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Critiques de Pascal Manoukian (297)
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Le paradoxe d'Anderson

Si j’ai beaucoup aimé les deux romans précédents de Pascal Manoukian sur l’immigration (« Les échoués », « Ce que tient ta main droite t’appartient »), le sujet de son dernier roman n’était pas forcément là pour me séduire. Il aura cependant suffit de deux personnages attachants et de mots justes pour que l’auteur parvienne à me rallier entièrement à la cause ouvrière…



« A mon père, ouvrier gaulliste, à ses années chez Renault.

A ma mère, ouvrière à 13 ans.

Aux communistes, qui m’ont fait découvrir les vacances. »



Cette dédicace de l’auteur plante immédiatement le décor avant de plonger le lecteur dans le Nord de l’Oise, de nos jours, dans une région où l’industrie, qui avait jadis remplacée les paysans, est dorénavant synonyme de crise économique. C’est donc dans une ambiance de mondialisation, de délocalisations, de licenciements, de chômage et de dettes que le lecteur fait la connaissance d’Aline et Christophe, un couple qui parvenait encore à payer ses crédits, voire même à entrevoir un avenir meilleur pour leurs deux enfants,… jusqu’à ce que l’épée de Damoclès qui planait au-dessus de leurs têtes, vienne également faucher leurs espoirs, leurs rêves et leur avenir.



Pascal Manoukian livre certes une chronique sociale qui invite à partager toute la détresse d’un monde ouvrier qui a du mal à garder la tête hors de l’eau face aux délocalisations, mais il livre surtout un récit profondément humain, qui décrit avec grande justesse l’impuissance d’individus pourtant courageux et déterminés, face au rouleau compresseur nommé mondialisation. Une fois l’empathie au rendez-vous, peu importe le sujet, le lecteur vibre avec les personnages, vit l’humiliation, le désespoir et la colère qui accompagne leur descente aux enfers… ne peut rester indifférent. Et c’est là toute la force de Pascal Manoukian : se placer à hauteur d’homme afin de faire entendre la voix de ceux qu’on ne cherche pas forcément à entendre et trouver les mots justes afin d’ouvrir nos yeux sur le monde qui nous entoure.



« Le paradoxe d’Anderson est un paradoxe empirique selon lequel l’acquisition par un étudiant d’un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée. »
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Le paradoxe d'Anderson

Paradoxe d'Anderson : paradoxe empirique selon lequel l'acquisition par un étudiant d'un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée...

Ça c'est pour la théorie économique et sociale.

Parce qu'à peine plongée dans les pages de ce roman, c'est de paradoxe universel dont je pourrais parler, celui qui assujettit et asservit les pauvres pour que les riches le soient encore plus. Ce "nouveau monde" qui laisse de côté les plus fragiles, ceux qui s'esquintent sur des machines pour payer leur loyer, faire rêver leurs gosses, et se retrouvent endettés, parfois à la rue, parce que le patron qui les emploie veut produire moins cher ailleurs.

Loin de moi l'idée de mêler la politique à l'affaire, je laisse ça aux autres, mais ce roman donne envie de se réveiller, de faire "bouger les lignes"...

D'autant que l'auteur nous plonge dans une réalité qui nous épargne le pathos, donne corps à des personnages qui pourraient être vous et moi (ouvrier ou non), et remue quelques principes de bon sens que tout le monde semble oublier aujourd'hui !

J'ai criblé ce roman de "post-it" (je les ai choisis de couleur rose, ils auraient pu être gris orage...voir ci-dessous..) , j'ai trouvé ici une résonance à mes inquiétudes face à un monde qui fout le camp, j'ai ressenti la tristesse (et aussi l'espoir malgré cette fin que je n'attendais pas)?

J'ai trouvé que ce roman était âpre, presque cruel, plus fort que Les échoués, j'ai eu quelques larmes, j'ai été touchée.

Si vous voulez du "feel good" (yerk !), passez votre chemin ! Là, c'est du brut de vie, c'est ce que vivent certains de nos contemporains, c'est salutaire parce que "Bonnie et Tide" ne renoncent pas, parce que, sans tomber dans le "bleu-blanc-rouge" ultra-nationaliste, il reste des gens qui croient encore en l'humain et ne cherche pas du côté de Marine Hitler des solutions à leur désarroi !!

Une belle lecture, une leçon de vie, une autre manière de voir notre monde...indispensable pour créer le futur de nos enfants !



"Les permanences du parti sont autant de salles de shoot, où à l'abri des murs et des slogans on autorise ce qui est interdit : la haine de l'autre, le racisme, le négationnisme. Le plus noir de l'homme est repeint en bleu marine, un camouflage grossier. On n'est plus facho mais patriote, plus raciste mais pour la préférence nationale, plus antisémite mais contre les forces de l'argent."



