AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Olivier Houdé (25)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Apprendre à résister

J'ai eu l'occasion d'assister à une conférence d'Olivier Houdé, professeur à l'Université Paris Descartes. Il dirige le laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant du CNRS. Si cela m'a paru, soyons honnête, un peu complexe au départ, la lecture de ce livre, qui reprend en majorité ce que nous a expliqué ce spécialiste, m'a permis de mieux comprendre ses recherches.



Surfant sur la vague du numérique, il a eu l'idée de s'intéresser aux cerveaux des enfants pour mieux en connaître les fonctionnements et, surtout, le développement. Quoi de mieux à notre époque que d'utiliser toute la technologie afin de pouvoir étudier in vivo cet organe mystérieux ? Cet ancien instituteur a ainsi cherché à comprendre quelles parties du cerveau fonctionnaient lorsque l'enfant essayait de résoudre un problème. Via les techniques de l'imagerie assistée par ordinateur (IRMf, imagerie par résonance magnétique fonctionnelle ; TEP, tomographie par émissions de positrons), il a pu contrôler tous les paramètres (stimulation, temps de réponse etc.). À l'aide, également, des différents travaux antérieurs, notamment ceux de Piaget, il a en déduit que le cerveau devait faire acte de résistance pour avancer, pour bien penser. En effet, je cite l'auteur, "il y a trois systèmes dans le cerveau. L'un est rapide, automatique et intuitif (Système 1). L'autre est plus lent, logique et réfléchi (Système 2). Un troisième système, sous-tendu par le cortex préfrontal, permet d'arbitrer, au cas par cas, entre les deux premiers systèmes" (P10). Ne pas résister, c'est répondre tout de go et se tromper la plupart du temps. C'est ainsi qu'à un certain stade, si l'on met, par exemple, des jetons bien alignés sur une rangée et, au dessous, le même nombre de jetons en les espaçant, l'enfant répondra directement qu'il y en a plus dans la deuxième rangée. C'est le système intuitif qui a fonctionné parce que le cerveau n'a pas encore appris à mettre en place cette résistance. Tout ceci permet de comprendre les difficultés de certains enfants dès l'école primaire et donne à réfléchir sur les différentes pédagogies à mettre en place. Olivier Houdé en offre une, plus moderne, résultat de toutes ses expériences.



Je trouve fascinantes les recherches sur le cerveau car ce dernier est tellement complexe qu'il en est frustrant. Et ce chercheur est d'autant plus courageux qu'il essaie d'apporter de nouvelles théories. On sait à quel point, dans pareil cas, le scepticisme populaire peut mettre des bâtons dans les roues...
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          462
L'école du cerveau

Je pense depuis longtemps que toute proposition pédagogique, quelle qu'en soit sa forme, quelle qu'en soit son public révèle de façon implicite ou explicite les conceptions que l'enseignant se fait de l'apprentissage. Enseignante et formatrice d'enseignants, le livre L'école du cerveau, dont je remercie l'envoi à Babelio et aux Editions MARDAGA, ne pouvait donc que m'intéresser.



Au début des années 2000, son auteur, Olivier Houdé ainsi que son équipe, ont montré pour la première fois sur une imagerie cérébrale d'un cerveau d'élève l'impact d'une intervention pédagogique. Ce fut alors une révolution, car dorénavant les effets positifs d'une situation d'apprentissage pouvaient être validés par la neuroimagerie.



Cet ancien instituteur belge, devenu professeur à l'Université de Psychologie, puis directeur d'un laboratoire du CNRS de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant explique en préambule dans son livre que c'est lui qui a introduit le terme de « neuropédagie » (mais on peut aussi dire « neuroéducation »), nom qui désigne dorénavant le lien entre les sciences cognitives, l'éducation et les neurosciences.



Nous savons tous qu'il n'est pas une semaine sans que soit publiée dans les divers médias une découverte, ou un livre montrant un lien entre la cognition et les neurosciences ; les enseignants d'aujourd'hui, devant la délicate entreprise qui est la leur, sont donc particulièrement à l'affut de toutes propositions mêlant sciences et pédagogie en capacité d'éclairer efficacement leur rapport aux savoirs de leurs élèves.



L'auteur de L'école du cerveau commence son propos en écrivant une première partie très dense dans laquelle il remonte jusqu'à l'antiquité pour lister tous ceux qui se sont intéressés de très près à la pédagogie enfantine. Soyons honnête, cette traversée particulière de l'Histoire m'a d'abord agacée, car je n'y trouvais là rien que je ne connaisse (plus ou moins) déjà.

Mais était-ce vraiment une perte de temps ?

Que nenni !

Rapidement, mon impression désagréable de départ s'arrêta, quand de Platon à Maria Montessori, en passant par Jean Piaget, Jérôme Bruner, et Vygotski… sans oublier Jean Itard (mais si… vous savez … « Victor l'enfant sauvage » « filmé » par Truffaut), JJ Rousseau, Célestin Freinet, et j'en passe, Olivier Houdé raconte les défis, les découvertes, les échecs aussi, de tous ces précurseurs. Ceux qui, déjà confrontés à la dure réalité des enfants à enseigner, en émettant un postulat d'éducabilité pour tous « dans une société inclusive » ( terme repris aujourd'hui pour parler d'intégration pour les élèves handicapés ) ont tenté de changer le monde à leur façon malgré les vicissitudes rencontrées.



« L'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde » Nelson Mandela.



C'est ce vent d'espoir et d'entreprenariat que j'ai retrouvé dans cette première partie ; car les apports dans une synthétisation - certes parfois fastidieuse à lire (c'est un ouvrage de chercheur pas du Guillaume Musso) - en venant rafraîchir ma mémoire ont reposé intelligemment tous les préalables nécessaires à toutes formes d'enseignement, et m'ont mis du baume au coeur face à la tâche chaque année plus grande qui est la nôtre.



