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Critiques de Mongo Beti (42)
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Ville cruelle

Le jeune Banda se rend en ville pour aller vendre son cacao, voilà qu'il est pris cours par de multiples événements de la ville où les stigmates de la colonisation font rage. Quelques mouvements de révolte et la poursuite de longue haleine des autorité bouleversent la route bien tracée de Banda.Déjà pour commencer, arrivé en ville, tout son cacao sera mis au feu car seuls les blancs ont les droits mais pas les noirs surtout quand il s'agit d'un grand business comme le cacao... Le livre nous présente les atrocités de la colonisation
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Ville cruelle

'Ville Cruelle", est le premier roman de l' auteur camerounais Mongo Beti .Il fut publié en 1954 , sous le pseudonyme d' Eza Boto .Ce livre est un classique de la littérature africaine .Dans ses écrits et romans , l' auteur dénonce les pratiques coloniales et post-coloniales .Il remet en question les pratiques politiques , administratives et religieuses introduites par l' occident en Afrique en général et au Cameroun en particulier . Les politiques coloniales sont violemment discriminatoires.l''oeuvre "Ville Cruelle" est située dans un contexte colonial et ,Eza Boto, relate les fatalités de

l'oppression coloniale .

Ce roman a pour héros , le jeune homme , Banda .Ce dernier est orphelin de père .Il fût élevé par sa mère .Cette dernière a un voeu :voir son fils marié

Mais pour satisfaire sa mère et réaliser ce qu' elle désire : il faut avoir de l' argent pour la dot de sa fiancée .C 'est ainsi qu' il décida de vendre son cacao en ville .Mais là , l'homme fut confronté aux terribles réalités de la ville marquées par la cruauté , l' exploitation ,le vol , le crime , la rapine ,etc

Nous assistons aux drames d' une Afrique dominée , ceux qui opposent les humbles , les simples , les paysans ,aux différents types d' exploiteurs du monde politique , économique et religieux .

Cinq sur cinq à ce roman écrit par un humaniste et un juste .











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Ville cruelle

roman qui dénonce la colonisation à travers le personnage de banda. C e livre traite avec une cértaine ironie de la religion,de la justice etc.Il montre la place de l'homme noir dans la société coloniale parasitaire d'alors.
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Perpétue et l'habitude du malheur

"Perpétue et l'habitude du malheur" dénonce à la fois la colonisation, la dictature, la bêtise des fonctionnaires, la misère et surtout la condition de la femme en Afrique dans les années 1960. le problème de l'alcoolisme est aussi évoqué.

[...]Son écriture belle, riche, intelligente et émouvante décrit, à la manière des conteurs africains, une Afrique violente et révoltante. Mais l'auteur ne se contente pas de la décrire, il aide aussi le lecteur à comprendre comment la culture et l'environnement politique d'un pays peuvent être déterminants dans la vie des gens et de leur comportement. [...]




Lien : https://lesravissementsdeval..
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Trop de soleil tue l'amour

Mongo Beti, à cause de ses idées dans « Main basse sur le Cameroun, » fut obligé de s'exiler en France, où il a subi la censure. Il continuera à écrire, sur la mort de Ruben Um Nyobé, en particulier, sera professeur agrégé de lettres latin/ grec à Rouen, et finalement rentrera dans son pays en 1991.

« Dans une société taillée à coups de serpe par la violence et au bénéfice de la mafia en place et surtout de ses parrains lointains, survie et probité étaient inconciliables. », dit-il dans « Trop de soleil tue l'amour ».



L'histoire, pour aller vite, est un enchainement de malheurs qui adviennent à Zam : vol de ses CD de jazz, découverte d'un mort dans son appartement, explosion d'un autre appartement, morts diverses, dont personne, au final, ne se soucie, la police ayant pour mot d'ordre absolu de ne pas faire d'enquête, le tout arrosé de whisky de contrebande, puis disparition de son amie,..

Qu'a fait le journaliste Zam pour mériter ça ? Il a dénoncé « les spoliations foncières subies par des communautés villageoises au bénéfice de grands du régime ou de firmes étrangères d'exploitation forestière que le gouvernement protégeait moyennant rétribution ».

