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EAN : 9782330096847
864 pages
Actes Sud (21/03/2018)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Cet ouvrage va profondément modifier notre regard sur les années 68 : nous n'y rencontrons pas de têtes d'affiche, mais les militants ordinaires des syndicats ouvriers, de l'extrême gauche et du mouvement féministe ; il n'est pas centré sur Paris mais sur cinq métropoles régionales : Marseille, Lyon, Nantes, Rennes et Lille ; et il embrasse les années 68, la période 1966-1983, délaissée par les historiens et les sociologues. Cinquante ans après l'événement mai 1968,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique


Cinquante ans après Mai 1968, que sont les militants devenus ? Pas forcément les leaders d'opinion du Quartier latin, mais plutôt les soixante huitards anonymes résultant du mouvement syndical, féministe et de la gauche alternative.

Après avoir jeté toutes leurs forces dans la bataille, cru souvent en l'imminence d'une révolution, suspendu longtemps leurs investissements scolaires, professionnels, voire affectifs pour “faire l'histoire”, comment ont-ils vécu l'érosion des espoirs de changement politique ?

En choisissant centrer l'enquête sur cinq métropoles régionales – Lille, Lyon, Marseille, Nanteset Rennes –cet ouvrage collectif aborde l'angle des sterritoires non parisiens et déplace son focus vers les militants ordinaires ainsi que vers les responsables des mouvements et organisations en région. Une approche non jacobine assez inédite , cinquante ans après les faits avec près de 3800 personnes qui ont été interrogées, qui pour la plupart reconnaissent une vraie fidélité aux idéaux de 1968 de ces soixante-huitards à des utopies toujours vivantes pour eux. Une enquête aussi dense que passionnante à suivre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Changer le monde, changer la vie, changer sa propre vie…

Des militants et des militantes, hier et aujourd'hui, de rouges espérances et des parcours trébuchants. L'imminence rêvée de la révolution et l'érosion plus ou moins prononcée des espoirs. La hâte de la jeunesse et les cours plus lents de la vie. Les études quelques fois suspendues ou abandonnées et l'insertion dans le travail salarié, les rencontres, les débats, les déchirures. Une hétérogénéité de personnes et de parcours derrière cette « génération 68 ».

« C'est à la question du devenir biographique des soixante-huitards que ce livre est consacré ». Une enquête, loin des « têtes d'affiche », à Lille, Lyon, Marseille, Nantes et Rennes. Le(s) moment(s) 68 pris dans une séquence historique plus longue, « nous nous donnons le moyen de mesurer la place de l'événement dans les trajectoires biographiques comme dans les recompositions ultérieures des espaces militants locaux ».

Des femmes et des hommes, la remise en cause des formes d'autorité, les transformations des insertions sociales, des luttes diversifiées et intriquées, des dissonances loin de la cohérence des réécritures publicistes…

De quelle manière les expériences de l'engagement peuvent transformer « le rapport au monde » des individu·es, parfois comme l'expriment les sociologues « en rupture avec les socialisations antérieures » ?

Il s'agit en somme d'essayer de reconstituer « le point de vue de l'acteur en situation », d'articuler des échelles locales et nationale, de rendre compte de processus socio-historiques ouverts et de configurations multiples, de comprendre « tout ce qui du monde social s'est réfracté et replié » en chacun et chacune (Voir Bernard Lahire : Dans les plis singuliers du social; Individus, institutions, socialisations), d'étudier les conditions et les conséquences des engagements, d'éviter les anachronismes et les faux déterminismes…

Olivier Fillieule, dans son introduction générale souligne : « Et, là encore, les résultats vont à l'encontre du sens commun, en révélant des vies affectives et familiales moins négativement affectées qu'on a pu l'écrire ici ou là, des carrières professionnelles plutôt ralenties voire stoppées par le militantisme, alors que seule une fraction des enquêtés trouve dans l'engagement le moyen d'une mobilité sociale ascendante ; le maintien de tant de convictions et de valeurs politiques acquises dans les années 68 que de divers formes de participation politique au long des cinquante dernière années ».
Je ne peux que conseiller la lecture de cet ouvrage. Derrières ces portraits de syndicalistes, de militant·es, de féministes, d'abord le souffle de l'espoir et la volonté de ne pas se laisser faire. Des parcours mais pas seulement. Une approche qui rend palpable et les individu·es et les collectifs créés. Une mise en histoire qui ne gomme pas les contradictions et les tensions. Les sens politiques des engagements, les « prix à payer » et les satisfactions aussi.

