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Critiques de Michèle Teysseyre (20)
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Achille L. : Un peintre en hiver

« Un coup d’œil rapide à la signature, d’un beau vermillon, avec ce drôle de A pour initiale, comme un bonnet de lutin barré d’une aile d’oiseau. Cette signature, vous ne l’oublierez pas. Vous la reconnaitrez entre mille. On dirait celle d’un enfant. »



En pénétrant par hasard dans un musée, Michèle Teysseyre est séduite par la peinture lumineuse d’un peintre audois, Achille Laugé.

La démarche de l’auteure est avant tout romanesque. Partant d’éléments palpables (lettres, tableaux …) elle comble les trous et se met en scène pour nous révéler cette rencontre improbable avec un artiste disparu.

Pour partir à la rencontre d’Achille Laugé, il faut se rendre à l’Alouette, cette modeste demeure du peintre, plantée dans la campagne audoise qui l’a vu naitre. Achille Laugé naquit en 1861 à Arzens. Il reviendra dans sa région après la mort de son père. C’est là qu’il se sent le mieux pour peindre cette nature où il trouve son inspiration.

En attendant les beaux jours, il écrit à ses amis chers comme le sculpteur Bourdelle, s’inquiète des commandes qui tardent, comme le printemps.



« Attendre le printemps, voilà toute sa vie. Aussi loin qu’il se souvienne, il ne s’est jamais lassé de sa lumière, du tremblement neigeux des amandiers en fleur. Ce sont eux qui l’annoncent en même temps que les derniers frimas. »



Achille Laugé est un peintre de plein air, alors, dès que le printemps pointe le bout de son nez, le voilà qui arpente la campagne et plante son chevalet pour peindre cette beauté éphémère qui ne cessera de l’émerveiller. L’or des genêts, la délicatesse des fleurs d’amandiers, la lumière qui varie, il n’aura de cesse de les faire vivre dans ses tableaux, simplifiant les formes et recherchant avant tout le naturel.

Loin de l’agitation parisienne et des salons qui le boudent, il préfère les paysages de sa région natale.

Son épouse, Marie-Agnès, est une femme discrète mais toujours à ses côtés. Ensemble, ils auront quatre enfants et il peindra très souvent son portrait.

« Mater familias, divinité tutélaire qui veille sur la maison…Toi, tu la peins en souveraine, assise en majesté dans la lumière d’aout. »



Tout au long de cette biographie romancée, Michèle Teysseyre nous fait découvrir l’œuvre du peintre et la genèse de ses tableaux. On entre aussi dans l’intimité de l’homme, de son épouse attentive, « Marie-Agnès simple et solide ». On côtoie ses amis, artistes natifs du sud-ouest, comme lui. Le sculpteur Bourdelle, bien sûr, mais aussi Maillol, Marre ou encore le toulousain Henri Martin, peintre postimpressionniste comme Laugé.

L’écriture de Michèle Teysseyre, tout en nuances, ressemble à ces tableaux impressionnistes, écriture intimiste et sans artifices qui s’approchent au plus près de son sujet. Elle a su écouter « la petite voix à [son] oreille » et instaurer un dialogue avec le peintre. Elle nous le rend proche et humain, et l’œuvre du peintre se confond avec la vie simple qu’il s’est choisie.



Un roman lu d’une traite et qui m’a donné l’envie de partir à la découverte de ce peintre trop méconnu.

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Moi, Jean Pigasse, ouvrier du Canal

"C'est surtout l'hiver qu'on travaille, quand la sève décline et que la lune décroît. Sinon la maladie vient aux planches. Pour le sapin, c'est tout le contraire. On le coupe en été, quand il est bien gorgé de résine et que la vermine s'y casse les dents."



Oublié sur une table de la Médiathèque de Narbonne, ce livre me tendait ses pages.....

Tiens, un livre sur la construction du Canal du Midi, sur la construction du Canal de la Robine qui traverse Narbonne et passe au pied de cette médiathèque !

Un livre construit sous la forme d'un témoignage de l'un de ces ouvriers qui depuis la Montagne Noire, jusqu'à Sète a travaillé à la construction de ce Canal conçu pour aller de Toulouse jusqu'à la mer Méditerranée.

Témoignage qui nous fait part à la fois de la vie de ces ouvriers, des difficultés qu'ils rencontrèrent pour le creuser au pic et la pelle, mais aussi et surtout des réflexions et calculs de Riquet pour alimenter en eau ce canal depuis les contreforts des Pyrénéees jusqu'à la Méditerranée.

Il dut concevoir et faire creuser des canaux d'alimentation en eau, franchir des rivières grace à des ponts-canal, ou creuser des tunnels, pour permettre au canal de franchir des collines.

Ce canal accueillit des péniches tractées par des chevaux, puis plus tard dé péniches motorisées et ajourd'hui, il accueille chaque jour d'été, hors période de chômage de nombreuses pénichettes, de nombreux bateaux de location. Il sert également de canal d'irrigation des cultures. de toutes les plaines agricoles qu'il traverse.

