aide l'homme à trouver son propre centre."(Frithjof Schuon)
...le centre de l'homme est surnaturel, situé au-delà du plan strictement humain.
Il est certes approprié de signaler ici que dans tous les ésotérimes, c'est-à-dire dans les aspects les plus profonds des différentes religions, il y a lieu de mentionner ce qu'on appelle "l'Oeil du Coeur";Il s'agit du centre que l'art sacré aide à trouver."
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(...) Martin Lings était, dans le monde islamique, une des voix occidentales les plus éloquentes et les plus sereines.A travers son oeuvre riche et variée, (...) Lings a transmis une certaine vision du sacré telle que l'incarne le Soufisme, la dimension ésotérique et spirituelle de l'Islam.
Il combinait une vatse connaissance et une érudition méticuleuse, une sensibilité poétique et une élégance d'expression qui rendaient accessibles les sujets les plus profonds, et passionnaient les très nombreux auditeurs qui affluaient à ses conférences.(...)
A une époque où l'on profère tant d'absurdité sur les "chocs des civilisations", et où l'Islam est assiégé, l'oeuvre de Martin Lings apparaît comme un phare.
Hommage à Martin Lings, Shusha Guppy
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« Fais-moi entrer, ô Seigneur, dans les profondeurs de l'Océan de ton unité infinie. » : tels étaient les mots par lesquels débutait une prière qu’avait coutume de dire le grand soufi andalou Muhyi 'd-Dîn Ibn 'Arabî ; et, dans leurs traités, les soufis ont toujours fait mention répétée de cet « Océan » qui servait aussi de référence symbolique au Terme vers lequel leur chemin les conduisait. Sur la base de ce symbole et en réponse à la question « Qu'est-ce que le soufisme ? », nous commencerons donc par dire ceci : de temps à autre, une Révélation « flue » comme un grand flot de marée venant de l'Océan d'Infinitude vers les rives de notre monde fini ; et le soufisme est la vocation, la discipline et la science permettant de se plonger dans le reflux de l'une de ces vagues et d'être ramené avec elle à sa Source éternelle et infinie.
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Il [cheikh Ahmad al-Alawî] fait suivre cela d’un passage dans lequel on peut dire qu’il s’exprime, au sujet de l’interprétation symbolique des textes sacrés, avec l’accent de tous les vrais mystiques :

« Celui qui ne considère que la signification extérieure ou littérale en l’isolant de l’ensemble, est un matérialiste (hashwî), et celui qui ne considère que la signification intérieure en l’isolant de l’ensemble, est un pseudo-mystique (bâtinî), mais celui qui allie les deux significations est parfait. C’est en ce sens que le Prophète a dit : « Le Koran est comme une muraille surmontée d’une tour de guet, il a un extérieur et un intérieur. » Ou peut être est-ce 'Alî qui a dit cette parole car le lignage de celle-ci s’arrête à lui. Ce que je veux montrer, c’est que Moïse avait vu dans l’ordre d’ôter ses deux sandales, un ordre de se dépouiller des deux mondes, aussi obéit-il à ce commandement, extérieurement en retirant ses sandales et, intérieurement en rejetant les mondes. Le véritable rapport est celui-ci : il faut aller et venir, passer de l’un à l’autre, de la formule extérieure au secret intérieur ». (pp. 200-201)
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Outre ses écrits pour la défense du soufisme, on trouve dans Al-Balâgh des attaques du cheikh contre les prétendus « réformateurs » pour leur constante complaisance à l'égard de l'époque moderne, aux dépens de la religion. En même temps, il exhorte les chefs des zawâyâ mettre en pratique ce qu'ils enseignent. En ce qui concerne le monde en général, il prend position contre tous les mouvements antireligieux et en particulier contre le communisme. Pour les musulmans, il insiste sur l'importance qu'il y a à élever le niveau général de connaissance de l'arabe classique et dénonce la pratique de se faire naturaliser français. Il met inlassablement en évidence les dangers de l'occidentalisation ou adoption des habitudes européennes de pensées et de vie et, en particulier, il condamne ces musulmans qui portent des vêtements européens modernes.

