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Citations de Natalia Sanmartin Fenollera (39)


— C’est vous sa nouvelle bibliothécaire ?
Surprise, la postulante inclina la tête. Là, sous le porche de ce qui paraissait être l’entrée principale de la maison, elle croisa le regard d’un enfant aux cheveux blonds et à la mine boudeuse.
— C’est vous ou c’est pas vous ? insista le garçonnet.
— Je suppose qu’il est encore trop tôt pour le dire, répondit-elle. Je suis ici pour l’annonce que ton père a fait passer dans le journal.
— C’est le père de personne, dit seulement l’enfant avant de tourner le dos et de se précipiter en courant à l’intérieur de la maison.
Perplexe, Mlle Prim contempla le seuil de la porte. Elle était certaine d’avoir lu dans l’annonce une mention faisant référence à un gentleman et des enfants.
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Cherche esprit féminin détaché du monde. Capable d’exercer fonction de bibliothécaire pour un gentleman et ses livres. Pouvant cohabiter avec chiens et enfants. De préférence sans expérience professionnelle. Titulaires diplômes d’enseignement supérieur et doctorats s’abstenir.
Mlle Prim ne répondait qu’en partie à ce profil. Le monde tel qu’il était ne l’attirait pas, c’était clair, et ses connaissances lui permettaient d’exercer la fonction de bibliothécaire pour un gentleman et ses livres, c’était indéniable. Mais elle n’avait aucune expérience des enfants et des chiens, et encore moins d’une cohabitation avec eux. Cependant, ce qui la préoccupait le plus, par rapport à son profil, c’était : « Titulaires diplômes d’enseignement supérieur et doctorats s’abstenir. »
Mlle Prim était bardée de diplômes, licenciée en Relations internationales, en Sciences politiques et en Anthropologie, docteur en Sociologie, spécialiste en bibliothéconomie et dans l’art russe médiéval. Les gens qui la connaissaient regardaient, médusés par ce curriculum vitæ exceptionnel, d’autant qu’elle n’était qu’une simple secrétaire sans ambitions notoires. Ils ne comprenaient pas, se disait-elle résignée, l’idée d’excellence. Comment le pourraient-ils, dans un monde où plus rien n’avait de sens ?
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Depuis des années, elle avait rêvé d’une opportunité comme celle-ci. Elle l’avait dessinée, en avait imaginé chacun des détails. Et pourtant, ce matin-là, tandis qu’elle avançait à travers le jardin, Prudence Prim dut reconnaître qu’elle ne ressentait pas la moindre palpitation, indiquant que le grand jour était arrivé.
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Elle n’avait pas non plus cet aspect menaçant de l’employé précédent, cet air de savoir parfaitement quelle sorte de livre allait choisir celui qui oserait en demander un.
— Peut-être qu’elle nous plaira, se dit-il en se frottant les yeux à deux mains. Puis il s’éloigna de la fenêtre, boutonna sa veste en hâte et descendit l’escalier pour ouvrir la porte.
Mlle Prim, qui à cet instant avançait tranquillement entre des massifs d’hortensias bleus, avait commencé sa journée persuadée que c’était le jour qu’elle avait attendu toute sa vie.
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Exactement au moment où, se réveillant de sa sieste, le petit Septimus s’étirait, glissait ses deux pieds de onze ans dans des chaussons destinés à des pieds de quatorze et s’approchait de la fenêtre de sa chambre, Mlle Prim franchissait la grille rouillée du jardin. L’enfant la regarda avec curiosité. À première vue, elle ne semblait pas nerveuse, ni même un peu effrayée. Elle n’avait pas non plus cet aspect menaçant de l’employé précédent, cet air de savoir parfaitement quelle sorte de livre allait choisir celui qui oserait en demander un.
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Ce n'est pas un hasard s'ils ont lu Carroll avant Dickens et celui-ci avant Homère. Il n'y a rien de fortuit dans le fait qu'ils aient appris à rimer avec Stevenson avant d'arriver à Tennyson, ni qu'ils soient arrivés à Tennyson avant d'en venir à Virgile. Ils ont connu Blanche-Neige, Pierrot le Lapin et les enfants perdus avant Oliver Twist, Gulliver et Robinson Crusoé, et ceux-ci avant Ulysse, don Quichotte, Faust ou le roi Lear.