Pigassou est l'un de ses bucherons qui coupèrent des arbres, des futs qui servirent à étayer les bords du canal. Ces troncs sont encore là, sur de nombreuses sections du canal...Aujourd'hui on les remplace, quand les berges s'effondrent par des palplanches en acier.

Un bon moment de lecture pour connaître ce coin du Midi et admirer toute l'ingéniosité de Pierre-Paul Riquet qui le conçut et le fit creuser...sans aucune des facilités de calcul dont nous disposons aujourd'hui.


Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Moi, Jean Pigasse, ouvrier du Canal

On fait parfois de chouettes trouvailles dans les chambres d'hôtes ! En vacances dans la région de Carcassonne cet été, belle-maman (!) a mis la main, au hasard d'une rencontre sur son lieu d'hébergement, sur ce petit roman (pas encore référencé sur Babelio ? Diantre, je ne savais pas la chose possible ! ;-), qu'elle a eu la bonne idée de ramener en souvenir.



Bien lui en a pris : les aventures du jeune Pigasse et de ses compères terrassiers, qui ont consacré leur vie à la construction du Canal du Midi, sont tout bonnement passionnantes !

Du premier coup de pioche au coeur de la Montagne Noire, jusqu'à la construction du port de Sète, en passant par le creusement de la Rigole et du bassin de Saint-Ferréol, nous voilà embarqués sur l'un des plus fabuleux chantiers du XVIIème siècle.

En dépit de sa condition on ne peut plus modeste et à force de persévérance, le petit bûcheron apprend à lire et à écrire. C'est lui qui nous raconte par le menu l'extraordinaire exploit technique qui métamorphosa la région, les transports, le commerce : en un mot la vie de Pigasse et de ses contemporains.

Son langage est simple, naïf, et traduit bien l'émerveillement - l'incrédulité parfois - de la population face aux incroyables innovations mises en oeuvre par le "baron-entrepreneur" Pierre-Paul Riquet et ses ingénieux associés, que je regrette un peu de n'avoir pas découvert plus avant. L'auteur préfère donner la parole aux petites gens, et ressuscite pour nous avec brio certains métiers d'autrefois (débardeurs, charbonniers, défricheurs de parcelles, crieurs, pétardiers...)



Le roman prend parfois des allures de véritable documentaire, et j'ai appris bien des choses sur cette période et cette région qu'à mon grand regret je connais finalement assez peu (j'ignorais même que l'eau ne s'écoulait pas dans le même sens d'un bout à l'autre du Canal, inculte que je suis !)

Voilà donc un roman plaisant, facile à lire et riche en péripéties, et j'ai pris beaucoup de plaisir à naviguer le long d'un ouvrage d'art exceptionnel, qui "en aura fait couler de la sueur d'homme !"

Il me tarde de visiter à mon tour la région : vivement les prochaines vacances ... en chambre d'hôte évidemment !
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Loin de Venise

La Feuille Volante n°1045– Mai 2016

LOIN DE VENISE – Michèle Teysseyre – Serge Safran éditeur.

Être né et avoir vécu à Venise est plutôt une chance. Parmi ceux que le hasard a désigné pour être citoyens de la Sérénissime, l'auteure choisit trois artistes dont les noms ont illustré leur art, mais elle les met en scène loin des fastes de cette cité brillante, avec leurs rêves de Carnavals, de canaux, de palais, de célébrité et de richesses. C'est d'abord un Antonio Vivaldi vieillissant, à Vienne, hébergé par une riche veuve, qui se cramponne à son bréviaire et à son chapelet, comme un viatique pour son prochain et ultime voyage. Lui qui fut « il prete rosso », flamboyant et adulé n'est plus que l'ombre de lui-même et évoque ses souvenirs comme on compose un concerto. Pourtant il trouve encore la force d'écrire un dernier opéra pour sa cantatrice préférée, la française Anna Giraud, ou plus exactement Girò, cela fait plus italien. C'est urgent, entre empressement et inspiration, le temps passe si vite !

Rosalba Giovanna Carriera n'est pas née à Venise mais tout près, et dans une cité lagunaire. Elle vint en France pour y pratiquer ses portraits au pastel puis s'en est venue finir sa vie dans la cité des doges, entre gêne, oubli et inactivité. Elle devient chaque jour un peu plus aveugle à force d'avoir exercer son art mais personne ne le sait ; cela restera son terrible secret. Elle se révoltera contre ce mal, l’acceptera faute de mieux puis s’éteindra, parce que c'est notre lot à tous. Cette cécité l'éloignera du monde, de cette société vénitienne qu'elle aimait tant, où jadis elle brilla.

Reste Giacomo Casanova, l'éternel vénitien, le prêtre manqué, à la fois ardent et libertin séducteur, espion, aventurier, écrivain, escroc, le prisonnier des « plombs » qui pourtant s'en évada comme on fait un pied de nez. Il termina sa vie comme modeste bibliothécaire du comte de Waldstein, coincé en Bohème entre des domestiques qui le molestent et un climat qui entame sa santé devenue fragile. Cette vieillesse solitaire, à peine égayée par des relations platoniques avec la fille du portier, lui fait fuir les miroirs, fussent-ils de Venise et rend urgente la rédaction de ses « Mémoires ».

