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Critiques de Maximilien Le Roy (223)
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Gauguin, loin de la route

Voilà une bande dessinée réussie puisqu'à peine refermée, je suis allée chercher des informations supplémentaires sur Gauguin, l'ouvrage m'ayant montré certaines facettes inconnues de ce peintre.

L'histoire n'est pas chronologique, nous suivons à la fois le quotidien de Gauguin à la fin de sa vie, un quotidien où l'alcool, les femmes, le militantisme et la maladie sont inextricablement liés, mais aussi la quête de Victor Segalen, avide de découvrir qui était réellement l'homme qui a peint les célèbres tableaux de polynésiennes. Il fait ici le voyage jusqu'à l'île sur laquelle Gauguin est enterré et rencontre de nombreuses personnes qui l'ont connu et qui toutes, par leur histoire, lui permettent de mieux comprendre cet artiste complexe.



Nous découvrons alors un homme pour le moins original, vivant en marge de la société établie et des convenances, allant jusqu'à être hors la loi en refusant par exemple de payer ses impôts.

Par petites touches, l'auteur nous révèle des bribes de sa vie, il mentionne sa famille, ses enfants, ses différentes compagnes, mais aussi son engagement militant aux côtés des autochtones, se mettant ainsi à dos les autorités.

Le graphisme et surtout les couleurs employées ne sont pas sans rappeler certaines œuvres de Gauguin, j'ai d'ailleurs beaucoup aimé ce petit clin d'oeil.

Un très grand merci à Babelio et aux éditions Le Lombard pour m'avoir permis cette belle découverte.
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Dans la nuit, la liberté nous écoute

Pendant la seconde guerre mondiale, alors qu'il est adolescent, Albert Clavier vit en zone occupée par les Allemands. Il doit s'occuper de sa mère, tandis que son frère aîné est engagé dans des actes de résistance. Après l'armistice, pour découvrir autre chose que la vie de labeur qui semble l'attendre en France, Albert Clavier s'engage dans l'armée française.



Envoyé en Indochine pour y participer à des opérations de 'maintien de la paix' ou de 'lutte contre le terrorisme', il comprend que ces expressions dissimulent le maintien par les armes d'une présence étrangère dans un pays dont la majorité de la population autochtone ne veut plus.

Ses convictions communistes, le constat qu'il se bat contre les valeurs qui sont les siennes et qui selon lui devraient être celle de son pays (liberté, égalité, fraternité), et ses amitiés avec des autochtones, amènent le jeune homme à changer de camp.



Le regard de l'auteur sur la vie de ce personnage réel est bienveillant et le point de vue sur l'histoire résolument engagé.



Par exemple, à propos du rôle civilisateur que revendiquent les colonialistes, l'un des personnage indique, page 122 : "Quelle drôle de façon de civiliser : pour apprendre les gens à bien vivre, on commence par les tuer (...) Les esprits calculateurs nous parlent de kilomètres de routes, de canaux ou de ponts... mais construits par qui ? les indigènes, pour qui ? le colonat."



Même si je ne connais pas bien l'histoire de ce pays et de ses ex-dirigeants (dont Ho Chi Minh, dit "Oncle Ho") il me semble que les possibles dérives de la cause pour laquelle Albert Clavier s'est finalement engagé ont pu être minimisées dans l'ouvrage de Maximilien le Roy. Il les évoque cependant brièvement à plusieurs reprises, mais souvent en les relativisant :

-> p. 172 : 'Les cadres du parti, moi compris, doivent faire un examen (public) critique de leur vie, c'est un moment très éprouvant (...) certains se sont suicidés.'

-> p. 180 : '1962, je découvre sous le manteau le Rapport Khroutchev (...) ; le petit père des peuples a-t-il pu commettre toutes ces exactions (...) ? Ce Rapport me fait voir sous un jour nouveau ma situation et les excès que j'ai pu constater ici.'



Quoi qu'il en soit j'ai beaucoup apprécié cet album.

