Daniel, 16 ans, souffre d'un problème cardiaque. Il n'apprécie guère son beau-père, à tendance alcoolique, mais est très proche de ses grands-parents, en particulier de Joseph Viterbo, son grand-père atteint d'un cancer avancé.
Il lui rend souvent visite à l'hôpital, et y dort parfois pour lui tenir compagnie.
Un jour, son grand-père affirme s'appeler Dellacroce et non Viterbo.
Daniel pense qu'il commence à perdre la tête, mais , troubl é, il commence à enquêter sur son passé et va de découverte en découverte, jusqu'à se perdre lui-même.
Les personnages sont très forts, de la mère déçue par la vie à la grand-mère, pilier de la famille, au grand-père, force de la nature, à Daniel, adolescent un peu paumé qui se raccroche contre vents et marées au passé de son grand-père.
Jai adoré les expressions italiennes qui émaillent le récit : Me ne frego, stronzo, figlio di putana, camicie nere……….
Même si l'histoire du fascisme italien est connue, on y découvre ici des détails pointus et on y entre avec les familles Dellacroce, Letto, Zattini…..
J'ai trouvé ce roman magnifique, puissant, humain.
La force des relations avec les grands-parents, les secrets de famille, les drames engendrés par les guerres, la fragilité de l'adolescence…. Que de sujets traités et maitrisés !
Un livre que je n'oublierai pas, c'est sûr.
Commenter  J’apprécie         222
"Un roman marquant" a dit un libraire à propos de ce livre. C'est vrai, ce récit ne m'a pas seulement bouleversé, il donne à réfléchir, sur ce que nous sommes, sur l'état de notre société, mais c'est avant tout une belle histoire. Histoire d'amour, de mémoire qui fuit, et pas seulement celle du vieil homme qui est au centre de l'enquête que mène Daniel, le petit fils. Histoire du lien entre la France et l'Italie, et de racines. A lire à tout âge.
Commenter  J’apprécie         50
Les risques technologiques, grand-père ne semblait pas s’en soucier. Il n’en parlait pas. Peut-être qu’il s’en foutait. Il ne devait pas se douter que l’amiante lui bouffait discrètement les poumons. Lui, il faisait des quarts. Et partait avant l’aube, sa gamelle en bandoulière, pendant que mon pote le mistral se faisait méchant. Je dormais à cette heure-là, car les jours passés dans cette maison étaient d’éternelles vacances. Et s’il m’arrivait d’aider grand-père aux champs, ce n’était pas une corvée, c’était le temps joli.
Le film repasse sur les murs de ma chambre, au plafond, sur le fond noir du ciel, en flashes sur les carreaux de la fenêtre, tournoyant, m’envoyant dinguer d’un bout à l’autre de la pièce, en désordre, comme mon cœur devenu fou depuis qu’une barre d’acier m’a écrasé la poitrine. Dans l’ambulance, mes rêves, mon enfance, mes espoirs, tout ce qui m’était promis s’enfuyait à toute vitesse. Je revois des visages inconnus penchés sur moi, des éclats de lumière… Les images défilent, s’entremêlent, disparaissent.
Enfant
j’ai vécu drôlement
le fou rire tous les jours
le fou rire vraiment
et puis une tristesse tellement triste
quelquefois les deux en même temps
alors je me croyais désespéré
tout simplement je n’avais pas d’espoir
je n’avais rien d’autre que d’être vivant
j’étais intact
j’étais content
et j’étais triste
mais jamais je ne faisais semblant
Jacques Prévert .
Un autre moi prend les commandes . Le guide secret, enfoui, qui se met en branle quand l'esprit sombre dans le chaos . Je marche . Mon être tombe en poussière . Je marche .
Je vais garder un peu de cet abîme . Un pied sur terre, l'autre dans le vide . Ma nouvelle façon de marcher...