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Critiques de Olivier Fillieule (8)
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Changer le monde, changer sa vie





Cinquante ans après Mai 1968, que sont les militants devenus ? Pas forcément les leaders d'opinion du Quartier latin, mais plutôt les soixante huitards anonymes résultant du mouvement syndical, féministe et de la gauche alternative.



Après avoir jeté toutes leurs forces dans la bataille, cru souvent en l’imminence d’une révolution, suspendu longtemps leurs investissements scolaires, professionnels, voire affectifs pour “faire l’histoire”, comment ont-ils vécu l’érosion des espoirs de changement politique ?



En choisissant centrer l’enquête sur cinq métropoles régionales – Lille, Lyon, Marseille, Nanteset Rennes –cet ouvrage collectif aborde l'angle des sterritoires non parisiens et déplace son focus vers les militants ordinaires ainsi que vers les responsables des mouvements et organisations en région. Une approche non jacobine assez inédite , cinquante ans après les faits avec près de 3800 personnes qui ont été interrogées, qui pour la plupart reconnaissent une vraie fidélité aux idéaux de 1968 de ces soixante-huitards à des utopies toujours vivantes pour eux. Une enquête aussi dense que passionnante à suivre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dictionnaire des mouvements sociaux

Lorsque j'ai reçu ce livre, je me suis dit ‘'aïe, aïe, aïe,…''. Je ne m'attendais pas à un pavé de 622 pages, pavé édité par Les Presses Sciences Po… Et puis je l'ai ouvert, et là j'ai dit ‘'AIE, AIE, AIE'' en lisant la liste des auteurs/trices et leurs titres… c'est du lourd et on est très loin de ‘'Les mouvements sociaux pour les nuls''.

Un clin d'oeil dans tout ce sérieux : les sigles de certains organismes où travaillent ces auteurs/trices. CRAPUL, LEST, SAGE (**)… avoir une carte professionnelle avec CRAPUL, ça me botterait beaucoup !!



Après cet aparté futile, entrons dans le vif du sujet.

‘'Le propos de ce dictionnaire n'est pas d'opérer un panorama de la contestation mondiale, mais d'introduire ses lecteurs aux outils conceptuels qui permettent d'en rendre compte scientifiquement'' écrit l'un des concepteurs dans l'avant-propos… ce qui est évident en lisant la liste des auteurs/trices (cf paragraphe 1)



Le dictionnaire a deux index ; cela facilite les recherches : soit vous trouvez directement le mot ou le thème recherché dans l'index des entrées (ex. : boycott) soit l'index thématique vous renvoie à toutes les entrées en rapport avec votre recherche (ex. : ‘'mécontentement'' n'est pas une entrée mais l'index thématique renvoie aux entrées ‘'carrière militante'', ‘'frustrations relatives'', ‘'luttes pour la reconnaissance'', ''mobilisation des ressources'' et ‘'privation relative'').



Pour chaque entrée (mots et/ou thèmes classées alphabétiquement) on trouve successivement :

- un historique et/ou une argumentation de quatre/cinq pages avec thèses et contre-thèses

- la bibliographie sur laquelle s'appuient historique et argumentation

- le nom du rédacteur

- la liste des autres entrées ayant un rapport avec celle consultée



Bien sûr, je n'ai pas lu le dictionnaire en entier (qui lirait un dictionnaire comme un roman ou un polar ?). Mais outre la facilité de recherche d'un thème, les argumentations sont très intéressantes et permettent d'approfondir celui-ci… bien que certains développements de haute-volée m'aient demandé une 2e lecture.



Merci aux Presses de Science Po et à Babélio pour ce dictionnaire reçu dans le cadre du dernier ‘'Masse critique'' et qui a, un peu, expliqué de nombreux remous de notre monde actuel.

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(**) pour les petits curieux : CRAPUL (Centre de Recherche sur l'Action Politique de l'Université de Lausanne), LEST (Laboratoire d'Economie et de Sociologie du Travail, Aix-Marseille Université), SAGE (labo Sociétés, Acteurs, Gouvernements en Europe, CNRS/Université de Strasbourg).

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Politiques du désordre



Comme un complément , un brin plus savant que " je n'aime pas la police de mon pays " de Rajsfus , cet ouvrage a pour but de donner à voir comment en quelques années les forces de l'ordre , en vertu du principe que " force doit rester à la loi " , sont devenues à chaque réponse du pouvoir pour juguler la contestation sociale , de plus en plus violentes .