Ils sont donc tous là - les GRANDS PIONNIERS PRECURSEURS de la pédagogie moderne - pour nous rappeler avec force que dans l'enseignement magistral-vertical-collectif-classique on oublie trop souvent « qu'un organisme passif n'apprend pas ou mal ». « Certes, on éduque trop souvent en aveugle des millions de cerveau sans connaître assez bien les mécanismes internes du cerveau humain qui apprend. » O.Houdé



Ce dernier et sa « bande » n'ont de cesse à travers ces courtes biographies de marteler la nécessité d'une pédagogie fondée sur « l'action, la pratique, les essais-erreurs et le projet. »



Dans la deuxième partie de l'ouvrage, c'est sous l'éclairage moderne de l'imagerie cérébrale que l'étude des processus mentaux de l'apprenant est poursuivie pour permettre aux enseignants de s'éloigner de ce qu'on a appelé « l'apprentissage par conditionnement ».



On peut y lire le bilan des dernières recherches en neuropédagogie, les découvertes qui éclairent ce que l'on sait des conditions optimales pour construire des séances d'apprentissage efficaces. Même si là encore j'ai retrouvé le ton universitaire de son auteur (en même temps j'avais bien compris que je n'avais pas un polar nordique entre les mains), plein de petites lumières se sont tout à coup allumées au-dessus de moi. Ce n'est pas moi qu'elles éclairaient (c'est mal me connaître !) mais nombre de gestes professionnels, étayages d'enseignants, types de communication entre formé et enseignant… que l'on met généralement en place de façon intuitive (et souvent même en dehors des clous ) sans en avoir reçu la validation scientifique. C'est dorénavant choses faites grâce au livre L'école du cerveau, et c'est appréciable.



Voici quelques-uns des plus fameux, dans un ordre non calculé. Vous en reconnaîtrez certains, en découvrirez d'autres…



1. le neurofeedback ou retour réflexif après toute séance, ou action cognitive (voir aussi Les passionnants ouvrages de Mireille Brigaudiot comme PROG sur ce sujet).

2. L'importance de l'émotion positive des apprenants qu'elle soit individuelle ou collective. Elle peut être par ailleurs liée à un engagement actif, à la curiosité, au retour d'information et à la correction d'erreur.

3. L'utilité du travail de groupe (voir aussi Faire construire des savoirs de De Vecchi) et de ses effets favorables sur l'essentielle conscience de soi.

4. Les liens entre le travail de mémoire et la consolidation des connaissances. Quel serait le meilleur espace temporel à appliquer entre les séances ?

5. Les besoins de sommeil et de repos dans les apprentissages dès le plus jeune âge.

6. Les liens entre les gestes d'écriture et les apprentissages langagiers écrits.

7. Les stratégies d'organisation des notions à mémoriser. de quelles manières peut-on structurer les informations afin d'en faire une synthèse efficace (classement, catégorisation, création de plan, tableau, frise ou schéma, carte mentale, organigramme ou arborescence…) dès les petites classes ?

8. Les types de répétition à préférer lors des épisodes de mémorisation.

9. L'association des informations enseignées à lier avec des connaissances plus personnelles épisodiques de l'enfant.

10. La question du contrôle cognitif dans les contraintes cérébrales précoces et avec elles la stratégie de raisonnement qui inhibe les automatismes habituels – certes compliquée au première abord mais passionnante à mon sens. On y retrouve toutes les activités où l'enfant s'exerce à inhiber, stopper une action, une réponse (Yoga, méditation, jeu « 1 2 3 soleil », « Jacadi », « ni oui ni non », « jeu de la statue », « jeux avec règles »…).



Petit bonus à ce sujet : ces histoires de « contraintes cérébrales précoces » ne concernent pas seulement les apprentissages scolaires classiques, tel que lire-écrire-compter-penser-raisonner, « mais aussi le contrôle de soi pour la tolérance et la paix. »



« En effet le développement social de l'enfant est lui-même caractérisé par un mécanisme d'inhibition comme dans les aspects cognitifs, mécanisme qui joue un rôle clé pour apprendre à considérer le contrôle de soi, le point de vue d'autrui… »



« Apprendre à inhiber dès l'enfance cet égocentrisme du cerveau c'est éduquer à la tolérance. Il s'agit de se construire une théorie de l'esprit du cerveau de l'autre et surtout de l'exercer. »

Passionnant !



Alors, je n'ai qu'un conseil, plongez dans cet ouvrage de chercheurs !

Même si évidemment, j'en entends dire (et ils ont raison) que ces informations devraient être données en interne, que les mettre en application prend du temps, que nous manquons de moyens, que nos élèves sont comme ci, que les parents sont comme ça, que la hiérarchie..., et patati et patata. Vous avez raison.

Mais, hélas, au quotidien, si l'on veut avancer, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, car…

… qui se nourrit d'attente risque de mourir de faim !



Enfin, reste à l'issue de cette lecture à transférer les informations dans l'espace-classe, en postures, en savoir-faire…en interactions, élève-adulte. Et si c'était déjà fait, nous les poursuivrons, les affinerons, en savourerons les effets, ravis que nous sommes de mettre enfin du sens à nos précédentes trouvailles.



Les chercheurs s'intéressent au quotidien de la classe ; ils nous ont fait un beau cadeau en nous expliquant leurs découvertes.

L'école du cerveau nous les rend digestes (si, si quand même, les publications de départ devaient être carrément illisibles). le reste s'écrit dans les classes de cours, avec enfants, avec adolescents, avec adultes… en n'oubliant pas qu'on apprend en partageant, en échangeant, plus qu'en polémiquant, parce que des enseignants qui apprennent, ce sont des élèves qui réussissent.
Lien : http://justelire.fr/lecole-d..
Commenter  J’apprécie          379
L'école du cerveau

"L'école du cerveau" vient compléter, enrichir ma.lecture des "lois naturelles de l'enfant" de Céline Alvarez.