Cependant, même avec la pensée de Mongo Beti en arrière plan, et de constantes références aux meurtres de Felix Moumié, de Lumumba, de Sankara , à la corruption généralisée, à cette Françafrique que nous connaissons, « Trop de soleil tue l'amour » n'est pas qu'une dénonciation. Ce serait plus un roman- feuilleton où rebondissements, péripéties de Zam, personnages hauts en couleur,( il faut imaginer les vieux édentés qui ont quatre femmes, plein d'enfants, et dont les filles n'ont qu'un recours : se prostituer, pour survivre), hypothèses farfelues, autodérision , la faim comme arme politique, votez pour moi, je vous donne un gigot, s'enchainent sur fond de brûlot politique « en passant »,

(Rebondissements, et aussi quelques longueurs, selon moi ).



Il a aussi pour objet une cocasse utilisation des expressions françaises utilisées à bon escient : « pédaler dans le couscous, coup de pied dans la fourmilière, mettre le feu aux poudres, prendre les choses en main, si l'on peut dire, entamer le parcours du combattant de la procédure légale, crever la gueule ouverte, ainsi que du parler local lié bien sûr au monde des villageois ;



Parmi les protagonistes, Eddie, mi avocat, mi voyou, a connu un « très beaucoup »traumatisme terrible, nous dit avec ironie Mongo Beti : rapatrié par charter , de par les lois Pasqua. Il envisage d'écrire un livre : « y a-t-il une vie après le charter ? » et essaie de soudoyer un policier en l'invitant dans un circuit ( gargote tenue par des veuves ).



Et puis, le toubab, qui vient « de traverser les mers » pour arriver en ce pays (que Mongo Beti par prudence, ne nomme pas Cameroun)le blanc qui essaie de s'intégrer : c'est sûrement un barbouze, il est chauve, un gros ventre qui ressort de sa chemise à fleurs, et il veut tout savoir sur ce qui se passe.



Pour apprécier tout le sel de ce « parler français et africain » ( sic!!)), quelques exemples savoureux :



Et vous, les Français, vous voulez faire la recolonisation maintenant ?

Tu es même comment ? … Qui t'a même appelé ? Qui t'a même demandé quoi ? Qui t'as demandé ta bouche même ?

Ekyié, on fait quoi comment, même ?

Mouf !( fous le camp)



Conclusion réaliste du livre : plutôt que des élections douteuses, qui risquent de poser des problèmes car » il ne faut pas oublier Amnesty International, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale son acolyte, et puis le Parti socialiste français, le parti travailliste britannique, les Verts du monde entier, les journaux étrangers »…. mieux vaut ajourner les élections et déclarer le président élu à vie.



C'est plus sain, plus démocratique.

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Mission terminée

Avec "Mission terminée", l 'auteur camerounais ,Mongo Beti laisse de côté sa thématique habituelle qui consiste à condamner les périodes anté-et post coloniales qu 'a connue l' Afrique et le Cameroun en particulier .

Dans "Mission terminée", il s 'agit d 'une histoire simple et drôle .L e héros du roman est un jeune Camerounais , Medza , qui a raté son baccalauréat .Craignant , son père , il ne révèle à personne son échec à l 'examen .Il rentre au village natal qu ' il trouve en émoi .Cette effervescence des villageois est due à la fuite de l 'épouse de son cousin ,Niam partie avec un autre homme de la brousse .Le conseil des notables se réunissent et décident de confier à Medza la mission de ramener l 'épouse évadée au foyer conjugal .Medza fier de cette promotion sociale , part au village de Kala , là où est supposée s 'y trouver la femme de Niam .Arrivé au village , il constate que l 'épouse est absente et qu 'elle est toujours en compagnie de son amant .Il doit rester au village et attendre la venue de la fugitive .

Durant son séjour forcé , Medza est fêté et des cadeaux multiples lui sont offerts .Des jeunes du village essayent de lui faire rencontrer de jeunes filles mais Medza est timide et évite leur rencontre .On lui apprend boire et à faire la fête

Avec toutes ces péripéties , le jeune homme est devenu différent du garçon venu du village .Enfin , l 'épouse de Niam rentre à Kala .Le conseil des sages se réunit et ordonne à la femme rentrer chez-elle et rejoindre son mari . Donc ,mission terminée pour Meza .Mais le chef de tribu du village de Kala ,ne désire point que le jeune homme parte ainsi :alors lui donne sa jeune fille comme épouse .

Medza rentre dans son village .Il a une petite fortune et un jeune épouse .

