AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nikolaj Frobenius (44)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Je vous apprendrai la peur

Si je devais résumer grossièrement ce roman, je dirai qu'il s'agit de la vie romancée d'Edgar Allan Poe. Partant de cette idée répandue que le célèbre écrivain serait mort en prononçant le nom de "Reynolds", l'auteur a voulu retracé la vie de Poe et donner sens à cette dernière parole. Il s'est aidé de ses écrits, de lettres, témoignages, articles de journaux, qu'il a pour certains inventés lorsque d'autres sont véridiques. Avec une habile plume romanesque, il a mis en place ce récit dans lequel Edgar Allan Poe, invétéré alcoolique, rencontre un célèbre critique littéraire qui sera le fil conducteur de sa vie d'écrivain, oscillant entre célébrité et mauvaise renommée. Mais un autre personnage jouera également un rôle important dans la vie du poète-novelliste mal compris, un jeune esclave que Poe rencontrera à l'orée de sa vie, chez ses parents adoptifs. Cet homme considérera Poe comme son maître, et verra dans ses écrits une démarche à suivre, une mission à accomplir.

L'auteur a su recréer une ambiance très proche de celles des nouvelles de Poe. Macabre, cauchemardesque, d'une réalité irréelle et sombre, cette histoire tente de rendre compte avec élégance et beauté parfois de ce qu'a pu être la vie d'un des plus célèbres auteurs fantastiques de tous les temps, de ce qu'elle aurait pu être en tout cas, cherchant à expliquer l'inspiration très spéciale et extraordinaire pour son époque d'Edgar Allan Poe.

Je le recommande à tous ceux qui veulent en apprendre plus sur Poe, car même si l'histoire n'est pas scrupuleusement autobiographique mais mêle fiction et réalité, elle est celle que l'on souhaite vérité pour cet immense et incontournable auteur. Magnifique, cruelle et sombre. Bravo à M. Nikolaj Frobenius, bel hommage.
Commenter  J’apprécie          40
Je vous apprendrai la peur

Après avoir effleuré la vie du Divin Marquis dans le Valet de Sade, Nikolaj Frobenius revient à la biographie romancée avec une autre sombre figure, tel que du moins la postérité le peint : Edgar Allan Poe. Face au poète miséreux, éternellement en quête de la gloire à laquelle il sait avoir droit, deux hommes, deux lecteurs : Rufus Griswold, pasteur manqué, anthologiste amer qui voue une haine farouche à ce mécréant de Poe mais l’accompagnera pourtant toute sa vie, et Samuel Reynolds, l’esclave albinos fasciné par le Maître, confondant littérature et réalité de la plus horrible façon.

De façon assez classique, l’auteur entrelace la biographie communément admise de Poe (la mort de ses parents comédiens, son adoption puis son rejet par un riche marchand du sud, son mariage avec sa cousine de 14 ans, ses phases d’alcoolismes, ses succès et ses revers incessants, sa pauvreté chronique et sa mort misérable autant que mystérieuse dans un caniveau de Baltimore) et ses nouvelles. « Bérénice », « L’Étrange cas de M. Valdemar » et « Double assassinat rue Morgue » sont parties prenantes de l’histoire, puisque le contrefait Reynolds se met en tête d’accomplir les meurtres fictifs pour offrir gloire et reconnaissance à Poe.

Les articles de Griswold ont durablement installé la vision d’un Edgar Poe alcoolique et brutal, impie, séducteur et fat, mort de ses travers, gloire à Dieu. Au rebours, Frobenius dessine un Edgar Poe tout en douceur, en souffrance, en faiblesses bien humaines, qui se définit comme « un incorrigible optimiste », persuadé que la chance finira de tourner, qu’il arrêtera de crever de faim et de regarder mourir sa femme, parce qu’il le mérite. Et il le mérite, c’est bien là le drame. Le drame d’Edgar Poe est de connaître sa valeur, de savoir depuis l’âge de 15 ans qu’il écrit mieux et plus juste que la plupart de ses colitttérateurs, qu’il n’est pas un monstre, mais qu’il est faible. Faible devant les flatteurs, faible devant la bouteille – beaucoup moins, semble-t-il, qu’on a voulu le faire croire. Poe, homme du sud, gentleman aux manières délicates et à l’esprit acéré, se heurtera longtemps aux rudes yankees. Un homme qui ne trouve pas sa place et la cherche avec un désespoir qui fait peine à lire. Attachant, parfois crédule – car il faut rêver très haut pour tomber dans des abîmes aussi profonds.