Plus de mille pages certes, mais une lecture facile, dans un vocabulaire le plus souvent directement accessible (restent cependant quelques phraséologies sociologiques inadéquates à mes yeux).

Une sorte d'héritage, lourd – « nous » ne sommes pas dispensé·es de tirer des bilans – et léger, sans aucun testament… Des questions plus que de réponses…

Reste une question, que je pose maintenant à toustes les auteurs et autrices, pourquoi ne pas utiliser une écriture plus inclusive ? – le point médian, l'accord de proximité, les étudiant·es, les lycéen·nes, les militant·es, les ouvrier·es, les employé·es, pour rendre visibles les unes et les autres, les iels et toustes.


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Introduction. Une enquête sur 68 et ses vies ultérieures, par Olivier Fillieule

I. Les syndicalistes

1. Des années de conquête au temps du repli : des parcours syndicaux au long cours, par Sophie Béroud

2. Villes et bastions ouvriers : les grandes mutations ?, par Tristan Haute et Séverine Misset

3. Des ouvriers au centre de toutes les attentions, par Annie Collovald et Karel Yon

Portrait. Gérard Meyer : quand sociabilités professionnelles et militantes cheminotes se confondent, par François Alfandari

4. Dans la marmite syndicale : tombés dedans petits ?, par François Alfandari et Charles Berthonneau

5. Se politiser par le travail, par Sophie Béroud et Florence Johsua

6. Les syndicalistes ont-ils une vie privée ?, par Émilie Biland, Maëlle Moalic-Minnaert et Karel Yon

Portrait. Gaëlle Miroir : une militante syndicale à la croisée des combats, par Clémentine Comer

7. « Bravo les filles ! La classe ouvrière a les yeux rivés sur vous ! » Des luttes de femmes en pratique et en mémoire, par Eve Meuret-Campfort, Clémentine Comer, Bleuwenn Lechaux et Maëlle Moalic-Minnaert

8. Y a-t-il une vie professionnelle après le syndicalisme ?, par Jean-Gabriel Contamin et Séverine Misset

Portrait. Régis Vandevelde : comment un « employé modèle » se retourne contre son patron, par Karel Yon

9. Par-delà la crise : dissidences et fidélités paradoxales à la CFDT, par Sophie Béroud et Séverine Misset

II. Les gauches alternatives

10. Les gauches alternatives vues de province, par Isabelle Sommier

11. Les genèses enfantines des humeurs contestataires, par Laure Fleury, Lilian Mathieu et Mathilde Pette

12. Les enfants indociles de la massification scolaire, par Tristan Haute, Lilian Mathieu et Sophie Orange

Portrait. Muriel Hardy à bonne école : figures féminines et bancs de la laïque, par Alice Picard

13. Au carrefour des gauches alternatives : le PSU, par Annie Collovald, Julie Pagis et Vincent Porhel

14. « Au service de la classe ouvrière » : quand les militants s’établissent en usine, par Laure Fleury, Julie Pagis et Karel Yon

15. Vivre un double combat, mais à quel prix ? Les rapports « contrariés » des femmes gauchistes au féminisme,par Clémentine Comer et Bleuwenn Lechaux

16. Quand le « je » s’oppose au « nous » (et vice versa), par Bleuwenn Lechaux et Isabelle Sommier

Portrait. Noëlle Sabot : rencontres improbables et ouverture des possibles, par Eve Meuret-Campfort et Annie Collovald

17. Militantisme et brouillage des destins socioprofessionnels, par Olivier Fillieule, Alice Picard et Pierre Rouxel

18. Déprises. Logiques du désengagement et évaluations rétrospectives, par Olivier Fillieule et Isabelle Sommier

Portrait. Benoît Beaupré : des devenirs professionnels et militants qui s’entremêlent, par Mathilde Pette