"Depuis la grève et le licenciement d'Aline, Christophe n'y croit plus , ni à lui ni aux autres, et à leurs promesses d'un monde meilleur. Dieu, Karl Marx, Mark Zuckenberg se moquent bien d'eux. (...) ils accumulent plus d’argent que les gouvernements, plus d'informations que les services de renseignements réunis, se moquent des frontières et des impôts, surpassent le pouvoir des États et multiplient les réseaux comme Jésus multipliait les pains, prêchant la même parole : "Likez-vous les uns les autres", mais en réalité ils émiettent les droits les plus élémentaires, dévalisent les vies privées et préparent une société à leur main où tout le monde sera transparent."



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Le paradoxe d'Anderson

Pascal Manoukian est en train de construire une véritable œuvre, une œuvre sociale, une étude fine et sans concession de notre monde actuel. Et si je n'étais aussi hostile aux comparaisons, je le rapprocherais bien de Zola.



Son premier roman, "Les échoués", nous embarquait sur des canots de fortune aux côtés de migrants fuyant la guerre ou la famine de leur pays pour atteindre d'hypothétiques eldorados. Son deuxième "Ce que tient ta main droite t’appartient", nous plongeait au cœur de DAESCH, dont il analysait les mécanismes de recrutement de son œil acéré de grand reporter. Son troisième, "Le Paradoxe d’Anderson", plus proche de nous encore, s’attaque à la mondialisation, aux grands groupes et aux délocalisations qui ruinent la vie des ouvriers.



Aline et Christophe, la quarantaine, sont tous les deux ouvriers d’usine dans l’Oise. Elle, passe ses journées devant une machine à tricoter des chaussettes et lui, se brûle aux fours d’où sort le verre qu’il transforme en bouteilles. Ils ont deux enfants. Léa, jolie jeune fille de 17 ans, élève en Terminale ES, prépare son bac et Mathis, enfant volant le plus souvent de branche en branche dans son "arbre à Tarzan", est atteint d’une maladie inconnue. Une famille normale, quoi, avec ses joies et ses peines, une maison achetée à crédit, bien sûr, et une seconde voiture non encore payée. Mais quand un matin une partie des machines, dont celle d’Aline, a disparu, quand les collègues de Christophe décident de se mettre en grève parce qu’il est question de délocalisation… c’est leur monde qui disparait.



Lire les ouvrages de l'auteur, c'est vivre de l’intérieur les bonheurs et surtout les malheurs de ses personnages qui pourraient être n’importe lequel d’entre nous. Comme un oiseau sur une branche, le sort de chacun est décrit dans sa fragilité. Les espoirs ne sont plus permis puisque même les grands diplômés ne trouvent aucun travail à la hauteur de leur savoir et de leurs compétences. C’est noir, triste, poignant, juste coloré du rose de la solidarité et du bleu de l’enthousiasme avec lequel les parents font sourire leurs enfants. J’aime beaucoup la plume de l’écrivain trempée dans un bain de tendresse, de générosité, d’empathie hors normes pour tous les délaissés. Il leur cède en héritage cette force qui leur donne le courage et le sourire, l'imagination, l'art de transformer la vie et ses aléas contre un tour de manège, une balade dans un champ digne d'une virée en terre inconnue. Il a cette qualité de traduire à l’aide de mots choisis le désespoir, mais aussi les petits bonheurs et surtout de nous ouvrir les yeux. Il nous raconte les petits, les laissés pour compte, les enveloppe d’affection et de respect.

J’apprécie particulièrement aussi les ponts jetés par Pascal Manoukian qui d’un roman à l’autre garde une pensée toujours émue pour ses héros, tels les petits vendeurs de roses souvent venus des rives du Brahmapoutre.

Lire cet auteur c’est se remettre en question, regarder les autres avec un œil neuf, bienveillant, c’est avoir envie de donner.



Je ne vous parle pas de la fin époustouflante… vous la découvrirez vous-même. Et vous verrez que quitter ce roman n’est pas l’oublier. Longtemps les mots résonnent et tournent en boucle.



Pascal Manoukian est, à mes yeux, un grand écrivain.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Les échoués

Virgil, dur au mal, un corps façonné par les années de communisme de la Moldavie. Pour donner du bonheur à sa famille que son pays ne peut apporter malgré la chute du communisme, il dort dans un trou creusé dans la forêt de Sénart dans le Val de Marne.

Assan et sa fille Iman fuient la Somalie livrée aux pillards sanguinaires aveuglés par la drogue et semant la terreur dans un pays déjà rudement touché par la sécheresse.

Chanchal, patient et résigné, porte tout l'espoir pour sa famillle du Blangladesh.

Mais même à Villeneuve-le-Roi, les injustices, liées à cette main d'oeuvre corvéable à souhait, les poursuivent.



Portée par la magnifique plume de Pascal Manoukian, toute l'inhumanité du monde humain nous est décrite et nous broie de l'intérieur.

Ce roman vibrant, poignant, m'a profondément marquée. Une lecture bouleversante mais nécessaire.
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Les échoués

Virgil est moldave, Assan somalien, et Chanchal bangladais.

Leurs points communs : la pauvreté, et la nécessité de fuir leur pays d'origine pour survivre.