Son graphisme est très agréable. La façon engagée dont le sujet est traité incite le lecteur à réfléchir et m'a donné envie d'en savoir plus sur cet épisode de l'Histoire. Enfin, les documents en fin d'ouvrage sont intéressants, d'autant plus qu'ils resituent les choses dans une perspective plus contemporaine qui suscite aussi la réflexion (sondage sur l'opinion des Français sur la colonisation).
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La révolte des terres

Récit d’une grève dans le Pas-de-Calais au printemps 1941, peu connue alors qu’elle mobilisa 100 000 mineurs pour protester contre les conditions de travail et la politique d’occupation, exiger une revalorisation des salaires. La répression sera violente. Les Allemands procéderont à des centaines d’arrestations et d’exécutions. Nombreux seront déportés au camp de concentration de Sachsenhausen.

(...)

Une bande dessinée touchante pour raconter un des premiers mouvements de résistance collective.



Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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España la vida

La quatrième de couverture présente cette bd par une citation de Victor Serge ,qui m'avait vraiment attirée ainsi que la couverture. J'avoue être déçue. Une bd ne peut rivaliser en informations et développement avec un roman historique,mais tout en étant condensé il est possible de plonger le lecteur dans un sujet et d'en dégager une réelle force. Ce n'est pas le cas ici. Alors que le sujet mérite de mettre en valeur ,la collectivité,l'esprit de solidarité,la ferveur d'un combat idéologique et humaniste, j'ai eu l'impression que l'histoire personnel du narrateur et ses soucis de fils de bourgeois incompris par ses parents et sa petite amie prenait plus de place que son engagement et le sujet même de la guerre d'Espagne. Rien n'est précis, le coeur même du conflit politique n'est pas mis en exergue. Les dessins et les couleurs m'ont cependant beaucoup plus. M. Vaccaro et A.C Thibault- Nouveau réussissent à traduire l'effroi devant la réalité de la guerre,bien différente de ce que le jeune militant avait lu dans ses livres, ainsi que la vie quotidienne sur le terrain.
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L'esprit rouge

C’est un très beau livre avec de très belles aquarelles et de très bonnes intentions (faire ressortir l’atmosphère magique, sanglante, vivante du Mexique précapitaliste). On sent une volonté d’exalter le texte hors des mots, de présenter Artaud comme figure malade de la raison. Mais c’est justement trop guidé. Je ne crois pas qu’Artaud aurait aimé.
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Ni dieu ni maître : Auguste Blanqui, l'enfermé



Le procès d'Auguste Blanqui en 1872 est sans appel : PRISON . Un journaliste lui rend visite et à force d'insistance il a droit a connaître son histoire . Ce livre est donc une biographie de l'auteur de la célèbre formule " Ni dieu ni Maître " écrite par L . Kournwsky et Le Roy . Tant de rues , d'écoles sont baptisées Auguste Blanqui , il est donc utile de connaître le personnage sous ses vraies couleurs , celle d'un homme qui n'eut de cesse de se rebeller contre l'ordre établi , et trouva ainsi la liberté ....en prison . En exergue de ce livre , une citation de Anselme Belleguarrigue : " Vous avez cru Jusqu'à ce jour qu'il y avait des tyrans ? Et bien vous vous êtes trompés , il n'y a que des esclaves : là ou nul n'obéit , personne ne commande ."
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Nietzsche

Une bande-dessinée intéressante, avec des textes de Michel Onfray et des illustrations magnifiques de Le Roy. J’avais emprunté cette BD car mon ami s’intéressait à Nietzsche, avec l’idée qu’elle m’aiderait à comprendre cette philosophie, en la simplifiant par le côté plus ludique des images. Sans perdre la qualité philosophique grâce au support d’Onfray. Et ce fut le cas.

