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Citations de Michel Pastoureau (579)


"Opposé à l'uni, le rayé constitue un écart, un accent, une marque. Mais, employé isolément, il devient illusion, il gêne le regard, semble clignoter, s'agiter et s'enfuir."
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C'est à son rôle d'animal qui travaille que le boeuf doit sa castration, qui le rend plus obéissant et plus patient.
L'archéozoologie nous apprend que celle-ci est de plus en plus fréquente à partir du Ve millénaire avant notre ère. Elle est toutefois freinée par certains peuples par des prescriptions religieuses. Chez les Hébreux, par exemple, le bétail castré est réputé impur et il est illicite de l'offrir en sacrifice.
(p. 38)
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(...) je me limite à ce que je connais et qui fait l'objet de mes recherches et de mon enseignement depuis un demi-siècle : la place des animaux dans les sociétés européennes, ce qui est déjà considérable, surtout si leur histoire culturelle est envisagée dans un temps long, depuis l'art pariétal de la Préhistoire et les mythologies les plus anciennes, jusqu'au bestiaire des jouets en peluche, des logos publicitaires, des bandes dessinées ou des jeux vidéo du temps présent.
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Couleurs et musique entretiennent des rapports étroits et usent d'un vocabulaire communs : ton, nuance, gamme, accords, valeurs, harmonie, sans oublier l'adjectif chromatique. Aristote avait déjà souligné ce cousinage entre les sons et les couleurs, mais c'est seulement au XVIII siècle, après la découverte du spectre par Newton, que l'on commença à placer notes et couleurs sur un même diagramme. Le jaune trouva sa place entre le fa et le sol.
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Différentes superstitions associent le loup au Diable et au sabbat.
[On l'a vu] à propos du Moyen Age, mais l'époque moderne y ajoute son discours propre. Ainsi une légende qui explique que sitôt créé par le Diable, le loup a violemment mordu ce dernier au bas de la jambe et l'a rendu boiteux. Ce faisant, Satan a rejoint tout un cortège de créatures et personnages boiteux ou ne marchant pas droit qui, depuis l'Antiquité, étaient considérés comme inquiétants, coupables ou malfaisants : Héphaïstos, Dionysos, Jason, Oedipe, Renart et même Jacob, 'celui qui a lutté avec Dieu'. Tout boiteux a toujours inspiré la crainte et le rejet. Au XVIIIe siècle encore, plusieurs ordres monastiques et religieux refusent l'entrée à des individus boiteux, comme ils le refusent aux bâtards, aux borgnes, aux bègues, aux bougres* et aux bossus.

* variante de 'bogre' signifiant 'hérétique' au XIe siècle, puis 'débauché' au XIIe siècle, lui-même issu du latin 'Bulgarus' ('bulgare')
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Les projets de réforme de l'orthographe du français me hėrissent. Non seulement parce qu'ils ne considèrent l'écriture que dans sa fonction utilitaire, oubliant qu'elle est aussi une esthétique, une poétique, une invitation au rêve ; mais surtout parce qu'ils s'appuient sur un postulat qui me semble discutable : l'orthographe serait difficile à apprendre pour les jeunes d'aujourd'hui.
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Certes, c'est le Diable qui a mis en action le cochon régicide, mais Dieu a laissé faire.
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Il existe des prélats chromophiles, qui assimilent couleur et lumière, et des prélats chromophobes, qui ne voient dans la couleur que de la matière. Parmi les premiers, le plus célèbre est Suger qui, à l'horizon des années 1130-1140, lorsqu'il fait rebâtir son église abbatiale de Saint-Denis, accorde à la couleur une place considérable. Pour lui, comme pour les grands abbés de Cluny des deux siècles précédents, rien n'est trop beau pour la maison de Dieu.
Chapitre 1 - Une couleur discrète, des origines au XIIe siècle, p. 44.
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La couleur n'est pas une chose en soi, encore moins un phénomène relevant uniquement de la vue. Elle est appréhendée de pair avec d'autres paramètres sensoriels, et, de ce fait, teintes et nuances ne présentent pas d'enjeux essentiels."
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Il n'y a plus aujourd'hui de vilaine baleine,,seulement de vilains humains ,ravageurs des mers et destructeurs des espèces sauvages.
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Or, c'est la couleur du corbeau, un oiseau de malheur. S'il se perche sur le toit d'une maison, quelqu'un de la famille va tomber malade; si c'est déjà le cas, le malade mourra; et s'il est déjà mort, il ira en enfer.
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Mais d'une manière générale, les grands peintres des jaunes sont plus récents : Turner, Gauguin, Van Gogh, la plus part des fauves , Schiele, Kupka.
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L'historien n'a pas à dire s'il croit ou non en l'existence du monstre du Loch Ness. Pour lui, comme pour l'ethnologue, le sociologue et le psychologue, l'imaginaire ne s'oppose aucunement à la réalité. Il en fait partie. Si un chercheur étudie une société donnée et laisse de côté -au nom de la science!- tout ce qui relève de l'imaginaire, il mutile totalement ses enquêtes et ses analyses, et ne peut rien comprendre de cette société. L'imaginaire est une réalité et doit être considérée comme tel.
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[...], mais pour l'heure, le plus sage est de reconnaître que le mot "gueules" est d'origine inconnue et qu'il en tire une force poétique et onirique d'autant plus grande. Il en va de même pour les autres termes désignant les couleurs [NB : en héraldique], même si leur origine est moins obscure. Ce sont des termes forts, dont la portée sémantique met autant l'accent sur la symbolique que sur la coloration.

