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3.5/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Slobozia , le 11/11/1950

Source : éditeur
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Bibliographie de Mircea Dinescu   (1)Voir plus

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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Mircea Dinescu
Fugue à deux

Il y a en nous une crainte qui nous anéantit
Le vent souffle dans les objets, peut-être fait-il exprès
Vers jadis dirigée, l'âme est un canot
La chair est un aviron. L'œil est infini.

Du soleil des poulains on a extraits, le licol les attendait
La gloire du carrosse, gloire sur roues
Des lunettes de cuir limitant le banquet
Sans que le regard fleurisse de côtés.

Nous remplirons les chevaux pour le départ prêts
Dans le filet des vieilles herbes rassemblés
Cela est peut être l'étoile par nous choisie
Dans la solitude en couple courons ainsi.

*

Fugă în doi

Este-n noi o spaimă care ne doboară
Bate vînt din lucruri, poate dinadins,
Sufletu-i o luntre spre odinioară.
Carnea dulce vîslă. Ochiul necuprins

Rupţi din soare-s mînjii, îi asteaptă hățul,
Gloria căruţii – glorie pe roţi.
Ochelari de piele mărginind ospăţul
Fără ca privirea să-nflorească-n părţi.

Noi vom umple caii gata de plecare
Adunaţi în plasa ierburilor vechi,
Steaua cea aleasă poate fi oricare-
În singurătate alergăm perechi.
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Mircea Dinescu
La conversation

Apprenant que j’écris des poésies,
tel peintre – dans lequel la vieillesse bouge timidement ses pieds
comme dans une cuvette avec de l'eau chaude
(sainte simplicité : donc, il frisait la cinquantaine) –
est tout prêt à me faire aumône d'un trench-coat
(bien démodé, sans doute, mais acheté à Paris) ;
est disposé à me payer un bock et aussi bien la l’impertinence
avec laquelle je claironne ma génialité,
me lâchant des jurons quand même, en protecteur
(il avait avec une paire de skis en trois couleurs escaladé
la haute société, sans avoir plus le courage d'y descendre) ;
toussant quand même dans ma joue avec une certaine chaleur
de classique en vie
(ohé, le temps où il était le plus cube des cubes)…
quand même et, puis, quand même,
finalement, que pouvais-je faire d'autre
que de confondre avec l'addition son numéro de téléphone ;
quand même et, puis, quand même,
que pouvais-je finalement lui crier d'autre
que :
« algèbre sentimentale,
vide constructif,
aurore gaga,
cogne trois fois du doigt au ventre de ta mère
et entre
sans la réponse attendre ».

(traduction en français par Romulus Vulpescu)
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Mircea Dinescu
La chèvre contemporaine

La chèvre mange les roses des jardins municipaux,
croque, comme s'ils étaient des carottes crues, des trams tout entiers,
ne part pas le matin à son bureau,
ne lit pas le soir les journaux,
dépouille les poteaux télégraphiques comme s'ils étaient des mûriers,
ignore imprudemment et feux verts et arrêts,
ne désire ni décapotable, ni pique-nique,
n'a pas encore breveté l'herbe en plastique,
quoiqu'elle en sache quelque chose à propos des forêts…

Au rond-point du centre on a changé la statue,
la ville se berçe dans une balançoire de fumée, sans vent,
seul cette chèvre tétue
donne du lait et ne s'en demande pas comment.

(traduction en français par Romulus Vulpescu)
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Mircea Dinescu
Le manchot
——————
Mes mains vieillissent
plus vite que moi.
Je monte dans le train
et je les vois me précéder
à gauche et à droite.
J’ai chaud
et l’une ouvre aussitôt la fenêtre.

Une mouche vrombit dans l’oreille,
une autre m’effleure le front.
Je leur demanderais ou elles vont
mais je suis arrivé à destination
et je les vois descendre avec moi.
Je leur dis au revoir
mais je constate qu’elles montent dans le même tramway,
descendent au même arrêt,
montent l’escalier de ma maison
et après un repas à trois,
elles entrent comme des chats
sous ma couverture.

Et nous, mon Dieu, nous vieillissons
plus vite que Toi,
nous – Tes mains sans repos
qui tâtent aveuglément la terre.
Et tout comme le mutilé de guerre
a mal aux doigts abandonnés à Verdun,
notre absence va te tourmenter
pendant les nuits mornes d’automne.
Cœur endeuillé ! Oh, notre Dieu manchot !

(traduit du roumain par Radu Bata)
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Mircea Dinescu
Troubadour

C’est moi le propriétaire des ponts
sous lesquels j’ai dormi je veux dire
parmi les sphères roses de savon
je suis l’ange malade de fuir,

je mange comme un monstre qui gronde
l’odeur évidente de la fleur
au fond de cette vallée profonde
savoir si on vit si on meurt ?