Au retour, la crainte du père est très grande, alors il abandonne au village sa épouse et sa fortune et jure d 'y revenir que lors que son père sera décédé . Une belle histoire dont la lecture est plaisante .

















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Ville cruelle

Lol
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L'histoire du fou

L'Histoire du Fou est avant tout une fresque, ce roman décrit les troubles socio-politiques auxquels est sujette l'Afrique dans les années quatre vingt dix.



La contestation est, fort naturellement, au centre de cette oeuvre de MONGO BETI publiée en 1994. En effet, le romancier rejette, ne cautionne pas l'ordre social, les institutions et l'idéologie dominante dans un continent qui sécrète le pessimisme et peine à s'arrimer à la modernité.

MONGO BETI tire à boulets rouges sur la classe dirigeante. celle-ci constitue le "public cible" dans " L'Histoire du Fou" dont la visée pragmatique est établie. Cette critique sans complaisance à laquelle se livre l'écrivain est sous-tendue par une idéologie progressiste, réformatrice qui confirme que MONGO BETI est un empêcheur de tourner en rond.

Par ailleurs, ce refus de l'ordre social se cristallise dans une écriture virulente et agressive. Refusant donc d'être à la remorque du silence,de pratiquer la politique de la bouche cousue, MONGO BETI se pose en "porte-parole des opprimés et défenseur de la justice sociale [qui ] revendique seulement le droit de parler et d'être entendu



"LHistoire du fou" force l'admiration de tout lecteur épris de justice et d'équité, la République a encore du chemin à faire en matière de démocratie



http://www.editions-harmattan.fr
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Le Pauvre Christ de Bomba

Alexandre Biyidi Awala ,alias Eza Boto ,alias Mongo Beti est né le 30 juin 1932 à Akometan à 60 km au sud de Yaoundé .

Il fit ses études primaires à l'école des missions catholiques puisqu'à l'époque ,l'école publique était réservée aux enfants de notables et autres agents de l'administration coloniale .Mais ,reconnaît-il ,l'école catholique était doublement efficace du fait que les parents faisaient totalement confiance aux enseignants qui par ailleurs avaient des techniques tout à fait probantes pour enseigner la langue française ,sésame indispensable dans le système administratif colonial .Mongo Beti avoue n'avoir rien appris d'autre que le français pendant ses études primaires . Les enseignements d'arithmétiques ,de géographie et d'histoire étaient quasiment inexistants .L' école était donc conçue pour former de simples interprètes au service de l'occupant .

A la fin de ses études primaires ,Mongo Beti est admis en sixième au séminaire .Mais il est mis à la porte quelques mois plus tard parce qu'on ne le trouve pas du tout fait pour la prêtrise .En effet ,bien qu'il soit bon en français et en latin ,il donne des signes évidents d'ennui en histoire sainte et il n'aime pas mémoriser le catéchisme .Heureusement pour lui ,il a été crée à Yaoundé une école secondaire pour assurer l'éducation des enfants des administrateurs des colonies .

En 1946 ,le jeune Mongo Beti réussit haut la main l'examen d'entrée au Collège classique et moderne mixte de Yaoundé .Il y restera jusqu'à la fin de ses études secondaires en 1951, année où il va poursuivre des études supérieures en France après son succès au baccalauréat de l'enseignement secondaire devenant ainsi le deuxième bachelier africain à cette époque .

En 1951 ,Mongo Beti s'inscrit à la Faculté des Lettres de l'Université d'Aix-en-Provence pour effectuer des études de Lettres classiques .Durant cette période passée en France , Mongo Beti collabore étroitement avec les milieux littéraires africains proches de la mouvance de la Négritude .

Avec " le Pauvre Christ de Bomba ", Mongo Beti affirme

son anticléricalisme en usant du ton de la parodie , de l'humour et de la caricature .Il démystifie le clergé , dévoile ses collusions avec le pouvoir colonial et montre les limites de son zélateur , le Révérend Père Supérieur ( R.P.S ) Drumont ,homme coléreux ,têtu et sourd à toute

à toute remarque qu'on ose formuler devant lui .

Responsable de l'évangélisation des Tala ,le R.P.S qui se

compare volontiers à Jésus-Christ , se heurte à la forte résistance de ses ouailles .Aussi décide-t-il de les punir en

s'abstenant pendant trois ans de mettre les pieds dans leur pays . le roman raconte le retour de l'homme de Dieu qui pensait que les Tala sevrés de sa bonne parole pendant tout ce temps ,allaient l'accueillir en triomphe .

