Si je n’ai rien contre les auteurs scandinaves, il y en a d’excellents et j’en lis souvent, je me dis quand même qu’il serait grand temps que le torticolis qui touche les lecteurs français depuis plusieurs années et qui les oblige à regarder fixement vers le nord, cesse enfin.
Peut être alors pourront-ils opérer un léger mouvement de tête vers l’Ouest, vers l’Amérique du Nord et le Québec plus précisément, où ils pourront alors poser leur regard sur un gisement de jeunes auteurs de polars au potentiel particulièrement prometteur.
Il ne serait pas impossible d’ailleurs, que demain, la nouvelle vague (nouvelle mode ?) nous vienne d’outre-Atlantique !
Les éditions FIRST elles, ont eu cette curiosité et elles ont été bien inspirées puisque c’est à elles que nous devons aujourd’hui la parution en France du roman d'un de ces jeunes auteurs, « les âmes traquées » de Martin MICHAUD. Un premier roman qui laisse augurer une belle carrière pour ce jeune écrivain qui a déjà publié plusieurs livres au Canada.
Il y a des jours comme ca où rien ne tourne rond. Prenez par exemple Isabelle Fortin. Après une soirée bien arrosée avec sa meilleure amie et une nuit agitée par un étrange cauchemar, la voici qui se lève en retard pour aller au boulot ! Heureusement pour elle, elle arrive à rejoindre son bureau sans se faire remarquer. Alors quand une collègue l’invite à la rejoindre en bas de l’immeuble pour boire un café, plus de scrupules, elle accepte
Mais aurait-elle pu penser un seul instant que quelques minutes plus tard elle serait étendue sur la chaussée, renversée par une berline noire qui prendrait la fuite ? Aurait-elle pu envisager qu’elle se réveillerait sur un lit d’hôpital où on lui apprendrait qu’elle vient d'y passer plusieurs heures dans le coma ?
Sans doute pas ! D’autant que ses souvenirs ne correspondent pas du tout avec ce que les médecins peuvent lui rapporter des évènements. Isabelle elle, est convaincue de s’être relevée de son accident avec l’aide d’un individu appelé Miles, et d’avoir passé le reste de la journée en sa compagnie. Et tant pis si le corps médical lui explique qu’il s’agit d’une élucubration, un tour joué par son imagination dû au traumatisme subi, et si elle ne comprend pas ce qu’elle fait sur ce lit d’hôpital. Les choses étaient tellement réelles qu’elle refuse de croire ce qu’on tente de lui expliquer.
Alors elle va quitter l’hôpital et se mettre à la recherche de cet homme. Mais la quête va s’avérer ardue. Miles existe-t-il vraiment ? Pourtant, par son entêtement elle finira par attraper ce petit bout de fil sur lequel elle va tirer pour dérouler la pelote d’une vérité qui va s’avérer incroyable.
Victor Lessard, lui, est flic à Montréal. Ancien alcoolique, traînant avec lui le souvenir d’un drame personnel, c’est lui qui récupère l’affaire du délit de fuite dont a été victime Isabelle. Sans doute s’agit-il d’une conduite en état d’ébriété comme on en dénombre beaucoup dans la ville.
Pour lui de toute façon, l’urgence est ailleurs. Un tueur sévit en ville et laisse derrière lui des Michaud Martin cadavres abattus froidement d’une balle dans la tête. Sur place, des indices sont laissés volontairement comme pour se jouer de la police.
Pourtant quand on retrouve dans le coffre d’une Mercédès volée le cadavre d’un individu en lien avec l’affaire, et que cette voiture s’avère être celle qui a tenté de renverser Isabelle, l'enquête prend du coup une toute autre tournure. Et il devient dès lors urgent pour l’inspecteur de retrouver Isabelle.
Pour son premier livre, Martin Michaud s’en sort haut la main. Car le pari est osé. Mélanger deux histoires qui finissent en confluent des dernières pages est un exercice toujours périlleux, a fortiori pour un premier roman. Pourtant, un style concis, des chapitres courts donne au roman son rythme, quand l’alternance des temps et des narrateurs lui donne sa visibilité.
Mais faire d’un thème banal de prime abord, une histoire vraiment originale et haletante comme « les âmes traquées », demande d’avoir ce petit plus qui fait la différence. Et Martin Michaud est doté de cette imagination astucieuse qui lui permet d’introduire dans son roman une part d’inattendue qui donne à celui-ci une autre dimension.
En traversant l’atlantique ce roman a perdu son titre original. Peut-être était il trop long, mais j’avoue qu’ « il ne faut pas parler dans l’ascenseur », s’il n’était en rien évocateur du contenu du roman, l’était en tout cas de l’esprit de ce flic, personnage atypique et attachant que l’on se plairait à retrouver dans un autre roman de l’auteur.
Un premier essai concluant donc ! Gageons que nous puissions dans un avenir pas trop lointain découvrir les autres œuvres de cet écrivain québéquois.
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