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Citations de Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz (146)


Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz
La Lune à la Terre

Comme un pâle main se pose avec amour
Sur un beau front en proie à l’amère pensée
Permets que je caresse, ô ma sœur délaissée
Ton visage attristé par la fuite du jour.
Ce n'est point le soleil disparu que tu pleures :
Il brûle seulement d'un éclat emprunté ;
Tu soupires, ma sœur, vers les hautes demeures
De celui-là qui luit de sa propre clarté.
Comme toutes nos sœurs dans la nuit dispersées
Nous cherchons le sentier qui nous saurait enfin
Conduire à ce suprême objet de nos pensées ;
Car nous devons un jour nous fondre dans le sein
De celui qui saura des songes que nous fûmes
Refaire d'un seul mot une réalité
Et de nos corps longtemps dispersés dans les brumes
Rétablir à jamais la mystique unité.
Si, baigné dans tes eaux, le reflet de ma face
Plaît aux yeux des songeurs et des initiés
Quel chant d'amour s'élève au profond de ma face
Plaît aux yeux des songeraient des initiés
Quel chant d'amour s'élève du profond de l'espace
Lorsque tu m'apparais au-dessus des glaciers !
– Ne lève point vers moi ton beau regard d'eau tendre,
Car ne m'apercevant si pâle de sommeil
Tu t’imaginerais ne voir là que la cendre
De ce qui fut tantôt la flamme du soleil ;
L’inquiète pâleur de ma prime lumière
Te viendrait d’aussi loin que la faible chanson
Qu'on écoute à travers une porte de verre
Et qui ne passe pas le seuil de la maison.
L'instant n'est point venu. Sur tes blanches rivières
Et sur tes lacs aimant, berceaux des nymphéas
Laisse encore dormir tes brumeuses paupières ;
Ferme tes chastes fleurs ; car je ne voudrais pas
De tous ses yeux d'amour, avant l'heure, être vue ;
Non, je veux apparaître à l'horizon de Juin
Dans le rayonnement d'une gloire inconnue
Au miroir de tes mers, comme un regard humain !
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En attendant les clefs
— Il les cherche sans doute
Parmi les vêtements
De Thècle morte il y a trente ans —
Écoutez, Madame, écoutez le vieux, le sourd murmure
Nocturne de l'allée…
Si petite et si faible, deux fois enveloppée dans mon manteau
Je te porterai à travers les ronces et l’ortie des ruines jusqu’à la haute et noire porte
Du château.
C’est ainsi que l’aïeul, jadis, revint
De Vercelli avec la morte.
Quelle maison muette et méfiante et noire
Pour mon enfant !
Vous le savez déjà, Madame, c’est une triste histoire.
Ils dorment dispersés dans les pays lointains.
Depuis cent ans
Leur place les attend
Au cœur de la colline.
Avec moi leur race s'éteint.
Ô Dame de ces ruines !
Nous allons voir la belle chambre de l’enfance : là,
La profondeur surnaturelle du silence
Est la voix des portraits obscurs.
Ramassé sur ma couche, la nuit,
J’entendais comme au creux d'une armure,
Dans le bruit du dégel derrière le mur,
Battre leur cœur.
Pour mon enfant peureux quelle patrie sauvage !
La lanterne s'éteint, la lune s’est voilée,
L’effraie appelle ses filles dans le bocage.
En attendant les clefs
Dormez un peu, Madame. — Dors, mon pauvre enfant, dors
Tout pâle, la tête sur mon épaule.
Tu verras comme l’anxieuse forêt
Est belle dans ses insomnies de juin, parée
De fleurs, ô mon enfant, comme la fille préférée
De la reine folle.
Enveloppez-vous dans mon manteau de voyage :
La grande neige d’automne fond sur votre visage
Et vous avez sommeil.
(Dans le rayon de la lanterne elle tourne, tourne avec le vent
Comme dans mes songes d’enfant
La vieille, — vous savez, — la vieille.)
Non, Madame, je n’entends rien.
Il est fort âgé.
Sa tête est dérangée.
Je gage qu’il est allé boire.
Pour mon enfant craintive une maison si noire !
Tout au fond, tout au fond du pays lithuanien.
Non, Madame, je n’entends rien.
Maison noire, noire.
Serrures rouillées,
Sarment mort,
Portes verrouillées,
Volets clos,
Feuilles sur feuilles depuis cent ans dans les allées.
Tous les serviteurs sont morts.
Moi, j’ai perdu la mémoire.
Pour l’enfant confiant une maison si noire !
Je ne me souviens plus que de l’orangerie
Du trisaïeul et du théâtre :
Les petits du hibou y mangeaient dans ma main.
La lune regardait à travers le jasmin.
C'était jadis.
J’entends un pas au fond de l'allée,
Ombre. Voici Witold avec les clefs.
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Très certainement vous sortirez de ce monde de pierres altérées, l'épouse et toi, comme vous y êtes entrés ; dans la séparation.

