AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Mayra Montero (18)


Je m’étais dit que si, par chance, j’avais un jour le privilège de me retrouver au lit avec elle et qu’elle acceptât de jouer du cor rien que pour moi, toute nue dans ses oreillers, je risquais de mourir de fureur, de désir d’éjaculer cent fois dans son sexe chaud et blond, du désir de la lécher là où l’on ne parvient que difficilement à lécher une femme : de l’extrémité de son âme jusqu’à l’endroit le plus pourpre et le plus inaccessible de son vagin. Ce que j'appelle le pourpre profond et qui est la conquête fondamentale de l’homme. Je déclare ici que le pourpre profond et la musique sont les véritables valeurs de la vie.
Commenter  J’apprécie          270
Le jour de sa mort, Anastasia enfreignit deux règles de base pour n'importe quel chef mafieux de son envergure: il s'assit en tournant le dos à la porte d'entrée, ce qu'il ne faisait jamais d'ordinaire, et il ferma les yeux tandis qu'on le rasait. Il ne se méfia pas des détails inhabituels, par exemple que son barbier attitré était malade, ou que le patron de la boutique, Arthur Grasso, avait quitté précipitamment le salon quelques secondes avant l'irruption de deux hommes armés. Il ne s'étonna même pas que son chauffeur et garde du corps, Anthony Coppola, ait décidé d'aller prendre un café, au lieu de rester auprès de lui comme il le faisait toujours, en profitant pour se faire cirer les chaussures ; ç'avait été une mort par négligence, indigne du cerveau impitoyables de Murder, Inc.
Commenter  J’apprécie          242
C'était un Portugais assez vieux, environ soixante ans, chauve et les oreilles décollées, avec une barbichette rouge, le fameux bouc que se laissent pousser tous les magiciens, une vraie tête de Belzébuth. Lorsqu'il entra à la maison, maman était en train de préparer le déjeuner, et elle eut l'impression que l'âme de cet homme avait attrapé la sienne avec un hameçon extrêmement fin accroché à un fil invisible sur lequel le magicien commença immédiatement à tirer, tirer, tirer, jusqu'à la saisir avec sa main et la porter à sa bouche. Elle me racontait qu'elle avait tout vu: les mains de l'homme en train de bouger comme s'il ramassait le fil, puis elle le surprit en train de savourer et de sucer, comme si c'était un bonbon, le tendre petit poisson qui n'était autre que son âme tout entière.
Commenter  J’apprécie          224
Enrico Caruso débarqua à La Havane le 5 mai 1920 avec une rage de dents et l'envie de retourner aussitôt à New York. Il avait quarante-sept ans, il souffrait d'une migraine chronique, fumait un minimum de cinquante cigarettes par jour et se réveillait tous les matins en ayant mal au foie et avec la bouche amère.
Quand il demanda dix mille dollars à l'impresario qui lui proposait d'aller chanter à Cuba, il était persuadé qu'on lui répondrait que c'était impossible. C'était un cachet exorbitant, une somme démente, plus qu'on lui avait donné dans toute autre ville du monde et plus que ce qu'aurait rêvé de gagner n'importe quel autre ténor.
Commenter  J’apprécie          200
Elle voulait que je la prenne à l'endroit et à l'envers, avec douceur, avec brutalité, par surprise, sans la prévenir, sans la moindre pitié. J'avais fini par rougir, je n'avais jamais rencontré une pianiste, virtuose ou pas, qui parlât avec une telle vulgarité.
Commenter  J’apprécie          1914
Prendre son petit déjeuner avec quelqu'un d'autre, le regarder d'une certaine façon dans les yeux, tandis qu'on avale une petite gorgée de café, déclenche toujours une subtile complicité, très astucieusement déguisée. Au saut du lit, chacun éprouve une plus grande disposition à s'y glisser de nouveau.
Page 40
Commenter  J’apprécie          160
Jouer du cor, c’est comme pratiquer une fellation.
Que ce soit un homme ou une femme, je vois le musicien entourer l’instrument de ses bras, ajuster l’extrémité de ses doigts sur les pistons – le pouce de la main gauche, par exemple, qui bouge sans la moindre pudeur – et coller ses lèvres sur l’embouchure. J’observe alors l’expression de son visage, ses yeux mi-clos et ses joues gonflées et, malgré moi, une image se superpose à la première : je le vois jouer du cor, bien sûr, mais je le vois également sucer, lécher et exciter d’autres pistons bien plus rosés et singulièrement plus tièdes.
Commenter  J’apprécie          150
Quelles pensées enfouies, quelles sombres nostalgies, quelles pénombres assassines doivent forcément se déchaîner pour que deux hommes, qui n'ont jamais désiré un autre homme, se reconnaissent soudain, au plus profond de leur peau et de leur instinct, et se jettent dans les bras l'un de l'autre, comme deux créatures sans mémoire, deux sauvages ignorant l'existence de la pudeur ?
Commenter  J’apprécie          150
Dans la vie d’une femme, il n’y a que deux moments qui, telles deux profondes brûlures peuvent lacérer durablement son esprit : le moment où il lui déchire un vêtement qu’elle porte sur elle, et celui où il lui demande de lui tourner pour la première fois le dos. Après toutes ces années, je m’aperçois que ces deux évènements continuent à les perturber toute leur vie, et que ce sont des instants qui se rappellent régulièrement à elles, les obligeant à rechercher un réconfort.