Au final, un roman assez sobre sur une vie gâchée, que l’ « élévation » finale rembourse à peine. On pourrait croire que la bêtise et l’étroitesse d’esprit remportent la mise. Mais qui se souvient de Rufus Griswold ?
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
Commenter  J’apprécie          40
Le valet de Sade

Titre pompeux, dans le style « vendeur ». Je préfère le titre original du livre: « Latours Katalog ».



À la lecture du roman, tu t’aperçois que l’auteur a investigué, non seulement pour les lieux où a passé Sade, mais aussi réfléchi sur une personnalité psychologique plausible (non exagéré) du personnage. En cela, l’auteur a tout mon respect.



Sade n’est pas l’objectif essentiel du livre, il en est qu’une voix des possibles. Vous saurez en lisant l’oeuvre.

Car il s’agit plutôt du processus par lequel est passé et passe un genre de tueur en série. Ce n’est pas en soi mon style le livre. Par contre, c’est très bien amené dans ce cas-ci:



« Découvrir l’énigme de la souffrance » car notre valet, ici, est HYPOSENSIBLE à la douleur physique. Cela existe ,physiologiquement parlant, chez l’être humain, nous le savons aujourd’hui. Comment un être du XVIIe siècle pouvait vivre cet état… Je vous laisse en découvrir un cas, à travers ce récit!
Commenter  J’apprécie          30
Le valet de Sade

Si Nikolaj Frobenius est sans le moindre doute un très bon romancier, et que son idée de départ est bonne, la réalisation est un peu décevante... Ce roman reste néanmoins un très bon roman qui étonnera le lecteur au fil des pages, en des "o" d'exclamations difficilement maîtrisables. Cependant, si nous passons un agréable moment dans l'ensemble, nous sommes tout de même un peu déçus, par rapport à ce que nous promettait la quatrième de couverture...



Tout d'abord, le marquis de Sade n'a qu'une petite place dans ce roman. Il n'intervient que tardivement, presque à la fin du long périple de Latour, entre Honfleur et Paris. Si les références historiques sont légitimes, - amplement vérifiables dans la vie du marquis de Sade - la rencontre avec notre jeune anatomiste déréglé, elle, est belle et bien une fiction. Du coup, nous nous attendons à un joli cocktail littéraire, entre la vie d'un libertin hautement connu et reconnu dans la littérature pour ses penchants sexuels des plus singuliers, et un jeune homme obsédé par les mystères que cache le cerveau humain ! Un jeune homme qui deviendra son valet sexuel et meurtrier, esclave aussi aliéné que lui. Le tout, sur fond de taxidermie et de vengeance familiale ! Et pourtant, c'est un cocktail aigre-doux...



Toute la première partie du roman est un peu trop longue. L'intrigue se met difficilement en place et nous présente des personnages qui ne sont pas si importants que ça. Quand intervient enfin Latour, son histoire ne deviendra intéressante que lorsqu'il quittera sa Normandie natale pour Paris. Et encore, il nous faudra attendre quelques pages ! Les passages sur la taxidermie et sur les différentes parties du cerveau humain restent néanmoins enrichissants pour le lecteur.



Puis commence la véritable histoire. Nous attendons de pied ferme que Latour incarne ce fameux valet de Sade ! Mais ça ne se passe pas comme prévu. Latour ne sera pas son valet, au sens de jeune homme serviable qui pratiquera la débauche sexuelle avec lui. Contrairement aux romans Sadiens, il n'y aura pas d'orgies, pas de tours frénétiques des bordels dans la capitale, et Latour n'est pas non plus le gentil petit valet vicieux qui apporte le fouet à son maître quand il maltraite des prostituées ! Latour est en réalité un personnage effacé, peu attiré par la sexualité, mais bien plus par le meurtre. En effet, il aime découper les cerveaux des gens !

