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Citations de Nicci French (446)


Son souvenir revenait la turlupiner, refusait de la lâcher. telle un caillou pointu coincé dans sa chaussure, qu'il a blessait à chaque pas.
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- C'est assez étrange. Comme un rêve, admit Frida. le genre d'histoire qui n'arrive qu'aux autres.
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Frieda avait passé la majeure partie de sa vie adulte à rester assise dans des pièces où les gens parlaient, parlaient, parlaient sans fin. Parfois, ils avouaient des vérités qu'ils n'avait jamais verbalisées jusqu'ici, pas même admis en leur for intérieur. Ils mentaient, se justifiaient ou s'apitoyaient sur eux-mêmes. Ils étaient en colère, tristes ou abattus. Mais tandis qu'ils parlaient, Frieda réussissait à s'emparer de leurs propres mots pour en faire une histoire susceptible de donner une forme de sens à leur existence.
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Frieda se fit la réflexion que les postes de police devaient connaître un regain d'activité aux alentours de Noël, quand les ivrognes s'enivraient plus que d'habitude, que les personnes isolées l'étaient plus qu'à l'accoutumée, que les fous et les tristes étaient poussés au-delà de ce et qu'ils pouvaient endurer, et que remontaient à la surface toute la douleur et les troubles de l'existence
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Frieda avait appris à organiser son existence de façon à la rendre aussi sereine et fiable qu'une roue à eau, dont chaque rayon plongerait au cœur de l'expérience pour en ressortir à nouveau.
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Elle fouilla dans son sac et lui tendit une carte de visite. (...). "Eva Hubbard. Cinquante nuances de grès. Poterie, artisanat et cours".
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Garder le silence peut être plus difficile que de parler.
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Elle s'interrogea au sujet du chat : pouvait-elle le laisser deux jours avec de l'eau et la gamelle remplie à ras bord ? Elle décida que oui. Les chats savent se gérer tout seuls, contrairement à beaucoup de gens.
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Quand on était ados, on pouvait faire quelque chose et après c'était fait, pfuit, envolé, c'était du passé. Aujourd'hui, ils se font filmer, envoient ça d'un portable et ça finit sur Facebook. Les gens ne se rendent pas compte que leurs actions leur colleront aux fesses à jamais.
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Elle sentit qu’on lui saisissait la main, puis que sa mère et elle refaisaient au pas de course le trajet qu’elle venait d’emprunter, le long de la rue où elles habitaient, jusqu’à la confiserie où les enfants traînaient devant la porte, et au-delà, devant l’homme au visage grêlé et au sourire absent, avant de sortir de l’ombre à l’angle et de se retrouver éblouies. Leurs pas claquaient sur le pavé, un point de côté lui perçait les côtes, et elle franchissait les fentes sans marquer d’arrêts.
Tout du long elle entendit, couvrant le martèlement de son cœur et le sifflement asthmatique de sa respiration, sa mère appeler :
— Joanna ? Joanna ? Où es-tu, Joanna ?
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La porte s’ouvrit et sa mère apparut, qui venait de rentrer du bureau et portait encore son manteau. Son regard embrassa Rosie puis tomba sur l’espace vacant à côté d’elle.
— Où est Joanna ?
Les mots restèrent en suspens dans les airs, entre elles. Rosie vit les traits de sa mère se figer.
— Rosie ? Où est Joanna ?
Elle entendit sa propre voix répondre :
— Elle était là ! C’est pas ma faute. J’ai cru qu’elle était rentrée toute seule.
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Elle s’efforça de marcher normalement, mais rien à faire. Son corps lui refusait le calme. Elle détala soudain de façon désordonnée, le cœur battant dans la poitrine, un vilain goût dans la bouche.
— Espèce d’idiote, répétait-elle sans fin. Je vais la tuer. Quand je la retrouve, je la…
Elle se sentait mal assurée sur ses jambes. Elle s’imagina en train de rattraper Joanna par ses épaules osseuses et de la secouer jusqu’à ce que sa tête en branle.
Arrivée. Une porte d’entrée bleue et une haie que l’on n’avait plus taillée depuis le départ de son père. Elle s’arrêta, prise d’une sensation légèrement nauséeuse, celle qu’elle avait quand elle allait avoir des ennuis pour une raison ou pour une autre. Elle actionna fort le heurtoir car la sonnette ne marchait plus. Patienta. Faites qu’elle soit là, faites qu’elle soit là, faites qu’elle soit là. La porte s’ouvrit et sa mère apparut, qui venait de rentrer du bureau et portait encore son manteau. Son regard embrassa Rosie puis tomba sur l’espace vacant à côté d’elle.
— Où est Joanna ?
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Avec un soupir théâtral, Rosie reposa son sachet de bonbons et s’approcha de l’entrée pour regarder dehors. Des voitures passèrent devant elle. Une femme portant un sari, toute de rose et d’or vêtue, qui sentait bon, et ensuite trois garçons du collège qui se trouvaient plus loin dans la rue et chahutaient.
— Joanna ! Joanna, où es-tu ?
En entendant sa voix, haut perchée et furieuse, elle songea : on dirait maman de mauvais poil.
Hayley était à ses côtés, en train de mâchonner bruyamment son chewing-gum.
— Et alors, elle est passée où ?…
Une bulle rose surgit de sa bouche, qu’elle aspira de nouveau.