Triste fin de vies, partagées entre la solitude, les souvenirs de grandeurs et de succès, les rêves de séduction, les regrets et les remords aussi, que seule la création artistique parvient peut-être à adoucir. Image de cette condition d'homme qui n'épargne personne, quand les forces manquent, que les rides se creusent, qu'on s'accroche à un dernier espoir de mieux-être, que la mémoire se peuple de fantômes et qu'on devient fataliste… Quant à la Camarde, elle attend, tapie dans l'ombre parce que son heure arrive forcément. La vie est une comédie ou une tragédie, du théâtre assurément, qui fait passer l'acteur que nous sommes tous de l'ombre à la lumière puis de nouveau à l'ombre et nous fait oublier un temps un quotidien bien morne.

C'est un livre fort bien écrit et agréable à lire, tout en nuances et qui évoque ces trois personnages illustres qui ont vécu dans cette ville d'exception. Je sais gré aux éditions Serge Safran et à Babelio (dans la cadre de masse critique) de m'avoir offert ce bon moment de lecture.

© Hervé GAUTIER – Mai 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Moi, Jean Pigasse, ouvrier du Canal

Michèle Teysseyre auteur, réalisatrice et artiste peintre présentait le 19 janvier dernier « Moi, Jean Pigasse, ouvrier du canal » au salon du livre à Montgiscard. Je l’ai rencontré et échangé avec elle.

Forte d’un travail de plusieurs années sur le sujet du Canal du Midi elle nous offre avec ce roman une vision globale de la construction de cet ouvrage. C’est le quotidien du peuple, de ces ouvriers, de ces anonymes qui ont œuvré quelquefois au péril de leur vie qu'elle nous conte. De manière directe et sincère.

Fiction historique écrite sous la forme d’un faux témoignage elle est très bien documentée. Les mots, les anecdotes, les nombreux dialogues sont choisis avec soin. L’auteur a su trouvé le ton juste. Celui qui nous embarque dès les premières lignes pour l'aventure. Ecrit à la première personne le personnage de Pigassou prend très vite forme dans notre imagination. Et nous le suivons pas à pas, chapitre après chapitre. Ce n’est pas une image puisque le tracé de ce canal couvrait de longues distances. De la Montagne Noire de laquelle notre personnage est originaire jusqu’à la Mer Méditerranée, le chemin et le travail est long et laborieux, semé souvent d’innombrables embûches et d’épreuves.

Pigassou est dur à la tâche, bûcheron comme son père. Il côtoie au fil de ses aventures d’autres personnages, hauts en couleur. Tous très attachants. Les descriptions des paysages sont belles et pour décrire la vie des auberges, la rixe, les charretiers par exemple Christine Teysseyre dit qu’elle a regardé beaucoup de peintures.

Facile à lire ce roman m’a beaucoup plu. Il nous en apprend beaucoup de la construction du Canal, du quotidien, des préoccupations des hommes et des femmes du siècle de Louis XIV.

Je connais la région et l’Histoire du Canal du Midi m’intéresse. C'est donc avec grand plaisir que j'ai lu ce roman. L'aventure humaine et la construction d'un ouvrage d'exception se confondent pour nous offrir un très bon moment de lecture. Je recommande.

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Moi, Jean Pigasse, ouvrier du Canal

Très originale et réussie évocation du Canal du Midi sous la plume que Michèle Teysseyre prête à Jean Pigasse, ouvrier du canal. On y retrouve les vieux métiers aux noms évocateurs : pétardiers, trimardeurs, gabelous, et tant d'autres aujourd'hui disparus, qu'accompagnent un parler truculent et simple, à l'image de notre Pigasse, héros picaresque et sympathique. Le lecteur est tout de suite au cœur de l'ouvrage (dans les trois sens du terme : le travail fourni, la réalisation du Canal et l'œuvre littéraire) et suit ce long fil d'eau de la Montagne Noire à la Méditerranée. Fruit d'un sérieux travail de recherches historiques, ce livre est à mettre entre toutes les mains. Ce fut un plaisir.
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Moi, Jean Pigasse, ouvrier du Canal

Je note ce livre 2,5 étoiles, c’est mon ressenti en fin de lecture mais cette note n’est pas significative de la qualité du livre mais plutôt du fait que j’y suis passée à côté car je l’ai lu, à tord, comme un roman, sans chercher à discerner les références historiques.



D’autre part je pense que je manquais de culture sur le sujet pour en comprendre les informations notamment techniques et aurais dû faire des recherches en parallèles que je n’ai pas faites.



Enfin, j’ai regretté l’absence d’une carte géographique du canal pour suivre l’évolution de notre héros sur les différents chantiers que, finalement, j’ai trouvé mais bien trop tard à la fin de l’ouvrage. C’est une carte que j’aurais plutôt positionné au début du livre.