Leur destination : la France, du moins si chacun parvient à parcourir les milliers de kilomètres qui l'en séparent, à franchir les frontières politiques et naturelles, à survivre à un voyage accompli dans la clandestinité. Le statut de clandestin est d'ailleurs l'une des rares choses qu'ils sont sûrs de conserver s'ils arrivent à destination. Ce statut leur vaudra des conditions de vie abominables, d'autant que certains individus n'ont aucun scrupule à profiter de leurs faiblesses…



A travers l'histoire de ces trois personnages et de leurs familles, Pascal Manoukian évoque des mouvements migratoires contemporains de manière complète : il explique ce qui oblige certains à fuir leur pays d'origine, montre les conditions dans lesquelles il accomplissent le voyage, et décrit « l'accueil » qui leur est fait.

Cette dénonciation est émouvante et extrêmement triste ; elle oblige le lecteur à ouvrir les yeux sur ce qu'il préférerait ignorer, et l'amène à réfléchir.



Malgré les qualités de ce roman, j'avoue l'avoir beaucoup morcelé et lu à reculons, rebuté par la tristesse qu'il dégage, et gêné par un fort sentiment d'impuissance face à cette misère.
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Les échoués

Nous sommes en 1991. Assan, Virgil et Chanchal ont quitté leur pays respectif pour fuir la guerre, la violence ou la misère. Après un voyage éprouvant et parfois très long, à la merci des passeurs, prêteurs, et toujours sur le qui-vive, ils arrivent à Paris où le combat est loin d’être terminé, au contraire. Clandestins, illégaux, ils sont soumis à la loi des exploitants et du travail au noir. Les échoués est un roman poignant, dont on ne ressort pas indifférent. Un roman, mais aussi une réalité, dont tout le monde devrait avoir pleinement conscience parce qu’en 2016, rien n’a changé, malheureusement… Merci à Pascal Manoukian de participer pleinement à cette prise de conscience.
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Le paradoxe d'Anderson

Fils d'un couple d'ouvriers, c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu ce roman. Même si mes parents ont cessé le travail avant que la mondialisation et la désindustrialisation atteignent des proportions complètement folles et qu'ils n'ont jamais connu le chômage, j'ai retrouvé de nombreux éléments de mon enfance dans ce livre. La peur du lendemain, les fins de mois parfois difficiles, l'espoir suscité par les enfants et la peur qui s'en mêle, les diatribes à l'encontre du patronat.

Je n'avais qu'une crainte avant d'entamer ma lecture, à savoir une accumulation de clichés sur le monde ouvrier. Eh bien que nenni! Pascal Manoukian maîtrise très bien son sujet et ne bascule pas dans le misérabilisme. Christophe et Aline ne sont pas des gens tristes et insignifiants. Ils ont une vie sociale et amoureuse et, si ce ne sont pas des intellectuels, ce sont loin d'être des imbéciles.

J'ai beaucoup apprécié ce roman qui montre de façon éloquente comment la classe ouvrière est sacrifiée sur l'autel des profits. Rédigé dans une langue simple et accessible, le paradoxe d'Anderson est une lecture qui ne laisse pas indifférent.
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Le paradoxe d'Anderson

Le paradoxe d'Anderson est un paradoxe empirique selon lequel l'acquisition par un étudiant d'un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée.

Manoukian crée ici un monde dont la noirceur est effrayante, mais cet univers imaginé par l'auteur est le notre et c'est bien là que l'affaire devient inquiétante.

Il nous est décrit une vue bien dégagée sur les usines vides, comme ça quand celui qui va pointer au chômage passe devant ce paysage décharné, il se jure que que la prochaine fois qu'il trouvera de l'embauche il fermera sa gueule !

Connaissez vous l'histoire de l'écureuil roux ? Il pèse à peine trois cents grammes et n'a pratiquement aucune réserve de graisse. Il doit constamment calculer combien il perd d'énergie à chercher de la nourriture et combien il en gagnera à la trouver. Il n'a aucune marge d'erreur. Tour ce qu'il mange il le dépense. C'est comme l'ouvrier, on le prive un jour et on le met en danger.

Et puis un jour sont venus les écureuils gris d'Asie. Plus dociles, résistants, durs au mal et mangeant un peu n'importe quoi... la suite se devine aisément ! Ils ont tellement proliféré que les roux maintenant ont du mal à se nourrir.

Alors Aline, Christophe, Léa et son petit frère qui a déjà tant de mal à respirer vont traverser cette mer agitée. Les marins le savent, il existe une vague à laquelle rien de résiste. On la nomme la scélérate.

Bonne chance, hissez haut !



On retrouve le style particulier de Pascal Manoukian. Les mots au service d'un thème. Un roman difficile. J'ai pensé que Thomas B. Reverdy avait abordé le sujet dans IL ETAIT UNE VILLE avec plus de sensibilisé.

