Citations de Michel Maisonneuve (11)
« Margaton et Bras-Fort, vous v’la femme et mari par la grâce du grand Golias qui vous bénit au jus de treille ! Que le méchant Cornu et l’éternel Benêt surtout point ne s’en mêlent ; légers comme fétus, mes deux jolis bleuets, dansez sous le soleil ! » Et toute cette belle compagnie, croyez-vous qu’elle s’offusque en m’entendant débagouler un sermon qui fleure le fagot ? Nenni. Une belle fournée d’hérétiques, en effet ! Ça chante, ça danse et en bas Lucifer doit se frotter la panse. Ah, je me rappelle encore les figures hâves de ces lurons, ce banquet de faméliques et l’odeur de ces fines galettes cuites sur la pierre.
Dachi savait très bien ce qu'il aurait dû faire. L'aéropage de sages nichés dans son cerveau le lui soufflaient: Maintiens-toi en quiétude face à l'agitation fourmillante des choses, lâche négligemment Lao Tseu, Bois du vin, soupire Khayyâm, le nez dans les fleurs, Bande à part sacrebleu, c'est ma règle et j'y tiens, fredonne Brassens en grattant sa guitare. Tout envoyer valdinguer et rentrer au Frais Vallon, tel est le chemin de la sérénité.
Un livre à dévorer. Un polar drôle, des personnages atypiques.
Les fanatiques, je leur pisse à la raie ! Et attention, j'parle pas seulement d'ceux-là, l'aut' Bush avec son God il m'debecte pareil, les puritains avec fusil et bible, les calottés de tous poils qui portent la mitraillette, les cathos polonais qui sont en train de fliquer leur pays, les bigots qui veulent la peau de Darwin, tous, t'entends, tous, y m'font gerber ! A bas toutes les calottes, ni dieu ni maître, bordel !
Le film repasse sur les murs de ma chambre, au plafond, sur le fond noir du ciel, en flashes sur les carreaux de la fenêtre, tournoyant, m’envoyant dinguer d’un bout à l’autre de la pièce, en désordre, comme mon cœur devenu fou depuis qu’une barre d’acier m’a écrasé la poitrine. Dans l’ambulance, mes rêves, mon enfance, mes espoirs, tout ce qui m’était promis s’enfuyait à toute vitesse. Je revois des visages inconnus penchés sur moi, des éclats de lumière… Les images défilent, s’entremêlent, disparaissent.
Les risques technologiques, grand-père ne semblait pas s’en soucier. Il n’en parlait pas. Peut-être qu’il s’en foutait. Il ne devait pas se douter que l’amiante lui bouffait discrètement les poumons. Lui, il faisait des quarts. Et partait avant l’aube, sa gamelle en bandoulière, pendant que mon pote le mistral se faisait méchant. Je dormais à cette heure-là, car les jours passés dans cette maison étaient d’éternelles vacances. Et s’il m’arrivait d’aider grand-père aux champs, ce n’était pas une corvée, c’était le temps joli.
Enfant
j’ai vécu drôlement
le fou rire tous les jours
le fou rire vraiment
et puis une tristesse tellement triste
quelquefois les deux en même temps
alors je me croyais désespéré
tout simplement je n’avais pas d’espoir
je n’avais rien d’autre que d’être vivant
j’étais intact
j’étais content
et j’étais triste
mais jamais je ne faisais semblant
Jacques Prévert .
Détournant les yeux il dit à sa Giulietta «Tu devrais pas regarder, ma chérie.» Conseil inutile : dame Pantaleoni, qui venait de régurgiter son kawa et la corne d'un croissant, regagnait ses pénates au triple galop. C'était pourtant une femme forte, à tous points de vue.
Un autre moi prend les commandes . Le guide secret, enfoui, qui se met en branle quand l'esprit sombre dans le chaos . Je marche . Mon être tombe en poussière . Je marche .
C'est si facile de manipuler l'espoir .
Je vais garder un peu de cet abîme . Un pied sur terre, l'autre dans le vide . Ma nouvelle façon de marcher...