19. Le devenir des utopies, par Mathilde Pette et Isabelle Sommier

III. Les féministes

20. Féminismes. Un mouvement mosaïque, par Camille Masclet

21. Les féministes à la conquête de l’espace, par Lucie Bargel, Bleuwenn Lechaux et Camille Masclet

22. Les mobilisations pour l’avortement libre. De la convergence des luttes à leur extension, par Lucile Ruault, Lydie Porée et Olivier Fillieule

23. Recompositions du mouvement féministe. L’émergence des associations de lutte contre les violences faites aux femmes, par Marie Charvet, Olivier Fillieule et Lucia Valdivia

Portrait. Martine Carrère : une trajectoire de notabilisation dans une ville socialiste, par Marie Charvet

24. Les espaces politiques locaux, laboratoires de l’institutionnalisation du féminisme ?, par Lucie Bargel et Camille Masclet

25. Le travail, lieu d’une pluralité d’engagements féministes ?,par Clémentine Comer et Eve Meuret-Campfort

26. Engagement féministe et devenirs professionnels, par Olivier Fillieule, Bleuwenn Lechaux et Eve Meuret-Campfort

Portrait. Lucienne Cloarec et le militantisme lesbien comme découverte d’une communauté de vie politique, par Clémentine Comer

27. « Le privé est politique. » Des sexualités, conjugalités et maternités féministes ?, par Camille Masclet, Lydie Porée et Lucie Bargel

28. Quand l’amitié donne des « elles ». Une camaraderie militante à la croisée des combats féministes, par Clémentine Comer, Helen Ha et Lucile Ruault

Portrait. Monique Blanc : un « long et douloureux deuil » du mouvement des femmes, par Lucie Bargel

29. Rester féministe ? Reflux, transformations et maintien des engagements, par Camille Masclet, Helen Ha et Lucia Valdivia

Conclusion. Portrait de famille(s), par Olivier Fillieule
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Tous les individus auxquels nous nous sommes intéressés n’ont pas directement vécu la crise de Mai certains ont suivi les événements à distance, d’autres étaient trop jeunes pour y participer.
La majorité d’entre eux n’en a pas moins été profondément affectée par la remise en cause des formes d’autorité produite par l’événement. La plupart des mouvements sociaux desannées1970 ont poursuivi la critique des rapports de domination qui trament l’ordinaire de la vie sociale, ce que Boris Gobilledésigne comme une “rupture des allégeances".
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Et, là encore, les résultats vont à l’encontre du sens commun, en révélant des vies affectives et familiales moins négativement affectées qu’on a pu l’écrire ici ou là, des carrières professionnelles plutôt ralenties voire stoppées par le militantisme, alors que seule une fraction des enquêtés trouve dans l’engagement le moyen d’une mobilité sociale ascendante ; le maintien de tant de convictions et de valeurs politiques acquises dans les années 68 que de divers formes de participation politique au long des cinquante dernière années
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nous nous donnons le moyen de mesurer la place de l’événement dans les trajectoires biographiques comme dans les recompositions ultérieures des espaces militants locaux
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Video de Olivier Fillieule (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Fillieule
Septembre aura été le mois des manifestations. L?occupation de la rue s?est faite sous ses formes traditionnelles, mais de nouvelles façons de protester ont aussi vu le jour. Quelle efficacité à manifester aujourd?hui ? Comment les pratiques se renouvellent-elles ?
Emmanuel Laurentin reçoit Olivier Fillieule (professeur de sociologie politique à l?Université de Lausanne, spécialiste de la sociologie des mouvements sociaux et du militantisme), Annick Coupé (secrétaire générale d'Attac, ancienne porte-parole de l?Union syndicale Solidaires), Paul Piccarreta (journaliste et essayiste, cofondateur et directeur de la revue Limite et des éditions de L'Escargot) et Pauline, membre du mouvement écologiste Extinction Rebellion.
Le Temps du débat d?Emmanuel Laurentin ? émission du 23 septembre 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/temps-du-debat
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