En tant que guide spirituel, et par conséquent en suprême psychologue, il savait que les vêtements, qui forment l'ambiance immédiate de l'âme humaine, ont un pouvoir incalculable de purification ou de corruption. Ce n'est pas sans raison, par exemple, que dans la chrétienté et le bouddhisme, les ordres religieux ont conservé, à travers les siècles, un costume qui avait été tracé et institué par une autorité spirituelle soucieuse de choisir une tenus compatible avec la vocation de celui qui la porte. En dehors de ces exemples, on peut d'ailleurs dire, d'une façon générale, que toutes les civilisations théocratiques, c'est-à-dire dans toutes les civilisations à l’exception de la civilisation moderne, le vêtement a été plus ou moins inspiré par la conscience que l'homme et le représentant de Dieu sur la terre, et ce n'est nulle part plus vrai que dans la civilisation islamique. En particulier, le vêtement arabe de l'Afrique du Nord-Ouest, turban, burnous et djellaba, qui n'a pas changé depuis des siècles, est une combinaison parfaite de simplicité, de sobriété et de dignité, et il conserve ces qualités jusque dans les haillons.
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Aujourd'hui, en dépit des profanations, la nature demeure encore une inépuisable réserve de rappels adressés à l'homme, rappels de son véritable héritage, et qui peuvent devenir opérants à la lumière de la doctrine; et d'une manière comparable, même si le rétablissement de la civilisation chrétienne ne semble guère plus possible que celui de la nature vierge, nombre de ses points de repère subsistent encore, les cathédrales par exemple, monuments d'une éblouissante beauté qui portent témoignage de l'enthousiasme spirituel des siècles qui leur ont donné naissance. Outre leur pouvoir en tant qu'art sacré, elles ont celui de matérialiser avec éloquence — et jamais davantage que lorsqu'on les regarde du fond de l'abîme actuel — la règle universelle de toute spiritualité : «Cherchez premièrement le Royaume des Cieux et tout le reste vous sera donné par surcroît», ainsi que la règle parallèle : «On donnera à celui qui a». Et par là même, leur présence démontre encore une fois cette vérité complémentaire que « à celui qui n'a pas, on ôtera même ce qu'il a » : en tant que constructions de pierre, elles proclament la domination spirituelle de l'homme sur la matière, tandis que l'impuissance du monde moderne à produire quoi que ce soit qui leur ressemble trahit l'infirmité du matérialiste précisément là où on aurait pu s'attendre qu'il excelle. Il est «celui qui n'a pas», ayant rejeté la transcendance; et «ce qu'il a», c'est-à-dire la matière, lui est ôté en ce sens qu'on ne peut réellement dire qu'elle est à lui, puisqu'il n'a sur elle aucun pouvoir qualitatif. Il suffit d'approcher une ville comme New York pour avoir l'impression terrifiante que la matière a pris possession de l'homme et l'a quantitativement submergé. Mais devant les cathédrales de Durham, de Lincoln ou de Chartres, il saute aux yeux que nos ancêtres médiévaux étaient capables de maîtriser la matière au point de la contraindre à se surpasser jusqu'à se faire vibration de l'Esprit.
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"Un des grands privilèges de ma vie fut d'avoir connu le Dr.Martin Lings, que je rencontrai pour la première fois à l'occasion de mon parrainage de la Temenos Academy, parrainage qui résulta à son tour d'une présentation du Dr Kathleen Raine par Sir laurence Van der Post.Ces trois personnages remarquables m'ont fourni, ainsi qu'à bien d'autres, une inspiration et un soutien immenses.Leur absence de la scène appauvrit le monde, et cet appauvrissement découle du fait qu'ils nous rappelaient constamment cette dimension invisible de notre existence, dimension qui forme le modèle sous-jascent à toute manifestation et que l'on a si cruellement et brutalement maltraité à notre époque.
Le Dr Martin Lings, quant à lui, voyait sous la surface des choses, et nous aidait à percer le voile derrière lequel réside le sens du sacré de tant de mystères de la vie.Il nous aidait à regarder au-delà de la littéralité, et de comprendre qu'il y a de multiples couches de significations au sein de l'univers caché- chose que la science commence eenfin à admettre par la reconnaissance d'un ordre et d'une harmonie inhérente au monde autour de nous et en nous-mêmes."
S.A.R.Le Prince de Gales
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"S'il était fait tort à un juif, musulmans et juifs devaient oeuvrer à faire respecter ses droits, et de même s'il était fait tort à un musulman."
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Le Coran, souvent appelé Livre de la Vérité, pourrait aussi s’appeler Livre de la Miséricorde, puisqu’à l’exception d’une seule, toutes ses sourate s’ouvrent par les mots BismiLlâhi al-Rahmân al-Rahîm, Au Nom de Dieu, l’infiniment Bon, l’incommensurablement Miséricordieux. L’identité de l’Infinitude et de la Miséricorde est affirmée dans le verset : Ma Miséricorde embrasse toute chose (Coran : 7, 156).