Ce fut une lecture très riche, intéressante et passionnante.

Une lecture qui donne envie d'affiner sa pédagogie, une lecture qui permet de mieux comprendre le développement de l'enfant.

Il y a quelques passages un peu difficiles à lire mais je trouve que le livre est très bien documenté, qu'il donne beaucoup de références de lectures ou d'exemples d'activités à mener.

Merci pour cette belle énergie, cet "espoir" que l'auteur redonne aux enseignants désemparés face aux difficultés rencontrées sur le terrain.

Merci à Babelio et aux éditions Mardaga pour cette lecture.
Commenter  J’apprécie          50
L'école du cerveau

Dans ce livre, l’auteur nous parle d’éducation et de pédagogie à la lueur des dernières découvertes sur le cerveau. La première partie de l’ouvrage est consacrée à l’histoire de la pédagogie, à ses grands courants et à leurs précurseurs. Puis dans une seconde partie sont évoquées les grandes découvertes sur le fonctionnement cognitif qui ont été permises par les technologies récentes. C’est donc un livre très complet, fait d’allers-retours entre la théorie et la pratique, riche d’illustrations cliniques et d’annotations bibliographiques pour aller plus loin. Seul bémol pour moi, c’est un livre très bien construit pour les personnes qui souhaitent se familiariser avec les neurosciences, mais pour autant, je trouve que le vocabulaire et les notions utilisées nécessite d’y être déjà quelque peu familier, sans quoi certaines parties deviennent vite complexes.
Commenter  J’apprécie          50
Histoire de la psychologie

Il me semble que les ouvrages de Maurice Reuchlin et de Olivier Houdé ne sont pas les mêmes, même s'ils ont tous les deux été édités en Que Sais-Je. Ils ont des ISBN différents et le rattachement de celui-ci à Maurice Reuchlin me parait erroné.



Vous ne pouvez publier de critiques de moins de 250 caractères.

Vous ne pouvez publier de critiques de moins de 250 caractères.

Commenter  J’apprécie          30
Paul Valéry, amoureux de son cerveau : Curieu..

On ne s'étonne pas qu'un spécialiste du cerveau puisse s'intéresser à l'auteur de Monsieur Teste.

C'était il y a trente ans, en lisant « Matière à pensée », le livre d'entretiens de Jean-Pierre Changeux (neurologue) et Alain Connes (mathématicien) qu'Olivier Houdé (psychologue du raisonnement) est interpellé par une citation de Paul Valéry que le mathématicien, acculé dans ses arguments par le neurologue qui démonte sa position platonicienne (ou réaliste) sur la nature des objets mathématiques (Changeux considère ceux-ci comme de libres créations de l'esprit humain rejoignant ainsi la position nominaliste de la querelle médiévale des universaux). La citation en question était celle-ci (de « Au sujet d'Eurêka » une lecture d'Edgar Poe par Paul Valéry) : « Il leur arrive [aux mathématiciens] de considérer leurs découvertes, non comme des « créations » de leurs facultés combinatoires, mais plutôt comme des captures que ferait leur attention dans un trésor de formes préexistantes et naturelles, qui n'est accessible que par une rencontre rare de rigueur, de sensibilité et de désir. »

Le psychologue du raisonnement mathématique est devenu entre temps directeur, puis directeur honoraire depuis 2018, du Laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant de la Sorbonne avant de devenir académicien en intégrant l'Institut de France. Ce dernier détail n'est pas anodin tant la coquetterie académique imprègne le ton du présent essai. Jusque dans son sujet même : Paul Valéry (de l'Académie Française) dont la postérité compassée renvoie encore à cette vieille France arque-boutée sur son cartésianisme contre un pragmatisme anglo-saxon supposé impérialiste.

L'image de Valéry a bien évolué après que Gallimard a commencé la publication de ses cahiers dans les années 1980. On connaissait le poète et l'essayiste. Les lycéens ont eu écho de cette crise morale, cette fameuse « Nuit de Gènes » à l'issue de laquelle, effrayé par ses propres émotions, l'homme a fuit la poésie pour se réfugier dans une vie mentale où le raisonnement combat l'émotion et pour laquelle l'activité mathématique est devenue l'ultime idéal. On ne sait pas grand-chose du travail mathématique de Paul Valéry : les mathématiciens ne semblent guère y trouver quelque crédit. Reste l'image d’Épinal du Grand Homme levé à l'aube pour noircir ses cahiers de pensées et de mathématiques. Mais alors que ses œuvres entrent dans le domaine public, une nouvelle image de Valéry est en train d'émerger : celle d'un critique lucide du monde contemporain qui détonne avec l'image académique : songeons aux « Principes d'an-archie pure et appliquée » révélés par Gallimard en 1984 (réédition, 2013) et aux quelques essais que les éditions Allia ont remis en exergue dont « Le bilan de l'intelligence » que Olivier Houdé recommande particulièrement à ses lecteurs.

Car si l'intelligence est la grande affaire du psychologue du raisonnement c'est aussi l’obsession du poète essayiste. Ceci d'autant plus que pour ce dernier, l'intelligence c'est le cerveau et que dans son laboratoire, Olivier Houdé s'est attaché sa vie durant à observer sous IRM des cerveaux en situation de raisonnement.