A la lumière de tous ces éléments je relierai avec plaisir cet ouvrage dans le futur mais différemment.
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Patagonie

Captivant, empreint de ce souffle magnétique d’Argentine, « Patagonie » est le livre des destinées. Fusionner à corps et à cris avec les déchirures des départs forcés. Eteindre cette Terre Latine à pleins bras. Vaciller sous la force du vent, de l’âpre en Patagonie, la rebelle, l’hostile, la sauvage et sublime. On se confond dans l’ombre de Louis Capelle en partance en Amérique du Sud. L’incipit entonne la première gamme dans un hors pair sans faille aucune. « La première lettre ne vient pas de là-bas. Elle a été écrite, il y a plus d’un siècle, sur le balcon d’une auberge de Puegerdà. » On reste immobile, au regard de ce voyage sans retour. Cet homme altier, maître de ses heures, fuyant l’adversité brûlée, une scierie écroulée sous les flammes, des dettes cendres d’intégrité et d’honneur abolis. Une femme, celle qu’il aime, mariée vite, trop vite à un autre, l’adversaire, épouvantail de la trahison. Bâtir une citadelle symbolique, détruite, tel un château de cartes envolées par cette tornade évènementielle. Ivre de ses malheurs, le cœur aux abois, il fuit. L’Argentine est le pays des espérances, des abandons, des larmes cachées sous l’oreiller vierge de femme. Des bagages lourds d’un avant meurtri dans sa chair. Voilà où se trouve Louis Capelle. L’histoire est belle, délicate. On aime cet homme par-dessus le toit du monde. Echappé des flammes intestines. Il foule cette terre qui ignore son passé, si vaste à se perdre. Cette quête existentialiste abreuve ses forces. Il va œuvrer au remboursement de ses dettes. La scierie doit s’effacer de sa conscience. Louis Capelle est taiseux, laborieux, intègre jusqu’au profond de la nuit argentine. Il va chercher sa voie. Le retour en ses racines. Creuser les sillons de son identité. Les morceaux d’un puzzle qui rassemble l’épars généalogique. Louis Capelle va se creuser un havre immense et encerclé de ses secrets. Modeler un espace à son image. S’abreuver à l’intime des lieux. L’Ilot du Rio Paramà devient subrepticement son double avéré. Cet homme de combat qui transforme la solitude en levier pour juste se maintenir en vie. Les silences échappés des heures les plus chaudes, où ses mains deviennent rides ensanglantées par ce trop-plein de labeur et de souffrances. La Patagonie n’est pas une chute des hasards. Elle est repentance. Ici, dans ce pays où les frontières n’ont pas de griffes, la rencontre peut être belle. Elle apprivoise les immigrés et ses étendues sont des sources salvatrices. Louis Capelle se mure, s’enferme. L’attachement pour ce dernier enchante le crescendo. On ressent cette mélodie d’affection pour lui. Cet homme dont il ignore le pavlovien d’un amour renouvelé. Cet homme broyé d’amertume trouvera-t-il l’initiatique recommencement ? Ce livre est une rencontre avec l’Argentine, la si belle. Avec un homme aux mille vertus. Un homme qui ose la fuite sans cette lâcheté qui foudroie. Michèle Teysseyre délivre un récit poignant, tremblant, une couverture de laine pour les matins frais. Une ode à l’homme et à sa persévérance. Beau à pleurer. Publié par les Editions Serge Safran qui prouvent une nouvelle fois une haute qualité éditoriale.
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La Tintoretta

J'ai été charmé par la beauté physique du livre et l'histoire me semblait intéressante : une jeune fille qui devient peintre alors que l'époque n'est pas forcément encline à laisser à la femme ce rôle d'artiste. J'ai aimé le style de l'écriture, le choix du thème et la description réaliste et précise de la vie à Venise des artisans peintres. J'ai par contre été déçue par la fin qui me semble baclée : la grande énigme me semble bien faible. Dommage
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Achille L. : Un peintre en hiver

Tout d'abord merci pour cette opportunité de lecture grâce à l'opération Masse Critique !

J'ai découvert, à travers ce récit, un peintre que je ne connaissais pas. Ce n'est pas forcément aisé de mettre en avant à la fois l'artiste et son œuvre, mais l'auteur y arrive vraiment très bien ! Une lecture fluide pour un livre lu d'une traite. Un bon moment passé !
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Patagonie

Quand j'ai vu ce livre sur la table des nouveautés de la médiathèque, et que j'ai parcouru la 4ème de couverture, j'ai su que je l'emprunterais aussitôt ! Même si c'était pour de mauvaises raisons ! 



L'auteur porte en effet le nom de ma mère, et son personnage principal celui de l'employeur de mon père. 



Mais ... je me suis prodigieusement ennuyée en lisant ce récit dont même le titre est trompeur ! 



En effet, après de mauvaises affaires en France, dont l'incendie de sa scierie qui a mis fin à ses rêves d'entrepreneur, Louis Capelle emprunte de l'argent à celui qui épouse celle dont il est amoureux et part tenter sa chance ailleurs. En ce début du XXème siècle, Barcelone n'est pas la terre promise rêvée, alors il s'embarque pour les rivières d'or de Patagonie. De petit boulot en petit boulot, il finira par remonter sur les rives du Rio Paraná où il créera une exploitation forestière qui lui permettra, vingt ans plus tard de rembourser ses dettes.



Au hasard de lettres retrouvées, un de ses descendants du XXIème siècle a tenté de reconstituer la vie de Louis Capelle. 