Du début à la fin ,Mongo Beti montre que les rapports entre le R.P.S et les évangélisés sont fondés sur un irrémédiable quiproquo . le R.P.S méprise la culture locale , ne parle pas la langue du milieu .Il les stigmatise

en les traitant de polygames ,de païens ,de fornicateurs .

En conclusion , le R.P.S découvre que les "indigènes" sont

beaucoup plus préoccupés par la tradition , leurs us et coutumes et de leurs traditions que pour les paroles de Dieu . Le R.P.S est venu dans ce village pour évangéliser les

indigènes .Cependant ,cette mission se termine par un échec . Il rentre bredouille en France .













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Le Pauvre Christ de Bomba

Là où on invente un dieu on y invite toujours le diable et là où l'on impose un dieu , on ouvre sa table à tous les diables. Quelles furent véritablement les motivations de l'évangélisation en Afrique subsaharienne  ? Quelles valeurs et quels intérêts défendait-elle ?

Protéger ( mais de quoi ? )... ? ou soumettre ?

Éduquer ( à quoi?) ? ou...déculturer ?

Émanciper ( de qui?) ? ou.. embrigader ?

A marche forcer briser le moule. Inventer des péchés, et des enfers. Donner d'autres noms, imposer des codes. Inventer une histoire, en faire un grand mystère. Dresser des autels et renverser les totems. Faire table rase et faire bonne place au diable. Tracer des routes.Faire taire le tam-tam , faire sonner le clairon, recouvrir le corps des femmes et distribuer des uniformes.

Et voilà, Machine en avant toute !

Telles sont les questions importantes posées par Mongo Béti à travers ce livre.

Et l'on entend bien à travers ces lignes l'effroyable ignorance et mépris dont les autorités coloniales faisaient preuve à l'égard d'une civilisation dont elles niaient les droits, les croyances, et l'équilibre de ses rapports sociaux, que toute la « la naïveté » du Révérend Père Drumont n'arrivera pas à effacer.

Le pauvre Christ de Bomba, c'est l'histoire de l'échec d'un Christ, brisé d'avoir était utilisé.

C'est l'histoire des enfants confiés aux missionnaires, et surtout de ces femmes prises éternellement entre un marteau et une enclume.

«  Le pire...Le pire, m'entendez vous, c'est que nous avons trouvé ça. Les indigènes, bien avant nous, avaient déjà découvert que leur femme était une machine idéale : ils ne sont pas plus bêtes que nous ; détrompez vous, si vous le croyiez..Nous nous amenons, nous les chrétiens, nous les messagers du Christ, nous les civilisateurs. Et qu'est-ce que que vous croyez que nous faisons !? Que nous rendons à la femme sa dignité ? Oh, non ! Surtout pas, mon Père. Ah,non ! Nous la maintenons dans sa servitude. Mais cette fois, à notre profit... ».

Là où on invente un dieu on y invite toujours le diable. Là, où ailleurs.., hier... ou maintenant… Qu'importe le nom qu'on lui donne ou que demain on lui donnera.



Astrid Shriqui Garain

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Trop de soleil tue l'amour

Peut-on écrire un roman drôle sur la dictature et la violence, sur l'injustice sociale et l'insécurité qui en sont les conséquences? Peut-on dénoncer par le rire l'exploitation et la corruption? Peut-on aimer d'amour une pute? Si vous voulez trouver des réponses à ces questions, armez-vous de vos meilleurs CD de jazz, de vos meilleures bouteilles de Bordeaux, de Cognac et de Whisky et lisez Trop de soleil tue l'amour!
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Trop de soleil tue l'amour

Zam travaille pour un journal indépendant, pas forcément tendre avec le président en place, ce qui peut se révéler quelque peu dangereux étant donné la nature du pouvoir, à forte tendance autocratique. En dehors de cette vie professionnelle engagée, il mène une vie assez tranquille en compagnie d'une bouteille de vin ou de whisky, écoute du jazz, se dispute comme un chiffonnier et se réconcilie avec l'élue de son cœur.