Il y aura toujours quelque chose troublant dans l'aspiration que peut avoir l'intelligence de se saisir elle-même : le malaise se situe entre le paradoxe et le narcissisme. D'ailleurs, le psychologue, à la suite de l'auteur du poème « Narcisse parle », a bien conscience de la dangereuse pente narcissique prise par une intelligence travaillée par (et travaillant sur) elle-même : « curieux de tout, mais d'abord de lui-même » complète le titre de cet essai sur Paul Valéry. Ce narcissisme transpire également dans la prose du psychologue qui se met complaisamment en scène dans son petit monde académique : nombre d'éminents collègues y sont consultés et cités. Le premier d'entre eux, Michel Jarrety, docteur en Sorbonne, auteur d'une biographie de référence de Paul Valéry (Fayard, 2008). Mais il fallait aussi que Olivier Houdé invoque les mânes de l'Académicien par excellence, l'Immortel homme de lettres et d'image dont l'esprit pétilla des décennies durant sur les canaux cathodiques et les écrans plasma pour briller désormais sur les reliures dorées des volumes de la Pléiade : il s'agit de son ami Jean d'Ormesson. Celui-ci dans sa jeunesse avait voulu consulter le vieil académicien sur son avenir universitaire : le futur académicien essuya une désapprobation véhémente car il avait ignoré les mathématiques pour choisir la philosophie, que Valéry méprisait.



Mais il serait malvenu, si cela n'avait pas de rapport avec le sujet, de reprocher à Olivier Houdé, qui débuta sa vie professionnelle comme instituteur, sa légitime fierté des ors et des honneurs académiques qui ornent sa carrière de chercheur. L'éducation par l'école est au cœur des préoccupations du psychologue ; héritier de Jean Piaget, tout le travail de Olivier Houdé a consisté à confronter les intuitions et les résultats du chercheur suisse aux données nouvelles issues des neurosciences que les nouveaux moyens d'observation du fonctionnement du cerveau in vivo. Cet attachement aux enjeux de l'école semble encore chez notre auteur très tributaire des systèmes inventés par les pédagogues de jadis : les tableaux d'honneurs et les bons points.

Pour en revenir à la teneur de l'essai lui-même, signalons qu'il consiste dans sa majeur partie en un exposé de la vie de Paul Valéry en vue de donner au lecteur qui n'en aurait pas connaissance les argument de sa conclusion finale. C'est seulement dans cette conclusion (chapitre 14, Valéry après Valéry : un projet de neurosciences et d'astrophysique aujourd'hui) que les arguments neurologiques seront rapprochés des intuitions de Valéry qui est alors présenté comme une sorte de précurseur.



Olivier Houdé fait de la fameuse « nuit de Gènes » un moment fondateur pour une sorte d'épistémologie d'une science du raisonnement qui aurait constitué désormais le nouveau projet de l'homme de lettres. Depuis cette fameuse nuit, Paul Valéry entend réprimer tout lyrisme pour entrer dans une rationalité vécue comme ascétique. Ce moment est présenté avec raison comme un écho de l'expérience de Descartes (cette fameuse illumination de laquelle sorti tout armé du crâne de Descartes le cogito et le Discours de la méthode : moment fondateur de rationalisme européen).

Bien sûr, Olivier Houdé n'ignore rien des travaux d'Antonio Damasio pour qui l'erreur de Descartes avait été d'opposer raison et émotion. Ici l'admirateur de Paul Valéry ne retombe pas dans cette fameuse erreur : il retranscrit, bien à sa manière, une intuition qu'il attribue à Valéry dans le langage de ses propres travaux sur le raisonnement. Rappelons-le Olivier Houdé observe le raisonnement dans des cerveaux au travail tel qu'il se manifeste à travers des IRM par exemple.



Ces observations lui ont permis de mettre en évidence l'existence de trois systèmes actifs en situation de raisonnement. Les deux premiers systèmes sont ceux-même qu'avait décrit le psychologue Daniel Kahneman (prix Nobel d'économie 2002) : Système 1 / Système 2 (pour aller vite : 1 intuition fulgurante sans effort / 2 attention analytique avec effort). L'observation IRM permet de localiser ces systèmes en action dans le cerveau. Olivier Houdé ajoute un troisième système : ce Système 3 est un inhibiteur du Système 1 qui favorise le travail plus lent et difficile de Système 2. Ce Système 3 est lui-même localisable dans les image IRM où il se manifeste dans la région préfrontale. Dans la biographie de Paul Valéry, le psychologue rapproche ce système inhibiteur du moment où le poète renonce à la poésie lors de cette fameuse nuit pour entrer dans une laborieuse vie où l'exercice de l'intelligence devient une « sorte de sport » (Le bilan de l'intelligence).

Mais la conclusion (chapitre 14) ne présente pas Valéry comme précurseur du concept de Système 3 (inhibiteur de intuition sans contrôle). Revenant au débat initial entre Jean-Pierre Changeux et Alain Connes, Olivier Houdé cite Paul Valéry selon lequel « L'univers est construit sur un plan dont la symétrie profonde est, en quelque sorte, présente dans l'intime structure de notre esprit » (que Houdé traduit par cerveau sans croire trahir Valéry). C'est bien ici que semble s'affaiblir toute la démarche de l'auteur : car tout les deux tiers biographiques de livre y pèsent un peu inutilement dans son argumentaire. Il ne reprend ici que l'intuition qui l'avait frappé au moment de sa lecture du dialogue entre Changeux et Connes quand ce dernier voulu défendre son réalisme des objets mathématiques. Cette fameuse structure de l'esprit (cerveau) est-elle bien ce que le neurologue observe dans la topographie cérébrale où s'activent les Systèmes 1, 2 et 3 ? Est-il bien raisonnable de rapprocher de surcroît cette structure de celle d'un « Cosmic Web » c'est-à-dire l'Univers tel que décrit dans par Franco Vazza et Alberto Feletti dans un article de 2020 « The Quantitative Comparison between the Neuronal Network and the Cosmic Web » ? Pour donner la mesure de l'enthousiasme de l'auteur citons-le : (p. 115) « Suivant ce modèle topographique néovaléryen du cerveau, tant le constructivisme neuronal (Changeux) que le réalisme mathématique (Connes) se trouvent mis en symétrie et le débat épistémologique résolu, ou en voie de l'être. C'est n'est pas rien ! On retrouverait des traces de ce grand débat depuis le Moyen Âge, avec le nominalisme constructiviste d'Abélard opposé au réalisme platonicien issu de l'Antiquité ».