« Révéler tout ça, le dire, le raconter, l’expliquer, c’est la tâche du philosophe : enseigner la nature tragique du monde, puis donner des solutions pour y vivre et parvenir à la joie. »

Les textes sont faits à partir des écrits et de la Correspondance de Nietzche, mais les images expriment beaucoup aussi, en particulier la solitude et le mal-être de cet homme.



J’en ai également beaucoup appris sur la vie de Nietzsche, en particulier ce détail de la fin dont j’avais vaguement entendu parler auparavant (des cours de philo de terminale ? :) ) :



« Après dix années de folie et de prostration dues à une syphilis contractée dans sa jeunesse et développée sur un terrain psychologique fragile, Nietzsche est mort à l’âge de 55 ans.

Dans les années qui suivirent, sa sœur confectionna des faux qu’elle fit publier sous le nom de son frère, dont La Volonté de puissance. Elle accrédita la thèse d’un Nietzsche antisémite, belliciste, faisant l’éloge de la brutalité, de la cruauté et du mépris de la pitié. Elisabeth Nietzsche devint l’amie d’Adolf Hitler, qui assista à ses propres funérailles n novembre 1935. »



Ce qui explique la manière dont est souvent vu Nietzsche alors qu’aucun de ses écrits n’est antisémite : s’il parle des Juifs, ce ne sont pas de ses contemporains mais des sémites d’il y a deux millénaires …



Un autre problème de Nietzsche est le suivant : « On te trouve trop lyrique et pas assez scientifique, disons-le autrement : c’est trop bien écrit, c’est enflammé, pas assez sinistre. Ton livre était un suicide universitaire ». En effet, j’en ai lu des passages et la qualité littéraire est indéniable. De quoi donner du grain à moudre aux critiques universitaires qui l’attaquent sur ce plan. C’est vrai après tout, mieux vaut lire Kant, que personne ne comprend …



Il est possible – et même certain – que cette BD ne rende la pensée de Nietzsche que d’une manière parcellaire, par souci de vulgarisation. Mais elle peut constituer une très bonne entrée en matière pour des curieux qui n’ont aucun goût pour les phrases philosophiques alambiquées.



La philosophie en BD ? Un pari tout de même audacieux de la part d’Onfray, que je ne peux que saluer.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Nietzsche

Friedrich Nietzsche a toujours été pour moi à la fois une énigme et l'image vivante du paradoxe absolu.

Comment celui qui a su par la pensée s'affranchir de tout, a-t-il pu se retrouver enfermé dans autant de conflits familiaux et personnels ? Pris au piège de la dégénérescence physique et de la folie mentale, lui qui sacrifiait à sa seule liberté, se retrouver aussi dépendant.

Stefan Zweig a bien décrit ce déchirement du philosophe. Onfray et Le Roy à la suite de l'écrivain illustrent parfaitement la force que Nietzsche tira de sa faiblesse même suivant sa célèbre sentence : "Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort".

La figure exceptionnelle et la vie de cet être, exceptionnel, ne pouvait que donner un sujet original et fort à ce roman graphique, sombre, juste et bien enlevé.

Une très belle réussite.
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Nietzsche

Je ne suis pas sûre que philosophie et bande-dessinée fassent bon ménage. Sachant que je ne lirai jamais l’ouvrage de Michel Onfray mais intéressée, ou du moins fortement intriguée, par le personnage de Nietzsche, je me suis laissée tentée par cette adaptation graphique de Maximilien Le Roy. Je dois dire d’emblée, à la décharge de l’auteur, que je l’ai lue en espagnol, et que cela rajoute possiblement une difficulté non négligeable dans ma compréhension philosophique.

Je ne sais à qui est destinée cette œuvre, les néophytes y manqueront de repères pour comprendre qui parle, dans quel contexte, et cætera ; les initiés y trouveront probablement peu d’informations nouvelles. Encore une fois, je n’ai pas lu le livre de Michel Onfray, mais j’ai la sensation que le travail de Maximilien Le Roy s’est surtout concentré sur la traduction graphique des thèses d’Onfray. Si cela donne un résultat visuel que certains peuvent trouver intéressant, cela manque sérieusement d’explication et laisse beaucoup trop de place à l’interprétation pour la rationnelle que je suis.