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Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz
LE VENT
     
Je suis le vent joyeux, le rapide fantôme
Au visage de sable, au manteau de soleil.
Quelquefois je m’ennuie en mon lointain royaume ;
Alors je vais frôler du bout de mon orteil
Le maussade océan plongé dans le sommeil.
Le vieillard aussitôt se réveille et s’étire
Et maudit sourdement le moqueur éternel
L’insoucieux passant qui lui souffle son rire
Dans ses yeux obscurcis par les larmes de sel.
À me voir si pressé, l’on me croirait mortel :
Je déchaîne les flots et je plonge ma tête
Chaude encor de soleil dans le sombre élément
Et j’enlace en riant ma fille la tempête ;
Puis je fuis. L’eau soupire avec étonnement :
— C’était un rêve, hélas ! — Non, c’était moi, le Vent !
Ici le golfe invite et cependant je passe ;
Là-bas la grotte implore et je fuis son repos ;
Mais, poète ! comment ne pas aimer l’espace,
L’inlassable fuyard qu’on ne voit que de dos
Et qui fait écumer nos sauvages chevaux !
Il n’est rien ici-bas qui vaille qu’on s’arrête
Et c’est pourquoi je suis le vent dans les déserts
Et le vent dans ton cœur et le vent dans ta tête ;
Sens-tu comme je cours dans le bruit de tes vers
Emportant tes désirs et tes regrets amers ?
Les amours, les devoirs, les lois, les habitudes
Sont autant de geôliers ! Avec moi viens errer
À travers les Saanas des chastes solitudes !
Viens, suis-moi sur la mer, car je te veux montrer
Des ciels si beaux, si beaux qu’ils te feront pleurer
Et des morts apaisés sur la mer caressante
Et des îles d’amour dont le rivage pur
Est comme le sommeil d’un corps d’adolescente
Et des filles qui sont comme le maïs mûr
Et de mystiques tours qui chantent dans l’azur.
Tu n’interrompras point cette course farouche ;
Tu fuiras avec moi sans t’arrêter jamais ;
La vie est une fleur qui meurt dès qu’on la touche
Et ceux-là seuls, hélas, sont les vrais bien-aimés
Qui se fanent trop tôt sous nos regards charmés.
Ici j’éteins le ciel, plus loin je le rallume ;
Quand ce monde d’une heure a perdu son attrait
Je souffle : le réel s’envole avec la brume
Et voici qu’à tes yeux éblouis apparaît
L’arc-en-ciel frais éclos sur la jeune forêt !
— Un jour tu me crieras : « Je suis las de ce monde
Qui meurt et qui renaît ; je voudrais sur le sein
De quelque noble vierge apaisante et féconde
Endormir pour longtemps le stérile chagrin
De ce cœur enivré de tempête et de vin ! »
Alors je soufflerai, rieur, sur ton visage
Du pur soleil d’automne et sur l’esquif errant
Le frisson vaporeux des pourpres du naufrage ;
Et l’aube te verra dormir profondément
Sur le sein de la mer illuminé de vent !
     

« Les Éléments », 1911.
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Laissons-nous bercer par le sommeil, car tout est vide ;
Car les vins mixtionnés d’aromates ont coulé,
Et le Rêve, dans les encens somptueux, s’est agenouillé
Pour tous les Symboles et pour tous les Rites.

Nul vent n’aimerait l’eau de notre torpeur,
Nos yeux sans soleil, où les vieux désirs surnagent
Comme des noyés que la mer rejette avec horreur
Et qu’ensevelit lentement l’ennui des plages.

Hélas ! Tous les désirs sont morts ! Un semblant de douleur,
Un peu de lassitude, et c’est tout ce que j’ai !
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Tu te sens comme l'aveugle qui, traversant le pont, ne perçoit de la rivière que l'odeur et la respiration.

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LE ROCHER

Sur la montagne heureuse aux flancs puissants de mère
Qu'enveloppe d'amour et de sérénité
La robe de soleil de l'immortalité
Il est un beau rocher confiant, sans mystère,
Bête aimante assoupie aux pieds d'or de l'été.
Auréolé du vol des abeilles sauvages,
Dominant la vallée où rampent les chemins
Il vit loin des vieux jours, il vit loin des demains.
La muette amitié de ce sage des sages
M'enseigne le mépris des désespoirs humains.
À ses pieds je veux vivre avec ma solitude
Un rêve de tendresse et de fécondité ;
Rien n'égale en puissance, en douceur, en beauté
Le vieux sphinx sans sourire et sans inquiétude
Sculpté par l'amoureuse et chaste éternité.
[…].