Tout cela pour un nouvel hommage à une grande figure de la vie intellectuelle française qui fut comblée d'honneurs et qui n'en demandait peut-être pas tant. Faut-il voir là un compulsif laisser-aller au Système 1 (qui est aussi celui du désir de la facilité) quand le Système 2 accoutumé à l'effort (et comblé par ses fruits) s'assimile à un nouveau Système 1 mécanique qui trompe la vigilance d'un Système 3 abusé par une certaine ressemblance de structure.



Commenter  J’apprécie          30
L'école du cerveau

J’ai pu lire « L’école du cerveau : de Montessori, Freinet et Piaget aux sciences cognitives » écrit par Olivier Houdé grâce à une opération Masse Critique.



Il s’agit d’un essai passionnant qui traite de l’aujourd’hui des sciences cognitives que vient éclairer l’hier des pionniers en pédagogie. C’est Olivier Houdé qui, le premier, a introduit en France au début des années 2000, le terme de neuropédagogie (strictement synonyme, pour l’auteur, à celui de neuroéducation). Instituteur de formation initiale, il est aujourd’hui professeur de psychologie à l’Université de Paris.



Avec l’essor combiné de l’informatique, des sciences cognitives et des techniques d’imagerie cérébrale, une révolution scientifique majeure s’est opérée au tournant des XXe et XXIe siècles. Dès lors, les frontières des sciences humaines et sociales se renouvellent, l’éducation scolaire se trouvant éclairée autrement par les sciences cognitives et neurosciences.



Dans l’introduction est présenté l’objectif de l’ouvrage : ce livre scientifique présente une synthèse des apports nouveaux des sciences cognitives au sujet du cerveau qui apprend, apports éclairés par une présentation historique des idées de pionniers des pédagogies nouvelles au XXème siècle ainsi que les contributions de psychologues de l’enfant, de l’apprentissage et de l’éducation. Le public visé est aussi précisé. L’ouvrage s’adresse aux étudiants futurs professeurs des écoles et professeurs des écoles en exercice ; aux étudiants, enseignants et chercheurs en psychologie et sciences de l’éducation.



Les propos sont intéressants, nuancés, étayés de nombreuses sources et ressources (citations, notes, bibliographie exhaustive) qui permettent d’aller plus loin. Ils sont d’autant plus pertinents et fondés qu’ils émanent d’un théoricien en psychologie qui a d’abord exercé comme instituteur. Aussi, le ton ne se veut pas vertical (des théories validées en laboratoire dans des conditions les plus « aseptisées » possibles vers le terrain) - comme cela peut être trop souvent le cas en psychologie expérimentale, mais réellement horizontal, travaillant les boucles de rétroaction entre théories et pratiques (soit un propos inscrit en sciences de l’éducation).

L’écriture est soignée, précise et reste claire, tout du moins pour les personnes dans le domaine.



Un petit bémol, s’il en fallait un : l’auteur n’est pas spécialiste des sciences de l’éducation. Aussi ses quelques propos à ce sujet restent par trop parcellaires, voire dichotomiques. Pour autant, « L’école du cerveau » est, à mon sens, un ouvrage de référence en matière de neuropédagogie, un véritable manifeste selon les mots conclusifs d’Olivier Houdé.



Je tiens à remercier Babelio et les éditions Mardaga pour cet envoi qui a contribué à enrichir ma réflexion sur ce sujet passionnant et d’actualité.
Commenter  J’apprécie          30
La psychologie de l'enfant

Un livre intéressant qui se lit assez facilement. Nous y retrouvons principalement les théories du développement de l'intelligence selon Piaget mais surtout, celles qui ont suivis et les ont remis en question.

Si ce livre semble plutôt être destiné à un public dans le domaine de la psychologie, il semble également accessible à toute personne désireuse d'en apprendre un peu plus sur la psychologie de l'enfant. De plus, les expériences décrites peuvent surprendre un public non averti par leurs échecs où leurs réussite chez les enfants alors que l'on ne s'attendait pas à un tel résultat de leur part.

Je les ai testées, c'est véridique ! ;-)
Commenter  J’apprécie          30
Paul Valéry, amoureux de son cerveau : Curieu..

Le titre de cette étude peut être jugé démesuré, mais Olivier Houdé l'assume dès le départ, qui cite "Solitude" que Valéry écrivit en 1887 :

"Car mon esprit, avec un art toujours nouveau,

Sait s'illusionner — quand un désir l'irrite.

L'hallucination merveilleuse l'habite

Et je jouis sans fin de mon propre cerveau..."

Car oui, Paul Valéry s'est préoccupé avec passion et jusqu'à son dernier jour de son être intellectuel, des mécanismes de son propre cerveau, par une sorte de dédoublement de soi : "Je me voyais me voir, sinueuse, et dorais / de regards en regards, mes profondes forêts" écrit le poète ["La Jeune Parque"] ; puis en prose : "Je suis étant, et me voyant ; me voyant me voir, et ainsi de suite..." ["La soirée avec Monsieur Teste"]



Cette étude d'un éminent psychologue français est d'abord un hommage à Paul Valéry plutôt qu'un travail de recherche académique. Il faut d'ailleurs attendre le dernier quart de l'ouvrage pour lire des considérations scientifiques plus conformes aux publications chez Odile Jacob. Ceci n'est pas une désapprobation, les sujets qui prennent un biais permettent de glisser des notions intéressantes qu'on retient. Et pour ce qui est des illustrations assez banales, elles rappellent les présentations de conférenciers qui intercalent des images pour détendre l'auditoire.