Mais le style factuel, sans affect m'a empêchée d'éprouver de l'empathie pour ce pauvre homme qui a trimé très dur toute sa vie avant de mourir, trop jeune loin de tous.
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Patagonie

Cette terre lointaine évoque peu de choses pour le lecteur lambda. Au mieux, il se souvient du feuilleton « Le roi de Patagonie » (1990) avec Carla Gravina et Omar Sharif dans les rôles principaux, du merveilleux documentaire « Le rêve de Gabriel » (1987) d’Anne Lévy-Morelle qui évoque ce territoire âpre et sauvage, ou des allégations du chanteur Florent Pagny qui y réside six mois sur douze. Cette fois, c’est au tour de Michèle Teysseyre de nous présenter ce pays d’Amérique du Sud au climat balayé par des vents dominants et une pluviosité abondante à la fin de l’automne autant qu’à la mort du printemps. Plutôt que d’aborder son sujet par le biais de la fiction, elle a choisi d’embrayer en suivant les pas de Louis Capelle à travers sa correspondance épistolaire. Au fil des chapitres, on découvre un protagoniste qui subit les avanies de plein fouet. En 1905, il perd sa scierie dans un incendie destructeur et voit la femme qu’il aime épouser un autre. Désespéré, l’Espagne lui devient insupportable et il décide de tenter sa vie ailleurs, loin de tout ce qui évoque le passé. Endetté et au bord du suicide, il embarque pour les colonies. A l’instar de nombreux aventuriers partis de la métropole, il compte se refaire une virginité et trouver grâce en foulant le sol d’une terre totalement vierge pour lui. Il finit par travailler d’arrache-pied, fréquente les autochtones dont les manières ne peuvent pas rompre le cercle de solitude qui le ceint et il se vautre dans les draps de femmes dénuées de pudeur. Sans se vouloir une biographie, ce récit à peine romancé revient sur une période particulière de notre civilisation et souligne les contrastes qui existaient entre l’Europe et les Amériques. Malgré ses multiples efforts pour s’intégrer dans sa nouvelle existence, Louis ne parvient pas à trouver de repères et se replie dans une solitude sans nom. Honnête et courageux, cet anti-héros se trouve au centre d’un puzzle dont quelques pièces nous échappent.
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Loin de Venise

Merci aux éditions Serge SAFRAN et à Babelio de m’avoir choisie pour lire et critiquer ce livre. Lorsque je me suis inscrite à la masse critique, je n’imaginais par recevoir CE livre.

Je voue une véritable passion pour cette ville simplement unique : Venise. Pas une année sans poser mes pas, justement dans ceux de ces célébrissimes habitants. Le plus incroyable lorsque l’on marche dans Venise, est que l’on ne peut s’empêcher d’imaginer la vie à l’époque de Vivaldi, de Casanova, à cette époque Venise était ce que l’on appelle aujourd’hui : « The place to be ».

Parlons un peu du livre maintenant. Que dire, sinon que je l’ai dévoré. L’auteur, Michèle Teysseyre, l’a traité en trois chapitres, un pour chaque célébrité, Vivaldi, Rosalba et Casanova. J’avoue ne pas connaître Rosalba Carriera, et à mon prochain voyage à Venise je marcherai sur ses traces.

Chaque personnage se remémore sa longue vie, ses joies ou ses peines, ses heures de gloire ou de tristesse.

Vivaldi qui finit ses jours à Vienne, et qui nous dévoile comme à un interlocuteur invisible, ses débuts dans la musique, ses passions, sa famille, ses amours. Au cours des pages, il nous promène au travers des « calle » et autres « campo », de messes en concerts, aux pages d’opéra composées pour son égérie Anna Girò. Dans le cours de ses pensées, il parle de son enfance, de ses problèmes de santé, de sa prêtrise, de sa fin qui approche mais aussi du regret qu’il a de ne pas pouvoir revoir Sa Venise.

Rosalba Carriera, peintre et pastelliste, portraitiste de renom qui travailla pour les plus grands y compris pour la Cour de France. Rosalba qui ne peut plus exercer son art devient acariâtre, elle en veut à tous de ne plus pouvoir dessiner, peindre, d’être tributaire des autres pour tout. Sa vue décline jour après jour, au point de ne plus discerner les choses. Son médecin lui parle d’une opération de la cataracte, qu’elle refuse dans un premier tant mais qu’elle acceptera au prix de grandes souffrances. Rosalba vit dans le quartier de Dorsudoro, qu’elle ne quittera pas. On la rencontrera se promenant le long du canal avec un vieil ami, lui faisant des confidences, on peut imaginer le bruissement de la soie de sa robe à chacun de ses pas, on entend le clapotis de l’eau quand passe les gondoles, on est à Venise en compagnie de Rosalba.

Casanova, qui ne le connaît pas ? on le retrouve ici, engagé comme bibliothécaire à à Dux, en Bohême, dans le château des Waldstein. Il y finit ses jours dans les fastes du maître des lieux, mais subit les méchancetés de tout le personnel des lieux. Il consacre son temps libre à l’écriture de ses mémoires, et quelles mémoires ! il se promène, écrit, il parle, fait une cour assidue à la fille du portier, écrit, écrit, mais il est désormais un vieil homme poursuivit par une fin qui se fait de plus en plus proche.