Comme les contestataires , ont en même temps compris que manifester dans le calme et pacifiquement ne donnait pas beaucoup de résultat , en dehors des " j'entends vos griefs et je vous ai compris " , rarement suivis d'effets , certains d'entre eux ont choisi d'être moins pacifistes et d'utiliser la violence . Cette dernière attirant plus de violence en retour , la situation ne pouvait qu'empirer . Ce livre en dresse le constat .



L'adage qui veut qu'entre personnes intelligentes , il y a toujours moyen de trouver un compromis se trouve ici démenti . Reste à savoir si le pouvoir ou les contestataire font en ce domaine preuve d'intelligence . La question reste posée .
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Changer le monde, changer sa vie

Changer le monde, changer la vie, changer sa propre vie…



Des militants et des militantes, hier et aujourd’hui, de rouges espérances et des parcours trébuchants. L’imminence rêvée de la révolution et l’érosion plus ou moins prononcée des espoirs. La hâte de la jeunesse et les cours plus lents de la vie. Les études quelques fois suspendues ou abandonnées et l’insertion dans le travail salarié, les rencontres, les débats, les déchirures. Une hétérogénéité de personnes et de parcours derrière cette « génération 68 ».



« C’est à la question du devenir biographique des soixante-huitards que ce livre est consacré ». Une enquête, loin des « têtes d’affiche », à Lille, Lyon, Marseille, Nantes et Rennes. Le(s) moment(s) 68 pris dans une séquence historique plus longue, « nous nous donnons le moyen de mesurer la place de l’événement dans les trajectoires biographiques comme dans les recompositions ultérieures des espaces militants locaux ».



Des femmes et des hommes, la remise en cause des formes d’autorité, les transformations des insertions sociales, des luttes diversifiées et intriquées, des dissonances loin de la cohérence des réécritures publicistes…



De quelle manière les expériences de l’engagement peuvent transformer « le rapport au monde » des individu·es, parfois comme l’expriment les sociologues « en rupture avec les socialisations antérieures » ?



Il s’agit en somme d’essayer de reconstituer « le point de vue de l’acteur en situation », d’articuler des échelles locales et nationale, de rendre compte de processus socio-historiques ouverts et de configurations multiples, de comprendre « tout ce qui du monde social s’est réfracté et replié » en chacun et chacune (Voir Bernard Lahire : Dans les plis singuliers du social; Individus, institutions, socialisations), d’étudier les conditions et les conséquences des engagements, d’éviter les anachronismes et les faux déterminismes…



Olivier Fillieule, dans son introduction générale souligne : « Et, là encore, les résultats vont à l’encontre du sens commun, en révélant des vies affectives et familiales moins négativement affectées qu’on a pu l’écrire ici ou là, des carrières professionnelles plutôt ralenties voire stoppées par le militantisme, alors que seule une fraction des enquêtés trouve dans l’engagement le moyen d’une mobilité sociale ascendante ; le maintien de tant de convictions et de valeurs politiques acquises dans les années 68 que de divers formes de participation politique au long des cinquante dernière années ».

Je ne peux que conseiller la lecture de cet ouvrage. Derrières ces portraits de syndicalistes, de militant·es, de féministes, d’abord le souffle de l’espoir et la volonté de ne pas se laisser faire. Des parcours mais pas seulement. Une approche qui rend palpable et les individu·es et les collectifs créés. Une mise en histoire qui ne gomme pas les contradictions et les tensions. Les sens politiques des engagements, les « prix à payer » et les satisfactions aussi.



Plus de mille pages certes, mais une lecture facile, dans un vocabulaire le plus souvent directement accessible (restent cependant quelques phraséologies sociologiques inadéquates à mes yeux).



Une sorte d’héritage, lourd – « nous » ne sommes pas dispensé·es de tirer des bilans – et léger, sans aucun testament… Des questions plus que de réponses…



Reste une question, que je pose maintenant à toustes les auteurs et autrices, pourquoi ne pas utiliser une écriture plus inclusive ? – le point médian, l’accord de proximité, les étudiant·es, les lycéen·nes, les militant·es, les ouvrier·es, les employé·es, pour rendre visibles les unes et les autres, les iels et toustes.




Lien : https://entreleslignesentrel..
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Politiques du désordre

Historique, juridique, technique, médiatique, politique, tous ces aspects du maintient de l'ordre sont exposé par les auteurs avec une grande acuité.

Chaque chapitre comporte de nombreux renvois , soit simplement bibliographique soit explicatifs et il est utile d'avoir deux marques-pages pour y accéder plus facilement !

