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Citations de Nicolas Edme Restif de La Bretonne (73)


Nicolas Edme Restif de La Bretonne
Personne n'a été plus indigné que moi des sales ouvrages de l'infâme Dsds [le Marquis Sade] ; c’est-à-dire, de "Justine", "Aline", le "Boudoir", la "Théorie du Libertinage", que je lis dans ma prison. Ce scélérat ne présente les délices de l’amour, pour les hommes, qu’accompagnées de tourments, de la mort même, pour les femmes. Mon but est de faire un livre plus savoureux que les siens, et que les épouses pourront faire lire à leurs maris, pour en être mieux servies ; un livre où les sens parleront au cœur ; où le libertinage n’ait rien de cruel pour le sexe des Grâces, et lui rende plutôt la vie, que de lui causer la mort ; où l’amour ramené à la nature, exempt de scrupules et de préjugés, ne présente que des images riantes et voluptueuses.
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En 1780, j'avais quarante-six ans, et j'aimai!
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Je me nomme « compère Nicolas ». J’ai été berger, vigneron, jardinier, laboureur, écolier, apprenti-moine, artisan dans une Ville, marié, cocu, libertin, sage sot spirituel, ignorant, & philosophe ; enfin, je suis auteur. J’ai fait de nombreux Ouvrages, la plupart fort-mauvais mais je l’ai senti ; j’ai eu le bon sens d’en être honteux, & de pouvoir me dire à moi-même que je ne les avais publiés que par nécessité de vivre & de nourrir mes Enfants & ceux de ma Femme ; car enfin, on a beau être ce que je dis que je suis, les Enfants ne se sont pas faits eux-mêmes, & il faut que quelqu’un les nourrisse…
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Les dévots méprisent tout le monde, parce qu'ils croient les autres hommes capables de tous les vices ; ils sont défiants par cette raison, et d'un orgueil insupportable : comme ils n'ont qu'un seul frein, la religion, qu'ils ne connaissent ni l'honneur, ni la réciprocité, ni l'intérêt patriotique (ils y substituent celui de leur secte), ils s’imaginent que, dès qu'on a pas leur frein, on n'en a plus : ils n'ont pas d'idée d'une vertu philosophique, ils méprisent même dédaigneusement cette sorte de vertu...
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Je ne réfléchissais pas qu'un sot à prétention est le plus avantageux des fats.
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«  L’amour ressemble à la soif: une goutte d’eau l’augmente » ...
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Il se figurait apparemment, qu'en paraissant jaloux, il effacerait ses infamies. Mais de qui se montrer jaloux ? Il y était embarrassé, lorsqu'il alla se rappeler Fromentel, le même pour lequel il m'avait fait une querelle au Jardin du Roi. C'était bien à tort ! Je méprisais presque autant Fromentel que Moresquin ; il était commis ; il avait les moeurs infâmes des commis ; que l'on juge si moi, abreuvée de douleur et d'opprobre par un commis époux, j'allais en prendre un pour amant !...Hé ! comment, grands dieux ! une infortunée, sans habits propres, les mains salies par le décrottage, ayant toujours l'air d'une Cendrillon ou d'une charbonnière, aurait-elle eu l'idée de faire la galante ? Pour donner dans ce désordre, et pour avoir envie de rire, il faut avoir de l'aisance, des plaisirs, du bon temps au moins, et de la liberté !...
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Dans la jeunesse, on va au coeur d'une femme par les sens ; dans l'âge mûr, on va aux sens par le coeur.
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J'ai toujours aimé les femmes : je n'en rougis pas ; c'est la plus noble des passions, surtout lorsque la tendresse est la base de ce goût, beaucoup plus que le désir.
Aimer, chérir, adorer, trouver à faire le bonheur de l'objet que j'idolâtre une indicible volupté, lui rendre le bonheur qu'elle me procure, voilà comme je m'attache à une femme.
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Il ne me permettait plus de m'approprier; il fallait que je fusse en déshabillé sale. Un jour, il m'en salit un blanc, avec ses pieds crottés, qu'il me força de souffrir sur moi ; une autre fois, il mis du cambouis en plusieurs endroits d'un déshabillé de soie, que j'avais fait d'une de mes robes de fille, et il me forçait de le mettre ainsi, m'obligeant en outre d'avoir autour de moi les torchons, pour paraître comme un paquet.
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Je parvins ainsi jusqu'à l'âge de douze ans, battant, mordant, donnant des coups de couteau, de canif, de ciseaux aux servantes ou leur enfonçant à l'improviste des épingles dans la chair. Ce qui m'attira souvent de leur part de bonnes corrections : mais aussi elles étaient chassées, dès que ma mère s'en apercevait, à son retour.
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Pour me soulager, je m'enfonçai dans la suite des siècles : je vis les hommes de 1992, lire notre histoire ; je m'efforçai de les entendre, et je les entendis. La sévérité de leur jugement m'effraya ! Il me sembla que les uns nous reprochaient d'avoir manqué d'humanité, tandis que les extrêmes, tels qu'il en est aujourd'hui, nous approuvaient. Je crus voir que toute l'Europe avait pris un gouvernement nouveau ; mais je voyais sur les pages de l'histoire, les horribles secousses qu'elle avait éprouvées ! Il me semblait entendre les lecteurs, se dire entre eux : "Que nous sommes heureux, de n'avoir pas vécu ces temps horribles, où la vie des hommes était comptée pour rien !" Un de leurs philosophes s'écriait : "Il faut de temps en temps de ces secousses, pour faire sentir aux hommes le prix de la tranquillité, comme il faut une maladie pour sentir le prix de la santé. - Mais, lui dit un de ses confrères, aurais-tu voulu être le secoueur, ou le secoué ? - Non, non, je ne voudrais pas l'être ! mais je ne serais pas fâché de l'avoir été. Le mal passé, quand on n'en est pas mort, est une jouissance... - Ha ! les beaux raisonneurs ! s'écria un songe-creux tapi dans un coin ; vous l'avez été. Vous étiez les hommes d'il y a 200 ans. Vous êtes composés de leurs molécules organiques : et vous êtes en paix, parce que ces molécules sont lasses d'avoir été en guerre. Vous y reviendrez après un long repos...
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Nicolas Edme Restif de La Bretonne
Le bonheur [...] est un fruit délicieux, qu'on ne rend tel qu'à force de culture.