L’auteur, au travers de ce roman, à l’écriture dynamique a réussi à nous faire entrer dans l’univers de chaque protagoniste, et nous fait partager la fin de vie de ces personnages ô combien emblématiques de la Sérénissime. Voilà quelques moments de lecture bien agréable mais aussi instructive, Rosalba, je ne la connaissais pas… Ce roman est déjà dans les mains d’un ami qui je pense le fera suivre aussi. C’est ainsi lorsque l’on tombe sur un livre qui nous plaît, on veut le partager.

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Achille L. : Un peintre en hiver



Un peintre en hiver dont le pinceau trace un rai de lumière, voici en quelques mots le condensé de cet écrit de madame Teysseyre.



Un roman qui donne à voir à travers les mots, l’œuvre picturale de monsieur Achille Laugé et, en même temps, sa vie, son pays, ses émotions, sa sensibilité.



Ainsi j’ai découvert simultanément l’œuvre d’Achille L. et le pays qui l’a inspirée. Le talent de madame Teysseyre est de susciter l’envie de marcher sur les chemins qu’elle a parcourus poursuivant le fantôme de monsieur Laugé.



L’auteure a effectué un pèlerinage à la recherche d’Achille L. cherchant à percer les secrets enfouis sous les traits de pinceau de l’artiste. Son émotion est puissante et ses mots nous la font ressentir.



Qui était cet homme discret qui s’est ancré dans son lieu d’origine ?



« Tapie sur l’autre rive, la ville ressemblait à un vieux chat assoupi » Cette écriture m’enchante, elle fixe les contours d’une scène, d’un paysage. Le mas de l’Alouette, son jardin, les collines du Languedoc semblent sortir de ces pages, comme ils ont été immortalisés par les pinceaux de l’artiste.



Je n’ai pu m’empêcher de tracer un parallélisme entre l’ouvre de Monet et celle d’Achille Laugé. Ces fleurs, cette lumière vibrante en sont-elles la cause ?



En refermant ce livre s’allonge ma liste de découvertes à approfondir et c’est un grand plaisir.



Merci Madame Teysseyre, merci Serge Safran, éditeur et merci Babelio.


Lien : https://bafouilles.jimdofree..
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Achille L. : Un peintre en hiver

« Vous êtes seul maintenant et vous ne voyez que lui ».



Parfois, dans un musée, dans une librairie, au bord d'un lac, il y a des rencontres fulgurantes. Ce tableau a été peint pour vous, ce livre vous est destiné, ce paysage est celui de votre âme.

C'est ce qui est arrivé à Michèle Teysseyre dans un musée où elle est entrée par hasard un jour de pluie ou de grosse chaleur, on ne sait pas.

« Vous apercevez le tableau. Un ciel rouge à force d'outremer, la masse sombre d'un bâtiment sur l'ocre incandescent des chaumes, le noir des cyprès le long d'un chemin blanc, et toutes ces particules d'anges qui virevoltent dans l'azur ».

Et une signature Achille Laugé …

Dès lors, c'est une quête quasi amoureuse qui commence.

« Dès l'instant où je t'ai vu, je t'ai tutoyé ».

Michèle Teysseyre se met en route. Il lui faut visiter les lieux où Achille, ce peintre méconnu, a vécu, a étudié, a peint, a été exposé. Retrouver des lettres. Imaginer des dialogues.

C'est Paris, l'Occitanie, Toulouse ou encore Lausanne, où a été organisée en 2022 une grande rétrospective des oeuvres de ce néo-impressionniste, un peu pointilliste, profondément original, au point de préférer sa campagne, l'Alouette sa maison, sa charrette d'artiste, sa famille, à la notoriété.

Même si quelquefois les rencontres sont ratées pour Michèle Teysseyre – il pleut, les lieux ont changé, le musée un peu triste (« Mon pauvre Achille, dans quel exil t'es-tu aventuré ? ») – ce petit livre édité chez Serge Safran nous livre un dialogue touchant et fécond entre deux artistes qui travaillent de la même manière par petites touches pour créer un univers sensible et original.

On ne trouvera donc pas ici une biographie conventionnelle à la chronologie rigoureuse d'Achille Laugé, mais un voyage partagé.



Une petite question à l'auteur toutefois.



Pourquoi ce sous-titre « Un peintre en hiver » ? Alors que les couleurs de Laugé sont flamboyantes …

Est-ce une allusion aux doutes, aux jours difficiles, ou aux moments où l'auteur.e elle-même défaille « Vous attendez que les vagues reviennent, que la présence se manifeste encore une fois. Mais rien ne se passe » ?

Ah oui , il faut lire le dernier paragraphe : « Vous n'en saurez pas plus. L'auteur n'a pas de visage. Il n'est que le passeur de l'histoire… »









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Achille L. : Un peintre en hiver

Un récit bien écrit de la vie et œuvre d'un peintre oublié Achille Laugé fin du XIX ieme pointilliste; contemporain de Henri Martin , le sculpteur Bourdelle tous occitans.



l' autrice peintre amatrice elle-même y dépeint les paysages de l'Aude et des lieux où vivait le peintre à la manière d'une toile toute en couleurs et impressions.