(extrait de "Les Éléments") - p. 95
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De sorte que dans cette vie, la mienne, comme dans le labour

Océanique, parmi les sillons de montagnes,

Tout, tout ne fut que tourment, amertume et stérilité.

Mais, toi qui sais, comment pouvais-je savoir moi

Qui étais comme le frémissement sacré

Du paon douloureux et beau de Midi

Que cela que j’attendais du dehors

Me viendrait de moi-même, et, feu conscient de sa route,

Pur, joyeux et puissant comme l’âme de l’or,

Soudain, s’arrêterait comme sur Josué,

Pour toucher d’un regard omniscient d’épouse

La vue intérieure, là, entre les sourcils…
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L'homme en qui ce chant a réveillé non pas une pensée, non pas une émotion, mais un souvenir, et un souvenir très ancien, cherchera, dorénavant, l'amour avec amour .

Car c'est cela aimer, car c'est cela amour : quand on cherche avec amour l'amour.
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Dans l’abandon d’un grand sommeil, comme une terre
Docile et chaude sous les doigts des inspirés,
Sarcler dans un baiser de sang votre colère,
Etre à vous comme le soupir est au regret ;

Ne voir de vous, pour un instant, que votre forme ;
Oublier vos regards, votre souffle, le bruit
De votre cœur et de vos veines qui s’endorment,
Pouvoir dire : c’était le monde, et je l’ai détruit…
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LE SILENCE

[...]
Je connais des maisons pleines de douces voix ;
Mais l'accent le plus tendre aujourd'hui m'importune ;
Le songe somptueux et dolent de la lune
Me conduit par la main vers la paix des grands bois.
Pourtant je ne hais point les pauvres voix humaines ;
À l'appel déchirant de l'amour, de la peur,
Un triste écho répond dans la nuit de mon cœur
Et j'aime à m'enivrer de ses notes lointaines.
Non, doux silence, non je ne hais point les voix ;
Elles ne troublent point ma solitude amère ;
Ce que je porte en moi de mortel, d'éphémère,
Aime à se rapprocher des hommes quelquefois.
J'en connais qui sont grands ; j'en connais qui sont sages,
Qui vénèrent l'Amour et me l'ont enseigné ;
Mais je crains cette angoisse et cet air résigné
Qui rampent lâchement sur les plus beaux visages.
Ô silence, ami sur qui ce soir sur le monde
Répands le baume d'or de ta tranquillité
Endors-toi doucement dans son cœur agité
Ainsi qu'un jeune roi dans la pourpre profonde.
Pose ta froide main sur son sein déchiré
Par l'amère pitié, la trompeuse espérance ;
Laisse couler sur lui ta lumière qui pense,
Ton chaste clair de lune étrange, énamouré.
Sois doux à ce dormeur ! Et la tâche accomplie
Viens me rejoindre au loin sur les monts vaporeux :
Nous nous prendrons les mains et sous les cieux heureux
Nous nous regarderons avec mélancolie.

(extrait de "Les Éléments") - Pp.105-106
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Vos lèvres ont encor la saveur des myrtilles,
Mais l’or tiède de votre rire s’est fêlé
Et je vois dans vos yeux, lagunes immobiles,
S’élargir l’encens las d’un vêpre violet…
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Voilà pourquoi il t'est libre peut-être d'affirmer que 3 + 2 = 5,
et que par conséquent 5 = 3 + 2.
Mais si tu t'aventurais jusqu'à définir cinq comme égal à cinq ... ton affirmation serait pure démence.
...
ainsi tu tracerais dans un lieu absolu une figure qui ne tire son être que dans sa relation à la figure prochaine : or celle-ci emprunte également sa réalité à celle du lieu, que celui-ci soit terre, ciel ou cerveau
...
bref, le nombre n'est même pas une expression stable de la relativité.
...
Le vrai nom du nombre mathématique pourrait être MEA CULPA.
Car il se frappe la poitrine à la manière des pénitents : c'est moi qui suis le nombre, la splendide expression du RIEN

O.V. DE L. MILOSZ "ARS MAGNA"