Cette bande dessinée est ma deuxième tentative en peu de temps de m’initier au travail de Maximilien Le Roy sur les grands penseurs qui nous ont précédé, il me faut me rendre à l’évidence, si je ne nie pas que certains puissent être intéressés par ce travail tant intellectuel que graphique, pour ma part il est certain que je ne fais pas partie du public à même de l’apprécier.
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Vaincus mais vivants : La vie de Carmen Cas..

Ce roman graphique raconte la vie de Carmen Castillo, mais à travers elle c’est toute l’histoire du Chili que l’on découvre, depuis l’espoir suscité par l'arrivée au pouvoir de Salvador Allende jusqu’au coup d'état de Pinochet et à la répression qui a suivi. Mieux vaut d’ailleurs avoir quelques repères historiques avant d’entamer la lecture de la BD, surtout que le récit n’est pas chronologique et fait beaucoup d’aller-retour entre les périodes.

Cet album est particulièrement émouvant, et il convient même de signaler que certaines scènes de torture sont très éprouvantes, mais le témoignage sur cette époque est de grande qualité et il était donc normal de ne pas édulcorer cet aspect.
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Nietzsche

Cette magnifique BD est une bonne illustration de la vie et de la pensée de Nietzsche. Son enfance, la mort prématurée de son père, son passage dans un bordel où il attrapera la syphilis, sa découverte de Schopenhauer, ses relations difficiles avec sa sœur Elisabeth, avec Wagner, son amour pour Lou Andrea Salomé donnent par le dessin un visage plus humain au philosophe de l'éternel retour...

On le découvre créant, souffrant, voyageant à travers l'Europe, professeur malheureux, philosophe incompris, qui ne commencera à connaître le succès qu'une fois que la maladie a dévasté sa raison...

Un destin tragique, jusqu'après sa mort où sa sœur s'acharne à le faire passer pour un antisémite. Un esprit lumineux, ayant voulu s'affranchir de siècles de christianisme pour penser l'avenir, retrouver les racines de la philosophie qui est d'aider l'homme à affronter lucidement sa destinée, et qui a sombré dans les ténèbres de la folie.

Le crayon de Maximilien Le Roy et la plume de Michel Onfray sont en parfaite symbiose pour nous raconter ce destin et nous en restituer la tragédie. Une bonne manière de rendre attrayante la philosophie et peut-être éveiller quelques curiosités, voir susciter quelques vocations...
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Nietzsche

Nietzche en BD c’est nécessairement sombre, ambivalent - « on devrait croire ce que dit un philosophe quand sa vie témoigne de ce qu’il dit (…) mais les choses sont plus compliquées que ça parfois » -



, inconstant dans ses références intellectuelles – les œuvres de Schopenhauer et Wagner deviendront des « breuvages toxiques » après avoir été l’objet d’une admiration sans limite –



, et aussi douloureusement sensible - « je suis un sismographe des émotions » - une expression bien rendue par le dessin.



Si ses idées sont difficiles à saisir pour son entourage et dans cet album, alors on peut au moins voir ses larmes couler en écoutant Carmen, l’opéra de Bizet, pour comprendre comment Nietzsche ressent l’amour - « cynique, innocent, cruel, une fatalité » -



Mais le choc, c’est la révélation de l’adhésion de sa propre sœur aux idées du fameux parti d’extrême droite



Comment réagirions-nous à sa place ?
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Ni dieu ni maître : Auguste Blanqui, l'enfermé

Auguste Blanqui disait que son métier était "prolétaire".



Dans un roman graphique de plus de 200 pages de planches, Blanqui raconte à un journaliste une vie d'opposant politique qui lui a valu plus de 33 années d'enfermement.