Le premier de ces deux Noms de Miséricorde, al-Rahmân, est lié au Nom al-Muhît, Celui qui englobe ; et par extension, ce mot a aussi le sens d’océan. Comme le ciel bleu, et le manteau bleu de la Vierge, les mers (maria en latin), puisqu’elles entourent les terres, sont le symbole de la Miséricorde infinie. Ce Nom al-Rahmân pourrait presque se traduire par « l’Infiniment Compréhensif », ce qui permettrait d’indiquer la relation cognitive profonde, pas du tout évidente à première vue, qui existe entre la Miséricorde et la Vérité, symbolisées toutes les deux par la même couleur.

Le second Nom de Miséricorde, al-Rahîm, l’incommensurablement Miséricordieux, est, aussi par extension, l’un des noms du Prophète. Tandis que le premier Nom désigne la divine Source de Miséricorde, le second rend compte de toute Miséricorde manifestée ; et nous trouvons ici la raison pour laquelle le vert est considéré, tout à fait généralement, comme la couleur de l’Islam. Le jaune est la couleur de la manifestation, et le vert est une fusion de bleu et de jaune, donc de Miséricorde et de manifestation. Le Coran parle bien des vêtements verts que portent au Paradis les âmes des bienheureux, sans oublier que le Paradis lui-même, symbolisé par les oasis du désert, et appelé en arabe le Jardin, est toujours imaginé verdoyant.

Mais si cette couleur secondaire, ou composée, représente la religion elle-même, il n’y a aucun doute que, par une ellipse typiquement musulmane – l’Islam aime s’appuyer sur la racine même des choses – le bleu, plutôt que le vert, est la couleur dominante de l’art musulman. Il existe plusieurs célèbres Mosquées Bleues, et il en existe nombre d’autres auxquelles on pourrait tout aussi bien donner ce nom ; et dans les manuscrits du Coran, outre l’évident amour du bleu chez les enlumineurs, il semble y avoir une règle, non écrite, que chaque fois qu’un fragment de texte ou une ornementation sera entouré d’un cadre, la bordure la plus extérieure sera bleue, comme pour illustrer le verset cité plus haut : Ma Miséricorde embrasse toute chose. (pp. 66-67)
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De toutes les communautés traditionnelles encore actuellement plus ou moins vivantes, c'est probablement les Indiens d'Amérique qui sont, grâce à leur mode de vie ancestral, les plus sensibles à la sainteté du macrocosme. C'est pourquoi ils voient cette vaste destruction, qu'ils pensent imminente eux aussi, sous un angle purement positif, comme un acte divin de normalisation qui fera table rase de toutes les constructions par lesquelles l'homme a défiguré et désacralisé la face vénérable de la terre, – d’où l’expression de Jour de la Purification qui désigne chez eux cet événement, attendu depuis longtemps.