Des allers retours entre l'époque contemporaine du peintre et le moment du récit : un mouvement pendulaire qui l'anime



C'est donc l'histoire d'un peintre qui choisit le retour sur ces terres de l'Aude , ses racines, plutôt que les fastes d'une vie d'artiste mondaine sous les lumières .

Ses origines et son époque en font un peintre non reconnu à sa juste valeur victime du modernisme en peinture , annonciateur de la peinture moderne

Il a cependant résisté au temps dans les musées régionaux d'Occitanie .



Il y a de belles évocations de la Nature ,
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Loin de Venise

Kaléidoscope fabuleux et apprenant « Loin de Venise » Vivaldi, Rosalba, Casanova est un voyage entre ciel et terre. Michèle Teysseyre est douée, érudite et fervente connaisseuse de Venise. Lire « Loin de Venise » est dépaysant et nourricier. Trois, ils sont trois, le plein de ce livre, sève musicale, artistique et littéraire : Antonio Vivaldi, Rosalba Carrieria, et Giocomo Casanova. Éloignés de Venise, dans le couchant de leurs vies, le crépuscule invite aux confidences altières, aux souvenirs nostalgiques. La vieillesse des êtres lumière, foudroyés par l’approche de la mort. « Loin de Venise » est d’une beauté inouïe sans pathos. Cette Venise symbolique est l’accroche, ce qui résiste et immortalise. Antonio Vivaldi est à Vienne. Dans le déclin, la chute qu’il retient du bout des doigts, la dignité enivrée de musique. Composer l’ultime opéra pour Anna Giró. Les rideaux de la chambre lourds de ce regret des années passées. Ne jamais laisser entrevoir cette souffrance physique et inéluctable.

« Béni soit la veuve Wahler ! En dépit de mon infortune, elle continue de m’apporter mes brouillons. » « Serait-ce là le pouvoir de la musique ? Que dira le pouvoir de la joie sur les âmes. Le chant vaut tellement mieux que les tristes chapelets ! »

La trame est eau vive, arrêt ultime, urgence.

« La veuve Wahler serait-elle musicienne ou bien est-ce ma fièvre qui a repris ? Dieu que Venise est loin ! A des milliers de lieues de cette chambre que le vent ne viendra jamais visiter. » « C’est ailleurs que j’irai négocier mon génie. »

Ce texte bleu nuit est une rencontre intime avec Antonia Vivaldi.

« Venise est un théâtre où jour et nuit se confondent. »

Antonio Vivaldi tend la main à Rosalba Carriera, majestueuse et digne, presque aveugle, pastelliste dévorée de noir et de finitude. Venise déchirée, les toiles fondent dans les lagunes. Résiste la droiture, la splendeur d’une aura, Rosalba Carriera, l’emblème : la Sérénissime d’ombre et de lâcher-prise.

« Puis elle tendra un peu l’aile. Et moi je la suivrai. »

Ce texte est émouvant, tremblant. C’est un hommage crucial pour cette artiste de renom soumise entre le jour et la nuit. La pénombre qui advient irrévocablement. Michèle Teysseyre est le filigrane d’or de cette trame qui excelle dans le charme des survivances.

Giacomo Casanova, en Bohême, refugié, retient du bout des doigts ce qui résiste encore. Voix d’une Venise écartelée entre raison et désespoir. On reste attentif au passage vers l’autre rive.

« Le château est une tombe, que dis-je, un gigantesque mausolée ; un palais prisonnier des glaces au milieu d’un village peuplé de rustres et d’ignorants. Désormais mon exil est total. »

La Bohême et le château des Waldstein, Giacomo Casanova, bibliothécaire du comte Waldstein, entre refuge et méprise. Casanova, manichéen sait l’heure de la finitude.

« Dux est un village. Le bien, le mal, le châtiment, la récompense. C’est là leur seule théologie. »

Néanmoins, il bouscule les apparences, foudroie son déclin. Orgueilleux, en proie aux torpeurs nostalgiques.

« Me voilà seul dans la chambre, entre deux mignonnes, batifolant comme un jeune sot. Après un début prometteur, ma vigueur montre des signes de faiblesse, vacille et pour finir s’éteint. »

Venise est un mirage, un rappel, souvenir latent. Tel un roseau courbé, il sait l’heure ultime. Les rides du temps blessent sa vigueur et sa ténacité. Son corps flanche, se rebelle. L’homme s’éteint. Le maître reste d’équerre. Casanova résiste et se souvient.

« Venise voyez-vous, est bien plus qu’une ville. Comment dire ? Une espèce de songe posé sur l’eau.

Casanova est une flamme persistante dans ces pages appliquées et admiratives. « Loin de Venise » Vivaldi, Rosalba Casanova est une révérence. Ces trois lumières bercées par la magnifique Venise qui éclate de vie et d’éternité. Michèle Teysseyre délivre un parchemin émouvant et certifié. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.