A lire un jour de grand vent quand on se sent parfaitement en équilibre.
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Le paradoxe d'Anderson

En nous racontant l'histoire de Christophe, Aline et Léa, en décrivant leur vie, leurs espoirs et leur désenchantement, Pascal Manoukian fait une formidable démonstration de ce qu'est la société dans laquelle nous vivons. Fermeture des usines et délocalisations, inégalité des chances malgré l'école de la République, paupérisation de la classe ouvrière.

Et pour cela, il sait trouver les mots, les images et les comparaisons, les situations et les formules qui frappent et qui font mouche.

Tant et si bien que cela a été trop pour moi, trop appuyé, trop souligné.



Si j'ai apprécié le plaidoyer, j'ai fini par garder une certaine distance et perdre l'empathie tout d'abord ressentie pour les personnages.



Cela n'enlève en rien à la qualité de l'écriture et à la force du propos qui aurait gagné à être parfois un peu plus implicite.
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Le paradoxe d'Anderson

Il faut lire Pascal Manoukian.



Qu’il parle des migrants (Les échoués) ou comme ici du prolétariat, il le fait sans emphase mais avec un talent immense, mêlant force et détermination, honnêteté et tendresse.



Le paradoxe d’Anderson est un principe économique qui dit, en gros, que malgré des diplômes d’un niveau plus élevés que celui de leurs parents, les enfants ne sont plus assuré de « s’élever au dessus de la classe sociale de leur parent ».



Le parallèle entre les cours d’économie que Léa révise pour le bac et la situation dans laquelle s’enfoncent ses parents illustre magistralement tout le cynisme de notre monde et le peu de cas qui est fait des individus, réduit à des statistiques et des tableurs.



Il n’y a pourtant pas de fatalité. Il y a les choix de société qui sont fait par ceux que l’on laisse diriger. Je vos laisse découvrir l’épisode de la maison d’en face pour comprendre ce que je veux dire.



Et l’on se prend à rêver que tous les prolos osent ce que vont oser Aline et Christophe, avant de s’effondrer.



Le monde que nous décrit Pascal Manoukian, c’est le notre. Celui des terres agricoles condamnées à la stérilité par la surexploitation et la bétonisation, celui des usines qui ferment pour aller produire moins cher ailleurs. Et dans la tempête, deux ouvriers qui veulent tout faire pour que leurs enfants, malgré tout, puisse encore croire en l’avenir.



Hommage aux humbles, aux ouvriers qui ont donné leur sueur et leur sang pour engraisser les actionnaires, à ceux qui ont lutté, à ceux qui luttent encore dans l’indifférence des puissances de l’argent.



De roman en roman, Pascal Manoukian dresse un portrait du monde d’une cruelle réalité. Avec finesse et engagement.



Il faut lire Pascal manoukian.
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Le paradoxe d'Anderson

Aline et Christophe vivent paisiblement avec leurs enfants. Mais voilà le chômage et les galères qu'il traîne avec lui vont les frapper de plein fouet.

Le paradoxe d'Anderson est touchant à plus d'un titre. Le sujet est sensible pour tout le monde ou presque et même si l'on est pas confronté au problème dans l'immédiat on sait que tout est possible. Les personnages sont sensibles, terriblement humains, on touche du doigt leur souffrance, leurs conflits intérieurs. Au fil des pages, on a l'impression de les connaître, c'est peut être même le cas...

L'auteur a distillé quelques scènes plus humoristiques qui détendent l'atmosphère tout en étant parfois cruelles quand on y réfléchit.

Ce livre est criant de vérités que l'on ne veut pas voir. Il m'a énormément touché, c'est un coup de cœur malgré le sujet grave. Il force à ouvrir les yeux et peut-être regarder différemment les gens qui nous entourent, le monde qui nous entoure. même si certains diront qu'il y a des sujets plus graves encore.
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Les échoués

La force d'un roman réside, entre autres, dans le souvenir qu'il laisse, dans cette part rétrospective, cette impression diffuse d'ici et d'ailleurs qu'il déverse chez le lecteur.

"Les Échoués" fait partie de ces livres qui maintient en suspens cette chose "entendue", quand la réalité surpasse la fiction.



Tous ont quitté leur famille et leur pays : Virgil la Moldavie, Chanchal le lointain Bengladesh, Assan et sa fille Iman les terres de la Somalie. Ils ont fui la guerre, la violence, la pauvreté et au péril de leur vie, ont voyagé dans des conditions terribles, pour arriver jusqu'en France, à Villeneuve le Roi dans la région parisienne. Regroupés dans des installations de fortune, après celle des passeurs, ils subissent les vexations, les humiliations des marchands de sommeil et de travail.

Le hasard va les faire se rencontrer tous les quatre et s'unir dans une relation solidaire et fragile, celle de ceux qui n'ont plus que leur solitude et leurs rêves à partager.



Ce livre est âpre, parfois violent mais lucide et sans concessions sur une réalité qui nous dépasse, nous lecteurs et citoyens mais aussi il est aussi profondément humaniste. Dormir, manger, travailler, actes anodins de la vie quotidienne pour le plus grand nombre d'entre nous mais qui sont très chèrement acquis par ceux qui vivent cachés dans la clandestinité.C'est toute cette réalité humaine, sociale que révèle Pascal Manoukian dans ce roman-documentaire implacable.