Le prétexte de l'étude est que Paul Valéry eut l'intuition de notions importantes, aujourd'hui avérées, à propos du cerveau humain : "L'univers est construit sur un plan dont la symétrie est présente dans l'intime structure de notre esprit" ["Études philosophiques. Au sujet d'Eurêka"]. Il apparaît en effet, comme le montre l'imagerie médicale, que les motifs d'activation dans le cortex visuel ressemblent aux motifs géométriques des images observées, ce qu'on appelle la rétinotopie. Il en va de même pour la musique dans le cortex auditif, c'est la tonotopie. Les neurosciences ont aussi démontré des cartes sensorimotrices qui reflètent point par point dans le cerveau les parties du corps que l'on bouge : on voit encore une sorte de résonance motrice par lequel notre cerveau, à la seule vue des actions d'autrui, active des réseaux de neurones dits miroirs, identiques à celles que nous activerions nous-mêmes en faisant ces gestes, il s'agit de la somatotopie. Et je vous passe la numérotopie et la logicotopie...



Suivant ce "modèle topographique néovaléryen", une grande question serait en passe d'être résolue qui est celle-ci [pp 12 et 115] : selon le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux, les objets logico-mathématiques sont des fabrications du cerveau humain (position constructiviste) tandis que le mathématicien Alain Connes pense que ces objets existent dans la réalité en dehors de nous (position réaliste). Leur mise en symétrie résoudrait le débat épistémologique – au Moyen Âge déjà, le nominalisme constructiviste d'Abélard s'opposait au réalisme platonicien. Cependant, je trouve la conclusion enthousiaste de l'auteur trop hâtive – évidente pour lui sans doute : je ne saisis pas entièrement l'importance des «cartes» neuronales dans cette affaire épistémologique.



Olivier Houdé s'intéresse au développement cérébral depuis la naissance de l'enfant vers l'âge adulte, basé sur trois systèmes cognitifs en évolution [pp 100-101 et annexe p121] : le système heuristique comprend les intuitions (trop) rapides, émotionnelles, le système algorithmique est la pensée réfléchie, plus lente et plus exacte, tandis que le système inhibiteur arbitre les deux premiers en bloquant l'heuristique si nécessaire. C'est ce que Valéry nommait le "Grand Capitaine Inhibition" ou la "délicate transaction", celui qu'il mit en branle lors de la fameuse "nuit de Gênes" où il prit conscience des dangers de la vie sentimentale (Madame de R.) mais aussi de l'idolâtrie artistique et de la création littéraire poétique, avec son souci superficiel de l'effet à produire sur autrui. Son esprit pouvait dominer tout cela ! À vous Monsieur Teste !



Malgré cela, Valéry connaîtra à la fin de sa vie un autre amour, la liaison orageuse avec Catherine Pozzi, un échec. Catherine décrira cet amoureux de son cerveau comme un être narcissique incapable de la reconnaître dans son altérité. [p 79]



Voilà pour les grandes lignes de cet exposé plaisant, bien qu'il me laisse un peu sur ma faim. Pour une large part, c'est un survol de la vie de Paul Valéry et de ses tournants psychologiques. Olivier Houdé se base sur deux biographies importantes consacrés au poète : celles de Benoît Peeters (2014) et surtout Michel Jarrety (2008), énorme référence de 1366 pages.





Je comprends l'engouement du psychologue pour les intuitions de l'écrivain français, précurseur de ce que l'imagerie scientifique met en évidence aujourd'hui. Récemment j'ai lu le très complet "Monsieur Teste" de L'Imaginaire Gallimard qui m'a incité à opter pour ce livre-ci. L'auteur conseille aussi "Le bilan de l'intelligence" (Allia), discours de 1935 étonnement actuel.



Avec mes remerciements à Babelio et aux éditions Odile Jacob pour l'envoi.
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          20
L'école du cerveau

Je suis pas un fan de la neuropédagogie. L'auteur écrit que les sciences de l'éducation ont des difficultés avec cette approche. C'est peut-être de là que vient mon problème. J'ai été formé dans ces sciences de l'éducation. Il y a quelque chose de la panacée dans cet ensemble de théorie.

La neurologie est quelque chose de fascinant. Elle peut apporter beaucoup pour comprendre l'enseignement et son mode de fonctionnement. par contre, je trouve qu'on la met à toutes les sauces, que ses partisans font des bons jusqu'à l'école nouvelle en oubliant tous les progrès qui peuvent avoir été réalisés depuis.

Ceci étant dit, j'ai mis trois étoiles et une moitié d'une. C'est parce que finalement, ce livre m'a peut être réconcilié avec la chose. Je n'ai pas toujours accroché avec le style, j'ai trouvé quelques simplifications (en bon scientifique de l'éducation, certains passages m'ont fait grincer des dents), mais dans le fond l'auteur reste mesuré et conscient des limites de son approche.

Nous sommes là dans de la vulgarisation (la discipline diffuse pour asseoir son paradigme émergent), mais c'est de la bonne vulgarisation.
Commenter  J’apprécie          20
La psychologie de l'enfant

Houdé repart des thèses de Piaget et les module : on ne croit plus que la "construction" de la psychologie de l'enfant soit aussi graduelle que les stades de Piaget le posaient. Néanmoins, j'ai trouvé que l'ouvrage ne cessait de tourner autour de Piaget et n'en sortait pas vraiment. Je l'ai trouvé également confus, puisqu'on y mélange des expériences ponctuelles d'imagerie médicale pour "prouver" des thèses sur le développement sans les interroger (c'est expérimenté une fois dans un laboratoire, donc c'est définitivement vrai) et, ce qui va dans le même sens, la bibliographie est vraiment maigre (13 ouvrages). On tourne toujours autour des mêmes idées (Darwin, etc.) et l'on se dit que le sujet est limité à un point de vue restreint qui ne répond par à l'ouverture du titre. Il doit bien se trouver des thèses différentes dans le monde que les certitudes inscrites dans cette synthèse.
Commenter  J’apprécie          20
Apprendre à résister

succomber à la tentation de le lire !!



