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Citations de Maryam Madjidi (138)


Puis un jour ses mains ont commencé à moins à travailler, elles étaient fatiguées, ridées et craquelées par endroits. Il y avait aussi la marque d'innombrables blessures laissées par la matière et l'outil. (...)Alors lentement, elles ont cherché un repos, un apaisement quotidien. (...) Elles se sont mises à toucher de l'encre, des calames, des pinceaux et du papier. Il traçait des lignes, des courbes, des traits secs, des boucles, les mains valsaient avec la poésie de Khayyâm, de Rumi ou de Hâfez sur la scène blanche du papier: mon père faisait des calligraphies. (p. 55)
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Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant
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Il y eu aussi le soulagement d’un autre retour : le retour en France et le sentiment de m’y sentir un peu chez moi malgré tout. L’Iran, dépouillé de mes fantasmes et de mes idéalisations, était de plus en plus difficile à supporter. Je n’ai jamais idéalisé la France.
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Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant, le dos courbé ; ses longs bras squelettiques veulent lui arracher son enfant ; sa bouche édentée s’approche de la jeune femme enceinte pour l’engloutir.
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Les mots se pressaient pour sortir, impatients qu’ils étaient, ça fusait dans le petit studio, ils volaient, ils dansaient, ils butaient contre les meubles, ils s’élançaient de ma bouche comme des flèches et touchaient le plafond et les murs, ils virevoltaient eux-mêmes, soulagés d’être enfin libérés de ma bulle intérieure, enchantés de pouvoir enfin communiquer avec les autres. Tout l’espace était rempli de mes mots français.
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Nous marchons tous les trois dans la rue. Je suis assise sur les épaules de mon père, j’ai à peine un an. Un couple et son enfant qui se promènent. Rien de plus banal. A côté de mes couches, dans ma grenouillère, des comptes rendus de réunions du parti d’opposition pour lesquels mes parents militent. Mes parents doivent apporter ces documents à une autre antenne située plus loin dans la ville. Mon père avait eu la brillante idée d’enrouler ces documents dans du plastique et de les glisser à côté de mes couches. Il était sûr que la milice n’allait pas exiger de fouiller un bébé. En effet, l’idée était si ingénieuse qu’on me prêtait à d’autres camarades qui devaient accomplir la même mission : transmettre d’autres comptes rendus à d’autres antennes. J’étais devenue l’enfant du Parti, au grand désespoir de ma grand-mère qui s’arrachait les cheveux en voyant qu’on prêtait sa petite fille comme une chose et qu’on l’utilisait au service de la politique.
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Elle enfile ses histoires les unes à la suite des autres et promène dans la cour derrière elle la longue traîne de son imagination consolatrice, sillon que je trace déjà à cet âge-là sur le sol du réel pour nettoyer ou embellir la vie.
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Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. De belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et je les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu'il en sorte des fleurs embaumantes.
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J'aurai aimé qu'elle continue de me maltraiter et de m'agresser. J'aurai aimé qu'elle se venge. Je ressentais une immense tristesse face à sa résignation, elle avait donné raison à la violence de mon père, à la violence de son père aussi probablement, à la peur qu'elle avait ressentie ce jour là et que j'avais vue clairement dans ce yeux bleus. Elle me démontrait que la loi du plus fort, la loi violente des hommes, gagne toujours, que la menace, l'intimidation et la peu l'emportent. J'en étais écœurée.
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Maryam Madjidi
Un contrat est passé très vite entre celui qui arrive et celui qui "accueille"; j'accepte que tu sois chez moi mais à la condition que tu t'efforces d'être comme moi. Oublie d'où tu viens, ici, ca ne compte plus.
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- Mais je ne veux pas donner mes jouets. Je veux les emporter avec moi.
- On ne peut pas, on n'a pas assez de place dans nos valises, et c'est beau de donner.
- Non, je suis obligée de donner, ce n'est pas la même chose.
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Les dames de service aussi deviennent de plus en plus méchantes. Au départ, elles insistaient pour que je mange, poussées par une sorte de pitié à mon égard, mais maintenant elles se moquent de moi comme les autres enfants. Elles se moquent de mes origines. Une dame de service a toujours le même refrain à la bouche : "Mais ce n'est pas du porc, mange donc, voyons". Pourquoi elle me dit ça ? Une autre dit : "Tu veux qu'on te prépare un couscous ." Je ne sais même pas ce que c'est qu'un "couscous". Une autre qui se croit plus maligne : "On va te faire un curry, elle est indienne, n'est-ce pas ?" Et elles se marrent comme de grosses dindes.
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«C’était le premier voyage, le premier retour à la terre-mère, la première descente vers l’origine. Une descente ou une chute, je ne sais pas. J’ai failli perdre la tête. J’ai glissé sur mon identité, je suis tombée »
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Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. De belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard.
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Elle scrute l'horizon, elle y voit danser des lettres emportées par le vent entre ici et là-bas. Des lettres qui partent, des lettres qui arrivent. des lettres qui attendent, des lettres qui répondent, des lettres qui pleurent, des lettres qui se souviennent, des lettres qui gardent la mémoire d’un lieu de peur qu’il ne disparaisse, des lettres suspendues comme une longue guirlande de mots allant de la mansarde parisienne aux toits des maisons de Téhéran. Écrire des lettres et attendre les réponses à tes lettres. Tu as vécu comme ça, pendant dix ans, dans un monde épistolaire.
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Ses yeux brillent quand il sourit et même quand il ne sourit pas. Il a le regard des illuminés. Abbâs, c'est une étoile filante : il n'aura pas une longue vie parce que son cœur, un jour, ne pourra plus contenir tout cet amour à donner. Un jour, son cœur explosera et j'espère que le monde sera éclaboussé de son amour.
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J'aurais aimé ramasser les lambeaux de tes rêves, les sauver, les enfiler comme des perles dans ma guirlande de mots à moi, et l'accrocher au sommet d'un arbre pour que ça bouge encore.
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Dans un Champ de blé flamboyant une fille et son père. Le père travaillait la terre. un chapeau de paille lui couvrant la tête. Une barbe blanche dorée par le soleil entourait sa bouche. Il avait la peau craquelée comme la terre qu‘il remuait de ses mains géantes et vigoureuses, traversées par de grosses veines violettes semblables à des fleuves. Quand la fille l‘apercevait au loin dans le champ, il lui semblait voir un arbre solidement ancré dans le sol, avec ses bras qui se soulevaient et s'abaissaient au gré du vent. Elle restait souvent des heures à contempler cette silhouette lointaine, et imaginait son père métamorphosé en arbre pour l'éternité. Elle se voyait assise à ses pieds, caressant l‘écorce. lui racontant les choses de la vie dans cette langue que lui seul parlait encore.
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Sur leur paume un mot était gravé : EXIL.
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Je suis une guirlande de mots accrochée à un arbre qu'un enfant montre du doigt.
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