Virgil, Chanchal, Assan et Iman êtres fictifs de ce livre, portraits de tous les autres, bien réels, personnages désincarnés d'une réalité accablante et singulière, qu'elle soit celle de leur pays, de la religion, de la mondialisation, etc.

À côté de ces drames humains, des îlots de résistance, de solidarité surgissent, se mettent à portée de regard et de main (Julien, Élise et leur fille Camille, Olivier le syndicaliste) de ces êtres éprouvés par le sort.

Dans ce roman, l'espoir, l'amour et l'amitié apparaissent, surgissent dans l'histoire des personnages, dans leur quotidien, dans le souvenir des leurs restés au pays, comme une lumière dans l'obscurité.



Je ne saurais que recommander très vivement la lecture des "Échoués" de Pascal Manoukian. Un roman on ne peut plus d'actualité qui ouvre un peu plus notre regard sur une réalité (celle des migrants) assez peu ou mal comprise.



En supplément de ce livre, j'invite à la lecture de "Celles qui attendent" de Fatou Diome, roman remarquable qui dépeint le quotidien et les espoirs de celles restées au pays quand leur époux et fils sont partis rejoindre l'Europe.
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Les échoués

Les échoués est un roman poignant et qui ne laisse pas indifférent. Pascal Manoukian nous raconte ces hommes qui fuient la guerre, les enfants soldats, les mutilations génitales des petites filles et tant d'autres horreurs. Il ne nous épargne rien des galères rencontrées par les migrants dans leur périple vers l'Europe. Car pour eux, la France est synonyme de liberté, le lieu idéal de vie pour eux et pour leur famille, quand celle-ci n'a pas été tuée au pays.



Mais le pays de cocagne rêvé est parfois loin de ce qu'ils avaient imaginé. Les migrants réalisent rapidement que leur chemin vers la liberté sera semé d'embûches : faim, agressions, exploitation des patrons, humiliations, etc. Sans jamais s'apitoyer ni juger, Pascal Manoukian nous raconte la vie de ces réfugiés clandestins avec réalisme et beaucoup d'humanité.



Les personnages sont attachants et très bien rendus, ce qui ajoute à la dureté de ce roman. On ne peut s'empêcher de ressentir de l'empathie pour ces hommes qui n'ont plus rien mais qui se raccrochent à une photo de leur famille ou à un objet-souvenir qui leur donne le courage de se battre pour une vie meilleure.



Un récit fort, malheureusement toujours d'actualité, qui nous fait prendre conscience du fossé existant entre nos vies européennes bien rangées et le quotidien dans ces pays pauvres et dévastés par la guerre ou la corruption.



Contrairement à ce que ma chronique pourrait laisser penser, Les échoués n'est pas pour autant un roman triste. Parce que, pour toutes les difficultés rencontrées, il y a aussi quelques moments de grâce qui laissent penser qu'un avenir meilleur est réellement possible.



Evidemment, Pascal Manoukian, qui a longtemps exercé en tant que journaliste de guerre, connait bien les pays dont il parle, ce qui lui donne un crédit supplémentaire. J'ai aimé son écriture réaliste et sans pathos, qui analyse aussi la situation.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Les échoués

Ce qui m’a vraiment chaviré dans ce livre, c’est la narration. Une voix calme, sans grand éclat et pourtant d’une force !

La narration reste assez détachée des personnages, nous ne faisons pas ici dans le voyeurisme. Larmoyants aussi, passez votre chemin. Mais nous ne sommes pas non plus dans l’objectivité froide, quelques réflexions nous rappellent que nous ne pouvons ( ?), devons ( ?) pas rester de marbre dans toutes les situations.



J’ai aimé faire un bout de route avec les personnages réfugiés : Virgil, le moldave, Assan et sa fille les somaliens, Chancal le bangladais. Enfin, c’est une façon de parler, bien sûr, tranquillou dans mon canap, loin de l’enfer d’un tel chemin. Ce que j’ai aimé, encore une fois, c’est la narration qui est faite de leur voyage. Raconté, pour chacun d’entre eux, en deux fois. D’abord très succinctement, puis avec quelques détails, mais pas trop. Là encore, on a un équilibre solide pour ne pas tomber dans le pathos.



Les scènes plus particulièrement décrites semblent avoir un but. Par exemple, l’infibulation qui souligne le poids des traditions sur les hommes et les femmes, au-delà du raisonnement et au-delà du raisonnable.



J’ai aussi apprécié le début de l’histoire, la rencontre des réfugiés, leurs débuts en France, leurs liens avec les autres réfugiés… En particulier le personnage de Talaat, d’abord brut de décoffrage puis tout en nuances finalement, car l’inhumanité est parfois partie intégrante de l’humain.



Mais rapidement, quelque chose a changé. Je n’y ai pas cru.

