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Citations de Muriel Barbery (1395)


Mme Michel, elle a l'élégance du hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussements indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes.
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Mais là, et pour la première fois, j'ai eu mal, tellement mal. Un coup de poing dans le ventre, le souffle coupé, le coeur en compote, l'estomac complètement écrabouillé. Une douleur physique insoutenable. Mais je n'ai pas hurlé. Ce que je ressens maintenant que la douleur est toujours là mais qu'elle ne m'empêche plus de marcher ou de parler, c'est une sensation d'impuissance et d'absurdité totales. Alors c'est comme ça ? Tout d'un coup, tous les possibles s'éteignent ? Une vie pleine de projets, de discussions à peine commencées, de désirs même pas accomplis, s'éteint en une seconde et il n'y a plus rien, il n'y a plus rien à faire, on ne peut plus revenir en arrière ?
Pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti le sens du mot jamais. Eh bien, c'est terrible. On prononce ce mot cent fois par jour mais on ne sait pas ce qu'on dit avant d'avoir été confronté à un vrai "plus jamais". Finalement, on a toujours l'illusion qu'on contrôle ce qui arrive, rien ne nous semble définitif. [...] Mais quand quelqu'un qu'on aime meurt... alors je peux vous dire qu'on ressent ce que ça veut dire et fait très très très mal. C'est comme un feu d'artifice qui s'éteint d'un coup et tout devient noir. Je me sens seule, malade, j'ai mal au cour et chaque mouvement me coûte des efforts colossaux.
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Les gens croient poursuivre les étoiles, et ils finissent comme des poissons rouges dans un bocal.
Je me demande s'il ne serait pas plus simple d'enseigner dès le départ aux enfants que la vie est absurde.
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Personne ne semble avoir songé que si la vie est absurde, y réussir brillamment n'a pas plus de valeur que d'y échouer.
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"Il ne faut pas oublier que le corps dépérit, que les amis meurent, que tous vous oublient, que la fin est solitude. Pas oublier non plus que ces vieux ont été jeunes, que le temps d'une vie est dérisoire, qu'on a vingt ans un jour et quatre-vingts le lendemain. Colombe croit qu'on peut "s'empresser d'oublier" parce que c'est encore tellement loin pour elle, la perspective de la vieillesse, que c'est comme si ça n'allait jamais lui arriver. Moi, j'ai compris très tôt qu'une vie, ça passe en un rien de temps, en regardant les adultes autour de moi, si pressés, si stressés par l'échéance, si avides de maintenant pour ne pas penser à demain...Mais si on redoute le lendemain, c'est parce qu'on ne sait pas construire le présent et quand on ne sait pas construire le présent, on se raconte qu'on le pourra demain et c'est fichu parce que demain finit toujours par devenir aujourd'hui, vous voyez ?
Donc il ne faut surtout pas oublier tout ça. Il faut vivre avec cette certitude que nous vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas bon, pas gai. Et se dire que c'est maintenant qui importe : construire, maintenant, quelque chose, à tout prix, de toutes ses forces. Toujours avoir en tête la maison de retraite pour se dépasser chaque jour, le rendre impérissable. Gravir pas à pas son Everest à soi et le faire de telle sorte que chaque pas soit un peu d'éternité. Le futur ça sert à ça : à construire le présent avec des vrais projets de vivants."
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S'il y a bien une chose que j'abhorre, c'est cette perversion des riches qui s'habillent comme des pauvres (...). Non seulement c'est laid mais c'est insultant: rien n'est plus méprisable que le mépris des riches pour le désir des pauvres.
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Au fond, nous sommes programmés pour croire à ce qui n'existe pas, parce que nous sommes des êtres vivants qui ne veulent pas souffrir. Alors nous dépensons toutes nos forces à nous convaincre qu'il y a des choses qui en valent la peine et que c'est pour ça que la vie a un sens.
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"Comment décide-t-on de la valeur d'une vie ? Ce qui importe, m'a dit Paloma un jour, ce n'est pas de mourir, c'est ce qu'on fait au moment où on meurt. Que faisais-je au moment de mourir ? je me demande avec une réponse déjà prête dans la chaleur de mon coeur.
Que faisais-je ?
J'avais rencontré l'autre et j'étais prête à aimer."
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(...) c'est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est plus le même.
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Il y a toujours la voie de la facilité, quoique je répugne à l'emprunter. Je n'ai pas d'enfants, je ne regarde pas la télévision et je ne crois pas en Dieu, toutes sentes que foulent les hommes pour que la vie soit plus "facile". Les enfants aident à différer la douloureuse tâche de se faire face à soi-même et les petits-enfants y pourvoient ensuite. La télévision diverti de l'harassante nécessité de bâtir des projets à partir du rien de nos existences frivoles ; en circonvenant les yeux, elle décharge l'esprit de la grande oeuvre du sens. Dieu, enfin, apaise nos craintes de mammifères et l'insupportable persepective que nos plaisirs prennent fin un jour. Aussi, sans avenir ni descendance, sans pixels pour abrutir la cosmique conscience de l'absurdité, dans la certitude de la fin et l'anticipation du vide, crois-je pouvoir dire que je n'ai pas choisi la voie de la facilité.
