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Citations de Nicolas Dubreuil (23)


Un paradoxe, voire un immense malentendu, se dessine entre les Groenlandais et nous : partout dans nos sociétés la question d'une refonte profonde de notre modèle se pose. Partout on parle d'évolution, de solutions nouvelles, d'initiatives pour vivre mieux ensemble, de façons de nous reconnecter avec des choses simples. On loue si souvent l'"ancien temps" et la vie à l'époque de nos grands-parents, moins sujets que nous à la complexité du monde. Au même moment, plus que jamais, une bonne partie des Groenlandais que je connais me semble faire le chemin inverse. La question que se posent ces gens serait plutôt : "Comment accéder nous aussi au mode de vie occidental ?" A ce fameux modèle que, nous, nous voulons changer ?
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On dit ici que lorsqu'on donne le prénom d'un défunt à un petit qui vient de naître, la vie de la personne disparue reprend là où elle s'est arrêtée. Cela va plus loin que la simple superstition. C'est une véritable croyance, bien ancrée chez les Inuits.
A Kullorsuaq, la légende veut qu'un ancien qui ne donne pas son prénom de son vivant à un enfant erre dans le ciel, une fois qu'il a rendu son dernier souffle. Les nuits d'hiver, lorsqu'une aurore boréale vient colorer la voûte céleste, les gens d'ici pensent que c'est l'âme d'un ancien, parti sans donner son nom, qui se rappelle au souvenir des vivants.
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La nuit tombe vite : il faut s'éloigner, monter les tentes, faire fondre de la neige, manger. Vite dormir. Le froid se fait mordant : moins 20°C, moins 30°C, la peau gèle en quelques minutes. Il faut lutter contre l'humidité. Il faudrait ne pas transpirer : en refroidissant, la sueur gèle et glace le corps. Le problème, c'est que dans la poudreuse l'effort pour tire la pulka est tellement intense que l'on doit s'arrêter avant chaque montée pour se découvrir, parfois jusqu'à être torse nu. Tout faire pour éviter de se mouiller. Se rhabiller une fois au sommet.
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Une part d'insouciance s'est éteinte dans mon esprit. L'image du chasseur indomptable a laissé la place à celle, terrible, d'Ole, l'employé de bureau enfermé. Comment se fait-il que ce soit moi, le "touriste", qui soit parti à la chasse ce matin ? Est-ce cela l'avenir ? Des Occidentaux qui viennent jouer aux chasseurs une partie de l'année pendant que les Groenlandais se tournent vers les versants les plus insipides de notre existence ?
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Jamais je n'ai vu un village aussi peu accueillant. Tous les Groenlandais m'avaient prévenu : "Ne va pas là-bas, ce sont des sauvages ! Et surtout ne touche par à leur bouffe !" - venant de gens qui mangent déjà des choses bizarres, comme des yeux de phoque, ces avertissements m'avaient déjà inquiété...
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Le monde sauvage est une prison, un carcan de règles impératives et draconiennes que l'on ignore ou l'on néglige au péril de sa vie.
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L'ours blanc est devenu dans les médias le symbole du réchauffement de la planète : c'est vrai qu'il semble si malheureux, si perdu sur la fameuse photo, tout seul sur son petit morceau de banquise qui dérive. La plupart des gens ont dû penser qu'il en était prisonnier. Mais si cela avait été un film, on aurait pu le voir plonger à l'eau et s'éloigner à la nage. « Ursus maritimus » : l'ours blanc est un mammifère marin − comme la baleine −, semi-aquatique, capable de nager, en agitant ses quatre membres, cent kilomètres par jour ! Ses pattes avant sont palmées, les arrières servent de gouvernail. Sur terre comme dans l'eau, il est incroyablement rapide. Des ours sur des plaques dérivantes, j'en ai vu des centaines. Ils s'en servent pour se reposer pendant une traversée. Ou pour surprendre des phoques. Ou parce qu'ils avaient juste envie de monter dessus.
De même, un film pris d'hélicoptère montre une femelle affolée (par le bruit des pales), incroyablement amaigrie. Déduction logique du spectateur : le réchauffement climatique la prive de nourriture, elle va bientôt mourir de faim... Mais quand elles allaitent, les ourses peuvent jeûner de six à huit mois. Les oursons sont tellement vulnérables que la mère ne quitte pas la tanière, les protège et les nourrit. Quand elle en sort, elle n'a plus que la peau sur les os mais va se gaver de gras de phoque, de baies ou de poissons pour retrouver son poids. Une femelle a été pesée en novembre à quatre-vingt-douze kilos. Neuf mois plus tard, en août, elle en faisait cinq cent cinq. Une étude a été menée sur huit cents animaux au Spitzberg pendant cinq ans : aucun n'a montré de signe d'amaigrissement.
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Nous traversons les Talkeetna Mountains sur trois cents kilomètres. Fabuleux, l'aventure à la Jack London. Des mètres de poudreuses, la progression est difficile. Je demande quels sont ces fils que nous devons enjamber : les cables électriques, à trois mètres du sol en été...
