Citations de Olivier Py (109)
Le jeu de l'enfant n'est pas du théâtre, le théâtre commence quand l'enfant a honte de jouer. Comme Adam et Eve qui cachent leurs sexes sous des feuilles de figuiers maladroites, dérisoires... La honte de jouer est angoisse sexuelle, effroi de la mort, terreur du Moi. Le théâtre est cette voix qui nous dit : "Puisque tu as honte de jouer, joue !"
Le théâtre est un pansement sur la blessure du langage.
Tout au théâtre a lieu une fois et pourtant tout y voué à la répétition La répétition au théâtre n'est pas entraînement pour parfaire l’œuvre. Elle est un approfondissement de son essence. On peut refaire, on doit refaire. Comme jamais ? Oui, comme jamais et comme toujours. En ce sens, il est un culte qui se donne comme refusant le culte.
Et c’est pour ça que ce que tu écris est tellement ampoulé, tu crois qu’on fait descendre le soleil en se mettant sur la pointe des pieds…?
Pourquoi le sexe serait-il du domaine de la vie privée pour les homosexuels et les transcendes, alors que pour les hétéronormés, les cisgenres, il est absolument public (…) ?
La Vierge. Pourquoi la Vierge fait-elle rire mes contemporains ? Eux qui sont si soucieux de l'image de la femme ; c'est pourtant simple, la Vierge c'est l'humanité qui donne naissance à Dieu. C'est de notre temps, une femme qui figure l'humain, qui figure l'humain accouchant de Dieu, c'est pour notre temps.
La joie d'être nommé par l'être aimé est une joie qui n'est pas de ce monde.
L'obscurité allait en cercles concentriques jusqu'aux grottes où attendaient ceux qui ne voulaient pas montrer leurs monstrueuses laideurs.
Ces poissons des grands fonds, sans âge, sans visages, produisaient eux-même la lumière avec leurs cœurs désenchantés et se nourrissaient des déchets de la surface.
Ces hommes étaient nécessaires à la chaîne alimentaire des désirs qui allait du délicieux à l'épouvante.
"Tu vois ce que nous sommes."
Ce "nous" qu'il a prononcé me sauve. Il fait de moi autre chose que le voyeur que je m'apprêtais à devenir, le frère par-delà l'age et la beauté, ce frère qui ne juge pas mais aime, aime au-delà de tout possible.
Je suis heureux et naïf, je reviendrai heureux et sage. N'oublie pas que je suis un prince. L'absence est mon blason.
Le Puîné : Je l'ai trop peu connu pour l'aimer.
Le Benjamin : Tu l'as trop peu aimé pour le connaître.
J'ai échoué, j'ai voulu être plus grand que le désespoir, j' ai voulu avaler la mer !
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Tout le monde le sait, mais tout le monde sait aussi que tu as essayé et que le château a dit non, un ministre de la Culture qui n'a rendez-vous au château qu'à sept heures du matin, ce n'est plus un ministre, c'est une femme de ménage.
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-Pourquoi moi ? demande Sarazac avec la voix d'un enfant.
-Parce que tu es la virilité incarnée.
-Qu'est-ce que ça veut dire ? demande le musculeux sceptique.
-En quinze ans, je ne t'ai jamais entendu te plaindre, dit Touraine. Tu te penses toujours inférieur et tu es éblouissant d'humilité, tu te penses laborieux et tu es admirable de courage, tu te penses sans éloquence et tu es lapidaire et fulgurant, tu te pense banal et tu es exemplaire, tu te penses froid et tu es écorché vif, tu te penses sans destin et pourtant rien ne t'a jamais résisté.
L’homme n’est rien, rien n’est rien, la mort est la seule connaissance et il faut vivre dans les applaudissements du soir, dans les victoires éphémères, dans cette écume faite de rien, de renoncement, de haute conscience et de frivolité, une seule tache sur le gilet rose et c’est déjà l’apocalypse.
LA PRINCESSE
Qu'est-ce que l'art ?
LES SQUELETTES
Dire d'un mot la mort avec la joie.
LE PÈRE
Ma fille, je resterait à tes côtés.
J'ai gagné assez d'argent grâce à toi pour te faire vivre sur un grand pied
toute ta vie durant.
LA JEUNE FILLE
Non.
Il faut que je quitte cette maison, ces bois et ces champs qui m'ont vue naître.
Les mouettes crient sur la terre.
Il doit y avoir une grande tempête au large.
Cette nuit, les marins n'auront pas de repos.
Quelle autre consolation que de partager la douleur avec des inconnus ?
LE PÈRE
Comment feras-tu ?
LA JEUNE FILLE
Aucune question ne doit m'être posée.
LE PÈRE
Alors, dis-moi adieu.
LA JEUNE FILLE
Cet adieu a déjà été dit.
Contrairement à ce que pense votre imbécile de père, votre vieux gauchiste de père, le peuple ne veut pas de la dignité, il ne veut pas de cette dignité qui viendrait d'en haut, qu'un être supérieur, un artiste éclairé lui donnerait comme des petits morceaux de pain, à des mendiants.
Le théâtre ne peut changer que cinq cents personnes par soir, le journal télévisé mondialisé manipule des multitudes...
Oui la lutte des classes ce n'est plus l'ouvrier contre le patron mais l'homme sans identité, sans travail, sans papiers, avec celui qui a sa place dans la société.