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Citations de Maxime Rovere (183)


Entre vous et moi, même si vous n’aimez pas ma voix ou que votre manière de vous gratter me gêne, nous pourrons tout de même nous écouter. Avec les cons, c’est différent. Par un effet de flux et reflux, le con essaie à toute force de vous soumettre à son pseudo-système en détruisant le vôtre ; et c’est justement parce que c’est là sa langue (si on peut appeler ça une langue) qu’en général il souffle, il tremble, il beugle, etc., et vous provoque, vous irrite, vous outrage par tous les moyens – et même, à l’occasion, pérore à tue-tête et vous explique la vie d’un ton pontifiant.
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De toute façon, lorsque vous faites la morale à un con, vous lui parlez dans un dialecte qu’il ne comprend pas. Les rigidités et lesambiguïtés des langues rendent les malentendus déjà permanents entre gens de bonne compagnie, mais au moment du drame, l’incommunicabilité prend des proportions abyssales.
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Pourquoi les cons ne veulent-ils pas négocier ? Parce qu’ils ne reconnaissent en vous aucune espèce d’autorité. Mais, direz-vous, pourquoi refusent-ils que nous nous soumettions ensemble, en égaux, à l’autorité supérieure de la raison ?
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Les êtres humains ne sont pas toujours cons par erreur, par hasard, par défaut ou par excès, du fait des circonstances et pour ainsi dire malgré eux. Il y a des cons de système.
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Et même si vous voulez bien reconnaître qu’il y a une différence entre le bien et le mal ou si vous admettez qu’il y a une manière souhaitable de réguler les comportements humains, ce n’est quand même pas un pareil abruti qui va vous enseigner la morale puisque, en l’occurrence, c’est lui qui s’assoit dessus.
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Le discours moralisateur permet de contourner ce problème une première fois, en suggérant que ce que vous dites ne dépend pas de vous, donc que le con peut l’admettre même s’il n’a aucune espèce de confiance en vous : car il y a bel et bien une loi morale, et cette loi ce n’est pas moi qui l’invente, et elle interdit d’avoir tel ou tel comportement.
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À force d’obstination, les cons ont réussi à nous faire prendre les pieds dans les principes fondamentaux de la morale. N’ayez pas peur ; l’une des garanties que vous n’êtes pas de leur nombre, c’est que vous appréciez le plaisir de penser.
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En d’autres termes, son discours est construit pour cacher l’implication de celui qui parle, en ramenant la prescription qu’il formule (tu dois ou tu ne dois pas) à une autorité extérieure. Pourquoi cette posture moralisante doit-elle toujours se référer à quelque chose d’autre ? Tout simplement parce que la parole de celui qui parle ne suffit pas à établir ce qu’il dit comme un devoir véritable : celui qui le tient n’en a pas l’autorité puisque, aux yeux mêmes de son interlocuteur, en vérité dans cet instant c’est lui le con.
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Lorsqu’une personne fait la morale à une autre, elle essaie de s’appuyer sur la capacité de l’autre à comprendre un certain nombre de règles et à les admettre comme valides, afin de lui faire reconnaître son acte pour ce qu’il est. Car si le con reconnaît qu’il a fait une connerie, alors par définition il cesse de l’être. En ce sens, la tendance à lui faire une leçon de morale n’est rien d’autre qu’un effort pour séparer le con (l’individu lui-même, entendu comme agent) de sa propre connerie (entendue comme l’acte).
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On peut donc dire que la colère que les cons vous inspirent s’articule immédiatement à la représentation du devoir : ils créent une rupture entre ce qu’ils font et la manière dont un être humain accompli doit se comporter, au moins selon votre propre conception de l’humain. Pour l’instant, je ne vais pas discuter cette représentation, ni l’extension plus ou moins grande de votre humanité. Je voudrais d’abord mettre en valeur une certaine posture moralisante.
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L’irréparable arrive le plus souvent par accident. Et c’est cela précisément qui définit les cons : ils rendent les accidents inévitables.
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Il y a des cons semblables simultanément à des éléphants et à des verres en cristal. Ils vous inspirent, au premier serrement de mains, une terrifiante impression de risque. On sait dès le départ qu’il faut les ménager ; on esquive le conflit presque à chaque phrase, à chaque regard ; d’une rencontre à l’autre, ce jonglage se poursuit sans qu’on soit toujours sûr de ses propres succès ; puis vient le jour où tout s’effondre. En contemplant les choses qu’ils ont brisées en mille morceaux, on fait l’expérience de l’irréparable – l’une des plus douloureuses, l’une des plus fascinantes de toutes.
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Vous savez qu’il vaut mieux pour vous n’insulter personne – pas même les connards. Donc, l’émotion que vous sentez, au moment où vous êtes confronté à une ordure, se heurte naturellement à la représentation mentale du devoir de réserve auquel vous ne voudriez pas manquer. Plus cette force rencontre un obstacle en vous, plus elle se transforme en violence. Cela ne signifie pas qu’il faut lâcher la bride et insulter tous les cons que l’on croise, mais qu’il faut trouver un moyen d’expression adéquat à la force qui vous traverse, toutes les fois qu’elle vous traverse. L’essentiel ici est de comprendre que l’association immédiate entre l’émotion et le désordre, l’émotion et l’irréflexion, l’émotion et l’excès, ne se fonde pas sur la nature de l’émotion, mais sur une interférence extérieure à elle, de sorte que rien de tout cela (désordre, irréflexion, excès) n’en vient directement.