Pourtant je n’attends pas d’un roman qu’il me décrive forcément une réalité possible. Mais quelque chose s’est brisé dans un passage où Virgil est dans la forêt. Il connait les habitudes des promeneurs, il donne l’impression de savoir parfaitement comment ça se passe pour les réfugiés, de connaître le système par cœur. Alors qu’il est arrivé quinze jours avant…

Puis il y a quelque chose d’irréel dans la communication entre les personnages. Comment se comprennent-ils si facilement ? Au niveau de la langue, mais pas que. Pourquoi ceux-là arrivent-ils si facilement à exprimer, avec de quasis inconnus, ce qu’ils ressentent ?

Et pour continuer, il y a Julien et Elise… Un peu trop monochromes, même si pourquoi pas ? Mais là non. Avec un tel livre, on est censé être dans la nuance, ne faudrait-il pas être dans la nuance jusqu’au bout ?

Et pour finir, le moment « Disney ». Elle aurait pu être belle cette scène… Mais il aurait fallu qu’elle soit préparée et qu’elle ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe.



Mon avis est donc très mitigé mais je suis quand même contente de l’avoir lu, pour l’écriture et la narration, si belles…











Il est des inspirations musicales qui s’imposent à moi dès que j’ouvre le fichier pour écrire ma « critique ». Ici, du Mano Solo est tout indiqué, pour la beauté de son texte (et la musique sympathique), pour la proximité du sujet évoqué, et parce que… j’adore.



« Les habitants du feu rouge

N’ont plus qu’une main qui bouge

Pendant que l’autre s’agrippe encore

A l’espoir de ne pas faire partie du décor

[…]

D’un raz de marée qui les a j’tés là

Marins des trottoirs sans port ni belles histoires

Les seuls embruns sur leur visage

Sont ceux du dédain sur leur passage

Les habitants du feu rouge bougent quand tout le monde s’arrête

A contre-courant dans un monde en mouvement

Un peu d’répit dans la vitesse du mépris

Le vert est leur ennemi

Quand il libère les gens d’une réalité d’la vie

[…]

Ils sont prêts à tout même ne pas vous en vouloir

D’avoir besoin d’un sémaphore pour les voir »



Extrait de « Les habitants du feu rouge », Mano Solo :

https://www.youtube.com/watch?v=3cyLKUGH2mU


Lien : https://chargedame.wordpress..
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Les échoués

Voici un livre dont il n’est pas facile de parler. Non parce qu’il ne serait pas bon, bien au contraire. Non plus parce que son système de narration serait complexe : celui-ci est d’une facture on ne peut plus classique... mais néanmoins efficace.

Non, s’il m’est difficile d’en parler, c’est parce qu’il traite d’un sujet extrêmement douloureux et d’une brûlante actualité. Ce sont en effet trois migrants qui sont les héros de ce roman, et son auteur ne nous cache rien des vicissitudes de leur vie.

Nous découvrons chacun des trois personnages - Virgil le Moldave, Assan le Somalien et Chanchal le Bangladais - au moment où ils quittent leurs pays respectifs et suivons leurs parcours jusqu’à leur arrivée en France, à Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne.



Bien sûr, je ne m’attendais pas exactement à un conte de fées avec happy end à la clé. Mais j’avoue que je n’étais pas prête à faire face à tant d’horreur. Qu’il s’agisse de ce que ces hommes quittent dans leur pays d’origine ou de ce à quoi ils sont confrontés en arrivant sur leur terre d’asile, tout n’est que sang, larmes et humiliation.

L’auteur immerge d’emblée son lecteur dans l’univers de ces clandestins pour ne lui laisser ensuite aucun répit. Alors qu’on croit très vite avoir atteint le summum de l’abjection humaine, chaque nouvelle phrase égrène des atrocités pires que la précédente.

A la lecture de ce roman, on ne peut s’empêcher de s’interroger : est-il possible que les hommes puissent perdre à ce point toute once d’humanité ?

Peut-on vraiment massacrer un individu à coups de botte et le souiller de son urine avant de l’enterrer vivant, tout en se délectant de sa souffrance ?

Peut-on vraiment rester impassible aux hurlements d’un enfant que l’on est en train de découper au scalpel pour prélever un de ses organes afin de le vendre ?

On a envie de penser que non, que l’auteur en rajoute. Mais l’Histoire nous prouve le contraire, et la littérature est pleine de ces témoignages mettant en scène des hommes capables de commettre l’impensable.



Je m’en voudrais de vous détourner de ce livre en vous le présentant seulement sous ce jour aussi noir.

Tout d’abord parce que Manoukian ne commet pas l’erreur d’écrire un livre manichéen. La cruauté et le cynisme sont malheureusement également partagés en tous les points de la planète, et les exactions commises dans les pays d’origine des migrants ne valent pas mieux que l’exploitation qui attend ces derniers à leur arrivée en Europe.

Et puis, il ne nous cache rien des systèmes d’organisation communautaire qui perpétuent les inégalités et les systèmes de domination. Même la misère obéit à des règles.