Zam n'est pas le plus virulent, loin de là, mais quelqu'un finit tout de même par s'intéresser d'un peu trop près à lui : on lui vole ses précieux disques de jazz, un cadavre est retrouvé dans son appartement, et il s'aperçoit qu'il est régulièrement suivi en voiture. Le journaliste réveille alors tout son réseau de connaissances pour comprendre ce qui lui arrive.



Le ton du roman est assez aigre pour décrire le Cameroun post-colonial. Les espoirs de démocratie se sont rapidement envolés devant les réalités de la vie quotidienne : corruption, clientélisme, parti unique soutenu d'ailleurs par les mêmes puissances qui prônent des élections libres pour éviter de perdre l'exploitation de ressources durement acquises.



De tous les personnages du roman, Zam est celui qui m'a paradoxalement intéressé le moins. Son ami avocat, d'abord épris de grands idéaux mais qui a tourné au cynique, est nettement plus haut en couleur à mon avis. Quelques personnages secondaires, comme le policier livré à lui-même pour obtenir de quoi manger, ou le politicien haut placé, sont particulièrement piquants aussi.



Même si le rythme est parfois en dents de scie, j'ai plutôt apprécié ce roman, surtout pour ces tirades sur la passation de pouvoir. J'ai déjà vu à la bibliothèque que ce roman a une suite, je ne manquerai pas de me la procurer.
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Ville cruelle

Sur les conseils d’Alain Mabanckou, j’ai recherché « ville cruelle » roman écrit sous le pseudonyme d’Eza Boto par Mongo Béti considéré comme un exemple de dénonciation des drames de l’Afrique, « ceux qui opposent les humbles, les simples, les paysans, aux différents types d’exploiteurs du monde politique, économique et religieux ».

Ce livre a été publié en 1954 et comme l’annonce la quatrième de couverture, il dénonce ce qui reste toujours d’actualité.

Ce livre est un témoignage de ce qu’était la vie du peuple africain dans les années cinquante. Les colonisateurs n’hésitaient pas à qualifier les indigènes comme « fils de putain », ou « couillon de nègre », ou« ordure de sauvage », ou « macaque sans queue », vous pouvez choisir le qualificatif que vous préférez !

Les colonisateurs à cette époque étaient des grecs (1), exportateurs du cacao, attirés par le fric.

Depuis d’autres nations colonisatrices ont pris la relève … qu’écrirait Mongo Béti aujourd’hui !

Une lecture salutaire qui devrait nous inciter à faire quelque chose … mais quoi ?



(1)

Au Cameroun, l’arrivée des Grecs s’est faite essentiellement en deux étapes. La première correspond à la période de l’entre-deux-guerres (décennie 1920) tandis que la seconde date de la fin de la Deuxième Guerre mondiale (décennie 1950).

L’émigration des Grecs vers l'Afrique subsaharienne ainsi que vers le Cameroun a pris une plus grande ampleur surtout après 1955. Plusieurs raisons ont contribué à ce phénomène, par exemple l’élargissement constant du socle migratoire, à savoir le nombre des pionniers qui vont attirer à leur tour plusieurs membres de leurs familles, compatriotes et amis. En effet, il est important de signaler que les immigrés d'après-guerre, dans la plupart des cas, amènent aussi avec eux au Cameroun leurs familles, tandis que les immigrés d'avant-guerre étaient dans leur grande majorité célibataires. Bon nombre parmi eux rentrent en Grèce à la recherche d’une épouse originaire du pays d’origine. Un autre facteur qui a contribué à amplifier cette émigration est l'amélioration des conditions de voyage grâce au développement du transport aérien qui remplace progressivement le voyage en bateau
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Mission terminée

Voici le roman qui m'a donné le gout de la lecture.
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Perpétue et l'habitude du malheur

Un roman dur et réaliste, véritable témoignage social.
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Trop de soleil tue l'amour

Ce n'est pas le côté policier qui fait la force de ce roman même si c'est la trame qui sert à nous faire découvrir une vue politique et sociale du Cameroun.



Zam, journaliste et amateur de jazz, est le pivot central du roman. C'est parce qu'il arrive des tas d'ennuis à Zam que l'on voit le duo police /pouvoir dans ses oeuvres.



Corruption, violence, manipulation la démocratie n'est pas encore tout à fait en vue. S'y ajoute des comptes non soldés avec la France , ancien pays colonisateur, qui reste néanmoins un acteur, en arrière fond, du pays .