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Patagonie

J'ai aimé voyager avec cette histoire, ressentir les immensites de la Patagonie, les relans du port de Buenos Aires avec ses mauvais quartiers. Cette histoire de famille pourrait être même captivante si l'auteure ne m'avait pas perdu dans trop d'aller retours, dans trop de cousins amis et autres parents qui m'ont fait perdre le fil conducteur de l'histoire et de ses liens familiaux.
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Loin de Venise

Ce livre est d'abord un hommage fervent à la Venise du XVIIIe siècle qui a vu naître les trois glorieux personnages dont l'auteure retrace la fin de vie, chacune à sa manière, loin de leur ville natale. L' incontournable musicien Antonio Vivaldi, la portraitiste Rosalba Carriera et le non moins incontournable aventurier-écrivain Giacomo Casanova, se retrouvent chacun leur tour au soir de leur vie. C'est le temps des souvenirs, des bilans, des regrets, des douleurs et aussi de la solitude, après le temps de la gloire et de la célébrité, à Venise comme à travers l'Europe. La façon originale de l'auteure d'imaginer pour chacun l'exil après leur vie fastueuse et tout à fait remarquable grâce à une grande maîtrise d'invention, nourrie d'une importante documentation. Les chapitres consacrés à Vivaldi, le prêtre roux, sont ingénieusement bâtis sur sa musique, suivant les mouvements rythmiques et sonores Andante, Adagio et Allegro vivace. Au début du livre, on voit souffrir Vivaldi, seul et malade, à Vienne dans la pension de Frau Wahler qui prend soin de lui. Il revit ses rencontres, ses expériences musicales et son attachement touchant à son interprète préférée, la française Anna Giraud, qu'il nomme "Giro"à l'italienne. De son enfance, Vivaldi dit qu'elle "fut une longue course dont la musique guidait le pas." Avant sa mort, Vienne s'efface devant Venise et la course reprend: "Je cours et ne vois de ma ville que des reflets...Libre, je suis enfin libre de voler...Comme les mouettes au-dessus du bassin de l'Arsenal, comme les barques filant sur la lagune...Et cette lumière qui monte, ce feu qui émerge de l'eau, cette rumeur pareille à une musique...ma ville, ma ville retrouvée. Deuxième personnage," Rosalba Carriera, peut-être moins connue (je ne la connaissais pas), bien que seule des trois à mourir à Venise dans le quartier du Dorsoduro, vit un exil intérieur. Elle, peintre officielle des cours européennes la plus célèbre de son temps, vit la tragédie de la cécité et ne perçoit plus ni les couleurs ni la lumière du jour. Son seul souhait est de rejoindre enfin ses chères modèles, "les colombes de Dorsoduro" , dont elle n'a pas oublié "les étreintes délicieuses".



Dernier personnage, Casanova, exilé à Dux en Bohème où il est employé comme bibliothécaire par le comte Waldstein, subit les moqueries des domestiques du château et les douleurs de son vieux corps malade. Il est temps pour lui de se consacrer à l'écriture de ses Mémoires. Inguérissable séducteur, il revêt son plus beau costume d'apparat pour son dernier départ. Écoutons Casanova rendre hommage à sa ville natale: "Venise, voyez-vous, est bien plus qu'une ville. Comment dire? Une espèce de songe posé sur l'eau. un songe fait de pieux, de pierres , de biques." Enfin, je partage l'amour que porte indéniablement Michèle Teysseyre à Venise et à l'Italie et je reconnais volontiers être entrée avec plaisir dans la vie et les confidences des personnages qui nous apparaissent, grâce à la plume élégante et juste de l'auteure, sous de nouvelles lumières.
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Loin de Venise

Ce livre a pour objet la fin de vie, sous forme romancée, de trois personnages glorieux de l'histoire de Venise : Antonio Vivaldi, Giacomo Casanova et Rosalba Carriera. Si les deux premiers ne sont plus à présenter, je ne connaissais pas cette dernière avant de lire ce livre. Il s'agissait en fait d'une peintre célèbre du XVIIIe siècle, qui a perdu la vue. La partie du livre qui lui est consacrée raconte donc son déclin avec la perte progressive de sa vision, qui va l'éloigner de la bonne société vénitienne au fur et à mesure. Cet éloignement sera physique pour Vivaldi et Casanova, qui finiront respectivement leurs vies à Vienne et à Dux (en Bohême).

Trois tristes fins de vie de personnages qui ont connu la gloire et qui ont beaucoup contribué à l'histoire et à la renommée de la Sérénissime.

Ca aurait pu être un très bon roman historique, ou plutôt trois très bonnes nouvelles historiques puisqu'à chaque personnage est consacrée une partie indépendante des deux autres. Mais je n'ai pas accroché plus que ça. Ce n'est pas la faute au style de l'auteure, qui est vif et rempli d'humour. En fait, c'est court, (moins de 200 pages), rythmé (des chapitres très courts), agréable à lire... Je l'ai lu en une soirée sans aucun problème. Mais il manque quand même un petit quelque chose. En fait, je crois que c'est parce que je n'ai pas réussi à m'identifier aux personnages (qui sont les narrateurs de leurs histoires).

Quoi qu'il en soit, je remercie Babelio et les éditions Serge Safran pour m'avoir envoyé ce livre.
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