Dans l’Islam, l’événement est également prédit, et dans des termes que les Indiens trouveraient rassurants. Ceci ne doit pas nous surprendre, puisqu'en dépit de nombreuses différences entre ces deux perspectives, l’Islam est toujours resté profondément conscient de ses origines nomades. Il a en outre un double droit à sa prétention à la primordialité, l’un rétrospectif, en tant que retour à la religion préjudaïque d’Abraham, et l’autre prospectif, en vertu de sa place au seuil du nouvel Âge primordial. Le Coran déclare expressément qu’avant la fin toutes les villes seront soit totalement détruites, soit durement châtiées ; et on peut présumer que cela aura été précédé par une frénésie de développement urbain, car, lorsqu’on l’a interrogé sur les signes qui annonceraient la proximité du dernier jour, le Prophète a en particulier mentionné l’excessive hauteur des futures constructions humaines. (p. 98)
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L’homme, en raison de sa véritable nature, ne peut pas ne pas adorer ; si sa perspective est coupée du plan spirituel, il trouvera un "dieu" à adorer à un niveau inférieur, dotant ainsi quelque chose de relatif ce qui seul appartient à l’Absolu. D’où l’existence aujourd’hui de tant de "mots tout-puissants" comme "liberté", "égalité", "instruction", "science", "civilisation", mots qu’il suffit de prononcer pour qu’une multitude d’âmes se prosterne en une adoration infra-rationnelle.
Les superstitions de la liberté et de l’égalité ne sont pas seulement le résultat mais aussi, en partie, la cause du désordre général, car chacune, à sa manière, est une révolte contre la hiérarchie ; et elles sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont des perversions de deux des élans les plus élevés de l’homme. Corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire ; mais il suffit de rétablir l’ordre ancien, et les deux idoles en question s’évanouiront de ce monde (laissant ainsi la place aux aspirations terrestres légitimes vers la liberté et l’égalité) et, transformées, reprendront leur place au sommet même de la hiérarchie.
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Le désir de liberté est avant tout désir de Dieu, la Liberté Absolue étant un aspect essentiel de la Divinité. Ainsi, dans l’Hindouisme, l’état spirituel suprême qui marque la fin de la voie mystique est désigné par le terme de délivrance (moksha), car c’est un état d’union (yoga) avec l’Absolu, l’Infini et l’Éternel, qui permet l’affranchissement des liens de la relativité. C’est évidemment, avant tout, cet affranchissement auquel le Christ faisait référence lorsqu’il disait : "Recherchez la connaissance, car la connaissance vous rendra libre", étant donné que la connaissance directe, la Gnose, signifie l’union avec l’objet de la connaissance, c’est-à-dire avec Dieu.
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Un jour, dans un site naturel d'une insurpassable grandeur, un disciple du cheikh dit, en montrant de la main les montagnes dressant leurs cimes enneigées au-dessus des versants boisés, le ciel bleu, les nuages blancs et le soleil à demi voilé : « Dieu est comme cela. » Sans doute, pour amener ses disciples à saisir d'une compréhension qui ne fût pas seulement mentale, que, sans Dieu, toutes ces choses offertes à leurs yeux s'évanouiraient en un instant. Le même Maître a dit encore : « Dans la caverne, le Prophète a enseigné à Abû Bakr les mystères du nom divin. Une toile d'araignée empêcha les infidèles d'entrer. Cette toile est la doctrine métaphysique qui sépare le monde profane de la gnose et la gnose du monde profane. La toile d’araignée est l'extériorisation du soi.
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Après avoir cité les vers suivants d’Al-Harrâq(1) :

La somme des recherches est dans Ta Beauté.
Tout le reste, pour nous, ne vaut pas un regard.
Et même en regardant, nous ne voyons rien
A côté de Ton Merveilleux Visage.

il [cheikh Ahmad al-Alawî] en fait le commentaire : « Le Gnostique n’a pas atteint la Gnose s’il ne reconnaît Dieu dans toute situation et dans toutes les directions vers lesquelles il se tourne. Le Gnostique ne connaît qu’une seule orientation, c’est la Vérité Elle-même. De quelque côté que vous vous tourniez, là est la Face de Dieu, c’est-à-dire, de quelque côté que vous tourniez vos sens vers les choses sensibles, ou votre intelligence vers les choses intelligibles, ou votre imagination vers des choses imaginables, là est la Face de Dieu. Ainsi, en tout ain (où) il y a 'ain(2) et tout est là ilâha illa’Llâh (il n’y a pas de dieu si ce n’est Dieu).

En lâ ilâha illa’Llâh, tout être est compris, c’est-à-dire, l’Être Universel et l’être individuel, ou l’Être et ce qui est métaphysiquement dit existant, ou l’Être de la Vérité et l’être créé. L’être créé se place sous lâ ilâha, ce qui signifie que tout sauf Dieu, est néant (bâtil)(3) c’est-à-dire nié sans la moindre possibilité d’affirmation, et l’Être de la Vérité se place sous illa’Llâh. Ainsi, tout les maux se placent sous la première partie et tout ce qui peut être loué se place sous la deuxième. »

(1) Muhammed al-Harrâq (mort en 1845) disciple du Cheikh Ad-Darqâwî.

(2) Ce mot extrêmement synthétique signifie : œil, fontaine, soi, origine, et, comme ici, en une synthèse suprême, l'Essence divine.

(3) Écho de la tradition, qu’il cite ailleurs (al-Qaul al Ma’rûf, p. 51). « Le mot le plus vrai qu’ait dit le poète est : ‘’Toutes choses ne sont-elles pas néant, sauf Dieu ?’’ » (Bukhârî, Manâqib al-Ancâr, 26). Le poète en question est Labîd. (pp. 162-163)
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