Un ouvrage court, mais intense en message, il faut absolument le lire..pourquoi mais tout simplement parce que l'auteur nous parle de résistance et de l'importance de cette étape pour que tout individu connaisse un développement harmonieux !!!

Eduquer et frustrer pour que l'enfant grandisse et trouve en lui le chemin, lui inculquer l'effort..

Donc, à vos manuels déjà et puis ensuite vous de jouer !!
Commenter  J’apprécie          20
L'homme en développement

Ce petit volume destiné aux étudiants est accessible pour tous. Il présente un balayage complet de la discipline; de l'enfance à la personne agée -dont les études sont plus rares- en passant par l'adolescence et 'age adulte. On y apprend les différentes théories sur le développement, l'évolution des points de vu ainsi que les méthodes des études menées. Les illustrations pourtant appréciables dans ce domaine sont absentes et les schémas sont très sommaires. Il se ponctue par une multitude de conseils de lecture pour creuser son domaine de connaissances.

Commenter  J’apprécie          20
L'enfant et les écrans

Quels sont les (vrais) impacts des écrans sur le cerveau humain ? Voilà une question que je me posais depuis longtemps. Entre les discours diabolisateurs et ceux minimisateurs ; on ne sait trop quoi penser.

Ce document a le mérite d'être aussi neutre que possible : certes, les écrans (en particulier la télévision. SURTOUT la télévision !) ont des effets néfastes sur les enfants, mais ils ont aussi des avantages. Pour de vrai, oui. Enfin, pas tous les écrans, bien sûr. Et surtout, cela dépend de la manière dont on se sert de ces outils (car c'est bien ce qu'ils sont : des outils, au même titre qu'un soc de charrue ou qu'un stylo).



Au final, bien que ce soit un avis de l'Académie des Sciences, c'est un essai facile à lire et dont la lecture m'a intéressée jusqu'au bout. J'avoue que je ne m'y attendais pas trop. Il y a tout de même quelques passages qui sont un peu plus ardus (notamment toutes les explications sur la composition du cerveau, trop scientifique pour moi), mais cela passe vite. Il faut dire aussi que c'est un sujet qui m'intriguait particulièrement, et je me suis plongée dedans, avide de savoir.

Il y a quand même un truc que j'ai trouvé agaçant : les auteurs répètent et répètent et répètent et répètent encore les effets de chaque écran au moins cinq ou six fois avec des formulations différentes et sous des angles légèrement différents à chaque fois. C'est dommage, parce que ça alourdit la lecture (au bout d'un moment, on le sait que la télé risque d'induire une attitude passive de l'enfant face au monde, un risque d'obésité, d'attitude tyrannique avec les pubs et que les ordinateurs développent le mode hypothético-déductif du cerveau des jeunes !).



Je pense que c'est un avis qui pourra intéresser presque tout le monde. En effet, on est tous concernés par l'informatisation de notre société (d'après les statistiques, 99% des foyers ont la télé, et presque autant ont au moins un ordinateur… ou plusieurs). Moi-même faisant partie de ce que les vieux appellent la « génération Y » (celle qui est née avec Internet), je me suis sentie particulièrement interpelée par ce sujet.
Commenter  J’apprécie          20
L'enfant et les écrans

L’arrivée du numérique et la multiplication des écrans bouleversent nos habitudes et génèrent certaines inquiétudes quant à leurs impacts sur les enfants. Dans cet avis très documenté, scientifiques et psychologues portent un regard pondéré sur ces questions et nous éclairent sur la révolution en cours. Testé par Elen (Bibliothèque de Viroflay)
Commenter  J’apprécie          20
L'Intelligence humaine n'est pas un algorit..

Qu’est-ce exactement que l’intelligence humaine ? Qu’est-ce qui la différencie, essentiellement, de l’intelligence artificielle ?



Comment comprendre, identifier les ressorts de la pensée complexe, chez l’élève comme chez l’adulte ? À l’heure d’Internet et des smartphones, comment décrypter les fake news pour mieux exercer notre esprit critique ? En quoi, enfin, l’intelligence artificielle ne pourra-t-elle jamais supplanter le cerveau humain ? Qu’est-ce que le QI, et pourquoi devons-nous demeurer critiques ? Autant de questions légitimes que se pose tout citoyen, et plus particulièrement tout pédagogue, et auxquelles répond cette approche résolument nouvelle.



Parfois très technique, l’ouvrage peut se lire sans être psychologue ou chercheur, car il s’adresse à tous, et en particulier à l’éducateur, précisément confronté à des êtres en devenir, à des intelligences en germe.



Apprendre à apprendre, c’est donc savoir inhiber ses automatismes cognitifs, ses heuristiques spontanées. (p. 32)

L’intelligence ne se développe pas par paliers

Ancien instituteur féru d’art devenu psychologue, Olivier Houdé distingue les trois moteurs de notre pensée :



le circuit court, c’est-à-dire l’impulsion, l’intuition ou l’heuristique, souvent trompeuse ;

le circuit long, c’est-à-dire l’algorithme, le raisonnement logique, nécessitant un effort ;

l’inhibition, c’est-à-dire notre capacité justement à dépasser l’heuristique pour arriver à la vérité.





Chacune de ces fonctions dépend d’une zone cérébrale précise, que Houdé a su isoler grâce à son travail de chercheur en laboratoire.