Son lien avec le marquis de Sade est donc tiré par les cheveux... Sans compter que le résumé est mensonger : ce n'est pas une prostituée qui le conduit auprès du marquis, c'est Sade lui-même qui vient chercher Latour dans le bordel où il travaille. Proposition que notre jeune anatomiste fou refusera dans un premier temps, avant que son aventure ne commence réellement...



La fin quant à elle, est plutôt bien réussie, même si le lecteur reste sur un goût d'inachevé. Les problèmes sexuels de Latour persistent encore un peu et la résolution des meurtres n'est pas aussi simple que prévu... De nouveau, ce goût amer sur la langue. À voir, il y a sûrement d'autres très bons romans de cet auteur bourré de talent !
Commenter  J’apprécie          30
Branches obscures

Troisième livre que je lis de Frobenius... c'est toujours une expérience très particulière et légèrement déroutante.

C'est le genre de livre difficile à résumer, il vaut mieux ne rien savoir de l'intrigue parce que le peu qu'on en saura sera forcément faux et réducteur.

On peut dire que c'est un polar ou un roman psychologique et on n'aura rien dit.Tout est dans l'atmosphère et dans cette écriture qui distille un sentiment de malaise de plus en plus suffocant.

L'imaginaire de cet écrivain est terriblement intrigant !

Commenter  J’apprécie          30
Branches obscures

Un écrivain, Jo Udderman, publie un roman autobiographique sur un ami d'enfance décédé, révélant ainsi sa personnalité sombre [et psychopathe]. Au fur et à mesure, beaucoup d’événements troublants vont se produire et faire basculer sa vie dans le chaos, et notamment la réception du manuscrit de son autobiographie... qu'il n'a jamais écrite.



Le résumé de l'éditeur nous vend un roman aux aspects psychologiques et policiers... et j'ai plongé dedans.

L'intrigue est longue à mettre en place, les scènes érotiques trop crues à mon goût et n'apportant strictement rien au récit, j'ai même failli arrêter ma lecture. Passer les 100 premières pages en revanche, difficile de laisser tomber ce livre. On a envie de savoir qui se cache derrière tout cela, et si tout est vrai ou non.

Au final, une lecture distrayante mais qui ne m'a pas toujours emballée !
Commenter  J’apprécie          30
Branches obscures

Jo Uddermann est écrivain. Son dernier livre vient de sortir. Il y relate un fait divers survenu des années auparavant, lorsqu'il était enfant et qui implique un de ses ami. Ce dernier semblait mauvais, animé par le mal.

Soudainement, sa vie bascule, il reçoit des SMS menaçants, Jo a l'impression d'être observé, surveillé... et l'auteur, nous entraine dans le brouillard.

Jo est-il réellement poursuivi par quelqu'un ? Est-il paranoïaque ?

On se met à douter de tout. J'ai énormément aimé cette ambiance, c'est typiquement ce que j'aime trouver dans les romans: le flou, un sentiment d'oppression, des questionnements.

Pas un coup de coeur car j'ai trouvé le début du roman un peu long, mais une fois dedans, impossible de le lâcher!



Commenter  J’apprécie          20
Le valet de Sade

Un roman qui rappelle l'ambiance du Parfum de Suskind... Un petit être se sent envahi d'un désir de découvrir les caractéristiques des hommes au travers des méandres du cerveau...



Un livre qui ne laisse pas indifférent par son écriture mais qui souffre de quelques raccourcis dans le déroulé de l'intrigue
Commenter  J’apprécie          20
Je vous apprendrai la peur

Le roman place au centre le grand écrivain Edgar Allan Poe, sa vie difficile et en particulier les relations conflictuelles qui l’ont opposées à l’influent critique et anthologiste Rufus W. Griswold. Ce dernier a de vivant de l’auteur dénigré son œuvre, et après sa mort n’a pas hésité à essayer de nuire à sa réputation en propageant un certain nombre de diffamations sur son compte. Le roman de Nikolaj Frobenius est corsé par un personnage imaginaire, un métis albinos, qui a quitté avec Poe la propriété de son père adoptif et qui perpétue des crimes atroces, en s’inspirant des œuvres de Poe.