Pas de parti pris, les auteurs sont observateurs et analystes des faits et paroles.

La manifestation est une expression politique complément ou contre-poids de l'expression des urnes.L'évolution des formes de protestation est conditionnée par les réponses apportées par les pouvoirs élus aux revendications exprimées.

Les gouvernements formés en France depuis 30 ans ont voulu déchoir les manifestations de leur rôle politique, les ignorant, les niant et ont conduit ce que les auteurs qualifient de « politique du désordre ».

Dislocation du salariat, étranglement de l'état social, des deux côté de la matraque les acteurs sont les victimes du système économique défendu par les gouvernements qui se sont succèdés.

La manifestation n'est plus que l'occasion pour le pouvoir de se mettre en scène face au désordre et dans sa négation en tant qu'expression de la pluralité démocratique, les auteurs voient le chemin vers des formes de protestation plus radicales.

Cet ouvrage est un élément de réflexion indispensable à la compréhension de ce qui commence à prendre forme depuis moins de 10ans en France.
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Dictionnaire des mouvements sociaux

Je me passionne depuis peu pour les mouvements sociaux, en fait depuis le début des gilets jaunes, j’ai eu l’occasion durant cette courte période d’en découvrir d’autres (climat, anti-X et pro-Y, etc) bref, la sociologie me plaît et j’avais envie détendre mon champ de connaissances.



Oui c’est du sciences Po mais non, n’ayez pas peur, l’ouvrage est bien réalisé, clair et comme tout dictionnaire va à l’essentiel, il laisse toutefois une belle bibliographie pour approfondir les sujets abordés. La pluralité des auteurs en dit long sur celles des mouvements sociaux, les impressionnants CV et la pédagogie dont ils et elles font preuves font de ce livre une référence.



« Disons-le d’emblée, on ne trouvera guère d’écho, dans ce volume, de la conflictualité intense qui se déploie à Santiago, Hong Kong ou Beyrouth, pas plus que l’on ne trouvera d’analyse du mouvement des gilets jaunes ou de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Le propos de ce dictionnaire n’est pas d’opérer un panorama de la contestation mondiale, mais d’introduire ses lecteurs aux outils conceptuels qui permettent d’en rendre compte scientifiquement. »

Cette citation résume bien le contenu du livre, il ne fait pas de liste des mouvements sociaux, qui seraient incomplet quelques mois plus tard, mieux que ça, il donne les clés pour comprendre les protestations en cours ainsi que celles passées et futures. C’est mieux que ce à quoi je m’attendais.

En effet, il aborde les émotions, la désobéissance civile, l’exemplarité, politique publique, répression, boycott etc, le panel est vaste et totalement couvert par ce dictionnaire. Le travail réalisé pour réunir toutes ces informations est impressionnant, il conviendra autant aux plus aguerris comme au plus novice.

J’ai reçu ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique, encore une bonne pioche ! Je remercie Babelio ainsi que SciencesPo. Les presses pour m’avoir permis de l’avoir être les mains.
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Le sexe du militantisme

En avant propos, Patricia Roux et Olivier Fillieule, nous rappelle que Rosa Parks, employée de couleur qui ne se lève pas dans un bus en 1955, était en fait militante depuis 1943 à la National Association for Advencement of Colored people (NAACP). L’histoire officielle a transformé cette militante en petite employée fatiguée.



Les auteur-e-s développent sur la triple invisibilisation des hiérarchies de genre et de leurs effets dans la sphère des activités militantes : « invisibilisation dans les luttes elles-mêmes, d’abord, où les femmes, pourtant présentes, sont reléguées dans les coulisses, et où les hommes prennent bien souvent le relais dès lors que les causes émergentes semblent devoir se développer ; invisibilisation ensuite par la manière dont se construisent les histoires officielles des mouvements ; invisibilisation enfin du fait que sciences sociales sont restées longtemps androcentrées et manifestement incapables d’identifier et de reconnaître les mécanismes genrés de division et de hiérarchisation produits par et dans les collectifs militants. »



L’objet du livre est de « mettre le militantisme à l’épreuve d’une perspective de genre, tout en mettant la construction du genre à l’épreuve du militantisme. »



En introduction, Olivier Fillieule trace le cadre d’analyse « Travail militant, action collective et rapports de genre » offre un large panorama théorique. Avec une petite ironie, je ne peux m’empêcher pas de souligner que cette partie plus théorique écrite par un homme universitaire, et non par une féministe militante, procède aussi des mécanismes par ailleurs analysés et critiqués dans ce texte et cet ouvrage.