Poil à gratter de tous les régimes de la France du 19ème siècle, il fut un républicain militant convaincu, irréductible et vindicatif.



Le support BD facilite la connaissance d'un personnage complexe, au socialisme radical, et qui apparait comme bien peu agréable. Le récit est une forme de biographie, délaissant le romanesque de l'homme pour préférer une chronologie de pensées politiques et de discours. Intéressant donc pour connaitre l'individu.



J'ai été en revanche bien moins emballée par le graphisme qui lui rend peu hommage, si ce n'est en accentuant la violence belliqueuse de l'homme. (Certaines planches lui font une tête de Lincoln ;-) ) . Le dessin apparait un peu rude, heureusement en couleurs différentes en fonction des années.



Instructif mais un peu lassant.



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Faire le Mur

Qui raconte ? Maximillien ou Mahmoud ? Peut-être au fond n'est ce pas si important. Écoutons, plutôt.

L'histoire d'un peuple de terroristes, dépossédé de ses terres par la force et le soutien d'une communauté internationale rongée d'abord par la culpabilité )bien normale après la Shoah) puis la cupidité et la volonté de puissance. Le dialogue à été rompu avant d'avoir existé, presque à jamais pourrait-on croire. Les seules voix qui se sont fait entendre sont celle de la guerre et de la vengeance. Les autres sont étouffées.

J'ai souvent pensé à Une Bouteille dans la Mer de Gaza, par cette volonté d'expliquer et e faire comprendre à situation intenable des des Palestiniens. Sans pardonner la violence, mais en la comprenant tout de même. Et en aussi aux Chroniques de Jérusalem, par le regard parfois très extérieur, comme étranger que Mahmoud porte sur sa situation. Il constate et analyse, confronte avec d'autres événements historiques. Et il dessine, les planches sont parcourus par ses dessins à lui. Sa manière de faire le mur, à défaut de s'enfuir ?
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Thoreau : La vie sublime

Je tourne autour de l’œuvre de Thoreau depuis pas mal de temps, sans oser m’y plonger. Intéressée par ce que j’en entends, mais probablement aussi effrayée par un possible effet de mode qui serait décevant. Je me suis donc dit que cette bande dessinée serait un bon moyen de me donner un petit coup de pouce pour enfin me décider. Et en effet, vue la difficulté que j’ai eue à lire cette bande dessinée, je suis maintenant convaincue qu’il faut que je lise directement Thoreau pour me faire une opinion par moi-même !

Non que cette bande dessinée ne soit pas réussie. J’ai pris plaisir à la lire, j’en ai apprécié les dessins souvent, avec ses grandes plages aux aplats de couleur uniformes qui vont à l’essentiel du paysage. Mais le parti pris de commencer cette bande dessinée en 1845, lorsque Thoreau s’installe dans la solitude sur les berges de l’étang Walden, sans rien dire de la genèse de cette décision est un peu déroutant pour qui ne connaît pas le personnage. Ensuite, la plupart des épisodes relatés dans cette bande dessinée, car il s’agit bien de moments de la vie de l’auteur, comme autant de morceaux choisis, semblent un peu sortis de leur contexte, sans qu’il soit possible de voir une cohérence d’ensemble. Pire, il faut parfois se référer à d’autres sources pour espérer comprendre certains des épisodes relatés, parfois même pour identifier l’interlocuteur de Thoreau.



En définitive, si j’ai pris un certain plaisir à cette lecture, je ne crois pas avoir appris grand chose sur Thoreau lui-même ou sur sa pensée, et il ne me reste qu’à me faire une opinion par moi-même. Je savais que Thoreau aimait la nature, je sais maintenant aussi qu’il détestait l’esclavage, qu’il n’aimait guère les religions mais n’avaient rien contre les dieux. Des connaissances comme autant d’anecdotes, rien de plus.