A priori de bons ingrédients, entre la vie difficile d’un génie de la littérature et un roman policier. Mais malheureusement à mon avis la sauce ne prend pas. On n’apprend pas réellement grand-chose sur Poe (sauf si vraiment on en connaissait rien du tout) et la personnalité décrite par l’auteur est pour le moins sommaire, il voulait être célèbre, était alcoolique et s’est débattu dans la misère. Et il recherche dans la création artistique la beauté. Quand à Griswold c’est un puritain, qui veut défendre le monde contre le mal, et Poe c’est le mal absolu. Et c’est la raison de leur antagonisme. Et pas d’autres éléments pour poser cette opposition pendant tout le livre, pour la rendre plus complexe et intéressante.



Du côté de l’intrigue policière il n’y en pas non plus vraiment, Frobenius place dans le roman quelque scènes bien saignantes à certains endroits, mais sans rien construire, on constate le résultat final (le cadavre torturé) et on a par la suite quelques éléments pour savoir comment c’est arrivé. Pas de montée de l’angoisse précédent l’acte, quasiment aucune information sur la victime, pas de traque du coupable, qui n’est d’ailleurs pas identifié par la police. Malgré le titre, il est difficile d’avoir le moins du monde peur, tout cela est plutôt du grand guignol, et j’ai fini par ricaner méchamment.

Comme le style n’a rien de très excitant non plus, l’ennui s’installe très vite. Désolée, mais je ne trouve vraiment rien à sauver dans ce livre, dont le sujet était pourtant prometteur.

Commenter  J’apprécie          20
Branches obscures

Si vous aimez les romans à suspense, qui tourne autour de la vie d’écrivain/du pouvoir de l’écriture, où on ne sait plus si c’est réel et de la paranoïa , alors ce livre est fait pour vous !
Commenter  J’apprécie          20
Je vous apprendrai la peur

Edgar Poe renaît de ses cendres dans ce roman aux faux airs de biographie. Sur le canevas de la vie réelle de l'auteur sulfureux, Nicolaj Frobenius greffe avec succès une intrigue mystérieuse où Poe voit ses écrits les plus sombres devenir réalité. D'horribles crimes ressemblant étrangement à ceux qu'il a imaginés sont perpétrés sans que personne ne soit arrêté, et très vite des rumeurs désignant le poète comme coupable se mettent à circuler.



Tout le monde ignore alors qu'après chaque découverte macabre reliée à son oeuvre, Poe reçoit des lettres anonymes et exaltées de l'auteur des faits, qui semble avoir été très proche de lui par le passé et lui voue un culte sans limite. Frobenius nous plonge dans la vie tumultueuse de cet auteur controversé et mêle avec talent les faits avérés de son existence et ceux créés de toutes pièces, entre ses histoires d'amour, ses errances et la longue route jusqu'à la renommée.



Une fois la dernière page tournée, vous n'aurez sans doute qu'une envie, découvrir ou redécouvrir les écrits fascinants d'Edgar Allan Poe.
Commenter  J’apprécie          20
Le valet de Sade

La première chose qui m’a frappée, c’est le parallèle évident avec Süskind et son Parfum. Pareillement, Latour est animé par un désir de comprendre et de savoir, allant jusqu’à l’obsession et la folie macabre. Il guette, observe, analyse tout et chacun, cherchant une explication au mystère. Là où Grenouille était obsédé par l’odorat, Latour est obsédé par la douleur et la souffrance, physique ou psychologique. Cette ressemblance fait que j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire au début.

Et puis, le titre est un peu trompeur, car de Sade il n’est finalement question que vers la moitié du livre. Encore une fois, le titre original Latours Katalog (la liste de Latour) me semble beaucoup plus adapté. Par contre, la rencontre entre Sade et Latour est originale et donne un regain d’intérêt à ce roman. Le marquis était un vrai sondeur de l’âme humaine, surtout pour ce qu’elle pouvait présenter de plus noir, de réellement mauvais. Il était amateur de jeu, tant pour donner que pour recevoir. Latour, lui, se cherche en cherchant la douleur des autres, en tuant et disséquant à la fois des gens qu’ils pensent coupables de crimes mais également des gens innocents et purs. Il cherche des traces du caractère des êtres dans leur conception physique intrinsèque. Ces deux là forment une paire intéressante à voir évoluer. Latour étant peut être un peu plus honnête car il l’avoue lui-même : « Que mon sang inonde la terre autour de l’échafaud et la preuve sera faite que j’aurai été plus grand que moi-même »...
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
Commenter  J’apprécie          20
Le valet de Sade

J'ai lu ce livre pour une raison précise. Babelio me le conseillait car j'avais aimé "Le Parfum".