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Nicolas Edme Restif de La Bretonne
La jolie Fournalière

Gentille boulangère,
Qui des dons de Cérès,
Sais d'une main légère
Nous donner du pain frais,
Des biens que tu nous livres
Doit-on se réjouir?
Si ta main nous fait vivre
Tes yeux nous font mourir.

De ta peau douce et fine
J'admire la fraîcheur ;
C'est la fleur de farine
Dans toute sa blancheur:
On aime la tournure
Des petits pains au lait
Que la simple nature
A mis dans ton corset.

De ces pains, ma mignonne,
L'amour a toujours soin
Si tu ne les lui donnes
Permets-en le larcin;
Mais tu ne veux m'entendre;
Tu ris de mes hélas!
Quand on vend du pain tendre,
Pourquoi ne l'être pas ?

D'une si bonne pâte
Ton cœur semble pétri!
Pourrait-il jeune Agathe,
N'être pas attendri?
Ne sois plus si sévère,
Sois sensible à l'amour
Et permets-lui ma chère,
D'aller cuire à ton four.
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Qui juge trop tôt, calomnie (...)
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Contre la propriété privée, p. 32 :
Que je hais les hommes ! Ces monstres ont des lois qui mettent à mort leur frère manquant de tout, qui a pris chez celui qui en avait trop, et qui s’est ainsi conservé la vie ! Comment trouvez-vous cette loi ? Il est bienheureux que vous ne soyez pas homme car elle serait l’arrêt de mort des trois quarts d’entre vous !… Mais ils s’appuient ici sur d’admirables raisonnements, qui m’ont autrefois étonné et qui ne m’étonnent plus depuis que je me suis aperçu que l’Homme, en général, est un être méchant et cruel envers lui-même, qui se tend des pièges et tâche de se faire du mal pour le plaisir d’en faire. En effet, avec un peu de sens, ne serait-il pas plus court, pour le bonheur général, que tout fût commun ? Si vous voyez, chers Frères, ce que la propriété coûte au genre humain de peines d’esprit et de corps, de cruauté et de sang, vous en seriez épouvantés ! Ils se tuent de travail ; les inquiétudes les rongent et les dévorent ; ils se guettent et s’assassinent ; d’autres hommes guettent ces assassins, et les amènent garrottés dans les villes, où on leur rompt les bras et les jambes ; ils se font la guerre, massacrent, brûlent, violent ; ils plaident et perdent chacun en plaidant plus qu’ils ne se disputent. Enfin la loi de la propriété, loi folle, barbare, sotte, méchante, contraire à leur religion réformée par Jésus même, et à cette religion telle qu’elle avait été auparavant donnée par Moïse, est la source de toute la misère de l’Homme. C’est elle qui met ce roi de la Nature le plus souvent au dessous de nous. L’Homme, moins éclairé que moi, qui l’ai été cependant par lui, mais qui n’ai et ne saurais avoir de préjugés, l’Homme a eu la stupidité de porter une loi qui doit, constamment et dans tous les temps, faire le malheur et la dégradation du grand nombre, sans rendre les Grands et les riches plus heureux. Au lieu qu’avec l’égalité de rang, de fortune, de communauté de biens, l’amitié fraternelle que leur prescrit leur religion, ils jouiraient tous d’une félicité, dont, hélas ! les animaux n’ont plus idée que dans les pays où l’Homme n’a pas pénétré. Mais où ? Je n’en sais plus rien, depuis qu’ils vont au pôle austral.
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Humble Mortel, vertueux sans éclat, qui fit le bien par goût, et vécut pauvre par choix, MON PERE! reçois l'hommage que le moins digne de tes fils ose rendre à ta mémoire.
(...)