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CANTIQUE DU PRINTEMPS

…Maintenant, tu lèves la tête et de l’ombre des cils
Un rayon divisé
Me vient comme à travers la profondeur
De la feuillée :
Et c’est là un moyen de lire dans le cœur.
Que tu sois à ce point un songe que l’on touche...
— Écoute ! Écho a joint ses mains d’écorce sur sa bouche,
Il nous appelle. Et la forêt est vêtue de candeur.
Viens ! je veux te montrer à mes frères, mes sœurs,
Aux grenades du Sud, aux ceps de la montagne :
« Voici ma sœur, voici ma compagne,
Voici mon amour vêtu de couleurs.
Il m’a fait entrer au royaume de l’enfance :
Ma pauvre tête était au fond du fleuve obscur de la science :
Il est venu, il m’a ouvert la porte du tombeau ! »
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !
O sœur de ma pensée ! quel est donc ce mystère ?
Éclaire-moi, réveille-moi, car ce sont choses vues en songe.
Oh ! très certainement je dors.
Comme la vie est belle ! plus de mensonge, plus de remords
Et des fleurs se lèvent de terre
Qui sont comme le pardon des morts.
O mois d’amour, ô voyageur, ô jour de joie !
Sois notre hôte ; arrête-toi ;
Tu te reposeras sous notre toit.
Tes graves projets s’assoupiront au murmure ailé de l’allée.
Nous te nourrirons de pain, de miel et de lait.
Ne fuis pas.
Qu’as-tu à faire là-bas ?
N’es-tu pas bien ici ?
Nous te cacherons aux soucis.
Il y a une belle chambre secrète
Dans notre maison de repos ;
Là, les ombres vertes entrent par la fenêtre ouverte
Sur un jardin de charme, de solitude et d’eau.
Il écoute... il s’arrête...
Que le monde est beau, bien-aimée, que le monde est beau !

p.54-55
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Le déclin de la foi se manifeste dans le monde de la science et de l’art par un obscurcissement du langage.
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La vieillesse berçait mon cœur comme une folle un enfant mort
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Moi j’ai vaincu l’Espoir : à mes pieds il expire
Comme un flot lourd d’écume et de varech épais.
J’ai peuplé d’exilés mon solitaire empire ;
Et muet comme vous, comme vous je n’aspire
Qu’à l’obscure grandeur de l’immortelle paix.

Car j’ai traîné longtemps mon ombre sur la terre ;
Mon destin bien avant mon sang s’est arrêté.
Comme vous infécond, comme vous solitaire
Que je sois comme vous la vague sans colère
De l’océan sans bords de l’immobilité.
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TOUS LES MORTS SONT IVRES...


Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale
Au cimetière étrange de Lofoten.
L’horloge du dégel tictaque lointaine
Au cœur des cercueils pauvres de Lofoten.

Et grâce aux trous creusés par le noir printemps
Les corbeaux sont gras de froide chair humaine ;
Et grâce au maigre vent à la voix d’enfant
Le sommeil est doux aux morts de Lofoten.

Je ne verrai très probablement jamais
Ni la mer ni les tombes de Lofoten
Et pourtant c’est en moi comme si j’aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa peine.

Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
— Le nom sonne à mon oreille étrange et doux,
Vraiment, dites-moi, dormez-vous, dormez-vous ?

— Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Beau claret dont ma coupe d’argent est pleine,
Des histoires plus charmantes ou moins folles ;
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.

Il fait bon. Dans le foyer doucement traîne
La voix du plus mélancolique des mois.
— Ah ! les morts, y compris ceux de Lofoten —
Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi...
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Je n'ai pas trouvé la paix, dans ma jeunesse, auprès de celle qui s'offre sans angoisse, obéissant à un destin qui veut qu'elle se donne tout entière.
Sans doute l'ai-je blessée, en lui demandant cela seulement qui à ses yeux est si pauvre chose: l'intelligence et l'amour des esprits inférieurs.
Mais cette chose, je l'obtins; et alors, terriblement armé pour la solitude, je pris congé de celle qui m'avait tout appris et qui ne pouvait plus me comprendre.
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Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz
Grincement doux...

Grincement doux et rouillé d’une berline...
Le crépuscule pleure de vieille joie...
— Il faudrait pourtant aller voir qui est là.
— « Bonsoir, comment vous portez-vous, Mylord Spleen ? »

Les chevaux, les chevaux du passé hennissent
Le soir, le soir, aux fenêtres de l’oubli.
— « La diva que vos sentiments applaudissent,
Mylord, l’avez-vous revue en Italie ? »

Il pleut, il pleut doux de la pluie ancienne
Sur les toits, sur les toits rouges d’autrefois.
— « Merci pour votre aimable lettre de Sienne ;
Et Noël, se souvient-il encor de moi ? »

Ton coq, ton coq, girouette, dit jamais plus,
J’ai mal, j’ai mal, ô grand-père soir, à l’âme.
— « Ces maudites routes d’automne, goddam !
À propos... Godwyn et Percy vous saluent. »

Soir de jadis naïf, doux comme un qui cuve
Son vieux vin de l’an vingt près d’un feu léger.
— « Et puis vous savez, je suis si distrait ! — J’ai
Oublié de jeter moi dans le Vésuve. »

(Chansons et Danses d'autrefois)
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