Commenter  J’apprécie          143
Cette fille était avant tout dotée d’une fougue toute particulière. J’avais cru deviner en elle d’exceptionnelles aptitudes féminines – lorsque je dis féminine c’est plus fort que moi : je pense à une suceuse experte – et, ce qui est encore plus important, j’avais cru deviner la pointe de ses seins et j’avais immédiatement senti une espèce de picotement juste au-dessus de mon sternum : chez moi, c’est le signe que je ne vais pas tarder à tomber amoureux.
Commenter  J’apprécie          113
La première impression que j’avais éprouvée au théâtre se répétait à présent dans l’intimité : cette femme était une nourrice professionnelle, elle possédait les plus vertigineux nichons qu’il m’ait jamais été donné de voir. Des nichons de Noire plantureuse qui allaite ses enfants, bien entendu, mais aussi les enfants des blancs qui, même s’ils sont étrangers, ne tètent pas moins goulûment que les autres. J’étais donc devenu un vrai marmot devant sa poitrine, qui s’était soudain transformée en une espèce de matrice fermée à toute production et interdite à toute autre vocation qui ne fût le désir.
Commenter  J’apprécie          110
Elle était de profil, et plutôt de me fixer sur sa poitrine, qui possédait une charpente et une masse plus que respectables, j’avais dirigé mon regard sur ses pieds.
Les pieds en disent souvent long sur le caractère musical d’un violoniste. En général, j’examine leur taille et leur forme ; la façon dont le musicien les joint ou les écarte. J’observe également les mollets et je suis sûr que, dans une certaine mesure, l’expressivité vient de là, elle vient des chevilles et des jarrets. Cet après-midi-là, pendant la répétition, Virginia portait des sandales blanches : je ne peux concevoir rien de plus doux ni de plus approprié pour une violoniste qui va se plonger, telle une nymphe, dans La fontaine d’Aréthuse.
Commenter  J’apprécie          110
Puis, tout en me mordillant l’oreille, elle m’avait supplié de la conduire aussi haut que possible.
Commenter  J’apprécie          103
Il n’était pas facile de s’orienter dans l’obscurité, cependant c’était délicieux de découvrir tout à coup une piste : un sein, une cuisse, les lèvres d’Alejandrina gobaient sans arrêt mon sexe, ne le manquaient jamais et s’appliquaient du mieux qu’elles savaient. C’est cela que les virtuoses ont de bon : elles ne rechignent pas à la tâche, elles s’appliquent, elles insistent, recommencent, elles ont une soif de perfection sans borne.
Commenter  J’apprécie          90
On passe son temps à caresser le même rêve : réveiller les morts, les sortir de leur indifférence, leur réapprendre à marcher et à voir le monde. J'eus cette pensée-là quelques mois après la mort de ma mère.
Commenter  J’apprécie          60
Au début mon rôle avait été plutôt passif. Je m’étais contenté de me coucher sur le dos et elle avait pris mes cuisses entre ses bras, y avait enfoncé la tête et avait entrepris de me fignoler une fellation sur un rythme plutôt irrégulier : par moments frénétique et à d’autres extrêmement lent et doux, presque enfantin. Je ne vais pas nier que j’avais eu extrêmement peur lorsque je l’avais vue se mettre d’emblée à sucer mon sexe, puis à l’enfiler d’un seul coup et tout entier au fond de la gorge. J’ai lu des choses à propos de femmes un peu dérangées qui, prises tout à coup d’un certain délire, ne se gênent pas pour y planter les dents sans crier gare.
Commenter  J’apprécie          60
C’est comme si j’avais murmuré des paroles magiques, car sa main avait soudain semblé recouvrer la vie et commencé à me caresser. D’abord la poitrine et ensuite une de mes cuisses, pour se réfugier enfin dans mon entrejambe. Là, elle était parvenue à tout capturer : elle avait capturé ma passion qui reverdissait fermement et capturé également cette chose que l’on appelle l’instinct et qui se cache toujours dans les testicules.
Commenter  J’apprécie          60
Manuela s’était redressée, penchée vers l’avant et avait pris mon sexe dans sa bouche, tout en conservant une position qui me permettait de lécher le sien à mon aise. J’avais fermement saisi ses hanches à deux mains et l’avait forcée à se coller davantage à ma bouche : son sexe se trémoussait sous mes lèvres et je la fouillais profondément jusqu’à ce que ma langue devînt douloureuse. Manuela, en revanche, accélérait ses caresses : ses lèvres allaient et venaient le long de mon sexe et je ressentais un plaisir dévastateur, la fureur du désir cliquetait soudain dans mon crâne comme une drisse cliquette contre le mât d’un voilier ; cela s’était bientôt transformé en un torrent de féroces pizzicati – dans le pur style de Béla Bartók. Ne serait-ce pas précisément cela que signifie : méditer la musique au plus profond de sa chair ?
Commenter  J’apprécie          50

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Mayra Montero (38)Voir plus

Quiz Voir plus

Auteur New Romance

Qui a écrit "Jamais plus" ?

Scarlett st.clair
C.S Quill
Colleen Hoover
Ali Hazelwood

6 questions
45 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}