Prenons par exemple les armoiries d'un des héros littéraires préférés du public médiéval : Perceval, personnage qui apparaît pour la première fois vers 1180-1185 dans le roman de Chrétien de Troyes "Le Conte du Graal", puis qui devient plus tard l'un des trois vainqueur de la quête du Saint Graal ; ce faisant, il prend rang parmi les principaux chevaliers de la Table ronde, au même titre que Lancelot, Gauvain, Tristan et quelques autres. Les textes littéraires du XIIè siècle et les miniatures du XIVè lui attribuent des armoiries insolites parce que monochromes : elles sont faites d'un simple champ entièrement rouge. Si l'on dit que l'écu de Perceval est "tout rouge", la notation est juste mais poétiquement pauvre. En revanche, si l'on dit qu'il porte «un écu vermeil» comme ces étranges «chevaliers vermeils» qui surgissent de temps à autres dans les romans arthuriens, l'horizon onirique et métaphorique est déjà plus grand. Mais si l'on décrit ses armoiries en terme de blason, "de gueules plain", son écu et sa personne prennent une force symbolique plus grande encore. Par ce blasonnement mystérieux, par ces armoiries à nulles autres pareilles, conquises sur un chevalier redoutable et malfaisant, Perceval apparaît comme un jeune homme de haute naissance, paré de toutes les vertus et promis à un destin hors du commun.
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Autrefois, on disait aux enfants qu’il y avait un trésor caché au pied de l’arc-en-ciel. C’est la vérité : là-bas, dans le creuset des couleurs, est un miroir magique qui, si nous savons le flatter, nous révèle nos goûts, nos désirs, nos peurs, nos pensées cachées, et nous dit des choses essentielles sur le monde, et sur nous-mêmes.

(préface de Dominique Simonnet)
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En russe, krasnoï veut dire rouge mais aussi beau (étymologiquement, la place Rouge est la belle place).
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"Si l'on tente une étude par catégorie d'exclus et de réprouvés, on peut remarquer (en simplifiant beaucoup) que le blanc et le noir, soit seuls soit en association, concernent surtout les misérables et les infirmes (notamment les lépreux) ; le rouge, les bourreaux et les prostituées ; le jaune, les faussaires, les hérétiques et les Juifs ; le vert, soit seul soit associé au jaune, les musiciens, les jongleurs, les bouffons et les fous." (P. 81)
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Dans les faits de langue, il n'existe pratiquement plus de place pour les variables, les subtilités, les restrictions, les exceptions ou les hésitations. Le doute n'est plus un outil de pensée ; le flair n'est plus un instrument de recherche (de fait, comment faire entrer le flair dans le sacro-saint ordinateur ?). Le relativisme culturel est devenu scientifiquement incorrect et politiquement suspect. C'est oui ou c'est non, jamais peut-être ; c'est blanc ou c'est noir, pas gris, et encore moins gris perle ou gris tourterelle. Mots de liaison, adverbes de nuance, propositions subordonnées concessives sont désormais ds éléments grammaticaux obscurs ou inutiles. Des mots tels qu'éventuellement ou probablement sont considérés comme synonymes, et les subtilités qui les accompagnent sont aujourd'hui indéchiffrables par bon nombre de nos contemporains. En revanche, l'emploi d'adverbes comme absolument ou totalement est devenu envahissant, de même que toutes les formes superlatives. Dans les langues occidentales, le mot très est de nos jours l'un des plus employés et des plus galvaudés. Il n'existe plus de place pour la nuance, le relatif, l'ambivalence.
Dès lors, comment exercer son métier d'historien ? Comment être chercheur en sciences humaines ? Comment disserter sur les couleurs et leur déclinaisons ? Comment parler d'art ou de poésie ? Comment exprimer nos sentiments, nos inquiétudes, nos indécisions ? Comment parler de nos souvenirs et de nos rêves ?
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Le noir vestimentaire n'a plus rien d'agressif ni de tabou. Nous avons aujourd'hui dans la gamme des noirs et des couleurs sombres des comportements qui auraient horrifié nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents : porter directement sur la peau un tissu noir, s'essuyer avec une serviette noire, se coucher dans des draps foncés et même vêtir de noir ou de brun de tout jeunes enfants. Ce la aurait été impossible il y a un siècle ; de nos jours, c'est devenu banal. A cet égard, l'histoire des sous-vêtements féminins est particulièrement instructive et aide à comprendre comment s'inverse les systèmes de valeurs.
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Si l'on en croit les premiers versets de la Genèse, les ténèbres ont précédé la lumière, elles enveloppaient la terre lorsque celle-ci était encore privée de tout être vivant ; l'apparition de le lumière était une condition obligée pour que la vie puisse apparaître sur le terre : Fiat lux ! Pour la Bible, ou du moins pour le premier récit de la Création, le noir a donc précédé toutes les autres couleurs. Il est la couleur primordiale, mais aussi celle qui dès l'origine possède un statut négatif : dans le noir, pas de vie possible ; la lumière est bonne, les ténèbres ne le sont pas. Pour la symbolique des couleurs, le noir apparaît déjà, après seulement cinq versets bibliques, comme vide et mortifère.

Chapitre "Au commencement était le noir - Des origines à l'an mil"
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