étonnez-vous vite les amis
tant que la neige garde le blanc d’hier
tant que les chevaux brûlent soumis
tant que la langue nous reste entière

(traduit du roumain par Dumitru Tsepeneag)
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Mircea Dinescu
Lettre à ma mère

tu dis que les rats ont rongé l’église jusqu’à la racine
triste ma mère
de toute façon notre foi tient plutôt
du pain et du vin,
pourvu qu’il ne se couche pas l’avoine
dans le lit de ma sœur qui s’est sauvée à travers les champs
que ne devienne sauvage le chanteur chassé parmi les roseaux,
au-dessus de la mort qui vous coiffe
au-dessus des entrailles du feu
passent les cigognes comme une leucémie des étoiles

(traduit du roumain par Dumitru Tsepeneag)
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Mircea Dinescu
La terreur du bon sens

vu mon penchant à tout regarder
sous un angle défavorable
je commence à croire que les dieux poussés par le flux de la bière
arrivent jusqu’à nos tables où nous médisons bien sûr
de leur possible impossible existence
et puis ils disparaissent sur leurs vélos de luxe en enfer.
Comestible réalité :
je descends sur la plage
à la place de l’eau je trouve une affiche
qui annonce que la mer est interdite
car l’essaim sauvage des guêpes
poursuit une automobile sur la route
car ceux qui étaient montés sur le bûcher transportent maintenant du bois mort
il ne me reste qu’à demander
comment va la famille
comment fleurit ton cancer
comment traites-tu ta liberté
homme normal,
brique rongé à moitié par le temple
à moitié dans la maison délabrée,
toi qui crois en la bouteille de lait laissée sur le pas de la porte
préposé au chemin de fer vendeur d’allumettes
prophète dans la circulation des tramways
tu t’indignes contre celui qui lit les compteurs
tu n’acceptes pas qu’une baleine puisse inventer son océan
sur les places publiques
tu ne sais pas si tu dois appeler le flic ou l’ambulance
quand de mon gosier s’élève vertigineux
le jet de bonheur ou de sang

(traduit du roumain par Dumitru Tsepeneag)
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Mircea Dinescu
Troubadour

Je suis le propriétaire des ponts
sous lesquels j'ai dormi, je dois dire
je suis l'ange malade du désir
d'errer parmi les roses bulles de savon,

je suis aussi la bête immonde
qui dévore le parfum des lys.
Errant dans cette vallée profonde
je me demande : je meurs ou je vis ?

Traquez, camarades, les merveilles du monde
attisez des chevaux la course folle
avant que la pure neige ne fonde
et tant que demeure entière la parole.

(traduit du roumain par Andreia Roman)
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Fais attention

Fais attention à ne pas exploser aussi
(de l'ange il ne subsiste pas le moindre bout)
marche doucement sur les peupliers debout
ne renverse pas ta gamelle d'ambroisie.

Il est des dieux abandonnés tels des chatons
qui miaulent de soif à travers les trous célestes,
des architectes du Seigneur ce sont les restes,
léchant sur Ses pas la traînée des rogatons.

Toi le voyageur de tous les états de transe
fais bien attention à l'asile des vieillards,
dis-leur qu'ils étaient bons et qu'ils étaient gaillards
et que tout en bas ils ont encore une chance.

(p. 17)
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Mircea Dinescu
Je suis jeune, Madame…

Je suis jeune, Madame, et le vin me connaît,
l'œil charrie en mon sang tant de vierges en fleurs,
comment lors revenir à l'enfant que j'étais,
quand ma chair s'épanouit et que seul l'oubli pleure.

Je suis jeune, Madame et j'ai su assez faire
pour saisir la chute du somme en l'équilibre,
mais irai-je manger des mottes de lumière,
quel point serait repu en cette peau de tigre.

Je suis jeune, Madame et j’ai superbe dos,
je veux boire le lait aux tétins des comètes,
pour que croisse en mon cœur le ciel, et dans mes os,
les astres, démentant la neige en pirouettes.

Je suis jeune, Madame, et l'aile me soutient
quand même effleurerais-je des genoux la terre,
putride elle m'enivre autant et plus qu'un vin
car je sens couler là mes oncles et grands-mères.

Je suis jeune, Madame et ne crois à vos dires,
le temps n’affûte point sa griffe à l’aiguisoir,
encore que les archers du brouillard sur moi tirent
leurs flèches, présage. Je suis jeune. Bonsoir !

(traduction en français par Aurel George Boeșteanu)
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