— Elle sait, pourtant, qu’elle est censée rester avec moi.
Rosie courut jusqu’à l’angle de la rue, là où elle avait aperçu Joanna la dernière fois et regarda autour d’elle, les yeux plissés. Elle la héla de nouveau, quand bien même sa voix était couverte par le bruit d’un camion. Peut-être avait-elle traversé la rue, avait-elle vu une amie sur le trottoir d’en face. C’était pourtant peu probable. Joanna était une petite fille obéissante. « Docile », disait d’elle leur mère.
Hayley surgit à ses côtés :
— Tu ne la trouves pas ?
— Elle est sans doute rentrée sans moi, répliqua Rosie qui feignait la nonchalance même si la panique se percevait dans sa voix.
— Bon ben, à plus, alors.
— À plus.
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Elle jeta un coup d’œil vers la porte et, l’espace d’un instant, elle crut distinguer quelque chose – une masse indistincte, une illusion d’optique, quelque chose d’anormal, comme un miroitement dans l’air chaud. La seconde d’après, cela avait disparu. Le seuil était vide. Il n’y avait personne.
Elle râla haut et fort, tandis qu’elle entendit un crissement de pneus.
— Faut toujours que j’attende ma petite sœur.
— Ma pauvre, compatit Hayley.
— Un vrai bébé. Ça m’énerve !
Elle dit cela pour la forme, parce qu’il lui semblait que c’était quelque chose qu’elle se devait de dire. Il fallait avoir l’air de regarder ses petits frères et sœurs de haut et lever les yeux au ciel avec un sourire de dédain.
— J’imagine, renchérit Hayley.
— Où est-elle ?
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Où était Joanna ? Elle patienta, regardant les autres personnes circuler autour d’elle – un groupe de jeunes turbulents, une femme avec un foulard sur la tête et un grand sac, un homme avec une canne – et sa sœur, enfin, qui émergeait de la lumière aveuglante avant de se fondre dans l’ombre, silhouette maigrichonne au sac trop grand pour elle, aux genoux noueux et aux socquettes blanches sales. Ses cheveux lui collaient au front.
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Aujourd’hui, on était lundi : c’était le lundi qu’il lui manquait le plus, quand elle se réveillait au seuil d’une nouvelle semaine tout en sachant qu’il était reparti.
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Il était 16 heures et le ciel était d’un bleu mat : le trottoir réverbérait la lumière et éblouissait la fillette. Elle tourna au coin en direction du magasin, et se retrouva soudain à l’ombre où elle ralentit son allure : le danger était passé. Les pavés laissaient place au goudron. Elle passa devant l’homme au visage grêlé assis sur le pas de la porte avec une boîte en fer-blanc posée à côté de lui. Il n’avait pas de lacets à ses chaussures. Elle s’efforça de ne pas le regarder. Elle n’aimait pas sa façon de sourire sans réellement sourire, comme son père parfois, quand il lui disait au revoir le dimanche.
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« Rosie ! Rosie, attends-moi ! »
— Ben, dépêche-toi, alors ! lança Rosie par-dessus son épaule.
Il y avait plusieurs personnes entre elles deux désormais, mais elle entraperçut quand même le visage de Joanna, rouge d’avoir trop chaud, sous sa frange brune. Elle avait l’air inquiète. Le bout de sa langue était posé sur sa lèvre, sous l’effet de la concentration. Son pied atterrit sur une fente et elle chancela lorsqu’elle en toucha une autre. Elle faisait ça tout le temps. C’était une enfant maladroite qui en mettait toujours à côté en mangeant, se cognait les orteils et marchait dans la crotte de chien. « Magne ! » répéta Rosie avec impatience, tout en se faufilant parmi les gens.
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Le passage qui venait posait une difficulté particulière : la dalle, complètement fêlée, formait une mosaïque irrégulière. Elle la traversa en prenant appui sur le petit îlot entre les lignes. Ses tresses dansèrent le long de ses joues moites, et sa lourde sacoche, ­remplie de livres et de son casse-croûte à moitié consommé, rebondit sur sa hanche. Derrière elle, elle entendait les pieds de Joanna lui emboîtant le pas. Elle ne se retourna pas. Sa petite sœur lambinait toujours à sa suite, ne manquait jamais de l’embêter. Et voilà qu’elle geignait maintenant : « Rosie ! Rosie, attends-moi ! »
— Ben, dépêche-toi, alors ! lança Rosie par-dessus son épaule.
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Dans cette ville, il y avait plein de fantômes. Elle devait faire attention. Elle évitait les fentes entre les pavés, gambadant, sautillant, en posant les pieds sur les surfaces planes. Elle était devenue agile à ce jeu de marelle, depuis le temps. Elle le pratiquait chaque jour sur le chemin de l’école comme sur celui du retour, depuis aussi loin qu’elle s’en souvienne : au début, en tenant la main de sa mère, qu’elle traînait puis tirait brusquement en bondissant d’une zone sécurisée à la suivante, puis toute seule. Ne surtout pas marcher sur les fentes. Sinon quoi ?… Elle était sans doute trop vieille pour ce jeu désormais, neuf ans déjà, et dans quelques semaines elle en aurait dix, juste avant le début des vacances d’été. Ce qui ne l’empêchait pas d’y jouer, par habitude essentiellement, mais aussi parce qu’elle s’inquiétait de ce qui pourrait arriver si elle cessait.
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