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Au même titre que l’existence des cons, l’existence de la haine, de la colère, etc., doit être accueillie non comme une erreur, mais comme un fait. Vous allez donc non seulement devoir faire avec l’existence du salopard qui refuse de récompenser vos efforts même par un geste qui ne lui coûterait rien, mais vous allez en plus devoir survivre aux émotions qu’il vous inspire. Pour travailler correctement, il faut d’ailleurs inverser les choses : d’abord régler leur compte à vos émotions ; ensuite, on s’occupera de ce salaud.
Une fois admise leur souveraine existence d’événements, on pourrait continuer à soutenir que les émotions sont presque toujours excessives, donc se situent bel et bien du côté du désordre. Mais à bien y regarder, cette idée ne tient pas la route. Car les émotions ne deviennent excessives (par définition) que lorsqu’elles passent un seuil ; or, pour qu’il y ait un seuil, il est nécessaire que quelqu’un ou quelque chose l’ait défini au préalable, sans tenir compte de l’émotion ; donc, ce seuil suppose lui-même une instance extérieure. Cela nous indique que les émotions deviennent excessives toutes les fois que (et si et seulement si) une instance de contrôle vient irriter et exacerber leur force souveraine.
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Tâchez d’être plus habiles. Il n’est pas difficile d’admettre qu’un ordre vivant est celui qui est capable d’accueillir le désordre, et cela signifie que l’instance de contrôle ne peut pas être contraire à l’émotion. Mais, en l’occurrence, si l’on admet que cette fonction de régulation ne peut pas être étrangère aux émotions, cela implique qu’elle doit nécessairement venir d’elles, autrement dit que les émotions sont elles-mêmes susceptibles d’autorégulation.
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Plus l’émotion est vive, plus l’obscurité autour d’elle est profonde. À chaque nouveau choc, votre champ de vision se rétrécit et l’événement local prend une valeur absolue, comme si rien n’avait jamais été plus lumineux ni plus brillant que lui. C’est peu dire que la souffrance vous empêche de penser ; cet effet joue un rôle central dans votre répugnance à même adresser la parole aux cons, car il ramène sans cesse votre attention sur leur connerie.
Les effets des émotions et le travail qu’elles nécessitent sont généralement mal compris, parce qu’une grande partie des philosophes et de leurs héritiers ont tendance à privilégier un discours de contrôle. Il faut l’admettre, il y a là une excellente idée. Lorsque votre exaspération contre la crétine ou votre mépris pour le charognard explosent, il est indispensable de limiter cette explosion – certainement pas par charité, encore moins par politesse ! Mais la déflagration causée par la force émotionnelle peut abîmer ce à quoi vous tenez, autrement dit entrer en conflit avec vos propres intérêts. Vous me direz encore que c’est le con ou la conne qui causent cette déflagration ? Non. Pas plus que le feu d’artifice n’est responsable de la nuit. En revanche, si vous lâchez la bride aux émotions, elles auront les moyens, oui, de faire énormément de dégâts en vous et autour de vous.
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Les plus grands cœurs ne s’en sont pas cachés : une fois que l’on connaît les principes généraux de la philosophie morale (ou si vous préférez, les chemins de la sagesse), il suffit qu’un con grille un feu rouge et vous emboutisse la voiture en vous couvrant d’injures, pour que toute votre habileté logique s’envole d’un coup. Cela aussi, c’est structurel : nous savons que presque tous nos maux sont relatifs, donc se comprennent comme des défis, donc sont des chances pour notre vie, mais en réalité à chaque fois que l’épreuve recommence, à chaque fois qu’une souffrance même légère (car franchement, quelle importance, la voiture !) s’affirme absolument, nous confondons immédiatement tout de nouveau, et de nouveau la connerie parvient à nous mettre hors de nous.
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Les cons qui veulent s’imposer par leur mémoire et par leurs connaissances ont sérieusement souffert depuis l’invention des smartphones. On les croise, malheureux, qui errent dans les salons comme des dinosaures après une glaciation. Rien n’est plus douloureux que de voir leur interlocuteur, tandis qu’ils soutiennent quelque chose sur l’Orient Ancien ou les institutions américaines, dégainer le maudit objet pour vérifier dans Wikipédia : impression qu’un chasseur abat un animal d’une espèce en danger.
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En vertu de l’ambivalence axiologique de tout événement, et en vertu de l’intrication réciproque du sujet et de l’objet, la connerie des autres doit donc immédiatement être comprise comme une occasion favorable, nécessaire, opportune, à votre propre développement moral. Elle est d’ailleurs merveilleusement adaptée à vous, puisque vous êtes ici, et à personne d’autre.
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Si la connerie n’a pas de témoins, c’est parce qu’elle n’a que des complices. Je sais d’expérience que cette idée est révoltante, et pourtant nous devons extraire de notre chair vivante l’épine qui nous heurte si profondément. Le temps est donc venu de réorienter votre attention vers votre propre rôle dans cette situation.
Car ce qui vous enrage, ce qui teinte inutilement de rage votre révolte, est une certaine idée de responsabilité par laquelle vous voulez vous dédouaner de la connerie du con. Vous pensez que ce n’est pas à vous de régler ce conflit, puisque ce n’est pas vous qui l’avez créé.
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