C’est donc un peu déçue que je referme ce livre, qui ne m’a pas apporté les bases que j’espérais pour être mieux équipée au moment d’aborder l’œuvre de Thoreau. Peut-être en attendais-je trop, surtout au vu du format bande dessinée. Je me demande même à quel public cette œuvre peut être destinée, ni aux novices comme moi, ni probablement aux connaisseurs de Thoreau qui n’y verraient qu’un survol bien rapide de sa vie et encore plus de sa pensée.
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Thoreau : La vie sublime

Henry David Thoreau est un auteur et penseur américain du 19ème siècle. Bien qu'il n'ait pas directement utilisé l'expression "désobéissance civile", il est considéré comme l'un de ses premiers promoteurs. Sa vie, son oeuvre et ses actions ont inspiré Gandhi et Martin Luther King.

A. Dan., dessinateur, et Maximilien le Roy, scénariste et coloriste, se sont attelés à un travail nouveau en France : présenter Thoreau, l'essentiel de sa vie et de sa pensée en un volume de bande dessinée. C'est très réussi. Ils font en effet en sorte que le lecteur novice connaisse l'essentiel sur l'écrivain américain et sur ce qui a provoqué ses prises de positions fermes et engagées face à l'esclavage, entre autres. Ce qui nous conduit ensuite à vouloir en savoir bien plus tant sur l'auteur méconnu des Français et sur l'histoire de la désobéissance civile. Les deux auteurs bédéastes nous poussent aussi à réfléchir à l'éventuelle place de la violence dans la désobéissance civile ! Un BD engagée, aux dimensions philosophiques, le tout bien scénarisé et dessiné. Bravo ! Ouf ! Il n'y a donc pas que Les Lapins crétins en BD ! :):):)
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Thoreau : La vie sublime

Un libertaire, un anarchiste, un philosophe, un écrivain, un politicien? Peu importe... un humaniste certainement, combattant de l'esclavage en vigueur aux États Unis, de la guerre contre le Mexique; père de la désobéissance.

Après Nietzsche, Gauguin, Le Roy s'attaque à l'exercice difficile de la biographie "illustrée" de Henry David Thoreau.

D'aucuns vont dire non : une BD sur Thoreau.... donc encore assurément un ouvrage incapable de dresser un portrait saisissant et complet d'un être aussi complexe que Thoreau.

Faux, et c'est bien là toute la performance que "l'art mineur" peut, une fois encore, réaliser grâce à un texte choisi et un dessin tout aussi riche que des dizaines de pages.

Chaque réplique de Thoreau pourrait faire l'objet d'une citation

Par ailleurs on appréciera particulièrement l'avant-propos de M le Roy.

Alors à lire sans modération

Et parce-ce que résister fut impossible :

" c'est quand même incroyable cette perpétuelle exigence du christianisme qui nous demande toujours de parer d'un point de vue moral... vous avez beau être un bébé, on vous serine : repens-toi"

"Être philosophe ne consiste pas simplement à avoir de subtiles pensées, ni même à fonder une école, mais à chérir assez la sagesse pour mener une vie conforme à ses préceptes..."
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Thoreau : La vie sublime

Une bande dessinée qui essaie de rendre compte de la complexité de Thureau, "à la mode" de nos jours. Son refus de payer des impôts en 1840 pour ne pas cautionner des lois iniques (esclavage) qui broient les individus. Cette "désobéissance civile" , très anglo-saxonne, a été reprise par Gandhi et Martin Luther King. Mais Thureau n'est pas que cela, il a pu par la suite faire preuve de violence ou la cautionner.

Il est aussi connu pour son ouvrage le plus fameux "Walden" qui en fait un écologiste avant la lettre, un antimoderne luttant contre le consumérisme, le pouvoir de l'argent au profit d'une vie simple, centrée sur la nature, le retour sur soi, la réflexion individuelle. Il influence aujourd'hui encore les anarchistes, libertaires, alter mondialistes mais Thoreau n'a jamais proposé de nouvelles institutions, il reste plus littéraire que politique et son engagement fut davantage individuel. Il peut par ailleurs se montrer conservateur, extrêmement misogyne par exemple.