Ce qui est particulièrement intéressant dans ce récit, c’est la dénonciation cinglante de toute une forme d’organisation du travail. Qui ne s’indignerait pas devant ce qui nous est dépeint ici ? Et pourtant, quel donneur d’ordre peut imaginer que les devis qui lui sont proposés ne cachent pas du travail non déclaré ? D’un côté, on dénonce les flots de clandestins, de l’autre on exploite cette main-d’oeuvre corvéable à merci...



Mais au-delà de ce qui est dénoncé, de ce livre noir jaillit une lueur, celle de la solidarité et des amitiés qui se nouent dans l’épreuve et dont les liens puissants demeurent indéfectibles.



Ce livre est en tout cas un précieux témoignage de ce qu’est la condition de clandestin. Il dit combien toutes les embûches qu’ils trouvent au long de leur voyage et en arrivant sont toujours mille fois plus enviables que les situations qu’ils vivaient dans leur pays. Leur décision de le quitter n’est jamais un choix. Si ce livre pouvait contribuer à faire évoluer le regard porté sur ces personnes, ce serait déjà une victoire. Les murs que l’on élève ne seront jamais assez hauts pour les empêcher de venir. S’ils avaient vraiment le choix, ils resteraient dans leur pays. Encore faut-il que les conditions - économiques ou politiques - soient réunies.


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Le paradoxe d'Anderson

L'énergie et l'imagination de Christophe pour détourner la mauvaise humeur, le moral au plus bas, distraire et enchanter ses enfants et sa femme, tout cela au quotidien et avec ses moyens est plus que louable.

Mais l'émotion, la colère, l'empathie même envers le protagoniste retombent lorsque, - héroïsme ou égoïsme? -, le père opte pour un choix discutable.

Il est vrai que l’artiste n’est pas là pour apporter des réponses mais pour poser des questions. Ici, il s'agit de la remise en cause du capitalisme.

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Ce que tient ta main droite t'appartient

Un roman réellement journalistique sur l’horreur de l’état islamique. Tout y est : le mode de recrutement, les personnalités des candidats au djihâd mais aussi toute l’histoire de ce pays, ces superbes monuments que nous ne verrons plus.

Un excellent moment de lecture.



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Le paradoxe d'Anderson

Vraiment excellent!



La vie et les craintes de la classe ouvrière sont vraiment bien dépeintes. Tout comme le manque d' humanité des délocalisations où les futurs ouvriers auront des contraintes de travail très proches de l'esclavage.

Malgré les difficultés du quotidien, le couple d'Alice et Christophe reste uni. Leur amour qui continue malgré les années est un véritable soutien. Rare sont les couples qui après 20 ans de vie commune gardent ces gestes de tendresse et un réel intérêt pour l'autre.

J'ai retrouvé en Aline les sentiments et les espoirs que je ressens aussi. Même si elle est plus lumineuse, plus généreuse, je décèle les mêmes failles. Énormément de phrases résonnent en moi, sur le fait de n'avoir pas été à la hauteur du sacrifice de nos parents, sur le fait qu'on attend de nos enfants qu'ils soient meilleurs que nous. Ce doit être un trait typique à toute maman.



Mettre les théories des études d'économie de Lea, sur les bienfaits et avancées de la modernité, face à la réalité de cette modernité qui plonge des familles et des régions entières dans la précarité, est un trait de génie.

La théorie confrontée au désespoir.



Un grand moment de lecture et de réflexion, qui dénonce le manque d' humanité du système établi.

Des phrases et des situations qui résonnent et trouvent écho dans les craintes du quotidien.

Une plume empreinte d'humanité mais aussi de désespoir jusqu'à la dernière ligne.

A lire!!!
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Le cercle des hommes

"Ils savent encore ce que nous avons oublié". Cette phrase qui conclut "La Forêt d'émeraude", le film de John Boorman sorti en 1985, a imprégné ma lecture de "Le Cercle des Hommes", quatrième roman de Pascal Manoukian, instaurant ainsi une sorte de complémentarité somptueuse entre mots, images, sensations et effets. Mais ce qui me paraît absolument époustouflant, c'est, une nouvelle fois, la puissance imageante de l'écriture de Pascal Manoukian. En quelques phrases d'une apparente simplicité, il nous transporte au milieu du clan des Yacou, sous la canopée amazonienne, et nous fait vivre leur quotidien, nous immerge dans leurs pensées, nous fait partager leurs gestes, à tel point que lorsqu'on les quitte, une fois le livre refermé, on a l'impression d'avoir réellement séjourné parmi eux. Cette expérience de lecture immersive est rare et d'autant plus précieuse qu'elle ne se fonde sur aucune forme, aucun procédé strictement académique. L'écriture est toujours juste, à la juste distance entre réel et fiction, entre lecteur et personnages, entre poésie et réalisme. L'empathie naît spontanément de ces choix narratifs qui animent (au sens où ils donnent une âme) le récit et projettent le lecteur au coeur de la fiction tout en le laissant ancré dans le monde réel.