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Mon thermomètre ne marque plus rien : au-delà de moins 55°C, le mercure se recroqueville dans la petite boule. Pour la première fois je m'approche d'un feu de bois sans en sentir la chaleur. La moindre particule humide se change en paillette de glace qui flotte dans l'air. Respirer, même par le nez, est douloureux. Les larmes gèlent instantanément, les cils collent aux paupières. Il faut un masque en néoprène pour le bas du visage, des lunettes de ski sur les yeux. Aucun morceau de chair ne doit être exposé.
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[Chez des amis groenlandais]
Un soir, je convoque mes piètres talents culinaires pour faire une quiche lorraine et des crêpes en dessert. Délicieux, bravo. Mais peu après je les surprends dans la cuisine devant un bon morceau de viande de phoque. C'est bien, la cuisine française, mais un peu léger...
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Parfois, quand vent et mauvais temps se conjuguent, le simple fait d'être dehors est un risque mortel. Il faut rester sous la tente, se blottir dans le duvet et attendre. C'est le "jour balnc" : plus aucun repère spatial, la terre et le ciel se confondent.
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En vadrouille dix mois sur douze, je pose à l'administration française un problème dont je vais finir par croire qu'il est insoluble. Ils ne savent pas comment traiter mon cas, où me mettre, dans quelle case me ranger. Les ennuis s'accumulent, les pénalités s'additionnent. J'arrive dans leurs bureaux avec d'épais dossiers. Relances, mises en demeure, injonctions de payer dix pour cent de plus à cause du retard. « Bon, j'ai compris. Vous êtes non-résident en France. Pas de problème. Donnez-nous votre adresse à l'étranger... − Ben, ça dépend. D'abord je vais être sur un bateau de croisière en Antarctique, puis itinérant au Groenland, ensuite un mois sous la tente en Alaska, en kayak. Qu'est-ce que vous préférez ? Je n'ai pas d'adresse fixe à l'étranger. » Là, en général, il y a un blanc. Puis : « Mais monsieur, il faut bien que vous soyez quelque part... » Huit semaines par an en France, le reste en vagabond dans toutes les régions froides du monde ; ces fonctionnaires la plupart du temps charmants et bien intentionnés m'ont fait comprendre que j'étais sans domicile fixe. Mais un SDF international.
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En apprenant leur langue, comment ils forment leurs mots, je les comprends mieux. Ici, on n'a pas vingt ou trente printemps, on a vingt ou trente hivers. Les météorites sont des "merdes d'étoiles", les aurores boréales des "esprits qui jouent au foot avec un crâne de morse", les toilettes "un lieu où on va tout seul", l'ordinateur est "un objet qui fonctionne comme un cerveau", la cheminée "un endroit qui fait du brouillard, le journaliste "celui qu'on écoute". Pour "étrangers", ils disent "ceux qui ont de gros sourcils".
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Dans chaque village est désigné. un représentant de la santé. Dans le meilleur des cas, c'est un vrai médecin. Sinon une infirmière. Sinon une aide soignante. Sinon ... Une personne qui est déjà allée à l'hôpital !
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Ma maison a été peinte en rouge dès sa construction, suivant une règle imposée par les Danois : chaque habitation portait une couleur qui définissait sa fonction. Le rouge représentait l'administration, le bleu l'énergie, le jaune la santé etc. Aujourd'hui les couleurs ne signifient plus rien.....
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« J’avais entendu parler d’un village, dernier bastion des chasseurs traditionnels groenlandais. Je décide de tenter une expédition à ski jusqu’à Kullorsuaq. Titus, un ami inuit – celui-là même qui m’avait sauvé la vie alors que la glace avait cédé sous mon poids –, me prévient : « Attention Nikoula ! Là-bas, les hommes sont durs, très traditionnels ! Tout y est très sale ! » J’étais encore plus motivé… »
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Je leur demande pourquoi ils ne m'ont pas aidé plus tôt, pourquoi ils ne m'ont même jamais aidé. "Mais, pour ne pas te vexer Nikoula" répond Ole. Devant ma surprise, il m'explique. Ici, l'environnement est si extrême que tout est une question de survie. Chacun doit savoir se débrouiller seul, ne pas compter sur les autres. On n'aide que si on pense que l'autre n'est pas capable, qu'il est faible.
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Les quotas autorisent une chasse limitée. Comment un père pourra-t-il inciter son fils adolescent à suivre sa voie s'il sait qu'il ne pourra en vivre ? Si le seul argent qu'il pourra espérer toucher est le salaire de sa femme pour faire les courses au magasin du village ?
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Il m'enseigne les trois éléments fondamentaux : le vent, l'eau et le feu.
Le vent : apprendre à s'en méfier et tenter de le prévoir.
L'eau douce : savoir la trouver et faire des réserves.
Le feu : la clef de tout. "Tu ne sais pas faire de feu, tu crèves !"
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Tout au sommet de la chaîne alimentaire : l'Inuit. Dans le village d'Ittoqqortoormiit sur la côte est du Groenland, le lait maternel des femmes a été testé. Les taux de concentration en polluants sont tels que l'allaitement des bébés a été interdit et leur lait classé "déchet toxique". Difficile à faire comprendre aux chasseurs : rien n'est visible.
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