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Cherche esprit féminin détaché du monde. Capable d'exercer fonction de bibliothécaire pour un gentleman et ses livres. Pouvant cohabiter avec chiens et enfants. De préférence sans expérience professionnelle. Titulaires de diplômes d'enseignement supérieur s'abstenir.
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Il se souvenait très bien de la façon dont son père avait toujours interdit de sortir les livres de la bibliothèque. Cela avait obligé tous ses frères et sœurs à choisir entre le plein air et la lecture. Ainsi avait-il passé les après-midi de son enfance en compagnie de Jules Verne, Alexandre Dumas, Stevenson, Homère, Walter Scott. Dehors, sous le soleil, les enfants criaient et s'amusaient, alors qu'il restait enfermé à lire, plongé dans ces mondes que les autres soupçonnaient à peine. Quelques années plus tard, lorsqu'il était revenu à la maison après une longue absence, il avait changé ces règles. Il adorait voir les enfants lire au soleil, couchés dans l'herbe du jardin, assis sur les vieilles branches confortables d'un arbre, croquant des pommes, engloutissant des tartines de beurre, laissant les empreintes grasses de leurs doigts sur ces volumes qu'il aimait tant.
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- Je suppose que revenir toujours à la même source peut sembler une obsession, mais que me dites-vous du duel entre Darcy et Wickham ? Ou de l'affrontement entre Knightley et Franck Churchill ? Je suis convaincue que Jane Austen est la pierre de touche en la matière. Je ne crois pas que vous trouverez une seule femme au monde qui après avoir lu Orgueil et Préjugés penche pour Wickham plutôt que pour Darcy, ou qui, après s'être plongée dans Emma, soit fascinée par Franck Chuchill et méprise Knightley. Je vous l'ai dit un jour, vous vous souvenez ? Tous les hommes détestent Darcy parce que comparés à lui tous perdent de leur éclat. Et toutes les femmes l'adorent parce que, une fois rédimé de son orgueil, il est l'idéal de ce que doit être un homme : ferme dans son caractère, sincère et honnête.- Et riche, vous oubliez ce détail. Dix mille livres annuelles rendent n'importe quel homme séduisant, précisa Emma Giovanacci avec malice.
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Vous devriez apprendre à regarder le monde tel qu'il est, Prudence, non comme vous voudriez qu'il soit. (p.225)
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-- Eh bien ce que j'essaie d'expliquer, c'est qu'il y a des personnes, Prudence, qui un beau jour prennent conscience qu'il leur manque la pièce principale d'un puzzle qu'elles ne peuvent terminer. Elles sentent juste que quelque chose ne fonctionne pas ou qu'absolument rien ne fonctionne, jusqu'à ce qu'elles découvrent ou, plus exactement, jusqu'à ce qu'on leur permette de découvrir la pièce manquante. (p.95)
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Peut-être vous rendrez vous compte un jour qu'on peut aller au bout du monde sans sortir d'une chambre, Prudence.
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L'éducation d'une femme n'est pas achevée tant qu'elle n'a pas séjourné quelques temps en Italie.
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Il disait toujours que les anges sont dans les choses simples, qu'il n'y a jamais d'anges là où les choses sont compliquées.
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La routine ressemble à la steppe; elle n'a rien d'un monstre, c'est un aliment. Si vous faites en sorte que quelque chose y pousse, vous pouvez être sûre que ce quelque chose sera fort et vrai.
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Mademoiselle Prim, depuis que je vous connais, aucune de vos réponses ne m'a jamais déçu. C'est merveilleux de vous poser une question, vous avez l'art de relancer la conversation.
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[...] : c'est de la littérature. Et la littérature, on l'étudie, on l'analyse, on cherche ses influences, on enquête sur ce qu'on a voulu dire à travers elle.
[...]
-- Notre oncle dit que faire ça avec les livres; c'est les abîmer, indiqua Septimus. Il déteste toute cette histoire d'analyser les textes, il nous a jamais obligés à le faire.
(p.104-105)
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