Je comprends la suggestion, pas de réclamation là-dessus....mais quelle déception ! Je n'ai pas accroché au style d'écriture. J'ai aimé le début du roman mais dès que le marquis de Sade apparaît ça ne m'a plus plû (et pas parce que j'ai quoi que ce soit contre monsieur le marquis, hein...juste pour la tournure que prend l'histoire). Je n'ai pas tout compris ou tout suivi avec son histoire de liste, j'ai l'impression qu'à un moment on rate un truc (ou bien c'est moi qui avait décroché).

Comme un goût de mauvaise imitation de Süskind.

Bref....déçue quoi...
Commenter  J’apprécie          10
Branches obscures

Jo Uddermann, père d’une petite fille et mariée à Agnete, vient de publier un roman. Il y évoque un garçon avec lequel il a noué une amitié, cependant, il s’aperçoit que ce garçon est violent et destructeur. La publication de ce roman va faire basculer la vie de Jo dans un enfer. Une menace plane sur lui et ceux qu’il aime, la police ne semble pas le prendre au sérieux et presque tout l’accable. Mais le pire reste à venir ….



Ce thriller psychologique rassemble tout ce que les fans du genre peuvent aimer. On arrive presque à palper l’angoisse de Jo. On doute, on extrapole, on imagine même que le personnage principal est fou. Qui est la victime, qui est le coupable ? Il est difficile de cerner le vrai du faux, de cerner la frontière entre la réalité et le fictif. L’étau se resserre autour de Jo, à la minute où son éditrice l’informe qu’elle a bien reçu le manuscrit de son autobiographie. Autobiographie qu’il n’a jamais écrite. Le rythme s’accélère, les questions fusent, l’angoisse monte…



Comme dans beaucoup de romans, l’auteur a choisi d’utiliser un moment de l’enfance ou de l’adolescence pour monter son intrigue. Cette exploration du passé est à double tranchant, elle peut être salvatrice ou faire remonter à la surface de vieux démons. J’ai été conquise par ce roman assez court mais dense. Il est pénétrant et nous fait douter en permanence.


Lien : http://helene14.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          10
Le valet de Sade

Le thème (la découverte de a douleur en découpant des cervelets à coups de scalpels) est intéressant mais il y a des gros manques dans le récit. Plus on avance dans le roman et plus on décroche. Un manque de précisions de la part de l'auteur, quelques incohérences parfois, un goût d'inachevé.
Commenter  J’apprécie          10
Le valet de Sade

Le Salon du Livre de Paris célébrait cette année les écrivains du Nord de l’Europe, une occasion comme une autre pour faire connaissance avec Nikolaj Frobenius, un romancier Norvégien né à Oslo en 1965 dont plusieurs livres ont déjà été traduits en français, comme Le valet de Sade paru chez nous en 1998.



Nous sommes au XVIIIe siècle quand naît à Honfleur, d’une usurière, un fils nommé Latour. Si la mère était bien laide, l’enfant ne l’est pas moins et tous deux vivent à l’écart de la ville pour éviter le regard malveillant des gens. Bien vite l’enfant découvre qu’il est insensible à la douleur ce qui le met une fois encore au ban de la société. Le hasard lui fait rencontrer un taxidermiste qui lui enseignera les premières bases de son art avant qu’il ne monte à Paris après la mort de sa mère dont il se persuade qu'elle a été empoisonnée par des créanciers parisiens, et un vol de bijoux, maigre pécule pour le voyage.

C’est dans la capitale qu’il va trouver sa voie, de la taxidermie il passe à la dissection auprès d’un maître. Désormais il veut se consacrer à la connaissance du cerveau humain afin de découvrir le siège de la douleur et par là, comprendre son infirmité. Si l’entreprise est louable, les moyens le sont moins puisqu’il assassine les supposés responsables de la mort de sa mère, pour obtenir des corps.