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-Le thé de ce matin n’avait presque pas de goût et, pourtant, il avait le goût de tout, commença-t-elle.
-C’est une bonne définition du Japon, dit-il.
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Etre pauvre, laide et, de surcroît, intelligente, condamne, dans nos sociétés, à des parcours sombres et désabusés auxquels il faut mieux s'habituer de bonne heure. A la beauté, on pardonne tout, même la vulgarité. L'intelligence ne paraît plus une juste compensation des choses comme un rééquilibrage que la nature offre aux moins favorisés de ses enfants, mais un jouet superfétatoire qui rehausse la valeur du joyau. La laideur, elle, est toujours déjà coupable et j'étais vouée à ce destin, tragique avec d'autant plus de douleur que je n'était point bête.
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Si on n ‘est pas prêt à souffrir, dit-elle, on n’est pas prêt à vivre.
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... quand, ce matin, s'ajoutant à la corvée habituelle d'un cours de littérature sans littérature et d'un cours de langue sans intelligence de la langue, j'ai éprouvé un sentiment de n'importe quoi, je n'ai pas pu me contenir. Mme Maigre faisait un point sur l'adjectif qualificatif épithète (...). « C'est pas possible de voir des élèves aussi incompétents en grammaire, a-t-elle ajouté en regardant spécialement Achille Grand-Fernet. (...) « Mais à quoi ça sert, la grammaire ? », a-t-il demandé. (...) Mme Maigre a poussé un long soupir, du genre « faut-il que je me coltine encore des questions stupides » et a répondu : « ça sert à bien parler et à bien écrire. » Alors là j'ai cru avoir une crise cardiaque. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi inepte. Et par là, je ne veux pas dire que c'est faux, je veux dire que c'est vraiment inepte. Dire à des adolescents qui savent déjà parler et écrire que la grammaire, ça sert à ça, c'est comme dire à quelqu'un qu'il faut qu'il lise une histoire des W.-C. à travers les siècles pour bien savoir faire pipi et caca. C'est dénué de sens ! Si encore elle nous avait montré, sur des exemples, qu'on a besoin de connaître un certain nombre de choses sur la langue pour bien l'utiliser, bon, pourquoi pas, c'est un préalable. (...) Mais si Mme Maigre croit que c'est seulement à ça que sert la grammaire... On a su dire et conjuguer un verbe avant de savoir que c'en était un. (...) Moi, je crois que la grammaire, c'est une voie d'accès à la beauté. (...) Quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c'est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c'est là que c'est merveilleux, parce qu'on se dit : « Comme c'est bien fait, qu'est-ce que c'est bien fichu ! », « Comme c'est solide, ingénieux, riche subtil ! ». Moi, rien que savoir qu'il y a plusieurs natures de mots et qu'on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à le
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Sa jeune vie avait été morose. Celles des autres lui paraissaient chatoyantes et gracieuses, la sienne, lorsqu’elle y songeait, la fuyait comme l’eau sur la paume. Quoiqu’elle eût des amis, elle les aimait sans élan ; ses amants traversaient le paysage comme des ombres, ses jours se passaient à fréquenter des silhouettes indécises. (page 22)
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J'ai lu tant de livres...Pourtant, comme tous les autodictates, je ne suis jamais sûre de ce que j'en ai compris.
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Pendant ce temps, les femmes qui, elles, ne buvaient pas, étaient allées quérir la Lucette qui sortait de couches et donnait à présent son lait à deux petiots nichés contre deux seins aussi blancs que la neige du dehors, et on regardait sans une once de malice ces deux seins beaux comme des pains de sucre qu'on avait envie de licher tout pareil, en sentant qu'une sorte de paix se faisait dans le monde parce qu'on avait là deux petits pendus à des mamelles nourricières. Après qu'elle eut bien tété, la petite fit un joli petit rot, rond comme une bille et aussi sonore qu'un clocher, et tout le monde éclata de rire et se tapa fraternellement sur l'épaule.
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On ne survit pas à la mort d’un fils, on se transforme en une autre qui, de temps en temps, peut de nouveau respirer.
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Il faut vivre avec la certitude que nous vieillirons et que ce ne sera pas beau, pas bon, pas gai. Et se dire que c’est maintenant qui importe : construire maintenant quelque choe, à tout prix, de toutes ses forces.
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C'est ça que je voulais dire en parlant de politesse, cette attitude de l'un qui donne à l'autre l'impression d'être là.
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