Nicola Keegan on her book "Swimming" (en anglais)
La vie m'a déjà fait connaître plusieurs de ses fameux jalons : fille, femme, vierge, championne olympique, recordwoman, étudiante, propriétaire d'une Jeep neuve, croqueuse d'hommes. Mais aucun événement extérieur assez frappant pour provoquer un changement intérieur . Je suis restée la même : grande, contrariée, en manque d'amour et solitaire, d'une manière qui reste inexpliquée malgré toutes mes tentatives d'y voir plus clair.
Si seulement il avait su se transformer en buisson comme les esprits maliens habitent les écorces d’arbre de toute leur volonté. Mais en France, les esprits maliens n’ont pas de papiers, la préfecture les a reconduits à la frontière. Et les mythes de l’enfance, eux aussi, sont en exil.
"Je sais que ma chambre d'hôtel embaumera les violettes en plastique, que les draps de mon lit seront amidonnés à la perfection, que les gens m'adresseront sourires, signes de tête et que je les imiterai, consciente que tout cela est d'un dérisoire absolu.Je me tiendrai en retrait derrière ma surface corporelle, à la façon d'un hologramme, et laisserai mon enveloppe extérieure traiter de problèmes périphériques. Eux seront assis en retrait derrière leur surface corporelle, comme des hologrammes, et leurs enveloppes prêteront attention à mes problèmes périphériques. Ainsi seules les enveloppes se rencontrent, ce qui nous condamne au dérisoire absolu.".
"Ce n'est pas parce que (les nonnes) restent pures qu'elles n'éprouvent aucune attirance pour le mal. Je parierais qu'aux ventes de charité elles ne présentent pas tous les gâteaux qu'on leur a donnés (...).Pendant les kermesses, elles dégustent des glaces trois boules à l'aide d'une petite cuillère en plastique, le regard dissimulé derrière d'énormes lunettes à monture papillon dont les verres foncent automatiquement au soleil."
Je me réfugie dans ma chambre. Dehors le mois de Mars fait régner sa loi, la nuit tombe avec un bruit sourd comme un objet lourd qui se heurterait à un mur. Dot me rejoint. Je peux rester un peu avec toi? J'accepte, nous regardons les arbres balayer la fenêtre de leurs branches chargées de bourgeons printaniers en sombrant ensemble dans le sommeil.
J'avais pensé que les choses les plus ordinaires, transposées dans un endroit inhabituel, prendraient une tournure inhabituelle, mais je découvre que mon corps reste Américain, des orteils à la pointe des cheveux alors même qu'il se trouve en Russie.
"J'ignore encore que la mort peut télescoper la vie à n'importe quel moment et en détacher quelqu'un d'un petit coup de ses ciseaux aiguisés, avec une précision telle qu'il ne reste qu'un espace béant, là où le vide aurait dû être plein."
"Il m'apparaît soudain que le monde dit beaucoup de choses, et que si l'on tend vraiment l'oreille, on acquiert une ouïe exceptionnelle."
"Le mensonge se dresse au centre de la salle à manger comme une grue qui s'apprête à lâcher une voiture dans le vide."
"J'ignore encore ce que je suis, en revanche j'adore les futilités. C'est ce qui me donne un sentiment de sainteté."