Edme Rétif, fils de PIERRE, et d'ANNE SIMON, naquit le 16 novembre 1692, à Nitri, terre dépendante de l'abbaye de Molène dans le Tonnerrois. Son Père avait une fortune honnête : c'était un Homme charmant par la figure, et d'une conversation amusante; on le recherchait de toutes parts, et lorsqu'on ne pouvait l'avoir, on venait chez lui. Comme il avait la satisfaction de toujours plaire, il prit aisément le goût d'une vie dissipée. Ses affaires en souffrirent.
Edme n'avait pas de brillant dans l'esprit; son Père le crut sot, et le négligea : mais le caractère de ce Jeune homme était solide; il avait le sens droit, et l'esprit si juste, que dès l'âge de douze ans, effrayé du délabrement des affaires de sa Maison, touché des larmes de la plus tendre des Mères, il se mit à la tête, et entreprit d'empêcher une ruine totale. La conduite de son Père, quoiqu'honnête suivant le monde, fut pour lui une leçon salutaire : mais loin qu'elle diminuât son respect, il porta si loin cette vertu, que c'est encore un proverbe à Nitri : Il craint ses Parents, comme Edmond craignait son Père.
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O constance! tu suffirait seule pour le bonheur des humains ! Pourquoi n'est tu pas fille de la nature....?Mais que dis-je! La constance est la vertu des dieux. Mortel ,elle peut te rapprocher de la divinité :conçois quel est son prix !
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Sur les quatre heures du soir, un jeudi,je traversais la rue Montorgueuil pour enfiler celle de la comédie italienne. On donnait la vingt-quatrieme représentation des moissonneurs :une multitude de chars brillants ,qui touchaient à peine le pavé,roulant avec fracas,eclaboussaient les filles sages,les hommes à talents,et le reste de cette populace utile,dont (heureusement pour elle)on ne saurait se passer.Moi,pauvre hère,héritier du cynisme de Mézeray(mais non de son avarice ),crotté jusqu'à l'échine,je me gare sur la porte d'une marchande de modes.Ma figure,hétéroclitement parée,excita dans un essaim de jeunes filles qui la remplissait,ce rire inextinguible des dieux d'Homère. Je me retournait sans courroux (car j'ai la modestie de me croire ridicule ).Je voulais regarder toutes ces jolies rieuses :je n'en vis qu'une et mon coeur en tresaille encore.
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Un passage que j'approuve, car je ne pense pas non plus que l'homme soit naturellement bon :
Il n'est pas d'être dans la nature, qui ne soit méchant. Tout individu aime à faire du mal, à détruire son semblable et les autres êtres. Les herbivores même ne sont pas innocents ; ils frappent, ils mordent, ils écrasent. L'homme aime à détruire, pour détruire. Mille fois je me suis senti le cruel désir de tuer une belle grosse mouche à miel noire ou bourdon, qui venait sucer à ma fenêtre les fleurs des pyramidales, et j'avais besoin de la réflexion, pour m'en empêcher. Quelle est donc la cause de ce sentiment destructeur, qui est naturel à tous les êtres. Est-ce la conservation naturelle, aux dépens des autres existences? Est-ce une impulsion de la Nature, qui en même temps qu'elle vivifie tout, veut que tout cesse, et met autant de moyens de destruction, que de production? Il faut le croire. Qu'est-ce donc que la vertu, dans l'homme social? C'est l'effet d'un sentiment moral et factice, fondé sur la réciprocité, qui nous fait continuellement surmonter la nature, pour faire du bien aux autres. Est-ce uniquement le goût du plaisir, ou le désir de la propagation, qui fait que tant d'hommes cherchent à dégrader les filles, les femmes? Non: dans le régime social, c'est un sentiment d'ogre, un sentiment oppressif, qui porte des êtres cruels à plonger dans la prostitution dégradante, à perdre, pour la société, une jeune infortunée ; qui d'abord excita leur admiration, puis leurs désirs brutaux.
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