À la différence de Jean Piaget, Houdé ne croit effectivement pas que la pensée du petit enfant soit purement heuristique, c’est-à-dire guidée par une intuition généralement erronée, pas plus qu’il ne croit que l’intelligence de l’adulte soit entièrement logique, fondée sur l’algorithme au sens strict. Le bébé est déjà capable de développer des algorithmes, quand l’heuristique n’a pas disparu chez l’adulte. Même s’il admet que la pensée évolue, Houdé ne souscrit pas, de fait, à la théorie piagétienne incrémentielle, l’ontogenèse, soit l’idée d’une intelligence qui progresserait nécessairement avec l’âge, en quelque sorte en escalier, en passant par des stades stricts, définis et définitifs. Le propos demeure plus nuancé.



L’intelligence n’est pas la pure logique

Ainsi, l’intelligence ne se résumerait pas à la pure logique, mais se situerait dans l’inhibition, soit dans notre capacité à bloquer des heuristiques (intuitions fausses) pour, précisément, nous adapter à l’environnement. En d’autres termes, être intelligent reviendrait à utiliser notre cerveau de façon utile, idoine.



En ce sens, l’intelligence ne saurait être pur algorithme, car la logique simple ne peut saisir parfaitement le monde, et c’est pourquoi l’homme dépasse la machine, l’intelligence artificielle. Procédant uniquement par ajout de statistiques, soit de façon mécanique, l’ordinateur commet des erreurs, des paralogismes, des aberrations. Seul l’homme est capable de corriger des heuristiques, de réinterpréter. Tout réside dans l’inhibition.



Pareille distinction semble particulièrement importante, à l’heure où les fake news, basées sur la pure heuristique, sur l’intuition trompeuse, l’impulsion, envahissent Internet, et où nous nous en remettons, de façon excessive, à l’intelligence artificielle. Dans cette perspective, Houdé réévalue la notion de QI, élaborée par les éducateurs des XIXe-XXe siècles, comme seule mesure de l’intelligence. Le QI est la capacité à lier des algorithmes logiques. Mais ces algorithmes peuvent mener à des erreurs. Le QI n’est donc pas déterminant comme critère d’intelligence.



Avoir une tête bien faite : l’importance de l’esprit critique

Devenir adulte, ce n’est pas seulement grandir et accéder à une forme de pensée logique, algorithmique, mais bien exercer son œil critique, utiliser ce que l’auteur appelle l’inhibition. Ce n’est donc pas uniquement avoir une tête bien pleine, avec un fort QI, mais plutôt avoir une tête bien faite, c’est-à-dire être capable de discernement, de cet œil critique qui manquera toujours à la machine. « L’homme est un roseau […], mais c’est un roseau pensant », selon Pascal, abondamment cité par Olivier Houdé.



Étienne Ruhaud, journaliste et blogueur




Lien : https://www.reseau-canope.fr..
Commenter  J’apprécie          10
Le raisonnement: « Que sais-je ? » n° 1671

Top, top, top, le meilleur ouvrage de synthèse jamais lu sur le fonctionnement du raisonnement. Limpide, clair, solide, le développement, qui part de Piaget et intègre les plus récent développements, est hyper structuré. A la fin, vous avez une belle idée de la manière dont nous raisonnons. Stéréotype, racisme, intuition, mille effets de la vie quotidienne peuvent en être déduit, expliqués et mieux compris. Ouvrage essentiel ! Plus qu'à recommander...
Commenter  J’apprécie          10
L'école du cerveau

Après un début laborieux, la lecture de cet ouvrage reçu dans le cadre de Masse critique m'a replongée dans les principes desgrands auteurs de l’Éducation Nouvelle, qui ont été mes maîtres durant ma carrière finissante. L'intérêt de ce livre est d'apporter des éclairages nouveaux aux méthodes Freynet, Montessori et Decroly, à la lumière de ce que les découvertes scientifiques récentes sur le cerveau, neurosciences et autres.....nous permettent désormais de connaitre de façon plus précise sur le cerveau de l'enfant. Une lecture qui me conforte dans l'idée que tout enfant peut réussir car les "intelligences" sont multiples et les capacités d'apprentissage diverses, d'où la nécessité de développer l'observation et l'écoute , de varier nos démarches et d'individualiser autant que faire se peut notre pédagogie.
Commenter  J’apprécie          10
L'école du cerveau

L'école du cerveau porte bien son titre. Olivier Houdé nous amène à travers l'Histoire découvrir le panel d'écrivains ayant composé sur ce thème si populaire en ce moment qu'est la neuropédagogie. Les références depuis l'Antiquité sont très intéressantes et amènent le lecteur à aller les découvrir. Pari réussi, ma PAL a augmenté ! Toute personne ayant trait à l'enfance devrait être formée à une pédagogie. Finalement, le cerveau des enfants est pris en considération depuis si longtemps et aujourd'hui on a la chance d'être aidé de la technologie. Nous avons tant de clés en main, il ne reste plus qu'à les appliquer et se sortir de certaines façons de faire ou croyances bien ancrées.... Merci à masse critique pour la découverte de cet auteur, et aux éditions Mardaga !
Commenter  J’apprécie          10
Le raisonnement

Abandon du livre après plus de la moitié lue.

Beaucoup trop abstrait avec de nombreuses références à des théories d'autres auteurs. Aucun intérêt.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Olivier Houdé (299)Voir plus

Quiz Voir plus

On connait la chanson

Téléphone (1976 – 1986) 1983 – Ça (c'est vraiment toi) (Jean-Louis Aubert – Téléphone)

Sabine Azema
Pierre Arditi
André Dussolier
Jean-Pierre Bacri
Agnès Jaoui
Jean-Pierre Darroussin

13 questions
19 lecteurs ont répondu
Thèmes : chanson française , cinema , Appréciation , MimeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}