Un homme aux multiples facettes.
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Gauguin, loin de la route

Quand Babelio m’a proposé de recevoir cet album, j’ai accepté d’emblée car j’aime beaucoup les tableaux de Gauguin. Ils sont lumineux, colorés, optimistes et les sujets diffèrent des toiles impressionnistes de la même époque.

Je ne sais pourquoi, mais connaissant mal l’homme, je pensais retrouver dans son histoire cette gaieté, cette chaleur… J’ai été très surprise.

Dans l’imaginaire de la plupart d’entre nous, je pense qu’il en va de même. Gauguin c’est Tahiti, les Marquises, les vahinés, le soleil… après sa période bretonne, son Christ jaune et ses danseuses en coiffe. Mais c’est aussi un homme écorché vif, révolté, militant, anti tout ou presque, en lutte continuelle avec l’ordre établi, entre deux cuites au rhum. Il choquait par sa vie licencieuse… et écrivait beaucoup aussi, pour réveiller les consciences : lettres, articles, essai et même une autobiographie. Bref un contestataire, ayant quitté la France après que Van Gogh se soit coupé l’oreille, fuyant son passé et la société occidentale qu’il jugeait conventionnelle et artificielle.

Cet album nous présente les dernières années de Gauguin, un homme enthousiaste et dépressif à la fois, cynique, fort en gueule, égoïste… vivant comme un autochtone, s’imprégnant de leurs traditions, de leurs coutumes à l’encontre du contexte politique et social de l’époque qui voulait les annihiler.

L’histoire suit à la fois le quotidien de Gauguin et l’enquête menée par Victor Segalen sur le peintre, décédé trois mois avant son arrivée sur l’île. Par son entremise, on a la possibilité de découvrir l’artiste à travers les souvenirs et les dires des habitants de l’île.

Les dessins réalistes de Christophe Gaultier apportent véracité et force à la déprime de Gauguin. Ils sont sombres, comme son état d’esprit, loin du paradis que nous laissent entrevoir ses toiles. Une réussite esthétique en parfaite adéquation avec le propos. Un bel hommage.

Je remercie Le Lombard et Babelio de m’avoir fait parvenir ce très bel album.




Lien : http://argali.eklablog.fr/ga..
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Dans la nuit, la liberté nous écoute

Maximilien Le Roy met en images les mots d'Albert Clavier, ancien soldat volontaire pour la guerre d'Indochine. Celui-ci s'est engagé dès dix-huit ans, en 1945, porté par l'enthousiasme de la Libération mais aussi pour voyager, lui qui n'a connu que la misère dans un petit coin perdu. Il va vite déchanter, et tout faire pour rester en paix avec sa conscience et ses convictions communistes en rejoignant le Viêt Minh, la ligue indépendantiste.



Un témoignage important et subtil servi par le graphisme doux et harmonieux de Maximilien Le Roy. L'occasion de revenir sur cette période de l'Histoire, sur la colonisation en général et les répressions des mouvements en faveur de l'indépendance, mais aussi de réfléchir au sens du mot 'trahison' dans un pays en guerre. Vaut-il mieux trahir ses valeurs ou son pays ? Quel sens d'ailleurs donner à l'idée "d'appartenance" à une nation lorsqu'elle bafoue dignité, culture et droits d'une population ?



L'excellente postface montre quelques portraits des protagonistes, et rappelle le contexte historique du Vietman (avant et après cette guerre) ainsi que la position de Hô Cho Minh par rapport aux autres dirigeants communistes de l'époque (Staline, Mao...). N'ayant rien lu d'autre à ce sujet, je me contente d'évoquer ce que j'ai appris dans cet album, j'ignore si cet homme d'Etat a eu recours à des méthodes radicales et contestables pour appliquer ses convictions ???



--- Merci Alouett pour l'idée ! :-)
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