La place des femmes y est remarquablement décrite, dernière roue du carrosse, leur corps comme seule outil pour "chopper" le toubab, utilisées, vendues encore gamines . Le sexe est triste dans ce roman dans ce roman noir où même l'alcool n'apporte pas une lueur de joie.



Un roman parfois un peu confus mais qui laisse une empreinte forte.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Ville cruelle

Cool
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Trop de soleil tue l'amour

Trop de soleil tue l’amour est un des romans policiers africains les plus connus et parmi les plus significatifs du genre. Les thèmes abordés, superficiellement ou de manière approfondie - la dictature, les politiciens véreux, l’injustice sociale, l’insécurité, la violence, la débauche, l’alcoolisme, l’exploitation, les trafics divers… - servent de toile de fond à des aventures échevelées mettant en scène Zam, un jeune journaliste idéaliste, un peu alcoolo et féru de jazz, sa petite amie Bébête aux mérites peu reconnus et Eddie, « émigré sans papiers rapatrié de force par charter », pseudo juriste fort en gueule mais plein d’intelligence et de ressources…



Zam n’a pas de chance, alors qu’il prépare une série d’articles sur la déforestation et les spoliations foncières dont sont victimes des communautés villageoises, il est surveillé, filé, accusé de tous les maux et de tous les crimes. Ceux qui lui en veulent vont jusqu’à dynamiter l’immeuble dans lequel il a trouvé refuge avec sa belle, mais cela ne suffira pas à lui faire rendre les armes : après tout, selon l’exemple de Rosa Parks refusant de laisser sa lace à un blanc dans un bus de Montgomery, si on ne fait pas quelques chose, rien ne se passe.



La charge est forte et l’auteur laisse peu de place aux espoirs de démocratie dans un pays où la corruption, le clientélisme et le népotisme sont la norme et où prévalent parti unique et président élu à vie (pour mémoire, Paul Biya dirige le Cameroun depuis 1982 après avoir été Premier ministre de 1975 à son élection). Zam, en subira les conséquences et paiera cher, tout comme Eddie, son ami « avocat », épris de grands idéaux mais rapidement tourné cynique. On retiendra également quelques personnages secondaires, plus ou moins reluisants, comme PTC, le directeur du journal, Norbert, « flic amateur d’extras », Georges, le toubab néo-colonialiste manipulateur et pervers, enfin un politicien haut placé, un « grand », courroie de transmission des pratiques locales. Seule Bébête, personnification de la femme africaine à qui l’éducation a fait défaut et que la pauvreté a réduite au rang de victime, émerge de façon positive.



Trop de soleil tue l’amour souffre d’un rythme irrégulier et d’une écriture qui hésite parfois entre le français académique et un argot - celui d’Eddie en particulier – un peu incongru. Comme si l’auteur avait souhaité éviter la couleur locale du « français africain » que les auteurs d’aujourd’hui privilégient. On retiendra par contre une galerie de portraits pertinents et de belles digressions sur une certaine réalité africaine, celle de l’injustice sociale, de la violence et de l’insécurité, voire de la perversion.


Lien : http://www.polars-africains...
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Mission terminée

Mongo Beti, écrivain anticolonialiste, victime de la censure, qui a dénoncé tout au long de sa vie le néocolonialisme, dont une œuvre « ville cruelle » a été cité par Alain Mabanckou, comme étant incontournable pour qui souhaitait développer sa vision des méfaits du colonialisme, m’a incité à découvrir l’œuvre de cet écrivain.

Dans un premier temps ce sera « mission terminée ».

Je termine ce récit, émue et même bouleversée par cette confession, ce voyage initiatique qui a révélé à un jeune africain, la possibilité de se libérer de sa culture, de ses coutumes sans renier pour autant d’où il vient mais sans accepter le schéma traditionnel qui s’offrait à lui dans les ornières du passé.

Je suis à présent bien décidée à découvrir les autres œuvres de cet auteur qui au travers d’une écriture limpide, avec une dose d’humour et de bonne humeur trace un chemin pour que l’Afrique se débarrasse d’un passé encombrant et parfois avilissant et réussisse enfin à prendre les rênes de son destin.

