La presse forge un nouveau surnom et c’est un hommage inouï : Sindelar devient « le Mozart du football ». (p. 78-79)
La jeunesse est un remède aux temps terribles.
La capitale de la musique est devenue la ville du bruit, au rythme cadencé du pas de l'oie, des bottes frappant le pavé comme on frappe des prisonniers. (p. 211)
Dans les banlieues ouvrières, à l'abri des usines, des hangars, des bâtiments d'habitation souvent grossiers, ont surgi les Gstätten, terrains vagues où d'immenses flaques reflètent les nuages, où quelques brins épars d'herbe claire servent de pelouse. Tout autour, le linge séchant aux fenêtres s'agite comme le drapeau de la pauvreté.
Les larmes lui montent aux yeux, quand l'instituteur le secoue : "Lève la tête! Ne te résigne jamais! Tu n'as rien à toi, la seule chose que tu pourrais perdre, c'est la vie!"
Tandis qu'une encyclopédie de la grâce se referme, son ami Walter Nausch dira l'extraordinaire : "Matthias fut le seul homme capable de dribbler l'imaginaire". (p. 201)
Mathias Sindelar est un astre avant le désastre.
« Cet enfant du Lumpenprolétariat a fasciné l’élite viennoise, les écrivains, les acteurs, les architectes par sa prestance, son charisme, sa curiosité, sa créativité, au point d’entrer malgré lui dans cette aristocratie intellectuelle. Et il a résisté aux nazis. Et son refus de l’exil l’a conduit à la mort. » (p. 277)
Der Papierene a pris son envol. Ce surnom, « l'homme de papier », lui a été donné en référence à son extrême minceur, à son art de franchir le mur des défenseurs, là où, à la rigueur, ne pouvait passer qu'une feuille de papier, au bandage blanc qui protège son genou droit, un papier vélin vu de très loin
« Matthias Sindelar ne peut pas savoir qu’il inventera un autre vocabulaire, celui du football, ce jeu universel, mais qu’il n’apprendra jamais la syntaxe de l’amour. » (p. 12)