Repéré par l’écrivain Sade dans un bordel, celui-ci l’engage comme domestique, « je peux tout t’apprendre sur la jouissance » lui promet-il. Des liens étranges vont alors se tisser entre ces deux hommes. Tous deux se vautrent dans la souffrance, mais leurs objectifs sont différents, le valet fait souffrir dans un but scientifique, pourrait-on dire, afin d’isoler le lieu de la souffrance dans le cerveau humain, alors que pour le divin marquis « la cruauté était devenue invraisemblable et je compris alors que ce n’était pas la jouissance de ces actes que mon maître avait essayé de décrire. Mais bien la solitude. »

La justice des hommes ne pouvait rester indifférente à leurs turpitudes, les lettres de cachet pleuvent sur Sade qui sera embastillé, de son côté Latour est poursuivi par un policier intrigué par tous ces cadavres sans tête, victimes certainement du même tueur. Au soir de leur vie, ils finiront à l’asile de Charenton où, comme le notera le directeur, « Ce qui était, en effet, fascinant chez ces deux hommes, c’était le mélange de penchants obsessionnels et d’arrogance intellectuelle, de croyance en la raison et de folie, qui avait fait, de l’un un assassin, de l’autre un dramaturge. »

Nikolaj Frobenius nous mène dans ce Paris boueux où vivent les gueux et dans les lupanars dont Sade nous a tout dit dans son œuvre mais sans s’appesantir – heureusement – sur les « plaisirs » qu’on y achetait. Un livre étrange, mêlant le sexe et le crime pour la forme, tout en cherchant à explorer les zones troubles du comportement humain pour le fond. Pas mal et intéressant.

Commenter  J’apprécie          10
Le valet de Sade

Suite à un viol, Bou-Bou Quiros va donner naissance à Latour, un enfant d'une laideur étonnante qui va se distinguer par une insensibilité totale à la douleur. Latour sera très attaché à sa mère, et lorsque celle ci décède à la suite d'une infection, il suppose, à la découverte d'une liste de créanciers dans la robe de la défunte, que ces derniers, étouffés par les dettes, ont tué Bou-Bou. Ces meurtriers potentiels vivant à Paris, il décide alors de quitter Honfleur pour la capitale. Passionné pour l'anatomie, une passion révélée par ses rapports antérieurs avec un taxidermiste à Honfleur, il se fait passer pour un étudiant de médecine afin d'apprendre auprès de Rouchefoucault, le plus grand anatomiste de ce siècle. Il va alors découvrir les complexités que cache le cerveau humain, et notamment la mécanique des sentiments et surtout de la douleur. Latour joint donc l'utile à l'agréable, en assassinant les prétendus meurtriers de sa mère tout en pratiquant des dissections destinées à agrémenter ses recherches d'anatomiste. Une rencontre va cependant bouleverser Latour, c'est celle du Marquis de Sade. On peut comprendre que pour ce jeune homme tant attiré par les origines de la douleur, côtoyer le marquis de Sade est une occasion rêvée. Mais voilà, malgré son désir d'approfondir ses recherches, Latour ne pourra jamais tuer le Marquis.

Ce livre m'a rappelé LE PARFUM dans le sens où l'univers sensoriel ainsi qu'un personnage central assez effrayant tiennent également une place prépondérante.
Commenter  J’apprécie          10
Le valet de Sade

Latours Katalog


Traduction : Vincent Fournier.





Voici un auteur norvégien que je connaissais sans le savoir puisque c'est lui qui a rédigé le scénario de l'excellent thriller "Insomnia" (la version d'Erik Skjolgjaerd) et de son remake américain, filmé par Christopher Nolan avec Robin Williams à contre-emploi et Al Pacino pour lui donner la réplique.


"Le Valet de Sade" quant à lui a pour cadre la France de la fin du XVIIIème siècle. Frobenius s'attache à la destinée du jeune Latour-Martin Quiros, fils unique et naturel de Bou-Bou Quiros, une usurière honfleuroise. On notera que l'auteur mêle d'ailleurs dans le personnage les deux valets favoris de Sade : Latour (qui sera condamné à mort avec son maître par contumace) et Carteron.


