La Bête du Gévaudan
Tribunal de l'impossible : Première émission d'une série d'
histoires fantastiques de
Michel SUBIELA. "Mon propos n'est pas de faire
peur, dit celui-ci. Ce qui m'intéresse dans ces
histoires fantastiques, qui sont basées sur des
faits réels et des
témoignages, c'est d'essayer de comprendre pourquoi les gens vivent des
aventures hors du commun." - de 1764 à 1767, en Lozère dans le...
[Relax67: Bernard de Clairvaux se positionne dans la bataille de légitimité des deux papes Innocent II (soutenu par la plupart des princes de l'Europe) et Anaclet II (soutenu par Roger II roi de Sicile)]
Ayant pris le parti d'Innocent II, mais ne pouvant prêcher contre Anaclet ni le vice ni l'ineptie, n'ayant sur le plan canonique que de fallacieux arguments, il s'attaqua sans vergogne à ses origines. Son ancêtre Pierleoni n'était-il pas un juif converti?
-- Est-il tolérable, tonnait-il, que le trône de Pierre soit occupé par un descendant des persécuteurs du Christ-Roi? Honte à nous qui avons laissé un rejeton de la nation maudite d'Israël se hisser à la tête de la Sainte Église Romaine!
Qu'on puisse avoir plus de considération pour une foi qui se choisit que pour celle qui suit sans effort le courant de l'habitude ne lui venait pas à l'esprit.
Le soir, Roger II aimait s'asseoir sur les plus hautes marches du théâtre antique [de Taormina] dont le mur du fond, largement écroulé, encadrait la silhouette superbe de l'Etna. On eût dit qu'un Dieu avait volontairement découpé cette brèche pour signifier aux hommes que la nature seule pouvait offrir un décor qui fût à la dimension de leurs tragédies.
J'avais déchiffré le texte depuis un moment, mais je ne me sentais pas le courage de relever les yeux. Guillaume (II dit le Bon, roi de Sicile) n'était pas dupe. Il a murmuré d'une voix métallique, pareille à celle d'un guerrier parlant à travers son casque :
-- Voilà ce que je suis : le fils d'une mère incestueuse et d'un père infanticide.
Le peuple croit que nous, les princes, vivons d'éternelles félicités. Il ne peut imaginer les croix que Dieu nous fait aussi porter. On vous prive de l'homme que vous aimez et qui vous aime. Le devoir nous livre, objet parmi d'autres objets, à un roi que nous ne connaissons pas.
(Jeanne d'Angleterre, reine de Sicile, consolant Constance destinée à épouser le futur empereur Henri VI Hohenstaufen)
Le ciel nous préserve des jeunes gens vertueux ! La vertu fait autant de mal que le vice et nous procure beaucoup moins de plaisir.
[Relax67: tactique de Roger II face à l'invasion du sud de l'Italie par l'empereur Lothaire III]
Insensé celui qui, face à la tempête, tend les mains pour repousser la fureur des flots! Insensé qui dresse des digues de sable contre la puissance de l'océan! Mais sage celui qui, voyant la mer déchainée, cherche refuge au sommet de la montagne et regarde la colère des éléments se briser sur la roche dure, s'épuiser, perdre souffle et refluer. Alors, il redescend, déblaie la terre de toutes ses souillures, rebâtit sa maison détruite, laboure son champ dévasté et réapprend à vivre car rien n'est impossible à l'infinie patience des hommes!
Tancrède de Lecce n'avait rien d'un athlète. Le surnom de Bras de Fer ne lui aurait pas convenu, mais on eût pu l'appeler Doigts d'Airain. Il était capable de pulvériser une noix rien qu'en la serrant entre le pouce et l'index. Aussi avait-il toujours à portée de main une coupe contenant une poignée de ces fruits et, pour impressionner ses interlocuteurs, il feignait d'en prendre une, machinalement, et de l'écraser sous leur nez comme sans s'en rendre compte.
Depuis que les Hauteville régnaient sur la Sicile, jamais un duc de Pouille, jamais un fils aîné n'avait vécu assez longtemps pour coiffer la couronne royale. Idée absurde, mais qui glaçait Tancrède. Il savait bien pourtant que si le passé peut nous aider à deviner le sort des civilisations, des peuples et des royaumes, il ne nous apprend rien sur cette accumulation de hasards qu'est le destin d'un homme.
la régente détestait les Anglais qu'elle jugeait condescendants et arrogants. Leurs rois, sous prétexte que les Hauteville avaient été jadis sujets des ducs de Normandie, avaient une fâcheuse tendance à considérer la Sicile comme une colonie et ses souverains comme des proconsuls.
[Les jeux de Tarente, ancêtres des joutes sétoises]
Les jeunes guerriers, abandonnant pour une fois leurs destriers, s'embarquaient sur de petits esquifs et, après s'être défiés, s'élançaient avec une folle énergie les uns vers les autres. On s'arrachait les meilleurs rameurs à prix d'or. Puis, quand les embarcations se rapprochaient, les rames étaient relevées dans un grand éclaboussement d'eau et les deux chevaliers, arc-boutés à l'arrière sur un petit ponton, leur lance coiffée d'un embout rond, tentaient de se frapper à la poitrine. Le coup le mieux ajusté, le plus puissant, jetait le perdant à la mer. à la plus grande joie des spectateurs.