Notre monde réel, la civilisation moderne, s'incarne en Gabriel, nouvellement nommé à la tête d'un des groupes chargés d'exploiter la forêt amazonienne. Un warrior, ce Gabriel. Habitué à être au sommet, sans trop se préoccuper de ce et ceux qu'il écrase pour s'y maintenir. Aux commandes de son avion, il survole la forêt lorsqu'une envolée d'oiseaux provoque l'accident. Lorsque le clan de Peïne le découvre, aucun de ses membres n'est capable de déterminer à quelle espèce appartient cette "chose". Seul le vieux Mue, l'aveugle, a eu dans sa jeunesse des contacts avec ceux qui vivent de l'autre côté du cercle tracé par les deux rivières qui bordent le territoire des Yacou. La chair du vieil homme est toujours déchirée par les cicatrices de ce contact et il garde le secret sur cette rencontre funeste. Cette chose tombée du ciel ne peut être un humain, ni un végétal, c'est donc dans la bauge des cochons sauvages que le clan le garde. Du sommet de l'économie mondiale à la fange des cochons, quelle chute vertigineuse pour Gabriel ! Pour avoir le droit de se redresser, Gabriel va devoir prouver qu'il est un homme. Mais qu'est-ce qui définit un homme ? Le problème c'est que cela ne semble pas signifier la même chose pour lui que pour les Yacou... Il aura beaucoup à réapprendre avant de parvenir aux ultimes chutes.

A l'intérieur de la fiction, les motifs spatiaux se déroulent entre verticalité (arbres, collines, cascades, chute de l'avion) et horizontalité (marche du clan, cours des rivières, rituels quotidiens, temps qui possède une autre nature que celui qui prévaut hors du cercle). A ces éléments répondent les évolutions de la position physique et mentale de Gabriel. Tout se passe comme si en chutant jusqu'à la bauge des cochons, il entamait un processus de redressement de son corps pour aboutir à un homme debout, dans un mouvement inverse à ses certitudes. Sans insister pesamment, l'auteur nous amène à dresser une comparaison entre deux modes de vie aussi éloignés qu'on peut l'être, mais surtout entre deux façons d'être au monde. Nul angélisme pourtant dans la vision de la tribu des Yacou : il y existe des rivalités, des désaccords et les menaces qui pèsent sur leur survie sont de tout ordre.

Dès les premières pages du roman, j'ai pénétré dans le cercle des hommes, dans le territoire des Yacou et j'ai envié leur sublime rapport à la nature. Cette manière de vivre en bonne intelligence avec leur environnement, sans suprématie d'une part ou de l'autre mais dans des interactions de solidarité et d'équité avec leur milieu, rejoint la définition fondamentale de l'écologie. Et bien mieux qu'un long discours didactico-dogmatique, le roman de Pascal Manoukian nous incite à réfléchir et nous invite à agir. Embarquez sans hésiter dans ce roman de belle aventure humaine !

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Le cercle des hommes

En plein cœur de l'Amazonie habite une poignée d'hommes, un peuple vulnérable, menacé par notre civilisation. Huit membres composent la tribu des Yacou. Des hommes et des femmes qui vivent dans le dénuement le plus total, totalement déconnectés du reste du monde et en parfaite osmose avec la nature.



Dans leur langage, les mots profit et pouvoir n'existent pas. Ils mènent une vie insouciante, au rythme des lunes, en communiquant avec les esprits. Tout n'est que partage et traditions ancestrales dans ce clan où seules les femmes peuvent porter des armes, où un seul mot suffit à désigner l'action de manger et de faire l'amour. 



Jusqu'au jour où Gabriel, PDG d'une grande compagnie minière, s'écrase avec son avion au cœur du territoire des Yacou. Cette "Chose qui pue" sème le trouble. Est-elle un homme ou bien un animal? C'est du fond de son enclos qu'il partage avec les porcs que Gabriel devra leur prouver son humanité. 



Une histoire qui met en avant le choc de deux cultures. Face à la mondialisation, à la technologie, aux choses superficielles qui obstruent notre quotidien, Gabriel va découvrir un mode de vie diamétralement opposé au sien, qui va complètement modifier sa propre vision de l'existence. Une vie frugale, sans inégalité, dans laquelle les hommes veillent à ne laisser aucune empreinte écologique derrière eux. 



Fidèle lectrice de Pascal Manoukian, ce dernier m'a une fois de plus bluffée. Avec un sujet radicalement différent de ses autres romans, il réussit un pari osé en nous immergeant avec talent dans la jungle tropicale.



Récit d'aventures flirtant avec le conte philosophique, l'auteur pose un regard aiguisé sur les travers de notre société.



Des propos forts, percutants qui poussent à la réflexion sur notre rapport à la nature, à la prise de conscience face à la déforestation, à ces populations indiennes exploitées.



Une lecture fascinante, dépaysante et absolument nécessaire afin d'ouvrir les yeux sur ce monde qui est le nôtre. 
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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