Très attaché à sa mère, Latour se met en tête à sa mort - d'une fièvre pourprée, c'est-à-dire d'une maladie infectueuse probablement inoculée par la piqûre d'une mouche - qu'elle a été assassinée par un certain nombre de personnes dont il a trouvé la liste dans la robe qu'elle portait lors de son dernier voyage à Paris, juste avant qu'elle tombât malade. (D'où le titre original du roman, qui se traduit par "La Liste de Latour.") Et, très vite, en compagnie d'une prostituée de Honfleur, Valérie, le jeune homme monte à la capitale dans le but secret de se venger de ceux qui l'ont rendu orphelin.


Incapable d'éprouver la douleur physique, Latour se passionne depuis longtemps pour les mystères que recèlent le corps humain et son cerveau. En Normandie déjà, il a travaillé pour un taxidermiste et a pris auprès de M. Léopold ses premières leçons d'anatomie. A Paris, s'il travaille d'abord comme homme à tout faire dans un bordel, il s'échappe un temps pour se faire l'assistant de Rouchefoucauld, l'un des plus célèbres anatomistes du temps. Mais comme il a, pour ce faire, assassiné un étudiant en médecine dont il a pris l'identité, il doit, lorsqu'il est découvert, se sauver et rejoindre le bordel de Mme Besson où il finira par rencontrer son double : le comte de Sade.


A partir de là, le destin des deux hommes sera indissolublement lié et Fobrenius pose comme hypothèse que les scènes les plus cruelles de l'oeuvre sadienne furent inspirées au célèbre et terrible écrivain par la vision des meurtres - avec dissections à la clef - commis par Latour et qu'il épiait sans que celui-ci en eût connaissance. Mais quand il réalisera que Sade, sous l'un des nombreux noms d'emprunt qu'il employait dans ses débauches, fait partie, lui aussi, de la liste (il est le "président de Curval"), Latour ne pourra passer à l'acte. Certes, il s'y essaiera mais toujours en vain. L'homosexualité latente qui exista de façon certaine entre Latour et Sade est ici traitée avec délicatesse, sur le seul plan du sentiment et non de la pratique. Et Frobenius insiste sur la ressemblance physique qui existe entre ses deux héros.


La question principale posée par ce roman, outre celle du double, est évidemment celle de la souffrance et de sa nécessité et elle n'arrête pas un seul instant de tarauder Latour. L'impossibilité dans laquelle l'a mis la nature de ressentir la douleur l'incite à disséquer ce qui régit celle-ci et permet en parallèle à Frobenius d'expliquer en partie la fascination exercée par Sade sur son valet. "Le Valet de Sade" n'est d'ailleurs pas un roman complaisant ou gore. Et il ne saurait laisser indifférents tous ceux qui s'intéressent à la vie et à l'oeuvre de Sade.


Le seul reproche que je lui fasse, c'est un défaut de construction : trop de temps passé par exemple sur l'enfance de Latour auprès de sa mère. Mais ce n'est bien entendu que mon opinion. ;o)
Commenter  J’apprécie          10
Branches obscures

Nikolaj FROBENIUS, rien que le nom de l'auteur est inquiétant, un relent de CARPATHES et une petite dose de Dracula. J'avais adoré son précédent roman "Je vous apprendrais la peur" et celui-ci m'a convaincu d'un don certain pour vous mettre la tête à l'envers et les nerfs à vif.

Ici, un homme écrit un livre, livre qui parle d'un épisode de son enfance, de son amittié avec un étrange garçon aux cheveux blonds bancs comme la craie. A partir de sa parution, ce livre dérangeant, va provoquer le chaos dans la vie de l'écrivain, de sa femme. La maîtresse de l'écrivain, son épouse découvre qu'il la trompe et surtout le garçon aux cheveux blancs devenu adulte, refait son apparition alors qu'il était supposé être mort. Edgar POE n'est jamais loin avec FROBENIUS et c'est magique ...
Commenter  J’apprécie          00
Branches obscures

Thriller prenant et addictif. Belle écriture et description des personnages très réelle
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nikolaj Frobenius (275)Voir plus

Quiz Voir plus

Chaos ou Karma ?

Rouge XXX Jean-Christophe Grangé

chaos
karma

12 questions
9 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , chaos , karmaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}