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Le Pauvre Christ de Bomba

Pour ma part, j’ai pris commande du Pauvre Christ de Bomba. Un ouvrage publié en 1956 réédité depuis aux éditions Présence Africaine La première réflexion que je me suis faite concerne la jeunesse de l’auteur. Déjà auteur de Ville cruelle sous le pseudonyme d’Eza Boto, le Camerounais a déjà marqué les esprits. Avec le Pauvre Christ de Bomba, il place le lecteur au cœur d’une mission catholique quelque part dans l‘arrière pays camerounais. Là, il nous donne de suivre le R.S.P, un fervent prêtre d’origine suisse, le père Drummond. Le poste d’observation proposé par Mongo Beti est Denis, un jeune boy sur la mission qui nous narre avec ses yeux d’adolescent le contexte et les faits qui vont conduire au naufrage de cette œuvre missionnaire. Le RSP porte un intérêt particulier pour l’accompagnement des femmes-mères, il est en guerre ouverte contre les pratiques liées à polygamie. L’équilibre semble toutefois stable quand cet homme engageant se décide à faire le tour de la mission en s’orientant chez les Talas, population particulièrement réfractaire à l’Evangile ou au changement imposé par la nouvelle religion.



Cette tournée va durer près d’un mois. Elle va être très riche en enseignement, en surprise. L’approche prise par Mongo Beti est particulièrement édifiante et révélatrice de l’empreinte qu’il donnera à ses prises de position. Le roman décrit essentiellement deux choses. La posture du RSP se traduit par le désir de réduire les résistances à la doctrine catholique qu’ils observent chez les Talas. Ces actions sont téméraires pour réduire les « usurpateurs » qui sapent l’amplification de son discours dans son espace de jeu. Mais l’audace de ce religieux européen repose-t-elle sur sa foi en Dieu ou sur le pouvoir colonial qu’incarne sa couleur de peau ? Cette question est exprimée par le père Drummond qui n’est pas dupe et ne se ment pas. D’ailleurs dans des échanges avec le jeune administrateur colonial Vidal, il a conscience que l’église catholique (dans ce contexte) joue finalement un rôle de refuge dans une stratégie du bâton et de la carotte. Les inhumanités des travaux forcées et autres répressions poussent une population fébrile dans les bras de l’église. Dans la description qu’en fait Mongo Beti.

C'est étonnant combien les hommes peuvent avoir soif de Dieu quand la chicote leur strie le dos.

Le pauvre Christ de Bomba, Edition Présence Africaine, page 67



A propos des travaux forcés, les mots du RSP Drummond.

Vois-tu, Zacharie, des Blancs vont maltraiter des Noirs et quand les Noirs se sentiront très malheureux, ils accourront vers moi en disant : "Père, Père, Père...", eux qui jusque-là se seront si peu soucié de moi. Et moi je les baptiserais, je les confesserais, je les intéresserais. Et ce retournement heureux des choses, je le devrais à la méchanceté des Blancs!... Moi aussi je suis un Blanc!...

Le pauvre Christ de Bomba, Edition Présence Africaine, page 189



La critique la plus subtile de Mongo Beti et son argument matraque sont dans l’affirmation que le ver est dans la pomme et que l’évangélisation n’a jamais pris corps dans ce qui constitue à la mission de Bomba. Le dépucelage forcé du jeune narrateur introduit le lecteur au cœur de la dite-corruption du système sensé être par essence vertueux. L’aveuglement du RSP est consternant de ce point de vue pour le lecteur. Je n’irai pas plus loin afin de laisser au lecteur de découvrir un final pour le moins…





Mon avis est que Mongo Beti écrit un livre à charge contre le système colonial et l’église. Et même si le livre a le défaut des œuvres de fiction imprégnées par une pensée politique, il est difficile d’ignorer la qualité du traitement des personnages par Mongo Beti. Le lecteur s'attachera autant au passionné et passionnant homme de Dieu et du pouvoir colonial, qu'à son boy, Denis qui nous narre cette histoire. J’avoue que la réflexion qu’offre Chinua Achebe dans Un monde s’effondre est beaucoup plus engageante justement parce que l’auteur Nigérian choisit de se mettre en retrait et ne nous soumet que les faits d'une confrontation intéressante entre missionnaires et les autochtones en pays igbo.. Il n’empêche que Mongo Beti offre là un texte unique, étonnant, drôle, subversif.



Pour la route, un dernier extrait d'un chef de village dont le RSP vient d'exploser un instrument de musique pour empêcher ses administrés de danser...
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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