Quoiqu’il en soit, ce texte s’appuyant sur un « ensemble important de travaux produits par la littérature féministe » est une remarquable introduction aux problématiques traitées dans le livre. Partant des analyses de Margaret Maruani, Danièle Kergoat ou Josette Trat, il nous rappelle que les rapports sociaux de sexe (de genre) imprègnent en profondeur tous les mouvements sociaux et donc que cette dimension doit « toujours être présente quand on les analyse ». Son texte parcourt aussi bien les mobilisations, le recrutement, les formes organisationnelles que la division et le façonnage du travail militant.



La première partie de l’ouvrage « Des trajectoires militantes sexuées » est composée de trois textes. L’un sur « Syndicaliste en entreprise, une activité si »masculine » » analyse les mécanisme internes et externes aux organisations qui se cumulent « pour rendre l’entrée et la promotion des femmes plus difficiles ». Je regrette une présentation réductrice du syndicalisme comme type d’activité professionnelle et surtout la déconnexion entre orientation et organisation.



Ce texte est suivi de « Itinéraires de femmes communistes » (comprendre des militantes du PCF) qui analyse, entre autres, l’évacuation d’un passé bien dérangeant sous les vocables de »retard pris » et les contradictions entre les politiques familiales développées et les aspirations des militantes. Suivent des « Portraits de militants et d’hommes de militantes » qui font ressortir « combien l’ignorance de la division sexuelle du travail et la croyance en un principe d’égalité formelle verrouillent la lutte contre l’exploitation économique ».



La seconde partie « Les ambivalences du genre » présentent des analyses sur les femmes militantes de la Ligue du Nord italienne, des féministes dans le mouvement libertaire avec des comparaisons entre le Québec et la France, et enfin sur genre et militantisme homosexuel.



La troisième partie « Sexe, race, classe » analyse l’imbrication des rapports de domination.



Je souligne le texte d’Elsa Galerand sur « Contradictions de sexe et de classe : la marche mondiale des femmes de 2000 ». L’auteure insiste, en citant Danièle Kergoat sur « l’intrication des rapports sociaux et leurs relations de coconstruction », ce qui l’amène à critiquer un capitalisme indument particularisé et un patriarcat dématérialisé.



« Les catégories de pensée de l’économie et celle de l’analyse matérialiste en particulier sont le plus souvent absentes des énoncés relatif au patriarcat, très fortement associé en revanche aux notions d’idéologie, de croyances, de valeurs, de normes, de coutumes, de religion. »



Et aussi le texte de Sabine Masson « Genre, race et colonialité en Amérique latine et Caraïbes » qui traite des mouvements indigènes et féministes et prône une conception dynamique « en terme d’antagonismes croisés » pouvant contribuer à la coordination des luttes féministes, antiracistes et anticapitalistes.



Suivent des textes sur « Trajectoires militantes et rapports sociaux de sexe », « Genre et militantisme pour la paix en Israël » et « Militer dans le mouvement amérindien en Guyane française ».



L’ouvrage aurait été d’autant plus utile, si certains textes avaient été reformulés, rendus plus lisibles. Le jargon institutionnel ne garantit ni une bonne compréhension ni la scientificité des propos, ce d’autant que la polysémie (les sens multiples) de nombreux termes, oblige à des citations référentielles, rendant la lecture inutilement ardue.



De telles études offrent des éclairages nécessaires aux compréhensions et élargissent utilement les cadres de réflexion. Cependant en déniant à la »politique » son espace-temps, elles risquent de réduire les choix et les engagements des militant-e-s à des comportements unilatéralement dictés par des forces matérielles contraignantes (ressources culturelles, familiales, etc.).



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Dictionnaire des mouvements sociaux

Intéressée depuis quelque temps par la sociologie, je me suis tournée vers ce titre lors de la dernière Masse Critique. Je ne m'attendais pas à un ouvrage aussi épais, mais je suis ravie en tournant les pages. C'est un ouvrage très intéressant si vous voulez approfondir vos connaissances générales en sociologie, ou si vous voulez juste ouvrir vos horizons sur un thème plus particulier.

Les différents index permettent de voyager facilement dans le livre, et la construction des différentes parties (historique, thèse, contre-thèse, bibliographie et liens avec d'autres sujets du livre) rend vraiment l'ouvrage didactique.

Je n'ai pas encore lu toutes les entrées, mais je n'y manquerai pas. Je trouve que ce livre donne pas mal d'outil pour essayer de comprendre et appréhender autrement les différents mouvements sociaux actuels.
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